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Critiques de Christoph Ransmayr (56)
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Cox ou la course du temps

Une libraire passionnée, qui soit dit en passant est aussi fan que moi des oeuvres singulières de Yoko Ogawa, m'a chaudement et sans hésitation recommandé ce récit. N'en ayant pas du tout entendu parlé, j'ai donc jeté un oeil curieux à la quatrième de couverture.



-La Chine du XVIIIe siècle : un peu d'exotisme, pourquoi pas.



-Un empereur despote, Qianlong, dont le dernier caprice est de faire fabriquer « une série d'horloges conçues pour mesurer les variations de la course du temps » : la toute puissance du pouvoir absolu s'imaginant maîtriser le temps, intéressant. Promesse éventuelle de développements philosophiques, si l'auteur tient la route bien entendu. Bingo : Il a fait des études de philo - l'auteur, pas l'empereur !



-L'auteur justement : le pitch marketing promet un « écrivain à la langue somptueuse, une voix exceptionnelle de la littérature autrichienne ». Christoph Ransmayr !

Je confesse mon ignorance, jamais entendu parler. Une occasion donc de découvrir un nouvel auteur, autrichien…tiens tiens…comme Rilke et Zweig. Talent fantasmé ? Sûrement, mais pourquoi pas (bis). Mes choix ne sont pas toujours rationnels.



-Dernier ingrédient annoncé : le plus célèbre horloger de l'époque, Alistair Cox, en direct de Londres, invité à venir réaliser l'irréalisable au coeur de la Cité interdite.

J'achète !



Quelques heures de lecture plus tard, je suis entièrement convaincue, charmée. Ce texte est une réussite : envoutant, singulier et remarquablement écrit - donc remarquablement traduit ne l'oublions pas.

J'ai découvert et apprécié la plume d'un authentique orfèvre littéraire et sa capacité à mêler réalité historique et trame onirique pour aboutir à ce que j'appelle un conte philosophique un brin rococo sur la fuite du temps et son fascinant mais impossible contrôle.

Il précise d'ailleurs lui-même en fin d'ouvrage :

« Durant notre périple dans ces montagnes, une conversation s'est engagée, qui aura mené pour finir à l'invention d'un pays. Ce pays partage son nom avec la réalité : la Chine. »



Liberté de l'artiste d'inventer, de fantasmer et de partager sa vision d'une Chine revisitée. J'utilise volontairement le terme revisitée car j'ai découvert que Christoph Ransmayr est un véritable écrivain voyageur. Ce roman serait donc en quelque sorte son cabinet de curiosités, à l'image de ces meubles ou pièces qui rassemblaient des collections d'objets rares rapportés d'explorations au XVIIIe siècle justement.

L'auteur a imaginé pour les besoins de ce récit des horloges étonnantes, trésors d'inventivité, qu'il faut découvrir en lisant les péripéties d'Alistair Cox, personnage inspiré par James Cox, le fameux horloger et concepteur d'automates qui a bel et bien existé et dont certaines oeuvres sont toujours visibles dans de grands musées.



Les objets d'une collection aussi incroyables soient-ils révèlent souvent des questionnements essentiels. Les horloges illustrent magnifiquement ici la confrontation de la démesure du pouvoir absolu et de la mesure de l'éternité.

Une oeuvre magnifique selon moi, signée Christoph Ransmayr dont je suis sûre de lire rapidement d'autres ouvrages.
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Atlas d'un homme inquiet

Puffin de la nativité, fou masqué, pétrel de castro, gygis blanche…..les noms magiques des oiseaux de l’île de Pâques, d’où, l’écrivain autrichien, grand voyageur, C.Ransmayer, nous initie à un fabuleux tour du monde, doublé d’un voyage intérieur, à travers soixante-dix anecdotes.

Rencontrer par un temps de neige, sur la Grande Muraille de Chine, un anglais « bird watcher », collectionneur de chants d’oiseau, originaire du comté gallois de Swansea, .....une muraille de chants d’oiseau, une mission,

Silencieux, lever les yeux vers les étoiles entre lesquelles la comète la plus lumineuse du millénaire passe devant une Lune occultée dans un café sur une colline de la ville côtière californienne de San Diego,quand......l’intérêt à un événement majeur céleste détourné au profit d’un événement mineur terrestre,

“...reconstruire par la pensée même en pleine tempête de sable, chaque nuit, tout au long de sa vie, et reconnaître en lui le plus court chemin menant aux étoiles”, ....un pont céleste dans le Sahara, lieu de tertres funéraires édifiés par un peuple du désert,......

Cinquante ans de pérégrinations à travers le monde, rapportés en soixante dix saynètes, dont chacune commence avec “Je vis..... “, (“Je vis un jeune albatros royal sur un escarpement herbu, proche de l’ancienne colonie maori d’Otakou sur l’île du sud de la Nouvelle-Zélande.”). Une répétition, unité de continuité, d’un lieu à un autre, où l’œil de Ransmayer, conteur hors paire, déploie à partir de l’image d’une chose vue et vécue , une courte histoire intense en action, émotion et réflexions. Une histoire reliée à l’homme, la faune, la flore, l’histoire et les mythes du lieu.

Des récits qui privilégient les oiseaux et les insectes et où l’auteur n’est qu’un individu de passage, un simple témoin de l’histoire propre au lieu.

Une forme bien structurée, un fond concret, profond, émouvant, pleine de poésie, intéressant et passionnant, servi d’une magnifique prose.

Des petits bijoux, des histoires miniatures.

“Le souverain des héros”, une ballade au tombeau d’Homer, “Dans les profondeurs”, la rencontre avec une baleine, en plongée dans les eaux profondes de Silver Banks,au nord des côtes de Haïti et de la République dominicaine, “Drive au Pôle Nord”, un golfeur et son pari de tirer 18 balles en direction de l’Equateur, “Un requin dans le désert “,truculent et triste, ”Le scribe “qui grave des prières dans la pierre sur les rives d’un lac tibétain, ......des récits,que je n’oublierais pas de si tôt, sans exception.

Une lecture jubilatoire, riche, à la découverte de nouveaux monde, de nouveaux horizons !

Gros coup de cœur !



« il n’y a pas de début ni de fin. J’ai certes introduit un ordre mais on peut prendre ces histoires dans le sens que l’on veut, comme on feuillette un atlas ».

C.Ransmayer

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Atlas d'un homme inquiet

Je me suis réconciliée avec la géographie.



L'atlas d'un homme inquiet, au joli titre, est un atlas bien particulier, il est vrai.



Quelque 70 nouvelles, comme les perles d'un collier baroque, enfilées- semble-t-il, de prime abord- sans le moindre ordre, toutes époques, tous continents, toutes tonalités mêlées...



Le seul fil conducteur apparent est constitué par une modeste anaphore au passé simple -le présent littéraire du passé- "JE VIS" qui , en tête de chaque nouvelle, donne l'illusion d'un témoignage objectif car visuel, et en même temps - voilà que je macronise! au secours!- d'une résurgence irrépressible et littéraire de la mémoire.



On passe de l'île de Pâques à la Muraille de Chine, d'un désert sud africain plein de sacs en plastique colorés à la chambre d'un blanc glacé, la cellule surveillée par une caméra et aux fenêtres condamnées, d'un hôpital psychiatrique autrichien isolé au milieu d'une forêt sauvage....



On revoit le tsunami de 2004, on ressent le tremblement de terre qui souffla d'un coup les lumières de la grande ville grecque de Kalamata..



Mais ce ne serait qu' un carnet de voyages artificiel, décousu et un peu vain - suite de miscellanées élégantes, album de voyages multiples arrachés à l'oubli par un chromo choisi,- sans la puissance spirituelle et philosophique des thèmes abordés, sans la concordance des liens invisibles entre les nouvelles, que l'on s'amuse à chercher, à saisir, , sans la subjectivité émouvante de cet atlas qui pas à pas, discrètement, avec pudeur, trace peu à peu le portrait d'un homme inquiet: l'écrivain lui-même.



Et tout ceci ne serait rien sans la magie hypnotique de la phrase,- longue, sensible, enroulée, pleine de détours, de retouches, d'apartés - qui essaie toujours de retrouver au plus près la sensation, le souvenir, de ne pas l'enjoliver, de lui garder son étonnante fraîcheur de fleur entre les pages d'un herbier, d'en redonner la force d'impact originelle...



Je reste touchée par une sorte de grâce- voilà que je me prends pour Claudel maintenant, ça va vraiment mal!- oui, n'ayons pas peur des mots.



Je viens de voyager longuement et lentement entre les pages d'une sorte de journal intime et universel à la fois- non, je ne dirai pas "en même temps"!- où il suffit qu'une petite soeur glisse sa main dans celle de son frère pour que chiens, orages et tempêtes de neige, étrangement convoqués dans la même scène de panique absolue, s'évaporent comme par enchantement, où les étoiles s'allument en même temps que les villes s'éteignent- ça y est, je l'ai encore dit!- où les arbres et les baleines ont plus d'humanité que les hommes, où le fleuve (de sang?) des Khmers ...rouges inverse son cours comme une image "luctable" du destin, où un petit enfant écrit sur les berges d'un lac tibétain toute la sagesse du monde, où le toit d'un grenier s'envole, dévoilant comme le couvercle brusquement enlevé d'une boîte diabolique, les trésors secrets de deux enfants...et les turpitudes de toute une nation, où... .



Mais il faut que j'arrête: faites vous-même votre moisson d'images, constituez votre propre album dans ce livre dépaysant et en même...( non! je résiste!) - et également familier, envoûtant et détaché, ironique et bouleversant.



Merci Booky, encore une fois, pour moi , à l'origine d'une belle découverte!
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Cox ou la course du temps

L’Anglais Alistair Cox était jusqu’alors le plus grand horloger et constructeur d’automates que le monde ait jamais connu. Mais c’est aujourd’hui un homme brisé : maître des horloges mais non pas maître du temps, il n’a pas su retenir la vie d’Abigaïl, sa fille chérie, décédée de la coqueluche à l’âge de cinq ans… et le temps depuis sa mort, deux ans auparavant, continue à s’écouler, ironique, inutile et indifférent, tandis que son épouse, une femme-enfant de trente ans sa cadette et désormais mutique, l’a rejeté et s’est enfermée dans sa solitude et son chagrin.



A l’autre bout du monde, en Chine, dans sa capitale de Beijing, l’Empereur despote Qianlong qui se fait appeler “le Très-Haut”, “Seigneur des Dix Mille Ans”, “Fils du Ciel et Seigneur du Temps” inflige sa toute-puissance capricieuse et cruelle à ses sujets. Comme beaucoup de despotes ivres d’eux-mêmes et de leur pouvoir, la finitude inévitable du temps humain et l’implacable écoulement des jours contrarient fortement Qianlong qui rêve, comme bien d’autres avant lui, d’un temps à sa mesure - et à sa démesure - rythmé, apprivoisé, dompté peut-être par l’horloge des horloges : le mécanisme miraculeux, prodigieux et surnaturel, capable de capturer la nature-même du temps, sa quintessence, de réguler son cours et d’ouvrir à son détenteur la porte d’une possible éternité.



Raison pour laquelle l’Empereur a invité Cox, le maître des horloges, à le rejoindre en ses terres lointaines, avec son associé - Joseph Merlin - et ses assistants ; raison pour laquelle ils ont traversé la moitié du monde afin de concevoir pour Qianlong, au péril de leurs vies, un fabuleux mécanisme horloger susceptible de moduler, sur la partition infinie du temps, des pulsations nouvelles et subtiles exprimant aussi bien le temps subjectif d’un enfant à l’orée de ses jours que celui d’un condamné à mort à quelques heures de son exécution… et, bien plus encore, de créer, dans le temps objectif, le mouvement perpétuel, “une horloge pour l’éternité”.



Dans le secret de la Cité interdite où d’innombrables horloges solaires, d’eau et de sable dictent chacun des actes de ses habitants ; dans ce “monde soumis à des règles immuables” où l’ordonnancement de chaque seconde revêt une importance extrême ; au cœur de cette enceinte qui est tout entière “comme une gigantesque horloge de pierre maintenue en mouvement non par une pendule mais par un cœur invisible” - Cox, aidé de ses assistants, saura-t-il satisfaire à l’extravagant caprice de l’Empereur et, dans le même temps, résister à la pulsion de nostalgie érotique que suscite en lui la concubine interdite et par là-même dangereuse de l’Auguste, une femme-enfant qui lui rappelle douloureusement son épouse et sa petite fille perdues ?



Avec "Cox ou la course du temps", Christoph Ransmayr nous propose un très beau conte philosophique, une méditation sur le temps, sa mesure et son impossible maîtrise, sur le pouvoir également, ses excès et ses limites, sur la solitude, la perte, la passion et la mort. Écrivain-voyageur, il nous entraîne dans la Chine du XVIIIe siècle, mêlant réalité et fiction pour dépeindre en une fresque somptueuse un univers exotique et dépaysant, un monde asiatique totalitaire aux mœurs cruelles, étranges et terrifiantes, et brosse le portrait d’un dictateur à la toute-puissance dérisoire que l’écoulement obstiné du temps réduira fatalement en poussière et celui d’un maître-artisan de génie au destin singulier, passionné par son art qui est aussi sa seule consolation.



L’excellent travail de traduction de Bernard Kreiss laisse par ailleurs deviner au lecteur francophone une écriture originale d’une grande beauté chez cet écrivain que je ne connaissais pas et qui est, paraît-il, l’une des plus grandes voix de la littérature autrichienne contemporaine. Une excellente découverte et assurément, pour moi, une belle lecture.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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Atlas d'un homme inquiet

Cet Atlas d'un homme inquiet, disons que c'est un carnet de voyage, des évocations de différents souvenirs des pérégrinations de l'auteur autrichien Christoph Ransmayr. Il s'est promené sur tous les continents, même dans les endroits les plus sauvages, les plus isolés. Je dirais même surtout ceux-là. De l'immensité de l'Arctique russe aux îles éparses du Pacifique en passant par les sommets tibétains et la jungle brésilienne. Il a vu des paysages à en couper le souffle, il a croisé des animaux majestueux, il a rencontré des gens extraordinaires. Mais il ne faut pas confondre ses écrits avec un guide touristique, loin de là. On n'y découvre pas les meilleurs endroits à visiter, bien souvent les indications sont imprécises. Plutôt, ses écrits portent à la réflexion, au respect de la nature et de l'histoire, à la place de l'Homme dans l'univers, etc. Je lisais rarement plus d'une nouvelle ou deux à la fois, afin de m'en imprégner, d'en retirer un petit quelque chose, ne serait-ce qu'une vision du monde. Ainsi, ses voyages m'ont paru merveilleux et ils m'ont donné l'envie de suivre son exemple, de me lancer à l'aventure. Les chances que cela arrive réellement son minces mais c'est beau d'y rêver…



Dans ce cas, pourquoi se considère-t-il comme «un homme inquiet» ? Eh bien, être ainsi aux premières loges permet de constater d'abord les dégâts causés par l'Homme. Ransmayr a vu des hommes trouver plaisir à écraser un anaconda, à déboiser des forêts, à se faire la guerre. Mais, même au milieu du chaos et des conflits, on peut trouver un moment de répit, comme quand il se laisse voguer sur une rivière de l'Asie du Sud-Est. Et toutes les folies des hommes, parfois, ne servent que la nature à long terme car elle sait reprendre ses droits. Comme dans cette nouvelle où un des amis de l'auteur, vivant au Brésil, qui doit repousser continuellement l'avancée de la forêt brésilienne sur son pâturage. Je mise sur la nature.



Mais les déboires des hommes l'ont aussi touché. Par exemple, cette nouvelle où Ransmayr s'arrête dans une taverne dans le sud de la Grèce. Il s'y était arrêté souvent ces deux derniers mois, la vue panoramique sur la mer et les environs était époustouflante. Mais cette nuit-là, un tremblement de terre avait secoué la région et toutes les lumières des villages avoisinants de sont éteintes, comme s'ils avaient disparus, comme s'ils avaient été engloutis… Il ne restait plus que le reflet des étoiles dans la mer. Il y en a d'autres, comme cela.



Pendant ma lecture, régulièrement, j'avais le souffle coupé par la beauté des paysages décrits. Mais Ransmayr ne le fait pas à grands coups de descriptions, non ! Il sait mettre le doigt sur ce qui est vraiment important. Ainsi, j'arrivais sans peine à tout visualiser, et cela parfois à l'aide de seulement quelques mots et quelques impressions, souvent un détail qui, à lui seul, embrassait l'essentiel. Peut-être aussi la brièvement de chacune des nouvelles y aide, la plupart s'étirant sur cinq à dix pages. le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer, déjà on l'amène ailleurs, en de nouveaux lieux enchanteurs à découvrir. Et sur lesquels réfléchir. Décidément, cet Atlas d'un homme inquiet est un véritable voyage poétique, initiatique, et j'en recommande vivement la lecture.
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Le dernier des mondes

Quand j’ai entamé la lecture du roman Le dernier des mondes, je m’attendais à un roman historique conventionnel, peut-être empreint d’un certain lyrisme. Après tout, on y traite du poète latin Ovide, banni de Rome et exilé sur la mer Noire. Tomes, un coin perdu à l’époque. Constanta, un port relativement important de Roumanie aujourd’hui. Eh bien, si cette partie de l’intrigue concorde, le reste à peu à voir. Le roman s’ouvre sur un certain Cotta, un de ses disciples romains, qui veut retrouver le célèbre poète et son manuscrit Les Métamorphoses (et peut-être une autre œuvre magistrale qu’il aurait pondu depuis son exil). Mais voilà que le pauvre homme bascule dans un univers tout autre. Et le lecteur avec lui. Non seulement il ne trouve pas Ovide mais erre dans Tomes comme K dans Le château. Il croise une quantité de personnages étranges, issus de la mythologie (Aracné, Écho, Jason, Orphée, etc.) ou de l’histoire (Pythagore) et dont les aventures reflètent celles des originaux. C’est à peine si Zeus lui-même ne descend pas parmi les mortels ! De plus, les repères spatio-temporels deviennent flous. Quand, après avoir vu les jetées en ruine d’Odessa et les docks brpulés de Sébastopol, les personnages se demandent s’ils vont boire le café chez le Turc, on peut se demander où et quand nous nous situons. Ce type de réalisme magique, il n’est pas mal. Peut-être que, si j’avais su d’emblée que Le dernier des mondes relevait de ce type d’œuvres, je l’aurais mieux apprécié. Mais je m’en suis rendu compte après un petit moment, alors que sa bizarrerie m’avait déjà laissé une drôle d’impression. Il faut dire que, avec un titre pareil, je m’attendais à un roman empreint de nostalgie, plus dans le genre des Mémoires d’Hadrien. Il faut dire que j’en savais l’auteur Christopher Ransmayr capable puisque j’avais lu préalablement un autre bouquin de ses bouquins, Atlas d’un homme inquiet, que j’avais adoré. Mais bon, ce n’est qu’un rendez-vous manqué. Il y en aura d’autres.
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Cox ou la course du temps

Le plus célèbre constructeur d'horloges et d'automates du monde occidental , Alistair Cox, en provenance de Londres, maître de neuf - cents micro- mécaniciens, bijoutiers, joailliers, orfèvres et ciseleurs, sous le coup d'un deuil douloureux : --------il a perdu sa petite- fìlle Abigaïl, morte de la coqueluche,nous sommes au XVIII° siècle --------, sa femme, la toute jeune Faye est devenue muette-------- aborde la Terre Chinoise par une agréable journée d'automne, sur l'eau lisse du Qiantang.

Il a effectué la moitiè du tour de la TERRE à la voile, navigué à contre - courant jusqu'à Beijing pour répondre à la commande, aprés maints hésitations : d'une série d'Horloges, de l'Empereur Qianlong: "l'Auguste"qui n'aimait que le jaune .

Il se faisait appeler "Seigneur des Dix Mille Ans" , "Le Seigneur des Horizons", "Très Haut ", "Auguste "( 1711_ 1799) ........

Qianlong 4eme Empereur de la dynastie Qing : ses désirs et ses pensées ètaient indéchiffrables , inaccessibles , même à ses intimes, ses conseillers, il eut 3000 concubines et 41 épouses .

Sa puissance était telle qu'il pouvait décider de la vie et de la mort sans qu'aucune objection jamais ne le retienne .

Il énucléait , condamnait chacun d'un simple signe.......le parfait , omnipotent despote.

Il pouvait tuer ou faire tuer Cox et ses compagnons Jacob MERLIN, inventeur de mouvements d'horlogerie incroyables, Aram Lockwood,orfèvre, père de deux fils, Badler Bradshaw , père de trois filles , mécanicien .

Dans cette Chine du XVIII° siècle, notre despote Qialong régne sur une cour résignée à ses frasques et à sa démesure.

Son dernier caprice et commande à Cox est une série d'horloges conçues pour mesurer les variations de la course du temps: le temps fuyant, rampant ou suspendu d'une vie humaine, selon qu'il est ressenti par un enfant , un condamné à mort ou des amants ........

Venu de la lointaine Londres, Cox saura t- il exaucer les désirs de Qialong et freiner la course des heures ?

Cox , le plus célèbre des horlogers occidentaux de l'époque et ses compagnons de travail limaient , découpaient , polissaient sans désemparer pour construire " un bateau d'argent " ou l'horloge à braise " , "l'Horloge Intemporelle ", la quintessence du temps , dans le Pavillon aux Quatre Passerelles.

Ils pouvaient utiliser , sans mesure , au coeur de la cité interdite, sous les ordres du traducteur Joseph Kiang , diamants , or blanc , acajou, platine en barres, argent , plomb, saphir , grenats et rubis ;ils circulaient en palanquins ou chaises à porteurs ou à pied , parfois dans la neige Cette cité interdite ressemblait à une ruche ....je n'en dirai pas plus .......

En grand voyageur ou "voyeur" éclairé et cultivé l'auteur autrichien , comme sur une toile de maître délicieusement ouvragée , très travaillée , nous entraîne loin de l'Europe et loin dans le temps . Il explore --------Cela dépend de nous -------"les instants de notre vie reliés les uns aux autres comme les maillons d'une même chaîne ".........

Ce roman historique est somptueux , à l'aide d'une langue incroyablement élégante , enchanteresse et imagée,un conte philosophique pertinent, une méditation érudite sur la fugacité du temps et sa fragilité : " Qu'il rampe , s'arrête , s'envole où nous subjugue par l'une ou l'autre de ses innombrables variations de vitesse ........"

Un ouvrage singulier et virtuose sur l'instantanéité et l'illusion d'en triompher par l'art et la création !

Emprunté à la médiathéque grâce à l'élégance de la 1ère de couverture

" Nul autre que le SEIGNEUR DU TEMPS. , ètait- il écrit dans le mode d'emploi scellé , n'était qualifié pour mettre en mouvement le présent mécanisme. Car la vie dont cette machine devait battre la mesure jusqu'à l'extinction des étoiles n'était pas la vie d'un mortel mais celle d'un dieu".
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La montagne volante

Je suis assez étonné que ce livre soit passé presque inaperçu par la communauté Babelio

Il s’agit d’un très beau texte poétique, l’ écriture est originale et l’histoire onirique

L’histoire est celle de deux frères irlandais, très différents qui vont essayer d’atteindre le sommet de cette montagne volante

Celle-ci se trouve au Tibet Oriental

Les nomades kampas qui les accompagnent sont persuadés que cette montagne prendra son envol un jour. C’ est une montagne sacrée et aucun nomade n’aurait l’ idée d’aller au delà d’une certaine altitude , persuadé qu’il risquerait lui aussi de s’ envoler

Les deux frères sont très différents : l’ un est marin ,côté machiniste , a fait un peu d’escalade en Irlande

L’autre est programmeur informatique, alpiniste chevronné , tellement rationnel qu’il s’est aperçu que cette montagne n’apparaissait sur aucune carte connue

La fin tragique est connue dès le début et pourtant le récit est plein de suspense

Pam,le marin rencontrera Nyema , la nomade, qui lui raconte qu’il faut fixer des clous pour que la montagne reste bien arrimée à la Terre.Je vous laisse découvrir cette très belle légende

J’ai la chance de connaître un peu cette région et j’ai, tout de suite, été immergé dans l’aventure

Vous vous doutez bien qu’en de telles contrées, il ne s’agit pas seulement d’un récit d’aventure en montagne

Les Dieux, les croyances, la vie nomade , voilà le quotidien.Inutile d’en dire plus.

Un conte épique , mi récit d’alpinisme, mi récit initiatique

Si vous aimez le Tibet, vous serez emporté par ce beau livre de Christoph Ransmayr
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Cox ou la course du temps

Alister Cox un horloger constructeur d'automates et ses trois compagnons abordent les côtes chinoises le jour où l'empereur fait couper le nez à vingt-sept fonctionnaires des impôts.



Qianlong, fils du ciel et seigneur du temps suivit d'une cohorte de quarante et une épouses, cinq mille courtisans et trois mille concubines, entend tout,voit tout, même quand il dort, il peut décider de la vie ou de la mort de tout un chacun. L'égal des dieux demande à Cox de construire des horloges qui mesurent la course variable du temps, car le temps ne passe pas à la même vitesse, selon que l'on est un condamné à mort, ou un enfant.



Une horloge alimentée par la force variable du vent comme le mouvement du temps de l'enfance.



Une horloge mue par la braise pour indiquer l'heure de la vie d'un condamné qui part en fumée.



Mais surtout une horloge capable de mesurer l'éternité, un mouvement qui ne s’arrêterait jamais, sans avoir besoin de le remonter, une horloge tirant son énergie de la variation de la pression atmosphérique avec un noyau fait de mercure. L'horloge des horloges.

Cox et ses compagnons se mettent à l'ouvrage sans se rendre compte que cette horloge risque de sonner leur dernière heure.



Même si tout est inventé, l'histoire, les personnages, on entre avec plaisir dans ce récit dont la fuite du temps est le thème central. L'auteur nous fait pénétrer derrière les murs infranchissables de la cité interdite la ville pourpre et à Jehol la résidence d'été de l'empereur. le Seigneur des Dix Mille Ans, qui détermine les saisons, qui possède tout sauf la maîtrise du temps. Une écriture précise comme le mouvement de l'horloge pour décrire les fastes de la cour impériale, les tortures que subissent ceux qui ont osé porter un regard sur le Très-Haut, la beauté de la nature enneigée et le désespoir d'un homme brisé par la mort de sa fille unique. Une parabole sur le temps qui représente la vie et le désir fou d'un homme d'atteindre l'éternité.

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Les effrois de la glace et des ténèbres

En quête de frisson polaire, j'ai trouvé dans un échange de babélionautes (merci à eux) la mention de ce livre dont je n'avais jamais entendu parler. Il s'agit d'une relation de l'expédition Payer-Weyprecht, aventurée dans l'Arctique, au-delà du Spitzberg et de la Nouvelle Zemble, entre le printemps 1872 et l'été 1874. En cette époque où les Européens découvrent et colonisent les dernières régions du monde qui leur échappent, l'objectif du voyage est double : trouver de nouvelles terres où planter le drapeau austro-hongrois et aller le plus loin possible vers le nord, à travers les glaces, avec l'espoir insensé d'être les premiers à atteindre le Pôle mythique.

C'est un livre absolument fascinant, qui tient haut-la-main toutes les promesses de son titre improbable. La forme, pourtant, est difficilement identifiable : le récit entremêle la fiction avec l'histoire des explorations polaires, cite de nombreux extraits des journaux tenus par les membres de l'expédition tout en ajoutant ici ou là des registres ou des documents plus techniques, ainsi que quelques splendides gravures d'époque. Un mystérieux narrateur, qui n'est autre que l'auteur à peine déguisé, parsème le tout de considérations philosophiques très personnelles où s'esquisse une réflexion sur le sens d'une telle quête d'absolu. Si les premières pages sont assez déroutantes, une extraordinaire magie opère peu à peu, très bien servie par une excellente traduction, et toutes les voix se répondent bientôt, souvent bouleversantes, pour offrir au lecteur une sorte de vision globalisante de cette histoire et des traces qui en subsistent. A la fin, il ne reste que le sifflement du vent et le désarroi d'un écrivain qui, lui non plus, n'est pas vraiment revenu de son voyage...

C'est tout simple : un de mes meilleurs livres de l'année.
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Atlas d'un homme inquiet

Soixante dix courts textes, d'un voyageur inlassable, qui parcourt le globe, et qui partage avec ses lecteurs des moments captés au cours de ses voyages. Des moments brefs, des instantanés, en quelque sorte. Des moments brefs, dont certains peuvent sembler banals à première vue, mais à qui Christoph Ransmayr donne une densité, un arrière goût de spiritualité, qu'il interprète, qu'il analyse. Un vieil homme qui invective l'océan sur une plage brésilienne, un homme endormi surveillé par des enfants en Autriche, un pécheur malchanceux qui n'a pêché qu'un unique homard en Irlande...chacun d'entre nous a sans doute été confronté à des scènes semblables sans forcément y prêter beaucoup d'attention. Christoph Ransmayr en fait des instants essentiels. Son regard transforme l'anodin par l'intensité du regard qu'il porte aux êtres et aux contextes.



Il y a des moments plus intenses, comme cet avion militaire en Bolivie qui mitraille l'auteur et les deux personnes qui l'accompagnent. Le monde que traverse Christoph Ransmayr est d'ailleurs souvent violent, plein de dangers et de cruauté. Illuminé parfois par la grâce, comme lorsqu'il croise un homme qui calligraphie des poèmes avec de l'eau, destinés à s'évaporer aussitôt que finis. Mais la violence et la destruction sont plus fréquents que la sérénité, les traces et souvenirs de guerres sont partout présents, comme dans le mythe fondateur de la guerre de Troie, évoqué à plusieurs reprises.



Une cartographie de notre monde, personnelle et inspirée, dont l'écriture est en grande partie la marque de fabrique. Une véritable écriture d'écrivain, lyrique, poétique, qui décrit soigneusement, analyse, décortique, chaque petite scène, chaque personnage. Qui fait voir plus que ne le ferait une photo ou une petite vidéo. Peut-être d'ailleurs parce qu'elle ajoute des éléments qui ne sont pas complètement là, mais que l'auteur projette, qui viennent de son histoire, de sa vision du monde, de sa subjectivité, sa sensibilité. Chaque voyage est au final unique. Parce que l'oeil de chaque voyageur ne peut capter la même image, ni son esprit lui donner le même sens.
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Cox ou la course du temps

Comment parler de ce livre ? Je sens que je vais céder aux superlatifs, alors même qu’ils n’ont aucun sens ici. En réalité, j’ai l’impression de ne pas avoir lu ce livre, mais plutôt de l’avoir vécu. Vécu, avec Cox, avec Jacob Merlin, avec Joseph Kiang, leur interprète. Avec, parfois, la présence imposante, inquiétante de cet empereur omnipotent parfaitement imprévisible. Vécu, dans la peau de Cox, avec sa vision à lui, marquée de ses blessures – et en particulier celles liées à la mort de sa fille et au mutisme de sa femme –, et, du coup, dans l’incapacité de comprendre totalement les autres… comme chacun de nous ! Je l’ai vécu avec les yeux d’occidental de Cox, confronté au mode de vie quasi-incompréhensible de cette Cité interdite où les codes, les coutumes, les règlement sont aussi complexes que les erreurs sont sévèrement réprimées – jusqu’à la mort, pour un regard inapproprié, ou pour avoir laissé filtrer la rumeur que le Trés-Haut a la fièvre, marquant par là qu’il ne serait pas immortel ! -.



Construire une horloge, c’est faire du temps une matière, c’est faire de son écoulement un objet de mesure. Mais prendre la mesure du temps, n’est-ce pas en devenir le maître ? Pour Cox, le temps s’est déjà arrêté une fois, avec la mort d’Abigaïl, et c’est évidemment à elle qu’il pense lorsqu’il travaille à prendre le contrôle. L’empereur, lui, a une approche très différente du temps : il est le Seigneur des Dix Mille Ans, le Fils du Ciel, immortel. Les traditions chinoises veulent que le temps s’arrête véritablement à la mort d’un empereur : les unités sont renommées, les lois physiques doivent être ré-établies, c’est la fin d’un temps et le début d’un autre que la transition entre deux empereurs ! De l’affrontement de ces deux visions nait une réflexion sur le temps sous la plume de Christoph Ransmayr. Or qui peut dire que ce thème de l’écoulement du temps – vers notre fin ! – n’est pas au cœur de notre moi le plus intime ?



Le style de Christoph Ransmayr est indescriptible. Il parvient - en tout cas, il y est parvenu pour moi ! -, par ses mots, à rendre ce qui est le plus difficile à exprimer. Il dit les sensations, il dit les sentiments, il dit les perceptions, il dit les couleurs et les odeurs, il dit les ressentis et les impressions. Et, encore plus fort peut être, il rend compréhensible le fait que ces perceptions sont des constructions individuelles. Pour essayer de faire comprendre ce que j’entends par là, je vais prendre l’exemple de cette concubine aperçue sur la jonque, An. Bien que l’empereur ait eu 41 épouses et quelques milliers de concubines, il est clair qu’il n’est, en la matière, pas prêteur. Pourtant, Cox ne peut s’empêcher de la voir, et de la regarder, lorsqu’il la croise – très épisodiquement -. Mais An, pour Cox, n’est pas An, la concubine du Fils du Ciel. Elle est, comme il la décrit, une incarnation d’Abigaïl et de Faye. Elle ne leur ressemble pas, mais elle leur « correspond », une correspondance que Cox décrit dans la citation proposée par ailleurs pour ce livre.



L’expérience de lecture de ce livre, pour ceux qui la partageront, qui y entreront, est assez unique. Forte, puissante, riche en émotions, exotique : j’ai le même sentiment, au moment de reposer ce livre, que lorsque vous retirez des lunettes 3d. Après quelques heures dans cet univers coloré, il est l’heure de revenir à la réalité. Il y a ce très léger décalage, le sentiment d’avoir été un peu « à côté », exactement ce que j’attends d’un roman… Alors merci monsieur Ransmayr !



Une dernière précision. Le livre se termine avec un bref texte intitulé "Pour finir", dans lequel l’auteur indique s’être librement inspiré de la vie de James Cox, horloger et constructeur d’automates du XVIIIe siècle, à Londres, dont un collaborateur s’appelait Joseph Merlin, et dont on retrouve des œuvres dans les plus grands musées du monde (à L’Hermitage, à Saint-Pétersbourg ; au Met, à New-York…), mais aussi dans les pavillons de la Cité interdite, à Beijing. S’ils n’ont jamais fait un tel voyage en Chine, ils ont effectivement travaillé à une horloge atmosphérique dont s’inspire le roman. L’empereur Qianlong, pour sa part, a bien existé, et avait un goût prononcé pour les automates et les horloges. Il était féru de calligraphie et écrivait de la poésie. Il a renoncé au trône en faveur de son fils, uniquement pour ne pas régner plus longtemps que son grand-père… Ces éléments, je les ai cherchés et trouvés sur le web avant de lire ce passage. Et, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ailleurs, pouvoir démêler le vrai du faux ou de l’hypothétique est pour moi un gage de qualité. Alors, à tous ceux qui aiment lire des romans historiques dont la base est vérifiable, n’hésitez pas : Cox ou la course du temps, je l'espère, ne vous décevra pas !
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Cox ou la course du temps

« Ô temps, suspends ton vol et vous, heures propices

Suspendez votre cours

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;

Il coule, et nous passons ! »

Ces vers d’Alphonse de Lamartine m’ont accompagnée tout au long de ma lecture, embarquée dans un voyage où le temps mesuré par les horloges sert aussi de repère à un homme endeuillé ainsi qu’à un empereur chinois de la dynastie Qing.

Nous sommes en 1753 : l’horloger et constructeur d’automates célèbre à travers le monde, Alister Cox, accompagné de trois assistants, fait voile vers l’Empire du Milieu afin de satisfaire les vœux exprimés par Qianlong, Fils du Ciel et Seigneur du Temps, de fabriquer rien de moins qu’une horloge éternelle, au mouvement perpétuel, libérée ainsi de toute intervention humaine.

Dès l’abord, ce roman captive par son écriture poétique et évocatrice, compliquée parfois par des constructions de phrases alambiquées, mais dès lors que l’on a commencé, une forte impression de voguer dans l’intemporel et de se poser dans une bulle hors du temps attend le lecteur. Enfin, c’est ce que nous avons ressenti mon mari et moi, sortis de cette lecture comme au réveil d’une nuit chargée de rêves.

Le rythme est lent, assurément, pour cette intrigue qui n’en est pas une. On dit souvent que l’important c’est le voyage et non la destination et c’est exactement ce qui s’apparente le plus à ce roman.



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Les effrois de la glace et des ténèbres

"Les Effrois de la Glace et des Ténèbres" est le premier roman de l'autrichien Christoph Ransmayr. L'auteur raconte deux histoires qu'il relie par le biais d'un narrateur omniprésent.

Il retrace ainsi l'expédition austro-hongroise dans le pôle Nord de 1872-1874 qui est à l'origine de la découverte de la terre François-Joseph. Cette expédition est dirigée par Carl Weyprecht, commandant sur l'eau et la glace, et Julius Payer, commandant sur terre. En une sorte de chronique où la réalité et la fiction sont étroitements mêlées Ransmayr fait revivre au lecteur les aventures de l'équipage de l'Admiral Tegetthoff. C'est dans l'effroi et les soufrances occasionnées par le froid que l'équipage vit pendant environ deux ans à bord du vaisseau emprisonné par les glaces. L'effroi atteint le summum lorsque tombe la nuit arctique qui dure des mois et oblige l'équipage à demeurer inactif.

Parallèlement à ce récit l'auteur narre l'histoire de Josef Mazzini qui désire découvrir le pôle Nord et vivre à son tour les aventures des explorateurs. Cette histoire se déroule en 1981 et montre le parcourt de Mazzini qui cherche à atteindre ce monde qui était l'objet de ses rêves d'enfant.

"Les Effrois de la Glace et des Ténèbres" est un livre captivant qui ressemble parfois plus à un témoignage qu'à un roman. Seul le voyage fictif de Mazzini qui a une place secondaire dans ce roman ne m'a guère intéressée. Sinon j'ai été absorbée par le récit de l'expédition austro-hongroise où Ransmayr dépeint un monde impitoyable pour l'homme mais qui conserve toutefois une grande beauté.



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Les effrois de la glace et des ténèbres

J'ai lu ce livre toute jeune fille et il m'avait bouleversée ; il était tellement important pour moi que j'ai offert mon exemplaire à quelqu'un que j'aimais ; notre amour a cessé, mon livre adoré je ne l'avais plus, et j'ai su qu'il n'était plus édité...

Terrible chose que de découvrir que les livres, les mots se perdent... J'aurais aimé ici partager des extraits, les premières pages sublimes sur la marche et l'éloge de la lenteur, les magnifiques effrois de ces paysages glaciaires... Mais je n'en ai plus que des échos...

Paradoxale modernité : le rythme frénétique des nouvelles politiques éditoriales est parfois aussi destructeur qu'un autodafé... mais les nouvelles librairies en ligne me permettront de mettre enfin un terme à la quête que je mène depuis des années chez les bouquinistes à la recherche de ce trésor...

Si vous tombez dessus, lisez-le!
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Atlas d'un homme inquiet

Isla Salas y Gomes Chili, Chine, Brésil, États-Unis, Maroc, Espagne, Islande, Grèce, Autriche, Nouvelle-Zélande, Inde, Népal, Bolivie, Mexique, Isla Robinson Crusoé Chili, Irlande, République Dominicaine, Laos, Arctique russe, Canada, Cambodge, Tchéquie, Japon, Pitcairn Pacifique Sud, Ile Maurice, Russie, Allemagne, Yémen, Australie, Pologne, Costa Rica, Sumatra Indonésie, Malaysia, Afrique du Sud, Sri Lanka, Péninsule de Kola Russie, Java Indonésie, Hong Kong, Turquie, Ile de Pâques Chili, Paraguay, Tibet, Bali Indonésie, Sri Lanka.



Un magnifique voyage autour du monde et parfois dans le passé en compagnie d'un humaniste.
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Atlas d'un homme inquiet

 Les soixante-dix histoires qui composent l' Atlas d'un homme agité  de Christoph Ransmayr traversent indemnes le temps et l'histoire. Et jamais, pas une seule fois, elles ne prennent la forme d'un souvenir. L'écrivain, en effet, puise dans des vérités et des fragments ancestraux qui dilatent la dimension temporelle habituelle du voyage, le protégeant ainsi de sa conclusion définitive.

Et si l'ordre temporel s'annule dans son efficacité habituelle, c'est grâce à une évolution affective que Ransmayr parvient à obtenir une écriture harmonieuse, exempte de fêlures narratives.  La démarche dialoguée, savamment inscrite dans les récits, permet de donner du rythme, sinon écrasé par la brièveté des récits. Les étoiles, gardiennes de la fugacité mortelle, enluminures contemplées par l'écrivain autrichien dessinent les lignes de cet atlas personnel, retraçant les chemins parcourus et les personnages rencontrés.  Ce n'est pas un narcissisme autoréférentiel, Ransmayr est un voyageur solitaire invétéré, conscient qu'il ne peut trouver que dans les étoiles les fidèles gardiens de sa pensée.

C'est avec cette touche d'éternité qu'il scelle presque toutes les histoires -

cette touche d'éternité que nous tentons tous de trouver dans chaque voyage.
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Cox ou la course du temps

Le grand empereur chinois Qiánlóng, l'homme le plus puissant de l'époque, invite le célèbre horloger anglais Alister Cox à sa cour à Beijıng. Il veut qu'il construise pour lui des instruments précieux et très raffinés qui sachent mesurer les différentes vitesses avec lesquelles s'écoule l'existence humaine, dans ses différents moments : le temps de l'enfance, de l'amour, du bonheur, de la maladie et de la mort. Et enfin, une montre capable de mesurer même l'éternité.

Sur le fond du splendide XVIIIe siècle chinois, Christoph Ransmayr raconte la rencontre de deux personnages historiques qui, en réalité, ne se sont jamais rencontrés. La puissance du récit donne un corps vivant à une réflexion suggestive sur le cours de la vie, dans un langage aussi élégant et précis que les délicats dispositifs qui marquent le temps.

  Maître Alister Cox a été invité, au nom du Fils du Ciel et Haut Empereur Qiánlóng, à se rendre à la cour de Beijıng et à loger -premier homme occidental - dans une Cité Interdite pour créer, selon les plans et les rêves du Souverain exalté, des œuvres inédites pour le suprême et le plus grand amateur et collectionneur de montres et d'automates".

Un très beau roman, dans - c'est la marque de Ransmayr - un monde qui nous est très peu connu...
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La montagne volante

La Montagne volante, est un roman que Ransmayr, dans un aparté introductif, définit ainsi : 'constitué de lignes flottantes, c'est-à-dire de lignes de longueur inégale' (bien qu'il le différencie spécifiquement de la poésie). La forme peut être très libre, dépourvue de mètre et de rime, mais il y a certainement une sensation plus poétique dans la langue et un rythme dans les lignes : malgré toutes les protestations de Ransmayr, cela se lit (et, surtout, sonne) plus comme des vers que comme prose:

'Je suis mort

six mille huit cent quarante mètres d'altitude

le 4 mai de l'Année du Cheval.'



En fait, alors qu'il semble proche de la mort, le narrateur ne l'est;

son frère, avec qui il avait grimpé 'avait repoussé ma mort' -- et en fait c'est son frère qui est mort cette nuit-là.

La Montagne volante est l'histoire de deux frères qui voyagent au Tibet pour conquérir un sommet himalayen,le Phur-Ri.

L'issue, on la connait dés le début, pourtant, alors que cette conclusion plane sur le reste de l'histoire, le roman parvient à rester étonnamment plein de suspense.



Les deux frères ont grandi en Irlande, élevés par un père dur après que leur mère ait abandonné la famille, s'enfuyant avec un autre homme. Le narrateur, Pad, est devenu marin, passant la majeure partie de sa vie en mer.

Son frère, Liam, programmateur informatique qui s'est enrichi, est capable de s'offrir une retraite sur mesure sur la petite île aux chevaux - proche de la maison de leur enfance, y aménageant une maison très confortable - mais souvent coupée du continent (et Liam y reste seul résident à temps plein).

Liam a convaincu son frère de de s'associer à lui pour cette expédition soigneusement planifiée.

Les préparatifs sont longs et il y a des difficultés logistiques, notamment pour échapper aux autorités chinoises le cas échéant, mais Liam est minutieux, capable et déterminé :

Et dans l'ensemble, cela se déroulé comme il l'avait prévu



'Chacun de nos pas n'a servi qu'à ça

d'éliminer un point blanc de ses cartes.'



Les légendes autour du Phur-Ri et ce concept de montagnes volantes sont fascinantes,

' Ce nom

est une description de la réalité,

d'un événement visible, palpable.

Les habitants affirment avoir vu la montagne non amarrée flotter,

elle a disparu, oui elle s'est envolée

mais elle toujours revenue.'



Des histoires comme celle d'une montagne volante devaient être

transformées à l'intérieur de chaque esprit en quelque chose de nouveau et d'unique.

Chacun devait raconter sa propre histoire,

sa propre histoire, et ainsi en faire

quelque chose de distinctif et d'exceptionnel.



Les différences entre les deux frères, dans la personnalité et les attitudes, deviennent plus nettes au fur et à mesure de leur progression. Liam, déterminé à atteindre un objectif - qui s'impatiente et peut à peine se retenir une fois proche du but - reste une énigme pour Pad, qui est beaucoup plus facilement capable de s'impliquer dans le processus - de se sentir à maison parmi les habitants avec qui ils s'approchent lentement de la montagne.

La différence majeure est que Liam reste isolé, tandis que Pad tombe amoureux d'une jeune veuve les Nyema.

(Liam, lui est un homosexuel renfermé qui est incapable d'établir une relation sur son île-retraite, sachant que l'homosexualité ouverte rendrait la vie impossible dans le pays conservateur où il vit.)

C'est Liam qui va les entraîner dans l'ascension finale - certains qu'ils seront de retour en sécurité deux jours plus tard, même s'ils sont mis en gade par les habitants, dont beaucoup pensent que :

'quiconque a posé le pied sur la pointe d'une montagne volante

a couru le risque d'être jeté

hors du monde avant son temps

ou envoyé tournoyer dans l'espace.'



Malgré leur familiarité avec la région et la proximité de la montagne, les habitants la contournent prudemment.

Phur-Ri, cette montagne mystérieuse se montre aux deux frères :

'telle qu'en elle-même, seulement en fragments'

à mesure qu'ils s'en approchent.

Et, bien sûr, lnous savons ce qui leur arrivera sur la montagne.



La Montagne volante est un conte épique, une initiation.

Ce n'est pas seulement l'homme et/contre la montagne (et les éléments),

mais aussi une histoire de frères, de famille, d'Irlande et d'amour.

Aussi une histoire familiale et nationale - celle des départ.

Tout comme ces longues années que Pad a passé en mer, sans aller nulle part.

Nyema lui offre l'opportunité de s'installer et de construire une vie, et lui

'promet de revenir'

mais avant ce retour, le livre se termine quand il revient sur l'île de son frère, une île pour lui tout seul.



C'est un roman fort éloigné des platitudes boboisantes ,

un grand roman

dans lequel la nature emporte tout

et chacun.

Au-delà de l'écologie,

en plein panthéisme.
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La montagne volante

C'est l'histoire de deux frères : l'un vit sur la terre d'Irlande et l'autre sur les mers. Mais le centre de l'histoire, c'est " la montagne volante", un sommet de l'Himalaya nommé ainsi par les Tibétains, parce q'elle apparaît et disparaît derrière les nuages; c'est le rêve fou de parvenir à son sommet qui n'existe pas sur les cartes, qui a été seulement mentionnée par un pilote chinois avant que son avion ne s'écrase. Nostalgie de l'enfance, où les deux frères sont tantôt complices, tantôt rivaux, quête initiatique et roman ethnographique, "La montagne volante" est tout cela à la fois. Mais c'est surtout un merveilleux moment de lyrisme, où le texte est porté par "les phrases flottantes", qui forment des strophes d'inégales longueurs. Au bout du rêve, il y a la mort et l'amour, car Ransmayr croit en l'amour.
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