Christophe Leclerc

Thomas Edward Lawrence fascine, ou plutôt son double incandescent , Lawrence d'Arabie, inventé par Lowell Thomas au sortir de la Grande Guerre.
Tout commence en Grande-Bretagne, où les conférences de Lowell Thomas remportent un triomphe. Lawrence devient un héros national à 29 ans. Son épopée aux côtés des Bédouins du Hedjaz a les apparences de l'exotisme et fait oublier à des populations traumatisées l'hécatombe et les atrocités de la guerre en Occident. Mise en scène avec force musique et encens, la gloire de T.E. Lawrence ressort tout à la fois du mythe de l'aventurier et du roman national ; elle flatte le goût des Britanniques pour les bâtisseurs d'empire.
Quarante ans plus tard, en 1963, c'est le cinéma qui confère à la gloire de Lawrence son universalité. La superproduction de David Lean a été vue partout. Là où Lawrence n'était pas connu, le film l'a fait découvrir, là où il était déjà célèbre, celui-ci a installé une image durable dans la mémoire collective. Il dépeint une âme torturée, un idéaliste qui veut influencer le destin d'un mouvement national. Lawrence d'Arabie est le portrait d'un enfant du XXème siècle, à l'aube d'une nouvelle époque caractérisée par le déclin des Empires et l'émancipation des peuples de l'Hémisphère Sud.