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Citations de Christine de Pisan (53)


Christine de Pisan
Je ne sais comment je dure…


Je ne sais comment je dure,
Car mon dolent cœur fond d'ire
Et plaindre n'ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,

Ma dolente vie obscure.
Rien fors la mort ne désire.
Je ne sais comment je dure.

Et me faut, par couverture,
Chanter que mon cœur soupire ;
Et faire semblant de rire.
Mais Dieu sait ce que j'endure ;
Je ne sais comment je dure.
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Christine de Pisan
...Les dames doivent avoir "coeur" d'homme...
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La beauté de [celui-ci], si je voulais la décrire, dépasserait mes capacités ; cent mille ans ne me suffiraient pas à la mettre par écrit, car son clair visage rayonne d'une splendeur qui illumine tout, que la chose soit obscure ou limpide. Bref, toutes les autres beautés sont ternes et communes comparées à la sienne ; elles pâlissent devant son éclat.
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Christine de Pisan
Le sentiment qui est le plus léger et qui conquiert le mieux les gens, c'est l'amour.
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Malheureux celui qui veut gouverner autrui, et ne peut se gouverner lui-même !
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Ah ! Doux ami, sont-ce là vos exploits ?
D'un amour de feu de paille aiment
Les hommes qui feignent d'être d'amour étreints,
Mais leur cœur ne s'en soucie en rien.

(Ha ! doulz amis, sont ce de voz esplois ?
Aiment hommes d'amour de feu de paille
Qui si faignent estre d'amours destrois,
Mais ne leur tient au cuer pas d'une maille.)


(extrait de "La Dame, .XC. v. 25-28) pp. 264-265
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Ceux qui ont blâmé les femmes par jalousie sont des hommes indignes qui, ayant connu ou rencontré de nombreuses femmes de plus grande intelligence et de plus noble conduite que la leur, en ont conçu amertume et rancoeur.
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« Il est vrai que certains l’ont blâmée — et ç’eût été à bon droit si elle eût été de notre foi — d’avoir pris pour époux le fils qu’elle avait eu de son mari Ninus. Ce fut certes là une grande faute, mais comme il n’y avait pas encore de lois écrites, on peut l’en excuser quelque peu ; les gens ne connaissaient en effet d’autres lois que celles de la Nature, et il était loisible à chacun de suivre son bon plaisir sans commettre de péché. »
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autres ballades


VIII

DIEUX ! on se plaint trop durement
De ces marys, trop oy mesdire
D’eux, et qu’ilz sont communement
Jaloux, rechignez et pleins d’yre.
Mais ce ne puis je mie dire,
Car j’ay mary tout a mon vueil,
Bel et bon, et, sanz moy desdiie,
Il veult trestout quanque je vueil.

Il ne veult fors esbatement
Et me tance quant je souspire,
Et bien lui plaist, s’il ne me ment,
Qu’ami aye pour moy deduire,
S’aultre que lui je vueil eslire ;
De riens que je face il n’a dueil,
Tout lui plaist, sanz moy contredire,
Il veult trestout quanque je vueil.

Si doy bien vivre liement ;
Car tel mary me doit souffire
Qui en tout mon gouvernement
Nulle riens ne treuve a redire,
Et quant vers mon ami me tire
Et je lui monstre bel accueil,
Mon mary s’en rit, le doulz sire,
Il veult trestout quanque je vueil.

Dieu le me sauve, s’il n’empire,
Ce mary : il n’a nul pareil,
Car chanter, dancier vueil’ ou rire,
Il veult trestout quanque je vueil.

p.216-217

Voir, si vous le souhaitez, la version français moderne par JEANINE MOULIN dans la critique jointe.
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Le mariage de Christine à quinze ans resserra ses liens avec la cour royale et prolongea la période de son bonheur. Son union avec Etienne de Castel, secrétaire royal, ne dura pourtant que dix ans, avant qu'une maladie n'emporte le jeune mari en 1390. Veuve, Christine fut accablée de tristesse et d'amertume. Elle avait aimé son époux d'amour, comme le début du Chemin de long estude l'attestera treize ans plus tard. Maintenant elle se trouvait seule, à la tête d'un foyer qui comprenait ses trois enfants, sa mère, et une nièce. Son père était mort deux ans plus tôt, et Charles V, son protecteur, en 1380.
Elle se fit poète. Le décès d'Etienne l'avait laissée dans la gêne; écrivant pour gagner sa vie, elle devint, au dire de ses lecteurs modernes, "la première femme de lettres professionnelle" en France. Mais la composition littéraire n'aurait pas pu subvenir à ses besoins, en tout cas dans un premier temps. Peut-être fut-elle également copiste, le travail de secrétaire d'Etienne de Castel l'ayant familiarisée avec les formules et les différentes graphies en usage. ce qui est certain , lorsqu'on considère son oeuvre dans son ensemble, c'est qu'elle acquit au fil du temps d'impressionnantes connaissances en matière de production livresque; elle transcrivait ses propres textes, les annotait, prévoyait leurs illustrations, et rassemblait ses ouvrages dans des collections fort belles, destinées à plaire à des mécènes importants.

Préface
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Je ne crains plus le froid ni le chaud…



Je ne crains plus le froid ni le chaud,
Ni l’assaut d’un château, d’une tour,
Ni la mer adverse qu’il me faut
Traverser en suivant maint détour,
Car on ne peut aucun mal me faire,
Vu que mon effort vers elle tend.
Ah ! Beauté que j’estime exemplaire,
Mon désir de vous voir est si grand !
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1 L’amant
  
  
  
  
Je ne peux plus vous cacher le grand amour
Dont je vous aime, belle, plus que toute autre,
Que je porte depuis longtemps
Sans faire cri ou plainte ; mais je vois arriver le jour
Où ma vigueur s’éteint
À trop aimer qui m’assaille et me tue
Si n’ai de vous réconfort sans tarder.


Je suis contraint de vous l’avouer en grande crainte
Afin que guérison me soit donnée
Par vous, car sang, vie, sève
Me font défaut et quoi que j’aie supporté
Mainte année, ma mort est écrite
Sans autre issue, il est l’heure,
Si n’ai de vous réconfort sans tarder.


Je vous requiers donc, très belle en qui demeure
Entièrement mon cœur, que merci
Me soit donnée. Que l’attente n’en soit éloignée
Car je ne peux plus, ni soir, ni matinée,
Supporter ce mal. Que sur-le-champ cesse
La grande dureté qui me contraindra à pleurer,
Si n’ai de vous réconfort sans tarder.


Ah ! Très agréable, parfaite en bonté,
Que votre doux amour soit vers moi tourné
Car mon cœur est déjà plus noir qu’une mûre
Si n’ai de vous réconfort sans tarder.


/Traduit de l’ancien français par Jacqueline Cerquiglini-Toulet
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Christine de Pisan
La fille qui n'a point d'ami


À qui dira-t-elle sa peine,
La fille qui n'a point d'ami ?

La fille qui n'a point d'ami,
Comment vit-elle ?
Elle ne dort jour ni demi
Mais toujours veille.
Ce fait amour qui la réveille
Et qui la garde de dormir.

À qui dira-t-elle sa pensée,
La fille qui n'a point d'ami ?

Il y a bien qui en ont deux,
Deux, trois ou quatre,
Mais je n'en ai pas un tout seul,
Pour moi ébattre.
Hélas ! mon joli temps se passe,
Mon téton commence à mollir.

À qui dira-t-elle sa pensée,
La fille qui n'a point d'ami ?

J'ai le vouloir très humain,
Et tel courage
Que plutôt anuit que demain
En mon jeune âge
J'aimerais mieux mourir de rage
Que de vivre en un tel ennui.

À qui dira-t-elle sa pensée,
La fille qui n'a point d'ami ?
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Christine de Pisan
Seulette suis…


Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur mesaisée (*),
Seulette suis, plus que nulle égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.

Seulette suis à huis ou à fenêtre,
Seulette suis en un anglet muciée (*),
Seulette suis pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n’est qui tant messiée (*),
Seulette suis, en ma chambre enserrée,
Seulette suis, sans ami demeurée.

Seulette suis partout et en tout estre (*),
Seulette suis, que je marche ou je siée (*),
Seulette suis, plus qu'autre rien terrestre (*),
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis, souvent toute éplorée,
Seulette suis, sans ami demeurée.

Envoi

Princes, or est ma douleur commencée
Seulette suis, de tout deuil menacée,
Seulette suis, plus teinte que morée (*),
Seulette suis, sans ami demeurée.


mesaisée (*), (*) mal à l’aise
muciée (*),, (*) cachée
messiée (*), (*) me déplaît
estre (*), (*) endroit
je siée (*), (*) ou que je sois assise
plus qu'autre rien terrestre (*), (*) plus qu’autre chose au monde
plus teinte que morée (*), (*) plus sombre qu’une tenture noire
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La France livrée aux Anglais,Christine a longtemps gardé le silence. Nous supposons qu'elle a vécu les années 1420 dans l'abbaye dominicaine de Poissy, au nord-ouest de Paris, où elle avait placé sa fille Marie. Sans doute Christine s'est-elle davantage tournée vers Dieu pendant cette période -par dévotion, par résignation, ou par désespoir devant les nouvelles qui venaient de la capitale. Elle a composé un recueil de méditations sur la Passion. Mais hormis ce texte, rien ne nous est plus parvenu de cette femme qui, au plus intense de son activité au début du siècle, écrivait des milliers de vers par mois. Coupée de la ville et de la cour, s'est-elle adonnée tout entière à la prière, à l'étude ?
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Charles V avait adopté des pratiques intellectuelles et politiques qui porteraient pleinement leur fruit au moment de la Renaissance, un siècle plus tard : l'attachement particulier aux livres; les commandes de traduction d'oeuvres en langue vulgaire; la recherche de l'érudition au service de la morale plus qu'à celui de la spéculation théologique; la consolidation du territoire, le développement d'une administration centralisée et laique -les choix vers lesquels penche Christine dessinent l'avenir. Si elle reste un auteur médiéval, aussi bien dans sa mentalité que dans son style, elle explore, de fait, maints aspects de l'humanisme naissant. Ses origines italiennes la mettent en bonne position pour apprécier les apports culturels transalpins, cruciaux pour le renouveau; le Chemin de long estude est d'ailleurs le premier texte français auquel la Divine Comédie de Dante a servi de prototype. Christine n'a pas encore le sentiment typiquement humaniste de pouvoir dépasser ses prédécesseurs, de se servir du passé pour faire mieux, mais ses écrits refondent et réorientent incontestablement leurs sources : Boccace dans la Cité des dames, Valère Maxime dans Le Livre du corps de Policie, Végèce dans Le Livre des faits d'armes et de chevalerie, sont, non seulement repris, mais réencadrés, réenvisagés. On ne peut pas non plus attribuer à Christine la conviction "renaissante" que le monde fourmille de possibilités, et que le plaisir et le privilège de l'homme le poussent à les exploiter; elle demeure toujours consciente des contraintes que Dieu, et la Nature, imposent aux hommes- et que les hommes imposent aux femmes. Pourtant ses ouvrages la représentent souvent dans l'acte de découvrir, d'apprendre : dans La Mutacion de Fortune, un voyage au château de dame Fortune donne lieu à un examen de cette allégorie, et par là même, de la question capitale de l'influence que l'être humain peut exercer sur son propre destin. (...) Mais le meilleur exemple de la curiosité de Christine, de sa soif de science, demeure sans doute l'ouvrage que nous présentons ici. Le Chemin fait parcourir le monde à son héroine, offrant à son regard les merveilles des villes et des campagnes, des peuples exotiques et de leurs richesses. Tout le voyage se fait dans le désir de savoir. Christine, en 1402, nous fait penser à ces explorateurs du siècle suivant, qui rentraient chez eux avec des spécimens étonnants cueillis dans des pays lointains- sauf que ses collections à elle ne consistent pas en objets, mais en connaissances uniquement. Les plus beaux trésors, ainsi qu'elle ne cesse de le répéter.
Préface
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7. « Enfin, vous toutes, mesdames, femmes de grande, de moyenne ou d'humble condition, avant toute chose restez sur vos gardes et soyez vigilantes pour vous défendre contre les ennemis de votre honneur et de votre vertu. Voyez, chères amies, comme de toutes parts ces hommes vous accusent des pires défauts ! Démasquez leur imposture par l'éclat de votre vertu ; en faisant le bien, convainquez de mensonge tous ceux qui vous calomnient. Ainsi pourriez-vous dire avec le Psalmiste : "L'iniquité du méchant retombera sur sa tête." Repoussez ces hypocrites enjôleurs qui cherchent à vous prendre par leurs beaux discours et par toutes les ruses imaginables votre bien le plus précieux, c'est-à-dire votre honneur et l'excellence de votre réputation ! Oh ! fuyez, mesdames, fuyez cette folle passion qu'ils exaltent auprès de vous ! Fuyez-la ! » (p. 277)
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.
- Mon cuer te donne pour le tien.
- Grant merci, belle, or aimons bien.
- Vous plaira il ainsi sans saouler ?
- Quoy ? maistresse de mon bien la lumière.
- Qu’ayez baisier sans plus au long aller.
- Il me suffit vo voulenté plainière.
-Amis, grant foy me portez.
- Proumis vous ci ei a estre tels.

- Je te donne mon cœur en échange du tien.
- Grand merci, belle, aimons-nous bien.
- Cela vous plaira-t-il sans que vous soyez rassasié ?
- Quoi ? Maîtresse, la lumière de mon bien.
- D’avoir un baiser sans aller plus loin.
- Votre pleine volonté me suffit.
- Ami, soyez fidèle.
- Je vous l’ai promis.
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Tout homme qui prend plaisir à dire du mal des femmes a l'âme abjecte, car il agit contre Raison et contre Nature : contre Raison parce qu'il est ingrat et méconnaît les bienfaits que les femmes lui apportent, bienfaits qui sont si grands et si nombreux qu'on ne saurait les rendre et dont on éprouve sans cesse le besoin ; contre Nature, puisqu'il n'est bête ni oiseau qui ne recherche naturellement sa moitié, c'est-à-dire la femelle ; c'est donc chose bien dénaturée si un homme doué de raison fait le contraire.
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Dames d’honneur, sans vouloir vous déplaire,
Je vous conseille que de vous vous écartiez
Les imposteurs, croyez-moi, sans colère,
De ces méchantes langues il faut vous méfier
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