« Alma », la bande-annonce. L'ultime roman inédit de Cizia Zykë.
Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume. La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ? L'épouvante se mêle au comique, les destins s'enchevêtrent, aussi grandioses que pitoyables, dans un récit haletant, à la force d'une légende.
Roman disponible le 6 septembre 2018 (papier & numérique).
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Mais dans ce monde trop bien réglementé, il est dur d'être un aventurier et de suivre ses propres lois. Pour moi, la notion d'interdit n'existe pas: je veux le faire donc je le peux.
Hélas! Ce monde moderne n'est plus assez vaste. Il est impossible de se tailler un royaume, de vivre une aventure en dehors des lois, car la lutte est inégale. Tout est fait pour les faibles, groupés tous ensemble sous la bannière des lois à respecter.
Toutes mes aventures m'ont opposé à des gouvernements, en Afrique, en Asie, aux Caraïbes et la partie est toujours perdue d'avance.
Je suis cent fois moins pourri que ces dirigeants du tiers monde auquel je me heurte, mais eux ont l'avantage de la crédibilité et de la voix internationale.
Cadet d'une famille riche, il savait lire et écrire, ce qui lui avait valu la bénédiction d'occuper en son monastère la place de professeurs des novices. A ces jeunes garçons parvenus au seuil de l'adolescence, il enseignait les mystères des lettres et des mots, l’orthographe, la grammaire castillane, la calligraphie, les principes de base de l'enluminure et le plaisir d'être sodomisés par lui.
Dans sa bonté, en effet, le Tout-Puissant avait pourvu Fray Porcino de Malapalabria d'une verge longue et convenablement renflée du bout, mais fine et légèrement arquée, de ce fait idéalement adaptée aux juvéniles derrières au fond desquels il la plongeait.
Le soir, on fait bombance. Les deux cochons sont étalés sur la table en pièces détachées.
Je vous entends d'ici, mes aimées lecturantes, mes appréciés lecturants, et bien sûr, vous, mes adorées lecturantines !
Je sais ce que vous dîtes, pauvres petites âmes désolées.
Âmettes navrées.
Âminettes en perdition.
Comment en est-on arrivés là ?
Oui, comment ?
Car enfin, nous nous étions embringués dans une belle histoire, avec une jolie petite fille blonde, un sourire charmant, des yeux bleus...
Et voilà que, tout à coup, un inquisiteur a des visions démentes, une souveraine pissote, la peur envahit les rues et les chevaux défèquent sur les soldats !
Moi, la pirogue, j'aime bien.
J'en ai fait beaucoup dans ma vie. J'apprécie ces moments de plaisir.
Je fume.
Les berges défilent.
Yani a ressorti la caméra. Il s'entraine. Je le vois filmer la végétation sur les rives, la pirogue qui nous précède et s'essayer à des plans de vaguelettes.
J'ai mon i-Pod vissé aux oreilles, j'écoute du hard rock à fond.
C'est du pur bonheur.
- Tu es trop libre ... Tu craches sur l'Église ... Tu te roules des pétards avec la Bible ... Tu es cynique ... Tu ne respectes rien ...
- L'homme ne sera libre que lorsqu'il se sera enfin débarrassé des religions.

- C'est pas vrai, il y a encore des cannibales ?
- Plus que tu ne le crois. On n'en parle pas, mais cela existe.
Tout le monde sait ici que le président Bokassa est un grand amateur de chair humaine.
Gros con de cannibale, confondre ses électeurs avec son garde-manger ! Plus la soirée avance et plus j'en apprends de belles sur cet enfoiré. Il n'y a pas une famille ici qui n'ait eu à souffrir de son despotisme et qui n'ait eu au moins un parent proche ou éloigné, mangé ou disparu. La seule loi, c'est sa volonté. Les dictateurs sud-américains sont des débutants à côté de lui. Il a fait emprisonner ou massacrer des milliers de personnes dont le seul crime était de posséder des richesses qu'il convoitait. Hommes, femmes et enfants, tous y passent et parfois même de sa propre main. Une jeune touriste blanche qu'il convoitait a été retrouvée morte dans sa chambre de l'hôtel Rock. Parfois c'est plus comique. Par exemple, il a fait mettre en prison toute l'équipe de foot qui avait perdu contre un pays voisin. Décidément, le personnage n'est pas clair. Qui sait, si les grands lui accordent l'importance dont il a tellement envie, jusqu'où il pourra aller...
On l'a vu, un haut fonctionnaire français lui a offert l'épée de Napoléon, c'est à dire l'arme d'un type qui, s'il était dictateur, était quand même autrement plus valable que cet empereur de pacotille. La France, plus tard, a offert l'asile politique à cet assassin qui ne mérite qu'une prison de droit commun. Coup de chapeau à Amnesty International qui a fait tomber ce gros con de cannibale.
Le conteur, ici, se doit d'être objectif et de bien préciser que, dans le genre d'affaires que je viens de narrer, le souci principal de l'Église catholique, ses prélats et ses bourreaux, c'était la justice.
Au nom de cette justice, l'Église respectait certaines procédures envers ceux qu'elle considérait comme hérétiques : l'accusé était justement interrogé au moyen de justes tortures, avant le juste déroulement d'un juste procès à l'issue duquel la personne en question était justement brûlée.
J'ai été plusieurs fois millionnaire, mais l'argent est reparti à chaque fois et aussi facilement qu'il était venu. Je n'accorde de l'importance à l'argent que lorsque je le dépense. Si je devais économiser, je ne serais pas moi-même et je n'aurai pas pu vivre ces aventures intenses qui furent les miennes. Une mentalité étriquée ne permet pas de vivre quelque chose de grand.
Toute ma vie, mon dernier centime sera dépensé pour la flambe, le confort, pour ne jamais faire de concessions à la médiocrité.
Ces gens ont une conception du monde entièrement fondée sur des croyances et des coutumes qui interviennent dans chaque décision, chaque évènement et jusque dans les actes de la vie quotidienne. Contrecarrer ces croyances, c'est désordonner la vie.