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Critiques de Christophe Couderc (1)
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Le théâtre espagnol du Siècle d'Or : 1580-1680

Pendant environ un siècle et demi, de la fin du XVIe siècle jusqu’à la première moitié du XVIIIe siècle, le théâtre connaît un épanouissement extraordinaire en Espagne. Il s’agit d’un phénomène général, le théâtre est représenté partout. Sur les parvis des Eglises, sur les places, aussi dans des lieux spécifiques, les corrales, dans les palais royaux également. Des troupes d’acteurs professionnels se mettent en place, de nombreux auteurs écrivent un nombre impressionnant de pièces, dont la majeure partie a été perdue. Ces productions vont se faire entendre au-delà des frontières de l’Espagne, ces pièces seront lues, et vont inspirer des auteurs d’autres pays, en particulier français. Christophe Couderc tente de faire connaître ce phénomène culturel dans un ouvrage aux dimensions raisonnables.



L’auteur ne fait pas une histoire d’oeuvres et d’auteurs. Il tente plutôt de cerner le genre. Il décrit les différents types de théâtres qui ont eu cours : le théâtre commercial (le corral de comedias), le théâtre de cour, l’auto sacramental (théâtre religieux). Chacun de ces types de théâtre avait ses contraintes, son public, ses finalités. Ainsi, le théâtre commercial des corrales est né pour subvenir aux besoins de confréries charitables, qui avaient besoin de trouver des ressources pour financer les hôpitaux et autres œuvres de bienfaisance. Une partie des places est vendue à des tarifs abordables pour tous, même si d’autres sont réservées à des publics plus fortunés. Le besoin de plaire au public, et à un public très divers est la première exigence de ce théâtre, de même le renouvellement rapide des pièces est une nécessité. Elles pourront ensuite tourner dans d’autres villes, car des théâtres ouvrent un peu partout, mais les auteurs sont soumis à une exigence d’une production très fournie. L’efficacité dramatique est indispensable, et il n’y a peu de réflexion théorique sur ce que devrait être le théâtre : les auteurs essaient, et gardent ce qui marche. Sans exclure une dimension pédagogique, une envie de donner le goût de spectacles un peu plus exigeants.



L’art théâtrale n’est pas sans provoquer des tensions et des résistances, en particulier de la part de l’Église. Mais le fait que les bénéfices servent à des œuvres charitables de confréries chrétiennes, a été un argument de poids pour lui permettre de perdurer, malgré quelques périodes de fermetures. Sans oublier des règlements sur son fonctionnement censés le moraliser, comme par exemple l’obligation d’avoir des entrées séparées pour les hommes et les femmes, l’interdiction aux hommes d’église d’assister aux spectacles etc. De nombreux rappels montrent que tout cela n’était pas forcément respecté bien scrupuleusement. Il y a aussi une censure préalable pour faire jouer les pièces, mais il semble que certains censeurs se montraient très paresseux dans l’exercice de leur travail.



D’autres formes de théâtres coexistent, comme le théâtre religieux, gratuit, qui doit édifier. L’Espagne lui donne une grande place, très tardivement, et tous les grands auteurs se sont adonné à cet art, très codé et métaphorique, un peu difficile à saisir aujourd’hui. Il y a aussi le théâtre joué à la cour, des véritables salles de spectacles sont construites, comme le Coliseo du Buen Retiro, spécialement conçu pour les pièces à machines, très spectaculaires. Théâtre à l’italienne, il permet des mises en scènes bien plus somptueuses que dans un simple corral. Et il fera concurrence aux autres théâtre : le roi, ruiné, donnera accès au lieu en faisant payer les entrées et il n’y aura pas de petits prix comme dans les corrales. D’ailleurs, il semble que progressivement, le théâtre devenait de moins en moins accessible aux catégories sociales défavorisées, en devenant de plus en plus spectaculaire, en reposant de moins en moins sur le verbe, et de plus en plus sur des mises en scènes plus riches et coûteuses.



Dans une deuxième partie, Christophe Couderc tente de définir la poétique et la dramaturgie de ce théâtre. Cette partie est à mon sens un peu moins convaincante, car il y a très peu d’écrits théoriques sur le sujet à l’époque, et le peu qui existe est parfois quelque peu contradictoire. Les auteurs procèdent d’une manière intuitive, et les classements que l’on peut essayer de faire maintenant semblent quand même un peu factices. La question des genres me paraît tout particulièrement très complexe, et quasiment impossible à trancher tant il semble difficile de ranger ces pièces dans des cadres très rigides. Il est plus simple de constater que le principal dans ce théâtre était l’action, bien plus que les personnages, ou une morale, et pas vraiment le respect de règles.



C’est en tous les cas un livre très utile si on s’intéresse à ce théâtre, il est très abordable, et dans un nombre de pages raisonnable fait à peu près le tour de la question.
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