Le management de projets : une stratégie opérationnelle [Christophe Midler]
Le mouvement d'électrification des véhicules est indissociable des politiques publiques visant à réduire les émissions carbones. Sans des aides substantielles, ou des interdictions rigoureuses des véhicules thermiques, le véhicule électrique ne se développerait pas. Ce sont ces politiques publiques qui créent les conditions d'un marché de véhicules électrifiés. L'électrification est ainsi un jeu à trois où les acteurs publics jouent un rôle central à côté des offreurs et des clients. On est loin du modèle schumpetérien de l'innovation par le marché.
Le projet K-ZE constitue en cela une situation emblématique de coopération entre entreprises stratégiquement et culturellement différentes. Son analyse permet de comprendre en quoi le champ du management de projet peut s'articuler et nourrir les domaines des stratégies de coopération et des coopérations multiculturelles, en répondant à deux questions.
Comment organiser et manager un projet pour qu'il résiste aux obstacles liés aux divergences des identités et stratégies des firmes qui coopèrent ainsi qu'aux différences culturelles entre les acteurs du projet ?
• Quel peut être le rôle des projets en tant que levier de management plus global des alliances stratégiques ?
Le monde contemporain se caractérise par des transitions majeures et rapides dans lesquelles le monde économique se trouve, qu'il le veuille ou non, embarqué. Dès lors, l'innovation, dont Schumpeter nous disait qu'elle s'opérait essentiellement dans le champ de l'entreprise et des marchés, est de plus en plus administrée, c'est-à-dire co-pilotée par des politiques publiques intrusives sur les décisions des entreprises.