L’ombre des platanes héberge quelques îlots de tables. Le bleu tentateur d’une terrasse m’attire. Par chance, pratiquement toutes les places sont libres. Un mur de pierres où s’effrange un rosier grimpant préserve du vent. Passer commande et apprécier une exquise salade. Savourer les rayons de soleil aussi suaves que mon café gourmand. J’étends les jambes, je ferme les yeux à demi. Le délicat parfum des roses anciennes s’insinue entre les parasols colorés. Encore noués, ils laissent vagabonder la lumière.
Je l’accompagne jusqu’au quai de départ de la navette. Là, sans se soucier le moins du monde des sourires de connivence des passagers, il m’entoure de ses bras et m’embrasse. Le temps ondule, nous saupoudre d’une ribambelle d’éclats de joie. Les lignes du sillage du bateau nous relient encore tandis qu’il s’éloigne. Lorsqu’elles se diluent dans la tiédeur du soir, s’attardent ces filaments d’écume que j’enroule autour de mon cou.
Le vent a forci. Les vagues mousseuses fardent les roches du bord de mer. Puis se dilapident, ne laissant que des écharpes scintillantes de leur passage. Les goélands cendrés, avec de grands cris effarés, suivent la courbe des nuées d’écume. Cette palette de blancs purifiés, de rouges brossés, de bleus délavés, fascine mon regard.
Avril avait débuté. Les giboulées aux gouttelettes vivifiantes cinglèrent enfin ma raison, ranimèrent mon esprit et mes pas. Après des fins de semaines à sillonner la forêt avoisinante, à humer le parfum entêtant des jacinthes sauvages, à traquer les pétales veloutés des anémones sous les replis herbeux, à m’émerveiller devant les teintes lumineuses et changeantes s’infiltrant dans le creux des feuilles vert tendre, je sus que je pouvais de nouveau me regarder dans un miroir et me reconnaître.
Il suffit parfois de s’intéresser un peu aux autres pour que la vie nous paraisse plus belle.
Je viens de terminer avec un réel plaisir ce livre jeunesse.
Alex est un ado « pur jus ». Il est en quatrième, persuadé qu’il aime les sciences, n’a pas le moindre brin d’imagination et est bien dans son temps. Même s’il passe en troisième, c’est beaucoup grâce au professeur de SVT et bien moins grâce à l’avis de la professeure de français avec laquelle rien ne passe.
Ses parents lui proposent alors intelligemment d’aller passer le mois de juillet chez son oncle sur l’île de la Réunion avec, pour seule contrainte, de leur écrire pour raconter ses vacances. Ce voyage va s’avérer être pour lui un parcours « initiatique ». Il semble tout à coup sortir de son cocon pour s’ouvrir au monde. Il découvre des couleurs, des odeurs, des sensations qui vont le pénétrer et le bouleverser si bien qu’il va ressentir un besoin impérieux de partager toutes ses émotions et c’est à travers l’écriture de contes qu’il va s’y essayer. Le cancre en français va se révéler un jeune auteur plein de verve et de délicatesse…
Et si, par delà le conte, l'auteure lançait une réflexion sur la manière d’enseigner qui, on le sait bien assez, ne peut convenir à tous. Peut-être aussi une « pique / clin d’œil » aux enseignants par rapport à cette prof de français qui : « … n’y voit pas plus loin que le bout du premier rang, celui pris d’assaut par les acharnés du travail, ceux qui soi-disant n’aiment que les activités culturelles, qui rendent toujours des copies parfaites… »
Une réflexion salutaire pour tous ceux, parents, enseignants, animateurs qui se désespèrent des adolescents dont ils ont la responsabilité…
Elle voudrait lui dire que la vie est bien trop bizarre parfois pour qu’on veuille ne pas profiter de ce qu’elle peut nous apporter de mieux. Même si on doit parfois mettre sa fierté de côté. Parce que un père qui attend son fils de cette manière, on n’a pas le droit de lui refuser cette immense joie. Si jamais Émilien mourait dans peu de temps, par exemple, Martin s’en voudrait toute sa vie de ne pas avoir été à ses côtés.
C’est quoi cette manie qu’ont les gens de juger les autres sur ce qu’ils ont fait il y a longtemps plutôt que sur ce qu’ils sont maintenant ?
On a chacun des arguments, les tiens sont différents des miens ou de ceux de monsieur Victor… alors dans le lot, il y en aura bien au moins un qui le décidera.
Normalement, quand on veut savoir si une personne est emprisonnée, il faut s’adresser à un service qui s’occupe de ça, l’administration pénitentiaire. En général, c’est pour les gens qui veulent écrire à un détenu et qui ne savent pas où il est. Mais c’est un peu compliqué pour nous… parce qu’il faut donner plein de détails qu’on n’a pas : le nom et le prénom, ça c’est bon, mais aussi la date de naissance et l’ancien domicile…