Christiane Leveuf

J’ai grandi au sud de la Méditerranée, sous le soleil d’Alger. Tous les matins, pendant que les hirondelles
montaient très haut dans un ciel d’azur et que la fraîcheur venue du large s’atténuait d’un coup, mon frère Jean-Pierre, ma soeur Gisèle et moi montions la longue rue de Normandie jusqu’à notre école. Nous y apprenions
l’histoire de France, ce pays lointain et un peu mystérieux, et celle de l’Algérie, qui nous parlait beaucoup
plus. J’aimais l’école et j’étais toujours première en classe, surtout en arabe écrit ; je remportais souvent le prix d’excellence. Il n’y avait ni télévision ni console, les gamins travaillaient, c’était normal ! On faisait nos devoirs, on apprenait nos leçons, on se stimulait les uns les autres pour avoir de bonnes notes.
À l’école, dès que la cloche sonnait, on nous faisait chanter La Marseillaise, suivie d’une autre chanson militaire, Les Africains, qui disait :
C’est nous les Africains
Qui revenons de loin
Nous venons des colonies
Pour sauver la patrie...