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Critiques de Christine Bard (26)
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Les garçonnes

Surgie dans l’entre-deux guerres, figure mythique des années folles, la garçonne symbolise la volonté d’émancipation de la femme qui a conquis une certaine autonomie durant la première guerre mondiale. Elle n’est d’ailleurs pas sans ambiguïté : revendication d’un modèle féminin imitant l’homme, volonté d’affirmer l’homosexualité féminine, jeux de rôles érotiques, mais également récupération par la mode qui fait de la femme une fashion victime. Cheveux courts et robes raccourcies, nombreux accessoires, bijoux, écharpes, chapeaux, écharpes, chaussures, teintures, manucures, reféminisent en effet la garçonne pour exacerber le désir masculin…et faire marcher le commerce d’une société de consommation naissante.



Or de nombreuses femmes, beaucoup dans le milieu artistique mais aussi dans des milieux plus populaires, revendiquent une vie plus libre et s’affranchissent fièrement de ce qui entravaient leurs ancêtres : corsets, jupes longues, chignons, fichus, chapeaux, voilettes. Car « sortir « tête nue » sera, aussi, une libération. » Elles veulent être actives, dans des tenues pratiques et n’hésitent pas, à développer des allures androgynes et pour certaines, à porter le pantalon, malgré l’interdiction faite aux femmes de porter des vêtements masculins. La garçonne remet en question la notion de genre telle que la construit la société en cassant les préjugés liés aux rôles assignés aux deux sexes.

Donc figure majeure qui a marqué un tournant pour les femmes, très bien analysée dans ce petit ouvrage de Christine Bard, et dont le message, qui n’a pas été sans provoquer scandales et oppositions, demeure toujours d’actualité.

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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

Ce livre nous apprend que les femmes n'ont jamais brûlé leur soutien-gorge, mais que la violence de cette image "fantasmée" en a fait un symbole des revendications féministes.

Le vêtement est donc plus qu'un bout de tissu, c'est un étendard, ou un cache-corps, ou un cache-sexe, ou un costume de scène, que la scène soit politique, sociale, de spectacle, en public ou dans le ghetto des "tiers-quar".



Christine Bard analyse sous toutes les coutures ce costume devenu indissociable de l'idée de féminité: les jupes, jupons, autrefois appelés cottes, cotillons, devenues de plus en plus mini, pour disparaitre de nos gardes-robes, remplacées par le pantalon, plus ou moins féminisé selon les modes et les tendances.



Qui aujourd'hui veut mettre une jupe? qui peut aller au collège, au boulot, dans le métro, dans la rue, habillée en jupe? Peut-on toujours montrer ses jambes si on n'est pas accompagnée? Les lois doivent-elles réglementer le port des vêtements? Le pantalon est-il légitime pour une femme? Est-il légal? est-ce une infraction de porter un voile, un niqab, une mini sans culotte?



La réponse dans "CE QUE SOULEVE LA JUPE"!

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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

Petit livre salutaire et bien construit qui mène son lecteur de ce triste constat quand la jupe devient "objet de délit" jusqu'à objet de reconquête de liberté individuelle tant pour les femmes que pour les hommes.

Triste constat en effet de voir ce vêtement conspué des collèges jusqu'aux bancs de la Chambre des Députés. Avant de lire l'ouvrage de Christine Bard, je ne m'attendais pas à autant de découvertes sur notre société. D'accord je suis naïve. D'où l'utilité de cette lecture !

J'ai abordé ce livre avec futilité et le referme avec beaucoup plus de gravité compte tenu des sujets de réflexion qu'il suggère.

Merci Junie, par ta critique de m'avoir...titillé la curiosité !
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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

Après des décennies et des décennies de lutte, les femmes ont réussi à faire accepter dans leur garde-robe le pantalon. Voilà que l'on assiste aujourd'hui au phénomène inverse : refaire accepter dans l'espace publique la jupe. C'est le pantalon, parfois associé au voile, qui est devenu signe signe de décence. Pour autant, toutes les femmes ne veulent pas renoncer à la jupe ni à leur féminité, elles veulent avoir le choix entre ces deux vêtements sans craindre d'agression.

Comme quoi, le code vestimentaire n'a pas fini de faire parler de lui. Le corps féminin est toujours à cacher, est toujours problématique. Il faudrait le rendre neutre, c'est-à-dire proche de celui des hommes (encore une inversion !) pour qu'il soit acceptable, mais selon les critères de la mode, de la pub et de l'industrie (point au-dessus de 38 tu n'iras !). Diverses associations et manifestations tentent depuis plusieurs années de conjuguer port de la jupe et respect : la jupe ne fait pas la pute. Ce combat n'est pas encore gagné, d'autant qu'il s'agit là encore de trouver un équilibre : la jupe, oui, mais pas d'imposition de ce vêtement.

Bref, le sort du vêtement féminin n'est pas encore réglé. Et si la solution se trouvait dans la jupe masculine ?
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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

Pour la jupe comme pour le pantalon, la grille de lecture de Christine Bard part du postulat que « les vêtements et leur genre -féminin, masculin, neutre – sont politiques »



L’auteure va donc analyser le port et le choix des vêtements dans l’histoire, les éléments de soumission, esthétisés et érotisé (comme le corset), la minijupe et la révolution des sixties, dont la métamorphose de la morphologie féminine par la mode. Elle souligne que « rien n’est moins naturel que le corps de mode » et que « le vêtement libère qui s’estime libéré(e)s par lui … »



Elle nous rappelle que la jupe était socialement imposée et analyse « la resignification de la féminité au tournant du siècle ». Il est plaisant de lire ses analyses sur les stratégie féminine en politique ou ses réflexions sur l’exposition des parties du corps.



Tout en s’interrogeant « Peut-on défendre la liberté vestimentaire des unes en limitant celle des,autres? » l’auteure souligne les représentations de la sexualité, l’érotisation dans la publicité, les limites entre séduction et provocation, le constat de la banalité des violences sexistes, des insultes et des gestes déplacés, le caractère nominatif et historiquement variable de la « féminité », l’impact de la pornographie de masse, la sécularisation comme condition de l’essor de la mode. « Le voile et le dévoilement sont deux formes violences symboliques. Les femmes peuvent en être actrices, il n’en demeure pas moins que toutes, occidentales, Orientales, ne maitriseront pas leur vie aussi longtemps qu’elles ne choisiront pas leurs apparences ». Le remodelage permanent entre libération marchande et assignation genrée ne saurait être confondue avec la fin du patriarcat ou de la domination des femmes par les hommes.



Le chapitre trois est consacré à « La jupe au masculin » et à la traversée des genres.



En conclusion, Christine Bard souligne que s’habiller n’est pas anodin. « Le vêtement nous marque, nous étiquette » ou « Oui, la jupe est sexuée, sexuelle et sexiste ».



Ce qui n’enlève pas son intérêt à des manifestations comme la journée de la jupe et du respect.



Les dimensions liées à la marchandisation, tout en étant pris en compte « Le marché a remplacé les normes » me semble sous-estimées. Il me semble, aussi, que l’auteure surestime les positions et les actions de « Ni putes, ni soumises ».



Quoiqu’il en soit une livre qui interroge l’air du temps sans s’y soumettre et sans oublier que « Le genre est relationnel. On oublie trop souvent qu’il ne concerne pas seulement les femmes. Troubler le genre est une tâche qui incombe à tous les sexes » ou que « La dérive du genre n’empêche pas ”la stabilité du sexe” : la domination masculine s’accommode très bien des troubles dans le genre. »



Pour renouer enfin avec les interrogations sur les assignations sexistes, dans les moindres gestes et choix quotidiens (vêtement, comportement corporel, utilisation des produits dit de beauté, etc.) et ne pas oublier que « Le problème est la violence qu’entretient la domination masculine et ce que nous faisons (ou ne faisons pas) pour la prévenir, la réprimer d’une manière appropriée et donner à celles et ceux qui en sont victimes, ou risquent de l’être, les moyens de se défendre psychologiquement et physiquement. »
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Une histoire politique du pantalon

Que de pages sur ce qui va de soi pour nous autres filles et femmes d'aujourd'hui !

Et pourtant, il est de rappeler que nous devrions toujours demander l'autorisation de porter le pantalon à la préfecture de police de Paris... Et que ce texte n'est aps près d'être abrogé... Faut-il craindre pour autant un retour à la jupe obligatoire ?

Christine Bard mélange politique, histoire, sociologie et mode pour nous raconter l'histoire de ce pantalon et de notre droit de le porter à l'égal des hommes. Ces messieurs (et certaines dames) avaient peur de ce que les femmes pourraient "porter la culotte" à leur place et mettre à bas la masculinité triomphante. Elle dresse le portraits de femmes ayant misle pantalon avant nous toutes, pour des raisons propores, pas forcément d'ailleurs dans un esprit de fronde : plus pratique, salaire plus élevé si on arrive à se faire passer por un homme, grande voyageuse ou sportive.

Et nous avons lutté et lutté pour finalement gagner. Au moins sur le plan vestimentaire.
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Histoire du féminisme

Académique, ce petit livre de la collection Repères tente une ambitieuse synthèse en 100 pages de l'histoire des idées féministes et d'une histoire événementielle, économique et sociale du féminisme dans le monde (mais surtout en France). J'ai été sensible aux premiers chapitres: les féministes de la Révolution française , et celles de l'autre révolution, 1848, qui ouvrent le débat jamais clos de l'universalité. Une belle généalogie du présent et des portraits aussi passionnants que brefs, Olympe de Gouges, Constance Pipelet, Flora Tristan, Jeanne Deroin... Le lecteur est invité à laisser libre cours à sa sérendipité. Le septième et dernier chapitre consacré aux années 70-2010 gagnerait à présenter un tableau synoptique des courants. Une absence: la misandrie radicale à la Solanas. Un regret: le point de vue franco-français, alors même que nous avons surtout brillé par nos contresens sur les théories du genre qui ont émergé outre-Atlantique. Le style universitaire, les faits égrénés dans la chronologie rendent parfois pénible la lecture de ce texte nourrissant, dense et dur comme un biscuit de mer.
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Les féministes de la première vague

Malgré les obstacles, l’ouvrage parvient à se dégager des poncifs sur ces femmes, dites toutes pionnières et rebelles ; il insiste sur la complexité de leur engagement, dès sa naissance.
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Le féminisme au-delà des idées reçues

Si le féminisme où les droits des femmes vous intéressent, ce livre est pour vous. Il est très accessible et passionnant.
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Antiféminismes et masculinismes d'hier et d'a..

Refus des droits et de l’autonomie des femmes, réaffirmation du pouvoir des hommes



En introduction, « A contre-vagues », Christine Bard discute, entre autres, de l’opposition des hommes à l’émancipation des femmes, d’Un siècle d’antiféminisme (1999), du colloque interdisciplinaire de mars 2017 dont est issu ce livre, de l’histoire des antiféminismes français, des redéploiements contemporains face à la mixité ou à la « démocratie sexuelle », du versant masculiniste, des associations de pères divorcés…



L’antiféminisme est un contre-mouvement de pensée et d’action s’opposant au féminisme, à l’aspiration à l’émancipation des femmes, à l’action des femmes pour abolir le système d’oppression et d’exploitation.



Le masculinisme, les défenseurs du système de domination, « Nous identifions dans cet ouvrage le masculinisme comme un mouvement social qui se constitue en Occident à partir des années 1980 pour défendre les « droits des hommes » dans une société qu’ils estiment désormais dominée par les femmes, la symétrisation des situations et des luttes…



L’autrice souligne les nécessaires pluriels, les féminismes et les masculinismes sont multiples. Il importe de distinguer les « registres d’opposition » et d’historiciser les antiféminismes.



Christine Bard aborde, entre autres, le « prêt-à-penser » de la domination patriarcale, la plasticité de l’antiféminisme, les thèmes et leurs histoires, les mythes et leurs expressions, les insultes comme « féminazie » ou « gaystapo », les détournements des discours féministes, la banalisation de la violence verbale la plus extrême, l’« intersectionnalité » des haines, « Cette haine antiféministe est justifiée par la conviction de vivre une guerre de légitime défense », l’idée centrale de décadence ou de déclin de l’« Occident », le déni des oppressions et l’accusation de victimisation des femmes, les organisations mixtes ou non de ces antiféminismes militants et leurs histoires, la vague de création de mouvements de la « condition paternelle », le harcèlement « via des trolls injurieux, généralement à caractère sexuel », le cyber-antiféminisme, les réseaux de « célibataires involontaires », les femmes dans l’opposition au féminisme et leur histoire (l’autrice rappelle les analyses d’Andrea Dworkin et en indique des limites)…

Elle propose aussi des interprétations de ce contre-mouvement, les préoccupations identitaires, la volonté d’appropriation de l’espace et des êtres, la peur de l’indifférenciation, la reprise du contrôle sur la sexualité des femmes, « l’antiféminisme agit tel un « ressac ». Il témoigne à sa manière des avancées de l’égalité, en s’y opposant », la contestation du « dévoilement même de la domination ». L’autrice utilise les termes de « guerre curative » et de « guerre préventive ». « Pourtant, l’attention à la chronologie de masculinisme nous montre qu’il est aussi une guerre préventive et qu’il agit par anticipation, sur la base d’une prévisibilité assez grande des positions adverses qui s’inscrivent dans une logique politique, dans une vision du monde déjà connue ».



La révolution conservatrice, les droites extrêmes, les croisades des religions contre les « droits reproductifs » des femmes et les droits des minorités sexuelles, les nationalismes sexuels, la racialisation de l’antiféminisme et la volonté de relativiser la domination masculine en Occident, « La montée de la xénophobie et des thématiques anti-islam et anti-réfugiés joue sur la peur de perdre des acquis sociaux, de voir se dénaturer le mode de vie « occidental ». Et là l’antiféminisme fait une pirouette. Il ne s’agit plus de s’alarmer d’un féminisme qui serait allé trop loin ou de décréter le féminisme inutile, l’égalité étant déjà plus que réalisée, mais d’utiliser la cause des femmes contre l’ennemi »…



Christine Bard termine sur le champ de recherche, les études, l’impact de la tuerie de 1989 à l’Ecole polytechnique de Montréal, des ouvrages (certains chroniqués, voir à la fin de cette note), « Nous vous invitons à découvrir différents visages de l’antiféminisme d’hier arrimés à un socle d’extrême-droite anti-républicain, ou au contraire en contradiction avec un idéal d’émancipation sociale (Proudhon) », les effets que produisent l’antiféminisme sur le féminisme…







Sans volonté d’exhaustivité, quelques éléments et articles.



La cartographie des diverses manifestations de l’antiféminisme. « C’est un peu ce que je compte faire ici, en le distinguant de la misogynie et du sexisme. Je montrerais ensuite comment il s’enracine dans une pensée conservatrice ». Diane Lamoureux, aborde, entre autres, la tuerie de l’Ecole polytechnique, un certain nombre d’ouvrages (voir en fin de note), le contre-mouvement à l’avancée du féminisme, deux grandes peurs : « celle de l’égalité entre les femmes et les hommes, et celle de la liberté et de l’autonomie des femmes », les privilèges menacés et la volonté d’en découdre avec les féministes, le système global et les rapports sociaux de sexe, l’altérisation, « L’altérisation consiste à définir un groupe social par rapport à un autre groupe social qui fait figure de référence ou d’étalon de mesure », la naturalisation, le « hors de l’ordre social » des différenciations de genre, l’asymétrie du rapport femme/homme, l’antiféminisme et son centrage contre les féministes…



Le conservatisme et son existence à « droite comme à gauche du spectre politique », ce qui apparaît comme inchangeable, les discours sur l’exagération du féminisme, les passés idéalisés, l’idée pernicieuse du « postféminisme »…



L’autrice détaille certaines formes de l’antiféminisme conservateur en Amérique du nord, les objectivations des femmes en fonction des fantasmes masculins, la complémentarité et la hiérarchie des sexes, les valeurs familiales, la remise en cause de l’autonomie matérielle et de la liberté reproductive des femmes, les effets sur les femmes du rétrécissement de la fonction publique sous la pression du néolibéralisme, la droite religieuse et les groupes de femmes antiféministes, l’agenda antiféministe et homophobe, la minimisation des violences envers les femmes, une certaine symétrisation des situations et des comportements des femmes et des hommes, la négation que le sexisme est en soi « une guerre des sexes », l’importance croissante des nationalismes conservateurs, la marginalisation et le dénigrement des études féministes comme « un savoir assujetti qui n’atteint pas la dignité de science et reste confiné dans l’idéologie ou, au mieux, le savoir militant »…



« Or, préférer écarter et oublier des propos gênants d’une pensée politique sous prétexte qu’il y a incohérence mine notre capacité à l’interpréter l’histoire des idées politiques, tout autant que l’actualité politique ainsi que notre propre façon de penser et agir en politique ». Francis Dupuis-Déri aborde la misogynie et l’antiféminisme d’un anarchiste, de Pierre-Joseph Proudhon. Il fournit de nombreux éléments de réflexion sur les lectures anarchistes ou non. Il rappelle aussi que « les cercles socialistes comptent déjà des théoriciennes et théoriciens célèbrent qui prônaient l’égalité entre les hommes et les femmes ». L’auteur utilise le terme de « promesse », évoque « le régime conjugal », le « contrat sexuel (lire Carole Pateman : Le contrat sexuel)

Je vais élargir le propos à partir de la notion de promesse tout en refusant le terme incohérence contournant, à mes yeux, une des contradictions des courants d’émancipation radicale, et ce dès l’énonciation justement des promesses.



Je remonte à la Révolution française. Je prends le cas de l’émancipation des « Juifs ». Ce que disent l’abbé Grégoire ou Stanislas de Clermont Tonnerre est significatif, il faut l’émancipation des « Juifs » en tant que citoyens mais pas en tant que « Juifs ». Je renvoie sur ce sujet à Zalkind Hourwitz : Apologie des Juifs.

Qu’en est-il de l’égalité homme/femme ? Première révolution française, l’extrême-gauche révolutionnaire se bat contre l’égalité, lire Sylvain Maréchal (Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes). Au XIXème siècle, c’est Pierre-Joseph Proudhon, au début du XXème siècle ce sont des courants syndicalistes révolutionnaires d’action directe. Il y a donc plus qu’un problème, plus qu’une incohérence. Il faudrait aussi revenir aux Lumières, Jean-Jacques Rousseau et la théorisation des deux gouvernements, l’exclusion du domicile et de la chambre à coucher de l’espace de la démocratie.



La gauche révolutionnaire, dans sa capacité à exprimer les promesses, n’exprime que des promesses particulières, excluantes. Un autre exemple : le corps électoral. Celui-ci est pensé au départ comme excluant dans la formulation même de ce qu’est le corps électoral. Et lorsqu’il y aura élargissement de celui-ci, c’est bien le corps électoral dans sa définition initiale masculine, qui est étiré. La définition même du corps électoral n’est pas reformulée.



Deuxième point. L’égalité homme/femme doit être comprise dans sa dimension de totalité politique avec ces dimensions d’antagonisme social entre deux groupes. Il faudra que les femmes imposent aux hommes, dans les différentes sociétés, l’égalité. Mais pas seulement l’égalité telle que la comprennent les hommes, mais bien l’égalité des êtres humains.



De manière plus générale, celleux qui s’opposent aux dominations doivent opposer une autre conception de l’égalité que celle énoncée dans une conception étriquée de l’égalité, une autre conception de l’émancipation contre une émancipation exclusive. Ces questions restent toujours d’actualité. La gauche radicale a bien du mal avec ses propres promesses…



Camille Cleret traite de l’antiféminisme de l’Action française, du discours sur la « crise de la masculinité », du sentiment de « déliquescence de la virilité » dans l’oeuvre de Charles Maurras, du cadre de pensée contre-révolutionnaire et des théories nationalistes, de natalisme, de discours anti-démocratique, de loi salique, d’idéalisation du rôle des femmes sous l’ancien régime, de réaffirmation des différences et de la hiérarchie des sexes, de l’influence de ce courant…



Familialisme, natalisme, le corps des femmes ne leur appartienne pas. Par l’intermédiaire des politiques publiques et de l’institution du mariage, le corps féminin est controlé, dans des modalités historiques, par le groupe social des hommes et par des hommes particuliers – ce qui ne va pas pas sans contradiction. Fiona Casey analyse l’antiféminisme familialiste-nataliste dans l’entre-deux-guerre en France. La baisse de la natalité mettait soi-disant en péril la sécurité du pays. Le traitement de la « crise des naissance » relèvait d’une sorte de « panique de genre ». Refus du travail des femmes, défense d’un suffrage familial, obéissance à un « instinct biologique », opposition à tout changement du code civil, peur de la sexualité féminine…



L’autrice analyse les politiques préconisées par les différents courants et la mise en avant du problème que serait « le comportement de la femmes « moderne » refusant son rôle traditionnel de mère au foyer ». Elle insiste sur les discours « déclinistes et scientifiques » les positions de féministes (Nelly Roussel, Madeleine Pelletier). Elle termine sur la politique familiale sous le régime de Vichy et les mouvements d’opposition au mariage pour toustes…



L’antiféminisme d’extrême-droite est aussi abordé par Christine Bard. Une étude sur Minute ou « l’intersectionnalité des haines ». Quelques thèmes chers à cette extrême-droite, la dénonciation de « la vaste entreprise de dévirilisation en cours », les discours prônant ouvertement « la discrimination, l’exclusion, le mépris », la réduction des femmes à leur physique (hyper-sexualisation ou écart à la norme), la puissance conjugale et l’émasculation des hommes, la fascination/répulsion pour « la puissance sexuelle féminine », la lesbophobie, la caractérisation comme « anti-France », la nostalgie coloniale, les femmes victimes des féministes (ce thème est repris aujourd’hui dans des discours sur la prostitution ou par des trans-activistes) et aussi victimes « des immigrés et de l’islam », l’impuissance masculine, « La puissance féminine, déjà évoquée, dévirilise. C’est l’inversion des rôles », la référence à l’ordre de « la nature », les homosexuels et la féminisation, la galanterie comme « valeur typiquement française » (thème largement partagée par une partie de la « gauche ») et l’humour franchouillard, la théorie du « gender », la communauté à défendre, « La communauté ainsi créée garantit un entre-soi masculin, chrétien, hétérosexuel, blanc ». Une culture de haine qui s’oppose « à tout ce qui dé-hiérarchise et dé-différencie, de l’égalité femmes-hommes au mariage homosexuel en passant par l’ouverture des frontières »…



« Nous aborderons dans un premier temps la question de la définition du féminisme et des stéréotypes qui y sont associés, puis nous questionnerons l’idéologie postféministe qui semble expliquer la posture des femmes aujourd’hui. Enfin nous présenterons les données issues du tumblr et leur classification en thèmes pour en proposer une interprétation ». Héloïse Michaud propose une étude sur les controverses sur les réseaux sociaux aux USA. Dans l’imaginaire social médiatique « le féminisme aurait réussi, tellement bien réussi, qu’il serait devenu inutile aux yeux des femmes, l’égalité désormais perçue comme acquise ». Elle fait ressortir quelques éléments de l’enquête : la responsabilité individuelle (qui nie la réalité des rapports sociaux de domination, « l’accent sur l’individu au détriment du système »), les éléments révélateurs de l’idéologie néolibérale, les inégalités « privatisées », la méritocratie, la compétition entre individu et la désolidarisation, le déni du collectif et des nécessaires politisations des discriminations, la symétrie entre les situations (négation des asymétries), l’hétérosexualité et la complémentarité des sexes… « Pour les féministes, la tâche est double : il faut lutter à la fois contre le patriarcat et réfuter les représentations négatives du féminisme, produites par l’hétéronormativité et retransmises par les médias et la culture populaire »…



Le « gender », les campagnes « anti-genre », une contre révolution straight, Sara Garbagnoli indique que « Du point de vue des arguments mobilisés, la rhétorique « anti-genre » réactive et recombine des tropes récurrents du discours sexiste, antiféministe, homophobe et transphobe traditionnel, mais elle se caractérise par une dimension nouvelle – l’opposition à l’usage du concept de genre – et par le type de réplique mis en œuvre via la déformation et la diabolisation des positions et des théories adverses ». L’autrice aborde, entre autres, les oppositions – contre-mouvements – « non seulement aux revendications juridiques et politiques » des mouvements féministes et LGBTQI mais aussi « aux théories et aux concepts développés », les croyances naturalistes, la déhistoricisation et la naturalisation des rapports sociaux, « l’ordre sexué et sexuel trouverait son fondement dans une « loi naturelle » énoncée par la théologie et démontrée par la science ». L’autrice parle de « croisade anti-genre » (voir son livre indiqué en fin de cette note), d’ambition de restauration, de références apocalyptiques, de panique morale (voir sur un autre thème, Laurence De Cock, Régis Meyran : Paniques identitaires. Identité(s) et idéologie(s) au prisme des sciences sociales)

, de réformulation, d’euphémisation et de diabolisation, de nouvel essentialisme, d’ordre et de places immuables, « non équivalentes et non échangeables », d’audibilité nouvelle « d’une vision du monde sexiste, antiféministe, homophobe et transphobe », de nouvelle synergie entre « représentant.e.s du Vatican et militant.e.s anti-avortement », de l’Italie comme « laboratoire national particulièrement productif des mobilisations « anti-genre » », d’islamophobie, de mobilisations réactionnaires, de dogme et de force d’évidence, « Ce mélange inédit de sexisme, d’antiféminisme, d’homophobie, de xénophobie, d’islamophobie et de fémonationalisme dresse les contours d’un nationalisme sexuel qui excommunie du corps national, à la fois, les personnes homosexuelles et les personne musulmanes »…



Josselin Tricou aborde « le catholicisme d’identité », la Manif pour tous, les rhétoriques masculinistes, la « multiplication de propositions en non-mixité à destination d’hommes adultes ayant pour thème la masculinité », les courants Sens commun et Poissons roses, les expressions collectives néo-traditionnelles, les symboliques de genre spécifiques, l’« émasculation symbolique », le postulat de l’égalité-déjà-là, la dépolitisation par psychologisation et individualisation de la domination masculine, le « vivent les stéréotypes », l’attractivité d’activités « codées comme masculines », les réaffirmations patriarcales…



Antiféminisme et religion, un dialogue entre Hanane Karimi, Anne Soipa, Liliane Vane, Marina Zuccon et Florence Rochefort, deux questions : les obstacles et les actions menées par des femmes engagées dans leurs communautés religieuses, la déconstruction du féminin « défini en termes de rôles, de maternité, de sacrifices ou d’abnégation », les savoirs féminins invisibilisés, les efforts de compréhension des textes, les re-contextualisations historiques, l’égalité des droits, le refus du « prédifini », la loi religieuse et la pratique, la question des conversions, le statut des femmes, le get et la répudiation (ce qui n’est pas un divorce), le corps confisqué, la condamnation du « péché » et non du « pécheur », la cartographie des pratiques discriminantes, « Il y a des lois sur la non-discrimination entre hommes et femmes dans la société civile et nous devons oser dire que l’Etat de droit ne s’arrête pas à la porte des églises, des mosquées et des synagogues », l’exclusion de toute participation à la liturgie… Une table-ronde pour éclairer certains débats…



« Les associations pour le « droit des pères », et le notions de « coparentalité » et d’« aliénation parentale » sont des éléments centraux de l’étude du masculinisme en France et au Québec ». Edouard Leport insiste sur « l’utilisation faite par les militants de la figure de l’enfant et de son supposé « intérêt », donc sur la construction d’une position de défense d’intérêts des « plus faibles » ». Les dominants ont du mal à travailler de manière critique sur leurs positions et pratiques d’oppression (lire Léo Thiers-Vidal : De « L’Ennemi principal » aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination), ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas une conscience politique de leur domination. L’auteur parlent des groupes de pères séparés et divorcés, de leurs actions publiques et des raisons de celles-ci, « Ces mouvements ont ainsi discrédité les femmes et les enfants victimes de violence en répondant le mythe que les femmes feraient massivement de fausses accusations de violences intrafamiliales dans le but de retirer la garde des enfants à leur conjoint », l’accent sur l’obtention de droits et d’autorité parentale « plutôt que sur la parentalité en générale », la volonté de reproduire « leur lignée », les procédés rhétoriques, la mobilisation de la « voix des enfants », le retournement de la responsabilité de la conflictualité, la réalité des demandes en termes de garde d’enfants, les visions sexistes des rapports de genre, l’importance d’apparaitre comme « le conjoint magnanime », les arguments opportunistes, la stratégie et la défiance « envers les institutions jugées « misandres » », le droit de garde et le silence sur les questions d’éducation… L’auteur souligne que « la défense de privilèges d’individus dominants dans les rapport de genre doit être vêtue des habits de l’égalité et des droits humains pour pouvoir être aujourd’hui soutenue »…



Isabelle Côté et Simon Lapierre reviennent sur le concept d’« aliénation parentale » (concept sans valeur scie
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Mauvais genre

Le réalisateur et scénariste français (qui a fait "Petite fille", "Bambi", "Les invisibles", et récemment "Madame Hoffman") a réuni des photographies d'amateur•rices trouvées dans des braderies et sur internet. Cette collection rassemble des photos de la fin du XIXème siècle aux années 80. Elles montrent toutes la transgression vestimentaire, subvertissant les normes de genre. Peut-être sont-ce des jeux, et peut-être aussi l'expression d'identités profondes et interdites.

Regards mélancoliques ou frondeurs, amusement collectif, re-création de scènes domestiques se retrouvent dans ces photographies qui mettent en scène l'inversion de genre, tant crainte des conservateur•rices. C'est un geste politique autant qu'un dévoilement intime.

Rappelons que depuis 1800 toute femme désirant s'habiller en homme devait obtenir une autorisation de la préfecture de police : ces photographies ne sont donc pas anodines, remises dans leur perspective historique. Ceci explique qu'elles soient toutes prises dans des lieux privés : chambres, salons, cuisines ou jardins.

Pour soutenir l'analyse historique, l'ouvrage propose des textes de Christine Bard, Isabelle Bonnet et Farid Chenoune.

Un très bel ouvrage, adapté d'une exposition à Arles.
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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

C'est un livre que l'on m'avait recommandé quand je cherchais des livres qui traitent de féminisme mais pas que.

J'ai du mettre un bon deux an à le trouver à mon centre social.

J'ai attendu ce mois-ci pour le lire.

Je dois dire que je ne suis pas trop déçue.

On y décortique la jupe en 3 points qui seront encore bien exploités.

J'ai trouvé assez enrichissant.

Par contre, c'est un peu vieux. Le livre date de 2010, il y a quand même un peu de chemin de fait depuis, je crois!
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L'histoire traverse nos peaux douces, tome ..

Quelle claque en refermant ce livre...

Premier tome d'une tétralogie de l'historienne Christine Bard, consacré à son père Jack Bard, je dois avouer que j'en ressors bouleversée et reconnaissante d'avoir eu accès à un peu de la vie de cet homme, de cette façon.



Jack Bard, d'abord instituteur puis directeur d'école à Maubeuge, fils d'ouvrier, père, mari, poète, passionné et amoureux de la nature, des fleurs surtout, homme de gauche aux valeurs féministes, humanistes et qui se dévoilera au fil du temps, avec son temps, comme il put.

Voilà l'homme dont on a la chance de découvrir et parcourir la vie et la poésie, à travers le récit de sa fille, mêlant ses talents d'historienne à son amour respectueux et teinté d'admiration pour celui qu'elle a perdu il y a des années.



Quel bel hommage rendu à Jack par Christine, qui nous partage généreusement des poèmes qui émeuvent aux larmes (le poème "À Madame Yannou", sa collègue qui part à la retraite est bouleversant), empreints d'amour, de passé, d'engagements, de nature, mais aussi de douleurs indicibles.



N'étant pourtant pas une férue de poésie, je me suis surprise à apprécier chaque mot écrit par Jack, si juste et rempli d'humilité, faisant de ce livre une ballade imagée dans la vie et l'intimité d'un homme qui mérite d'être connu, découvert et apprécié.



Au-delà de découvrir la vie de l'homme, on perçoit sa forte relation filiale avec l'autrice (à qui, force est de constater en la lisant, il a transmis son talent de poète), respectant la pudeur de leur relation, elle analyse les mots, les non-dits, les poèmes, les photos de son père, avec son regard de féministe engagée, anti-raciste et décolonialiste, ce qui en fait un livre à la fois intime et politique, qui sait être juste et critique même envers ses êtres chers, à l'image d'un Edouard Louis, d'une Annie Ernaux ou d'un Didier Eribon.



C'est beau, c'est passionnant, c'est engagé, ce livre se vit comme un voyage et saura contenter les lecteurices avides de poésie, de nature et d'amour.



MERCI à Christine Bard pour l'écriture de ce bijou, à Jack Bard d'avoir existé, et merci à Babelio et aux Éditions iXe (qui m'ont gentiment glissé une superbe carte avec un petit mot!) pour cette découverte dont on ne ressort pas indemne.



Je finirais avec ces mots du poème "Une histoire" de Jack Bard: " Ne me dis pas la fin, continue, que je vive! "

C'est réussi, il vit!
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Les garçonnes

La "garçonne" est avant tout synonyme de liberté à une époque où les femmes ont montré qu'elles étaient capables de vivre seules, de travailler à des postes souvent réservés aux hommes durant la première guerre mondiale. Tout d'abord méprisée par des auteurs comme Huysmans à la fin du 19e siècle ou ceux du groupe des surréalistes, cette figure phare des années 20 aura gravé dans les esprits l'image d'une silhouette androgyne, oscillant entre lesbiannisme et pluri-amours comme si, et c'est encore le cas au moment où j'écris, une femme aux cheveux courts est forcément lesbienne ou anti-hommes. C'est pourquoi ces "garçonnes" revendiquent tout d'abord la liberté de mouvements qui s'inscrit dans le droit à porter des vêtements d'hommes et des cheveux courts, bien plus pratiques pour travailler, se déplacer (notamment à bicyclette). Mais si l'égalité en droits des hommes et des femmes passe par la tenue vestimentaire, il est aussi question de la liberté de moeurs et celle relative à la vie sociale et politique. Qu'il s'agisse de sexualité, de l'usage du langage, des études ou du droit de vote, les "garçonnes" revendiquent le droit de jurer, fumer en public, d'aimer qui elles veulent, de sortir non accompagnées et de décider d'avoir ou non des enfants, à l'instar des hommes. Et contrairement à l'image que les détracteurs veulent donner de ces femmes (des hommes et des femmes, mais aussi les différents partis politiques, de gauche comme de droite, des écrivains), celles-ci ne sont pas nécessairement lesbiennes, droguées ou débauchées : "La femme émancipée, dont les moeurs sont aussi suspectées, transpose cette masculinité dans sa vie et ses ambitions féministes : l'égalité des sexes apparaît pour le plus grand nombre comme une négation de la "féminité" et comme une volonté d'imiter les hommes jusque dans leurs prérogatives politiques et sociales. L'offensive antiféministe confond délibérément ces deux "dénis" de féminité dont la "monstruosité" se lit dans des apparences jugées contre nature et disgracieuses".

Ainsi, la mode et le cinéma n'ont pas aidé ces femmes à se libérer : en se saisissant de l'image de la "garçonne", des artistes ont fait d'elles de nouvelles "femmes fatales", en ajoutant à leurs tenues des quolifichets, du maquillage, du parfum : "Une nouvelle féminité s'invente alors et la haute couture, hostile à la "masculinisation", ne manque pas d'y contribuer. Les bijoux féminisent la silhouette d'éphèbe des garçonnes. le cou et la nuque dégagés mettent en valeur de grandes boucles d'oreilles. Les robes simplifiées se couvrent de bijoux fantaisie, broches [...]". le cinéma s'est emparé de la "garçonne" pour créer des personnages glamours là où ces femmes auraient pu tout simplement être considérées pour leurs qualités. Ainsi, a-t-on affaire à Greta Garbo et Marlène Dietrich, mises en scène pour répondre aux fantasmes masculins, desservant les revendications sérieuses des femmes. Après les années 30, "l'éternel féminin", la "femme fatale" retrouvera toute sa puissance, rassurant les uns et les autres quant à la place de la femme : au foyer, dans le lit des hommes, maman ou putain.

Cet essai richement documenté montre le cheminement de certaines femmes pour accéder à leurs droits, non pas pour égaliser les hommes, mais pour être reconnue comme être humain à part entière. Et comme le dit l'auteur à la fin de son ouvrage, l'histoire des garçonnes n'est pas terminée !
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Histoire des femmes dans la France des XIXe..

Petit précis d'histoire des femmes en France (19°-20° siècle), l'ouvrage est complet, riche et clair. Pratique par sa taille, il permet de balayer une période assez importante dans l'histoire et l'évolution des femmes en France sans noyer le lecteur d'informations.



Intéressant, se lit assez rapidement (écriture fluide et claire).



Pour avoir rédigé mon mémoire sur une auteure féministe du 19°, je le trouve pertinent comme phase introductive d'une plus longue recherche ou comme essai pour survoler la période.



Je le conseille pour tous les curieux qui ne souhaitent pas creuser et entrer dans le détails. Je le conseille également pour ceux qui veulent débuter quelque part.
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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

Passionnante histoire de la jupe, à travers laquelle on comprend à quel point le corps des femmes est soumis à tous les interdits
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Ce que soulève la jupe. Identités, transgressio..

Un travail historique sur un objet original, le vêtement. Et pas n'importe lequel, la jupe. En effet, tout est historique, tout est objet d'histoire, mais également tout est politique. Le vêtement n'est pas neutre, il est objet de représentations culturelles, variables selon les cultures et les époques. S'habiller n'est donc pas neutre, bien au contraire.

La jupe peut ainsi être étudiée successivement comme symbole féminin, féministe, objet religieux, lié aux genres et à la sexualité. Cette histoire de la jupe est donc construite en parallèle avec celle du pantalon - et des vêtements féminins dans leur ensemble : il est aussi question de dessous, forcément - celui-ci est désormais autorisé, s'est massifié ; la jupe, elle, est devenue au contraire plus difficile à porter, devenant même un objet de reconquête féministe.
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Une histoire politique du pantalon

Critique de Maxime Rovère pour le Magazine Littéraire



L'historienne Christine Bard publie aux éditions du Seuil Une histoire politique du pantalon. Parmi tout ce qui constitue l'organisation des sociétés, les coutumes vestimentaires ont une importance évidente. Ce que l'on porte est ce que l'on voit immédiatement - et, réciproquement, ce que l'on donne à voir. Par conséquent, l'étude d'un vêtement aussi symbolique que le pantalon, longtemps associé à la masculinité, peut éclairer les rapports entre les genres - et, par rebond, celle de la braguette, plus anecdotique, pourrait fournir une ouverture précieuse sur les moeurs. Avec de tels objets, aussi inattendus que centraux dans la division des apparences, l'histoire de notre culture matérielle peut éveiller chez ses lecteurs une fièvre comparable à des soldes d'automne. Cela dépend comment on la fait.

« Le costume reflète l'ordre social et le crée. » Avec cette remarque apparemment simple, Christine Bard soulève d'emblée plusieurs problèmes de méthode qu'elle affronte avec courage, sans toujours les expliciter. Comment aborder le rapport complexe, en partie circulaire, entre les rapports sociaux et la manière dont ils se manifestent sous la forme de signes ? Si le symbole révèle le rapport social, est-ce qu'il suffit de jouer avec le symbole pour que le rapport évolue ? La difficulté de la question augmente dans le cas du vêtement. En effet, la domination masculine et l'infériorisation des femmes s'expriment naturellement à travers lui. Pourtant, une femme qui met une jupe ne s'affirme pas toujours dominée pour autant, et même, par un curieux retournement de situation, le « retour à la jupe » peut être revendiqué comme un acte militant en faveur de la liberté des femmes.

Il y a donc une tectonique des signes, comme il y a une tectonique des genres : être un homme ou une femme n'est pas une évidence biologique, c'est une construction culturelle qui évolue avec les symboles. Mais les symboles à leur tour ne tiennent pas d'eux-mêmes leur charge signifiante. Ainsi, le pantalon est certes un vêtement fermé, alors que la jupe est un vêtement ouvert. La jupe soulevée est le cauchemar des femmes au quotidien et elle initie les petites filles à une dissymétrie vestimentaire. Mais sa signification peut aussi bien être entièrement retournée.

La grande difficulté de ce genre d'histoire est donc la réversibilité des phénomènes : on peut interpréter comme une défaite symbolique ce qui est en réalité une victoire, ou inversement. C'est pourquoi Christine Bard cite (sans entièrement la partager) la théorie de la « grande renonciation masculine » développée par le psychanalyste britannique John Carl Flügel dans les années 1930. Selon lui, à la fin du XVIIIe siècle, les femmes ont remporté une grande victoire avec l'adoption du principe de l'exhibition érotique (elles obtiennent la liberté de se montrer), tandis que les hommes ont subi une grave défaite en renonçant brutalement à leur coquetterie vestimentaire (perdant ainsi la liberté de séduire). L'histoire du pantalon devrait donc prendre en compte cette renonciation, ce moment où les hommes ont cessé de jouer des formes et des couleurs. De cette lecture à contre-courant, l'historienne aboutit à une autre, mieux connue mais aussi mieux fondée du point de vue des rapports réels : elle remarque que, dans le même temps, la législation interdit aux femmes le costume masculin, de sorte que la distinction des vêtements selon le sexe obtient vers 1800 un appui juridique. C'est le début d'une différenciation des apparences qui, en cherchant à se radicaliser, n'aboutira finalement qu'à sa propre explosion.

Ainsi, puisque le pantalon est un marqueur essentiel du genre durant les deux derniers siècles, on ne peut que suivre les significations multiples et contradictoires auxquelles il se trouve successivement associé. Que découvre-t-on ? À la Révolution, il est étroitement lié aux valeurs républicaines et à un « peuple » fantasmé. Il se répand à la faveur du goût pour les uniformes, mais laisse de côté les citoyennes. Éprises de l'Antiquité, celles-ci jouent de voilages transparents. Au cours du XIXe siècle, le pantalon devient l'expression d'un ordre bourgeois et patriarcal, où la femme qui ose le porter est nécessairement une menace. Puis viennent George Sand, Rosa Bonheur, Colette et autres émancipées qui contribuent à le rendre acceptable. À la Belle Époque, le costume masculin concentre ainsi des logiques hétérogènes qui contribuent à troubler son rôle de différenciation : ce sont celles du féminisme, du sport et de l'homosexualité - démarches qui restent néanmoins très largement minoritaires. La véritable percée du pantalon a lieu dans les années 1950, mais il reste et restera, conformément au personnage de la commedia dell'arte auquel il doit son nom, « celui qui joue toutes sortes de rôles pour parvenir à ses fins ». Quelles fins ? Selon Christine Bard, la liberté de l'individu et l'égalité des sexes.

Quid de la braguette ? Comme l'indique un « beau » livre qui lui est exclusivement consacré (cf. références ci-dessous), celle-ci apparaît au XVe siècle sous la forme d'une petite poche (braca, en latin) lorsque les robes des hommes disparaissent au profit des bas de chausse. Dans ce livre d'images plus que de texte, l'iconographie est ludique, parfois vulgaire, et le texte de Colette Gouvion, parfois amusant, est trop souvent naïf. Avec la même naïveté que celle-ci, qui décrit « l'irrésistible ascension du sexe libéré » (Michel Foucault aurait-il donc écrit en vain ?), Christine Bard note : « La guerre des sexes est donc déclarée. »

On regrette que les études de genre considèrent souvent que les membres d'une société jouent les un(e)s contre les autres, comme si la défaite d'un groupe marquait la victoire de l'autre. Il semble plus probable que, si guerre il y a, elle oppose moins les femmes et les hommes que les individus et les structures - ou, pour parler plus proprement, les dispositifs de pouvoir et les protocoles d'action. Oui ! L'audace de Christine Bard est de considérer le costume « comme un langage ayant une portée politique ». Qui parle quand je m'habille ? Et à qui, à quoi s'adresse-t-on en faisant ses choix face au miroir ? Ces questions sont si complexes qu'on ne peut y répondre qu'en les simplifiant. En cette affaire, il faut admettre qu'il y a plusieurs niveaux non compatibles d'analyse, qui entraînent des conclusions logiquement opposées mais également valides - comparables en cela aux vêtements superposés qui nous recouvrent et nous révèlent.
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L'histoire traverse nos peaux douces, tome ..



Un récit d’une grande beauté ❤️

Je suis complètement tombée sous le charme de ce récit autobiographique parsemé de poésies …..

Christine Bard rend un très bel hommage à son papa, un poète, instituteur.

Le récit alterne l’histoire de son papa et ses poèmes.

C’est très beau !

L’auteure nous raconte la vie de cet homme si secret avec beaucoup de pudeur, elle nous parle de la guerre d’Algérie, de sa famille, de son métier d’enseignant, de sa passion pour les fleurs, la peinture, les mots et Maubeuge….

C’est beau, poétique, émouvant et rempli de tendresse !

L’écriture est belle ! J’ai beaucoup aimé cette sublime déclaration d’amour à son papa ❤️

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Histoire du féminisme

Petit bouquin par le format, mais source compacte d'informations, un peu trop "manuel scolaire" sans doute pour certain.e.s.

J'ai regretté qu'on ne parle pas, même en quelques mots, des proto féministes antiques et médièvales. Mais sinon, trés complet, pour un livre de 111pages seulement! (Bon, d'accord, la police de caractére est trés petite...)

J'en recommande la lecture sans hésitations!
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