Il faut accompagner et porter une vieille femme qui ne ressemble plus à celle qu'elle a été : relâchement de l'esprit, dessèchement du corps, jambes et pieds tordus, mains osseuses crispées sur le drap, ou sur mon bras. J'essaie de caresser ses doigts mais ils ressemblent aux miens, et je prends mes propres mains en horreur. Je ne veux pas voir ces phalanges recroquevillées, très fines et belles autrefois, aujourd'hui signe ultime d'un être qui s'accroche désespérément au vivant.
Je viens la voir par devoir filial, évidemment. Et c'est, chaque fois, une épreuve.