- Tu serais incapable de lui résister, Illa. Il est aussi puissant que moi et tu sais l'effet que je te fais.
- Oui mais toi je t'aime.
- Lysie... Je... Qu'est-ce que tu viens de dire?
- ... J'ai dit ça comme ça. Oublie, c'est idiot.
- Je ne pourrais jamais oublier Lysie... Pourquoi me dire une chose pareille?
- Parce que c'est vrai. Mais, tu sais aussi ce que je ressens pour Réno...
[Sa grand-mère] : Zia : tu es la seule responsable de ce que tu es et tu peux renvoyer l'image que tu veux de toi-même ! Le monde te verra comme tu te montreras, comme tu te comporteras et comme tu lui souriras. Pas la peine de te morfondre, de crier à l'injustice ou d'attendre un miracle quelconque. Prends-toi en main, ma petite-fille ! et vis sans te soucier de ce nez qui n'a de problématique que l'idée que l'on s'en fait.

- Donc, c'est officiel. Tu ne renonceras pas à ton enquête.
- Non.
[…]
- OK… Dans ce cas, autant collaborer tous les deux, qu'en penses- tu ?
J'opine lentement du chef. Incapable de plus pour le moment. […] Enfin, un éclair de lucidité me traverse et je demande :
- Où allons-nous ?
- Je t'emmène dîner. Il faut qu'on parle et je crève de faim, pas toi ? Ensuite, nous aviserons.
Ses derniers mots me font sourire malgré moi. « Ensuite, nous aviserons…». Nous aviserons de quoi ? De la marche à suivre pour notre enquête ? De la suite de notre soirée ?
Non, non, je ne suis pas encore en train de penser à ses pectoraux…
- Tu ne dis plus rien ?
Excuse-moi, je me parlais à moi-même, il y a plein de mon dans ma tête, tu sais ?
- C'est sans doute que je n'ai rien à dire.
Oui, bon… il est peut-être encore un peu tôt pour lui présenter mes personnalités multiples.
- Rien à dire ? Ce serait une première.
C'est ça, c'est ça, moque-toi !
Mettre son nez partout n’est pas un job de tout repos. Je suis toujours par monts et par vaux, de dîners en cocktails, d’entrevues en séances d’initiation en tout genre. Mais j’aime ça ! Je ne m’ennuie jamais et mon agenda est rempli trois mois à l’avance. J’ai même du mal à trouver le temps de rendre visite à mes parents qui vivent pourtant à vingt minutes à peine de chez moi. Certes, pas de problème de sommeil en ce qui me concerne, je suis toujours contente de retrouver mon lit à la fin de la journée, même si personne ne le partage.
Le Girls Only a un concept simple et efficace : du fun, de l’amitié et du professionnalisme. Et question ligne éditoriale, c’est encore plus facile : les filles seulement ! Parler de tout ce qui concerne les nanas, donc, de l’adolescente à la femme mûre. De l’actualité brûlante à l’anecdote insolite. De mode comme de santé ou de bricolage. Le tout dans un ton pétillant et déluré, souvent incisif et toujours juste. Ah ! Elles n’ont pas la langue dans leur poche, les girls du magazine. Si bien qu’elles plaisent même aux mecs !
Je passe sur l’adolescence. Cette invention sadique censée faire de nous des adultes. Non, mais quelle idée ! Je me suis souvent prise, durant cette période, à rêver d’être née dans une peuplade au cœur de la forêt amazonienne. Là, pas d’adolescence, il suffit d’avoir ses règles pour, hop ! passer de « petite fille » à « bonne à marier » ! Et pas de préoccupation de nez qui tienne. Les critères de beauté diffèrent aussi, là-bas. Avoir des hanches larges, propices à donner de beaux enfants, et le tour est joué !
"Caïn, je suppose", commença l'inconnu d'un ton sec, un peu trop sûr de lui.
L'incube reprit ses esprits. Il n'allait pas se laisser démonter par une simple dose d'énergie sur pattes!
"Tu as un avantage sur moi, je n'ai pas l'honneur de connaître ton nom. Cependant j'ai un avantage, moi aussi: elle t'a parlé de moi alors qu'elle n'a pas jugé important de me parler de toi!"
— Ce n’est pas grave. C’est juste que… Je ne peux pas. Je suis définitivement amoureuse de mon imbécile de petit ami dissimulateur.
— Oui, j’avais compris.
— Je suis pathétique, non ?
— Loin de là. Les sentiments, ça ne se commande pas. Et puis, tu vas avoir un enfant avec cet homme, ça mérite de réfléchir avant de le condamner, non ?
Chacun s’est déchaîné sur la toile, qui incriminant ma petite personne, « frustrée et mal baisée », bonne uniquement à « répandre mon venin » sur les blondes pulpeuses, comme les paparazzis impliqués dans la mort de Diana, qui me défendant au nom de la vérité, de la liberté de la presse et d’un certain racisme anti-blonde, laquelle n’a « que ce qu’elle mérite pour avoir trompé son mâle dominant ». Au milieu de tout cela, les médias ont tempéré l’affaire. Solidarité du métier ? Je ne suis pas tout à fait sûre. Pour beaucoup, nous n’avons de journalistes que l’appellation que nous nous sommes appropriée presque malhonnêtement. Mais qu’importe. Je termine la journée avec la satisfaction du travail accompli et la conscience un peu soulagée. Personne à la sortie pour me lancer des tomates pourries. Je n’ai plus qu’à oublier le mail prémonitoire du fan de ce matin et tout devrait rentrer dans l’ordre.
Anelyse se prit à avoir envie qu’il se rappelle, pour une fois clairement, d’elle et de leurs ébats. Il repartirait vers son île le lendemain, elle ne devait plus jamais le revoir. Qu’importait qu’il garde souvenance de son visage, puisqu’il oublierait de toute façon la perte d’énergie ? Elle en avait assez de passer inaperçue auprès de ses conquêtes. Etre cette pauvre petite chose, que tout le monde voulait protéger, était déjà assez pénible comme ça