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4.38/5 (sur 13 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Brieuc
Biographie :

Claire Dontot, bretonne d'origine, a enrichi son chemin de voyages en plus d'expériences professionnelles dans des grandes entreprises dans le domaine commercial et marketing. Un jour est venu ce besoin d'écrire l'histoire d'un réfugié afghan rencontré lors d'une expérience en tant que bénévole. Elle a choisi d'écrire cette histoire pour donner une voix à l'exil, pour s'enrichir d'un peu d'humanité, pour trouver les mots, ceux d'une langue nouvelle, refuge d'un homme qui raconte son pays, l'Afghanistan.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Un jeune Ethiopien, Brouk, salua Baran. Il revenait du cours de français où il avait consciencieusement écrit tout ce qu’on lui avait appris. Brouk et Baran étaient parmi les plus assidus. Brouk pouvait déjà s’exprimer au présent, au passé composé, au futur proche, avec l’accent juste. Il retournait travailler chaque jour dans sa chambre et tenait son cahier à la perfection. Il s’appliquait lorsqu’il parlait et cela portait ses fruits. En cinq mois il pouvait déjà exprimer de nombreuses choses. Brouk avait des traits fins, un visage délicat et des dents parfaitement rangées, illuminées par son teint ébène. De son jeune âge, il incarnait une beauté africaine. Il était passé par la Lybie, avait pris un bateau avec cinq cents personnes et avait eu beaucoup de chance, racontait-il, car le bateau qui les suivait s’était retourné laissant quatre cents personnes noyées. Par son attitude discrète, par sa modestie, par son regard touchant, par son allure douce, on devinait son histoire. Sans jamais dire un mot sur son exil sans qu’on ne lui demande de le raconter, il venait chaque jour au cours de français écouter attentivement, n’intervenait que si on l’interrogeait, revenait dans sa chambre, acceptait les invitations si on lui proposait, allait dîner à l’heure demandée par le centre, puis rentrait relire ses cours de français pour enfin tenter de trouver un repos serein pour quelques heures. Il prenait délicatement une place sans déranger personne, avec humilité. Et cette histoire en est encore une autre. Celle d’un survivant qui a gagné à une loterie."
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« L’assistante sociale avait l’habitude de voir des parcours de vies cabossés. Mais elle, elle ne savait rien de tout ça. Elle découvrait ces visages, ces pieds nus en hiver dans des sandales, ces hommes avec une étincelle dans les yeux malgré des problèmes de santé, hérités de leurs exils. »

Ainsi démarre le premier roman de Claire Dontot, « Les grenades de Tagab ». Dans celui-ci, la romancière met en mots le périple d’un réfugié afghan vers la France. Une odyssée tirée de son expérience de professeur de français bénévole.

En 2016, la « jungle » de Calais est démantelée. Des milliers de demandeurs d’asile doivent trouver refuge ailleurs. En France, dans les provinces, l’accueil se fait, en toute discrétion. Dans le Trégor, on a ouvert les portes des CCAS de Trébeurden et de Trégastel pour offrir un refuge à ces jeunes hommes aux parcours difficiles. Des bénévoles se mettent alors à aider ceux qu’on appelle les « migrants ».

C’est ce que raconte Claire Dontot dans « Les grenades de Tagab ». L’accueil de l’autre, le don de temps, l’enseignement d’une nouvelle langue, indispensable au refuge. Mais en filigrane, ce que nous lisons, c’est la richesse de l’entraide, à quel point elle nourrit, renforce et reconstruit. Durant les leçons de français, le temps est suspendu, les visages parlent et racontent leurs parcours d’eux-mêmes et c’est un monde qui s’ouvre tout entier sous les yeux des bénévoles, admiratifs du courage de ces rescapés d’un voyage dangereux. L’un accompagne l’autre et prend les appuis pour bâtir son chemin. Ce roman rappelle que, plus que jamais, l’action et l’accueil sont nécessaires mais aussi que nous avons un besoin crucial de créer du lien social, si riche et indispensable à la vie humaine.

« Les grenades de Tagab », c’est le témoignage de la merveilleuse solidarité autour de l’intégration des réfugiés et plus généralement du don de soi et de son temps. C’est aussi la description d’un exil, d’une attente longue et douloureuse et d’une histoire qu’on ne peut jamais vraiment laisser derrière soi.

Par-dessus tout, c’est un livre d’une grande humanité, une plume pure et juste qui n’a d’autre fin que de révéler l’existence de ceux que l’on ne voit pas. L’histoire de Baran nous plonge dans un voyage tendre et douloureux entre l’Afghanistan et la Bretagne, et nous rappelle que la grande histoire est faite de petites histoires, celles de ces hommes et femmes que le destin a conduit vers l’Europe. On se sent proche, on comprend, on aime, et on n’est plus qu’un, un peuple d’humains qui se veulent du bien et qui s’épaulent sur le chemin. Un livre qui éclaire, et qui devrait être lu par tous.
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L’Europe m’a appris et elle m’a nourri. Je me souviens de Kaboul, de la vie,
de l’effervescence qui y régnait et de ma surprise en voyant ces femmes aux
jambes dénudées et avec leur chevelure à l’air libre. Une petite voix m’avait
alors parlé et m’avait dit que quelque part il y avait une autre forme de vie. Cette
sensation de liberté a été ravivée en Europe. Les femmes sont libres comme les
hommes. Egalité. Oui, égalité des hommes et des femmes. Zari a été condamnée
à vivre avec un homme qu’elle n’a pas choisi. J’éprouve presque de la rage. Pour
la première fois, j’ai l’impression qu’on a emprisonné mes sœurs, mes nièces et
ma mère. J’ai les larmes aux yeux, je suis triste pour mon pays, triste pour
Farzana, triste pour toutes les femmes de ma famille. Seul dans ma chambre,
j’installe mon tapis de prière et je pense fort à ma mère. Ma petite maman, je
donnerais tout pour que tu vois la rue, les rencontres, la musique. Je voudrais
que tu voies la vie avec mes yeux et que tu comprennes ce que j’ai compris. Je
sais que tu n’aurais pas voulu de tout ça. Tes racines étaient celles de la
campagne, de la terre afghane et tu n’avais jamais vu ni voulu autre chose. Mais
moi, je pense que les femmes colorent les rues. Un lieu sans femme c’est comme
une peinture sans couleur. C’est morne et triste. Ici, les femmes et les hommes se
regardent dans les yeux, se parlent et se sourient. Maintenant, c’est trop tard. Je
ne peux plus partager ça avec toi ou papa ou Arman. Nous sommes nés dans une
prison.
Je pleurais de tout mon cœur, de toutes mes tripes. Je ne pouvais plus
m’arrêter. Si j’étais là, c’est qu’il y avait une raison. Demain, j’appellerai Zari,
Farzana, Sahar, Taj et Banafsheh. Elles me manquaient trop. Il était temps que je
me raccroche à mes racines, sinon j’allais mourir de chagrin.
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Ce soir-là, je n’ai pas faim. Adil me convainc de l’accompagner dîner. Je grignote et je remonte me coucher. Je suis angoissé. J’en ai vu d’autres pourtant. Mais je suis angoissé. Je sens que le temps est long. Ça fait un an et demi que je suis arrivé en France, à Calais. J’allonge mon tapis de prière sur le sol. Et je prie. Je vois le visage de Maëlle. Puis, je pense à ma mère et à ma nièce, ma petite reine, et des larmes coulent sur mon visage. Ce sont ces soirs là qui sont durs. Ces soirs où je ne vois aucune lumière à l’horizon. Alors, quand je termine ma prière, je fais ma toilette puis je m’allonge sous mes couvertures et je reste là, silencieux pendant des heures, jusqu’à ce que le sommeil me gagne. Cette nuit est la dernière dans cet endroit que j’ai imaginé comme étant mon chez moi, et demain nous saurons où nous devons aller. En pachto on dit « schepa mo nekmrgha » pour dire bonne nuit. Alors je murmure ces mots car qui d’autre que moi pourrait désormais me les dire ?
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Maëlle, jeune femme de trente-huit ans, sort d’une rupture difficile et partage la garde de Matteo, son petit garçon de deux ans avec son ex-compagnon, de retour dans son pays d’origine en Italie. Lorsque son père le garde pendant plusieurs semaines, Maëlle ressent un vide et les plaies de sa séparation sont à vif. Elle utilise alors une partie de son temps libre pour se lancer dans des cours de français pour les réfugiés, arrivés dernièrement dans sa région, en Bretagne. Durant les leçons de français, le temps est suspendu, les visages parlent et racontent leurs parcours d’eux-mêmes et c’est un monde qui s’ouvre tout entier sous les yeux des bénévoles, admiratifs du courage de ces rescapés d’un voyage dangereux. L’un accompagne l’autre et prend les appuis pour bâtir son chemin.Maëlle se lie d’amitié avec Baran, dont elle sera la marraine. Il lui ouvre alors les portes de son passé. Au travers de ses mots, elle sent l’écho encore présent des battements du cœur de Baran dans le creux des montagnes afghanes. La terre asséchée, la famille soudée, le goût des ragoûts afghans, les rythmes de la musique et la fatalité des règles imposées par l’ethnie pachtoune et par les talibans défilent.Au fil des rencontres, l’empathie de Maëlle lui fera traverser un chemin auquel elle ne s’attendait pas. Alors que les marées vont et viennent, son destin et celui de Baran s’entremêlent.
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