"Quand je lui parle, elle m'écoute
Elle sait mes peurs et mes doutes
La plus belle maman du monde
Elle est à moi." Grégoire.
"Ce dessin élégant de Claire Bretecher, simplifié au maximum, requérait un énorme travail préparatoire pour une caricature parfaite." Florence Pestac, dessinatrice.
"Les mères" de Bretecher se nomment Ophélie, Marylène ou Simone.
Ou encore Gina qui admire ses seins rebondis devant la glace, sur toute une page...
- "C'est comme moi quand j'attendais Martin, (le fils de la dessinatrice se nomme ..Martin!) j'avais des seins divins." Dit sa copine :-)
Une femme questionne une future maman, vautrée dans un canapé, (échouée comme une grosse baleine)...
-"Je veux savoir quel effet ça fait, comment on se sent?
-"Difficile à expliquer. On ne sent plus cette chose, tu sais, ce truc nerveux là..
-L'angoisse? Demande sa copine.
-L'angoisse, c'est ça !"
Deux femmes commentent des tableaux, avec des mots savants:
-"C'est peint à l'essence, il y a juste un nuage de couleur."
-"L'ironie d'un Goya, la grâce d'un Renoir ..."
Mais, il y a un bébé à 4 pattes. GLBLB!
Les 2 élégantes s'agenouillent, rasent le sol aussi.
-Glibli?
-CHLTLB
-Chitlibli?
-FFLBL
-Pliguilli, Pougli, Feufeulbeul...
"Je n'ai pas su trouver
Les mots pour te parler, Maman, tu sais
Alors aujourd'hui, j'essaie"
Christophe Maé, Maman
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Prologue :
Une jeune femme ( une "Frustrée ou une Bretécher" ) râle, les bras serrés sur son ventre, la mine boudeuse, et les yeux cernés :
-Quand je stresse, je mange. Quand j'ai mangé, je stresse!
Bretécher a le génie du dessin, car ses personnages n'ont nullement besoin de décor, ils se suffisent à eux-mêmes, intemporels!
"J'ai cafouillé longtemps, c'est très difficile de trouver son style."
-"Oh, cesse de geindre. Y a quand même plus tragique que tes problèmes, dans le monde.
- Par exemple, quoi?"
Dit une ombre à sa copine.
Dans une interview, Bretécher déclarait, sans sourire, face au présentateur désarçonné :
- Je suis myope, je n'observe pas le monde...
Une mère crie, sur une petite de 4/5 ans( qui ressemble à Bretécher...) qui toise l'adulte...
"Je t'ai follement désirée, j'ai gâché 10 ans de ma vie, l'oeil rivé sur le fond de ma culotte, j'ai pris 15 kilos, ton géniteur m'a quitté, ma famille m'a rejeté, mes amis ont craqué, j'ai perdu mon job, j'ai dépensé une fortune pour TA VIE!
Et c'est sur ce TON que tu me regardes?"
Le talent de Bretécher a cette vertu rare, nous faire aimer ce qu'on n'aurait jamais vu, sans elle...
Il y a "Mouler, démouler."1996. " le destin de Monique " 1983, et "Les Mères" 1982... dans cet album.
Et puis, il y a "Le Cordon Infernal" : le petit Raoul demande, à table:
- Comment il fait le papa, pour mettre la petite graine?
Comme il n'a pas de réponse, Raoul va faire sa propre éducation sexuelle, avec sa voisine...
- Bon, maintenant, on est fiancés, embrasse moi! Dit la petite délurée... :-)
Il n'y a pas d'épilogue :
Quand j'aperçois une passante dans la rue: une mère, une frustrée, une "Agrippine", je vois sa caricature dans l'ombre, celle que Bretécher aurait esquissé, pour notre plaisir ....
Ah, Bretécher et son époque ( elle a été féministe et puis, non!) et les rapports sociaux, les mutations sociales... Et l'adolescence!
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Mères, ou sur le point de le devenir, et femmes ayant choisi de ne pas l'être (donc s'étant posé la question).
Vues par Bretécher, donc cash, pénibles, de mauvaise foi... loin de l'image d'Epinal de la future maman toute douce qui tricote des mini chaussons et fredonne des berceuses à son ventre en le caressant, tandis que le géniteur est aux petits soins. D'ailleurs, elles ne se fournissent pas chez Prénatal ou Natalys, mais 'Au Cloquon'...
Qu'on ne s'y trompe pas, cependant : la gouaille peut cacher de la tendresse.
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Paru en 1982, ce recueil de planches d'abord publiées dans Le Nouvel Observateur confirme que Claire Bretecher était pionnière pour la liberté de ton en BD féminine (pas girly).
Et oui, Madameduberry, pour la liberté de ton tout court. Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer ses personnages aux clichés sur les "femmes des 80's" dictés par les fantasmes masculins d'un Sardou ou d'un Christian Dingler ('Femme libérée', Cookie Dingler, 1984).
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Un régal d'humour cynique, notamment avec l'histoire de Bernard, René et Jeanne, aux allures de feuilleton à l'eau de rose qui pique.
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BD rétrospective des débuts de l’œuvre de C. Bretécher. On y retrouve dans l'ordre :
-les gnangnan
-baratine et Molgaga
-Tulipe et Minibus
-Fernand l’orphelin
Personnellement, j'ai découvert certains personnages et apprécié l'humour des gnangnan. Collection vraiment sympa.
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« Les frustrés » est typiquement le genre de B.D qu’il vaut mieux avoir à soi plutôt que d’emprunter à la bibliothèque, et d’autant plus lorsqu’il s’agit de l’intégrale. J’apprécie mieux ce genre d’histoires en une ou quelques planches en picorant de ci de là qu’en ingurgitant un volume de près de 300 pages pour respecter les délais de la bibliothèque. Ceci dit, ça n’a pas gâché ma lecture. J’ai passé un moment délicieux dans l’univers de Bretécher. L’ensemble est inégal, certaines histoires sont moins réussies que d’autres mais globalement c’est du haut niveau. Bretécher a un talent inouï pour donner vie à une galerie de personnages totalement vrais. On reconnait forcément des gens qu’on connait parmi les protagonistes des « frustrés », on se reconnait même parfois soi-même… Et si l’auteure pointe les travers humains, elle ne se départit jamais d’une forme de tendresse. Du coup, même lorsqu’on se reconnait dans un personnage, on ne se sent pas blessé, on s’en amuse. Il faut dire que la plupart des histoires sont tordantes. Certaines sont très ancrées dans une époque, d’autres sont intemporelles et dans tous les cas on se marre beaucoup.
Un ton juste et drôle, un trait ultra-efficace, « les frustrés » mérite largement son statut d’œuvre culte.
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Encore une trouvaille de boîte à livres, qui m'aura permis de passer un bon moment, parfait entre deux lectures et en période plus détendue!
J'ai mis du temps à aimer le dessin de Claire Brétécher, alors qu'elle-même est quelqu'un de si admirable! Il me manquait sans doute un certain détachement, pour rire de cette Cellulite, qui est la seule à se trouver belle et intelligente, ce qui l'autorisera elle-même à revendiquer ce qu'elle désire ou non.
Cellulite vit seule avec son papa seigneur qui fait tout pour la marier, autant par peur que personne ne veuille d'elle que pour s'en débarrasser et vivre sa vie de célibataire comme il l'entend. Mais Cellulite est bien décidée à choisir elle-même son homme.
C'est plutôt féministe mais c'est surtout drôle, et voilà!
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Une replongée dans la fin des années 80, avec beaucoup de plaisir. Le langage des jeunes, cette génération qui, si je m’en souviens bien, on appelait la génération bof, a pris un coup de vieux, ce qui permet au relecteur de savourer sa revanche, après avoir pris lui-même un coup de vieux lors de sa première lecture ! Les modes changent, mais un ado reste un ado, ce qui facilite la compréhension et permet de savourer l’humour, souvent décalé, de Claire Brétécher qui fait toujours mouche et nous parle. Un plaisir de retrouver ce que l’on avait oublié de ces années-là, vu avec le regard d’une adolescente de l’époque et d’une auteure adulte. Bon, il faut dire que je ne me sens guère concernée ou du moins visée, j’étais une jeune adulte à l’époque, plus âgée qu’Agrippine et plus jeune que ses parents. Les soucis et tracas existentiels et futiles d’une gamine gâtée, caricature de la bourgeoisie de l’époque confrontée à la société de consommation, l’émergence d’une société du paraître et de la séduction (bien avant les premières émissions de téléréalité), le comportement contradictoire des adultes qui ont remisés leurs idéaux pour de petites vies étriquées. Un témoignage édifiant et parfois encore d’actualité pour l’état d’esprit, sinon pour le vocabulaire et les détails !
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Doc Martens, mini-couettes oranges, nombril à l'air et string apparent... C'est qui ?
Ou, si vous préférez : « adolescente gâtée, caricaturant à l'absurde les travers d'une bourgeoisie parisienne coincée entre existentialisme et société de consommation ». Je ne sais pas qui a écrit cette description d'Agrippine sur Wikipedia, mais je me permets de la reprendre mot pour mot, je la trouve parfaite. Ainsi que ces mots sur la série : « Les ados sont dépeints sous les traits de faux rebelles avant tout préoccupés de paraître et de séduction, tandis que les adultes sont souvent des hippies attardés qui veulent garder leur illusion de liberté d'esprit tout en menant une vie étriquée. »
Dans ce sixième opus, place aux élans de spiritualité chez les ados, entre "chamanisme tellurique", "exorcisme tantrique", "culte celtique du solstice", "psychosynthèse charismatique", "training de purification", "roadshow mystique"... L'album s'ouvre sur un échange téléphonique hilarant entre Agrippine et sa copine Bergère Leprince où chacune raconte ses vacances. Description du néant affligeant de vacances balnéaires bourgeoises pour l'une, surenchère dans le spectaculaire pour l'autre, qui est en plein "impulse humanitaire" : « [...] juste un camp de réfugiés sur la frontière du Khudumond... trop dur. Deux sanitaires pour trois mille personnes, on a fait des photos. Et une vidéo des égouts où les gens se noient en s'évadant. On pouvait s'y baigner en option. Je l'ai pas fait, c'était trop cher. On a mangé des mouches frites [...] J'ai attrapé des poux birmans à poil dur qu'on m'a brûlés au napalm. [...] J'ai bu du thé sans que la théière ait été décapsulée devant moi et du Coca Light non bouilli »...
Attention, faut s'accrocher à la lecture, ça pulse, ça délire total, ça part dans tous les sens - déconne non-stop avec un langage imagé, argotique, verlan, vulgaire et/ou djeuns, comme vous voulez, qui fait tourner le manège encore plus vite et donne le tournis - mieux vaut faire des pauses... Surtout que la graphie de Claire Bretécher est un peu ardue à décrypter.
Régal de lecture, mais plus pour les dialogues et les situations loufoques que pour le scénario.
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Il fallait bien une femme bédéiste pour oser mettre en dessins cette période bien particulière de la vie des femmes. La plume de Bretécher est impitoyable et relève les bonheurs et les difficultés de la grossesse.
Vaut mieux en rire…
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Album paru en 1998, Agrippine et l'ancêtre n'a pas pris une ride. Quatre générations s'ébattent de case en case, dans une mise en scène totalement maîtrisée, un casting impeccable, une bande-son déjantée à souhait, des dialogues de sourds truffés de néologismes piquants, et un art du trait et des détails toujours au sommet.
On notera un retour très divertissant du Bolot occidental, qui fait son show page 38 avec beaucoup de conviction.
La délicieuse Agrippine trouve l'amour dans les bras de l'irrésistible Canaan Lynchbage, grâce à son A.G.M., l'increvable Zonzon, 95 ans aux prunes.
A déguster sans précipitation, pendant que le paysage blanchit au-dehors et que les loups se faufilent dans le sous-bois.
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Très bonne relecture de cette BD en intégrale que j’ai connu avec sa parution dans le Nouvel Obs, quand j’arrivais à l’emprunter, puis avec l’édition des albums.
J’ai été plongée sans délai dans le milieu des années 70 avec tous les sujets de contestations qui nous habitaient et si bien retranscris par des bédéistes tels que Bretécher avec humour et caricatures ! Il y a beaucoup de messages dans ses planches qui ont encore un sens maintenant et j’ai bien envie de dire que c’est dommage !
J’ai eu un peu plus de mal avec les traits acérés et un peu flous, ayant depuis longtemps quitté le bain de cette littérature (oui, oui !) caractéristique de cette époque encore mouvementée de mon adolescence !
Challenge Féminin 2022/2023
Challenge Multi-Défis 2023
Challenge Plumes Féminines 2023
Lecture Thématique février 2023 : Un animal sur la couverture
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Les enfants vus par Claire Bretécher !
Des petits mioches, tour à tour insolents, un peu méchants, puis gentils, puis bêbêtes et délicieusement désarmants !
Des Bulles rondes ! Des bulles carrées !
Emile et Gondulf, deux petits mecs à la bouille ronde qui n'ont pas leur langue dans leur poche.
- Alors, on dirait que je serais ......
- Hé ! Minus
- Comment tu t'appelles, patate ?
- Hugue-Marie de Giraud Adhemar de Saint-Véran de Montesquiou
Mais , vous pouvez m'appeler Huhu !
- Merci Monsieur !!!
Bâââââ !
Je déteste les bacs à sable,
Je voudrais l'y voir dans un bac à sable, mémé, moi .....
Très , très mignon et drôle, joliment croqué !
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En ce moment je dévore les bandes dessinées et je me suis plongée dans le tome un de la série Agrippine de Claire Bretécher. Les éditions Dargaud ont mis plusieurs BD en ligne pendant le confinement et j'en ai profité :)
Je ne suis pas certaine d'avoir déjà lu une aventure de cette adolescente des années 1990 même si je connais ce personnage. Je me suis donc plongé dans ce premier tome avec curiosité.
Agrippine est une adolescente des années quatre-vingt-dix. Cynique, teigneuse, cossarde, désabusée, peste, mais touchante à force de se chercher - en vain - une identité.
Elle a une meilleure amie, un petit frère, des parents qui l'aiment, C'est une peinture des années 1990 qui est croqué avec humour et un peu de cynisme par moment,
J'ai bien aimé le personnage d'Agrippine, et ce retour dans les années 1990.
L'humour de Claire Brétéché m'a souvent fait sourire. Les expressions des personnages sont un peu démodés, et c'est ça qui est sympa car ça rappelle des souvenirs :)
On ne paye pas encore en euros mais en francs, ce qui m'a fait sourire car les repères sont différents de maintenant.
C'est un retour en arrière appréciable, je l'ai lu avec nostalgie et le sourire aux lèvres,
J'ai apprécié ma lecture, si j'ai l'occasion je ne suis pas contre lire les tomes suivants.
Ma note : quatre étoiles,
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Je lis de temps à autres des BD, ça permet de faire une petite pause, un petit délire, une détente ou une admiration pour le graphisme.
De cette auteure j'avais apprécié la série Agrippine, on retrouve ici, les traits très caractéristiques de l'auteure, son humour juste, un peu acide mais pas trop, un équilibre parfait entre la réalité et l’excès.
Le livre se décompose en plusieurs thèmes qui touchent tout à chacun dans son parcours ou dans la société dans sa globalité : les générations, le look, la bouffe, le bio, éducation, religions, amour sexe et pilule, et autres petits travers.
Qui connait cette auteure, bien sûr retrouvera le graphisme particulier, son humour, et sa vision des relations au sein de la famille, des amis, etc...
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Une joyeuse bandée dessinée pour un coeur d'enfant!
Un petit recueil de la grande dame de la BD française, des gamins mignons, avec un humour satirique qui a pas vieilli même s'il date des années 70 (les bébés sont toujours des bébés...)
Quelques sourires, en noir et blanc et en format poche (J'ai lu BD)...
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Nous voici en plein Moyen-Âge. Triste époque troublée par des luttes fratricides. Meurtres, pillages, viols et rapines sont au goût du jour que c'en est tout simplement une honte ! Partout, truands, tire-laines et traîne-lattes de la pire espèce...sssssss !
Et en plus c'est pollué !
Néanmoins, on peut encore découvrir des oasis de vertus champêtres et patriarcales, comme par exemple ce château qui se mire dans un riant paysage où cohabitent une princesse assoiffée de culture et son père un roitelet sentimental et pédagogue.
Hélas, une révolte des petits commerçants et artisans qui en ont ras le citron, trouble cette sérénité.
Ils vont envoyer un délégué et demandent au châtelain de faire serment de pas y toucher. Il se nomme "Cid Unatti" mais on l'appelle simplement "le Cid".
Il est alchimiste et mandaté pour parler au nom des petits artisans et commerçants.
Après avoir délivré son message
"A dater d'aujourd'hui, les petits commerçants et artisans ne paieront plus leurs impôts".
Il est ligoté, bâillonné et jeté dans un arrière train de basse-fosse. Tandis que Cellulite apprend tout du personnage du Cid par le ménestrel qu'on lui a enfin amené jusqu'au château.....
Cellulite est une fille du roi comme on n'en a rarement croisé. Elle est pleine de fantaisie, un tantinet capricieuse et si belle lorsque l'amour hurle dans la nuit.
Claire Bretecher s'amuse et signe avec cette aventure de Cellulite un petit bijou de drôlerie caustique auquel personne ne résiste.
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J'ai tout aimé : la couleur des planches (mieux que le noir et blanc dans Le destin de Monique), le coup de crayon pour cette aïeule qui marche en chancelant, ces ados décérébrés vautrés sur le canap' et surtout le fait que ce soit très drôle. Tout le monde le sait au moins ?, offre des albums de ce type à ses connaissances ? On espère, sinon c'est passé à côté de qqchose qui n'a pas pris une ride.
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