Elle aimait découvrir le monde, même terrible, à travers leurs regards, déchiffrer leurs rêves, leurs peurs grâce aux dessins qu’ils réalisaient, deviner des familles unies ou conflictuelles, la solitude ou l’enthousiasme, la peine, la colère et même la surprise : les teintes choisies, les mises en scène pouvaient être très éloquentes. Être bénévole auprès de tous ces immigrants récemment arrivés à Montréal l’émouvait et lui donnait l’impression d’être utile. Ses propres enfants lui répétaient que, à presque soixante-dix ans, elle devait songer à se reposer, ne pas oublier qu’elle avait eu un cancer, il fallait se ménager.