S’il n’avait jamais été un gros poisson, il s’était vite fait un nom dans le milieu grâce à sa ténacité et à sa loyauté. Il s’était spécialisé dans les services de transport et de coursier. Il s’était surtout agi d’argent et de stupéfiants. Il n’avait été ni un dealer ni un braqueur, non, jamais il n’avait donné dans des actions aussi répréhensibles. Il s’était contenté de faire passer des choses d’un point A à un point B. Comme tout bon transporteur. Il fallait bien distribuer aux revendeurs toute la cocaïne qui arrivait quotidiennement sur le marché de gros. Et puis, toutes les sommes drainées par les bordels et les centres de paris illégaux de la ville ne pouvaient pas rester éternellement cachées sous un matelas. Pour Antonio, le job était juteux. Cinq pour cent de la valeur des marchandises étaient pour sa poche. Jamais il n’avait gagné autant d’argent, et d’ailleurs, jamais plus il n’en gagnerait autant. À aucun moment il ne s’était toutefois considéré comme un délinquant, et c’était très important à ses yeux. Jamais il n’avait vendu de drogue, jamais il n’avait exploité des prostituées. Il s’en était tenu au transport de marchandises. Il ne s’était pas embarrassé de scrupules quelconques.