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Critiques de Claire Gallen (10)
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Rien à voir avec l'amour

Une ville en bord de mer avec des quartiers industriels plus ou moins désertés.

Du 8 au 14 juillet, 7 jours de la vie de Sandra.

Elle tient le vestiaire du Méphisto, une boîte plutôt minable tenue par Samuel. Elle semble soumise, sous l’emprise de Samuel

« T’es dispo ?» ainsi commencent presque toutes leurs conversations.

Et elle est toujours dispo.

Avant elle était mariée avec Rodolphe, un ami de Samuel. Ils avaient une petite fille, Marie.

Son comportement nous échappe complètement et nous intrigue fortement.

Et peu à peu, au fil du récit, monte une ambiance de polard noir, une ambiance pesante et poisseuse.

Les personnalités s’éclairent et s’assombrissent sans cesse tout au long des pages.

Ah ! L’auteur mène bien son intrigue !

Avec une écriture cinématographique, très visuelle, des scènes que se succèdent, des dialogues au ton familier.

Jonglant entre passé et présent, on arrive à cette date anniversaire du 14 juillet et à un dénouement qu’on n’avait pas vu venir.

J’ai refermé le livre comme si j’éteignais la télé après avoir vu un film, imprégnée de toutes ces images.

« Rien à voir avec l’amour » C’est la première réponse qu’on pourrait donner à ces amours là (Sandra et Rodolphe. Sandra et Samuel)

Une abnégation, une dévotion, une dévastation, une tragédie……

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Rien à voir avec l'amour

- Tu es dispo ?

Bien sûr que Sandra est dispo, elle l'est toujours pour Samuel, il peut l'appeler quand il veut, où qu'elle soit, il peut la harceler jusqu'à ce qu'elle décroche. Elle décrochera. Elle ira jusqu'à lui, elle l'attendra s'il le faut, le cherchera, l'espérera. Plusieurs fois par jour, elle regardera, anxieuse, l'écran de son portable pour voir s'il n'a pas laissé de message. « C'est moi qui suis à sa disposition, c'est moi qui attends, qui dis oui, c'est moi qui suis prête, quand il demande, pour ce qu'il veut. »

De l'amour ? Une espèce d'amour fou ? Oui, on pourrait dire ça comme ça , mais est-ce si simple ?

Depuis longtemps, presque quinze ans, Samuel est l'amant de Sandra, un amant-aimant (au sens plus magnétique que sentimental du terme… quoique...)

Alors qu'elle venait d'épouser un certain Rodolphe, pour qui elle avait dit oui à tout, même à l'achat d'une vieille bâtisse en ruine dans la campagne (« la maison du bonheur, comment pourrais-je dire non ? ») et au fait d'avoir des enfants sans tarder (elle qui n'avait pas fini ses études...), elle a vu un jour arriver Samuel, un ami d'enfance de Rodolphe.

Elle se tenait au jardin, il s'est avancé en caressant de la main les herbes hautes, l'a balayée du regard et a demandé : « Il y a quelqu'un ? »

C'est peut-être à ce moment précis, dont les images resteront à jamais gravées en elle, qu'elle s'est dit qu'elle n'était peut-être déjà plus « quelqu'un ». Elle avait trop dit oui, trop renoncé et si ce type un peu vulgaire n'était pas tout à fait son genre, il représentait l'échappatoire, un petit espace permettant une fuite possible. Une ouverture quoi, dans laquelle s'engouffrer. A corps perdu, comme on dit, sans limites. Se donner, être avec l'autre et avoir le sentiment d'être là où on doit être : « Il dit Sandra, et je sais, quel que soit l'avenir, que rien n'égalera jamais le contact de cette main qui enserre ma hanche, cette présence qui ralentit le temps, et me donne le sentiment aigu d'être enfin à ma place. »

De l'amour ? Ou un sentiment qui n'aurait rien à voir avec l'amour ? Difficile de savoir. Sandra le sait-elle qui parle peu, plongée qu'elle est souvent dans l'immédiateté de l'instant ? Un vol d'oiseau, le souffle tiède du vent, le détail d'une façade retiennent toute son attention. Le présent emplit son être, lui interdisant un retour vers un passé douloureux ou vers un avenir très incertain.

Mais jusqu'où peut-on aller par amour ? Voilà, au fond, la question que pose ce roman troublant, fascinant que j'ai lu comme une tragédie, celle d'une femme prise au piège d'un premier homme qui l'enferme dans une vie dont elle ne veut pas et finalement, d'un deuxième homme auquel elle s'accroche aveuglément - ne dit-on pas que l'amour est aveugle ?- dont on se demande au fond s'il est fait pour elle, s'il pourra lui permettre d'être heureuse (car c'est un peu ça le but, dans la vie, non?)… N'est-elle pas en train de quitter Charybde pour Scylla ?

Parce qu'en effet, ce Samuel - et c'est ça qui est génial, si complètement vraisemblable ! - n'a rien de franchement attirant.

Propriétaire d'une boîte de nuit ringarde dans les faubourgs d'une grande ville, homme à femmes, vulgaire, grossier, violent, il a tout d'un individu assez détestable. Or, c'est lui qui est arrivé au moment où Sandra plongeait, s'effaçait, sombrait doucement. Alors, elle l'a suivi, prête à tout pour lui. Jusqu'où ?

Quinze ans après ce coup de foudre et le divorce qui a suivi, l'ex-mari revient. Pourquoi ? Que cherche cet homme friqué qui a fait carrière à Paris ? Pourquoi veut-il revoir Sandra, pourquoi est-il si inquiet ? Que cachent-ils au fond tous les trois, le mari, l'amant, la femme ? Quel est leur lourd secret qui les empêche de vivre ? « Rodolphe me cherche. Il veut me parler. Cela devait finir par arriver. Quatorze ans - qu'ai-je fait d'autre qu'attendre, depuis ? »

Ce récit, tout en tensions, en non-dits, en silences et resserré sur sept jours  (du 8 juillet au 14 juillet) plonge le lecteur dans un univers très sombre où le malaise est, dès les premières pages, immédiatement palpable : quelques indices, bribes d'info vont progressivement faire émerger un passé terrible, des faits tragiques, des fantômes que l'on cherche à oublier en les enfouissant au fond de soi mais qui refont surface. Le thriller psychologique n'est pas loin, on longe un abîme effrayant et terrible dont on ne soupçonne pas la profondeur...

Claire Gallen est très douée pour mettre en scène des personnages incarnés : ils sont là, on les sent, on les voit, leur humanité ne fait aucun doute, leur réalité non plus, serais-je tentée de dire. A travers un détail évocateur, et donc avec une très grande économie de moyens,  un geste, un regard, une démarche, un objet, une parole, l'auteur les place devant nous, les rend vivants. L'écriture est très cinématographique : la boîte de nuit de Samuel, ses néons, sa musique assourdissante, la zone industrielle, j'y suis allée, j'y ai vu Sandra et son sac orange, assise, recroquevillée dans un coin du vestiaire, cherchant Samuel des yeux, comme étrangère à elle-même, dans une vie qui est à peine la sienne et dont on aimerait la tirer.

Qui est Sandra au fond, qui est cette femme qui n'est plus toute jeune et dont on a l'impression que la vie se résume à une errance dans l'ombre de l'autre, le regard tourné toujours vers lui « et qu'importe s'il a fallu vingt ans pour en arriver à cette évidence, l'ombre, la nuit, le reniement, qu'importe le prix à payer, puisque c'est vers Samuel qu'ils tendaient. » ? Une femme comme étrangère à elle-même et à sa vie, qui avance vers le seul point lumineux qu'elle perçoit encore : Samuel. Est-elle une victime ou bien… ?

Et lui ? Se résume-t-il à cet être vulgaire et flambeur, toujours à la recherche d'une nouvelle affaire dans le Sud ou ailleurs ? Pourquoi n'est-il pas parti depuis le temps qu'il en parle ? Qu'est-ce qui le retient ? Quel est son secret ? LEUR secret ?

Un roman terrible qui montre toute la complexité et l'ambiguïté des sentiments humains. J'en suis encore bouleversée, saisie. Quel texte !

A lire ABSOLUMENT !




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Les riches heures

Regardez votre couple se déliter. "Les Riches Heures", de Claire Gallen



LE MONDE DES LIVRES | 10.01.2013 à 12h06 Par Florent Georgesco



Une carte Michelin sur les genoux, vous filez à travers la France. Un voyant rouge. La vieille Astra vous lâche. Certains garages restent ouverts, le soir, en province. Vos vacances sont sauvées : vous repartez. Le chemin de Cergy au Lavandou est long, vous y serez à l'aube, votre petite amie dort à côté de vous, elle ne verra pas ce corps étendu sur la route au milieu des camions de pompiers, près de Bourg-Argental, ni cette "grosse tache noire imbib(ant) le goudron (...), impudique comme un lit défait" ; déjà, vous ne voyez pas les mêmes choses. L'aube pointe, vous arrivez. Le cauchemar peut commencer.



Vous êtes Gaëtan et Anna, vous êtes dans l'étourdissant premier roman de la journaliste Claire Gallen, qui montre une rare capacité à faire éprouver à son lecteur chaque émotion de ses personnages, à lui donner le sentiment d'être en train de vivre ce qu'ils vivent, expérience ici fort éprouvante, mais littérairement passionnante. Gaëtan et Anna, c'est n'importe qui, des Français moyens qui n'étaient pas sûrs de partir en vacances cet été-là, faute d'argent, et qui ont trouvé un deux-pièces dans une résidence du Lavandou. C'est médiocre mais c'est la mer, et Anna tenait beaucoup à passer deux semaines à la mer. Il n'y a pas longtemps, ils n'étaient pas tout à fait comme tout le monde, il y avait de l'argent, il y en a même eu beaucoup, ils partaient loin, les vacances étaient chères, brillantes, la vie se menait à grandes guides. Peut-être étaient-ils heureux. Ils ne le sont plus.



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Car, maintenant, l'argent, la vie facile, c'est fini. C'est même pire : la justice s'intéresse de près aux affaires qui ont valu sa prospérité à Gaëtan. Il devrait s'en sortir, il n'était que le second de cette société d'investissement, mais peut-il en être sûr ? Il a inventé certaines des combines qui ont entraîné sa chute, vendu ces appartements surévalués sous prétexte de défiscalisation que les clients n'ont jamais réussi à louer, leurs crédits sur les bras, ruinés par ce qui lui rapportait tant. "Entre cupides, on se comprenait", dit-il aujourd'hui. Eux doivent penser autrement. Et si, contrairement à son patron, il échappe à la justice, il n'échappe pas à son propre jugement, qu'aucune clémence n'adoucira. Et comment échapperait-il à Anna, qui est tout ce qui lui reste ? Anna, la bourgeoise que ce fils de prolétaires voulait épater, Anna qui aimait s'entourer de belles choses, vivre dans des quartiers agréables, sortir, partir, Anna qui bientôt ne supportera plus Cergy, où ils se sont réfugiés, Anna qui dort à côté de lui quand ils arrivent au Lavandou.



DÉCHAÎNEMENT DE TRISTESSE



Le cauchemar Anna. Une histoire simple et commune, là encore. Est-ce parce qu'il l'a déçue ? Est-ce cette vie qu'il lui impose ? Peut-être se serait-elle lassée de toute façon. Dès la première journée, qu'il passe au lit, épuisé par la route, et elle à la plage, leurs vies prennent des voies parallèles. Le premier soir, quand ils se retrouvent dans leur deux-pièces, ils jouent encore un peu le jeu : "Anna a répété, c'est bien ici, et j'ai dit oui à nouveau." Ce sera bien ici, oui. Mais pour Anna. Et sans lui. Une plage est un lieu amusant, quand on est une femme jeune, jolie, seule. Les soirées en boîte aussi. Ils se croiseront au dîner, lui silencieux, contemplant le désastre, elle impatiente de repartir vivre. "La nuit, j'attendais seul en pensant à d'autres filles." Quand il aura la preuve qu'au même moment elle couchait avec un autre homme, il n'y aura plus que la violence pour les unir une dernière fois, le déchaînement de tristesse et de désir inassouvi d'un homme qui entre-temps aura achevé de se détruire. "J'ai resserré plus fort les genoux autour de sa cuisse. Elle ne faisait plus de politesses à présent. Mais moi non plus." Commentaire d'Anna : "Techniquement ça s'appelle un viol."



Reprenons. Vous êtes sur la route. Anna dort. Il y a eu un accident, un cadavre sur la chaussée. D'un camion de pompiers s'élève un gémissement de bête à l'agonie. Vous comprenez tout de suite que votre vie, de ce jour-là, recèlera cette horreur, que c'est votre monde, le monde où vous avez été jeté, qui est là, devant vous. Dans votre désert du Lavandou, ces images vous obséderont, histoire souterraine avançant dans les profondeurs de celle qu'Anna vous force à écrire. Vous voudrez savoir ce qui s'est passé, qui étaient ces gens. A la fin, vous partirez à leur recherche, comme pour rejoindre la dernière réalité que vous pouvez toucher. Claire Gallen, avec une cruauté patiente, vous a amené jusqu'au point où vous devenez, en effet, n'importe qui : un homme dépouillé de ce qu'il croyait être, et vivant désormais, seul et nu, à même la condition commune, un homme qui connaît l'aventure universelle de la destruction du bonheur, de la vie.



Les Riches Heures, de Claire Gallen, Rouergue, 224 p., 18 €.


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Rien à voir avec l'amour

Une boite de nuit enfoncée dans un quartier industriel en déshérence. Il y a Samuel, le patron, et Sandra, qui tient le vestiaire. Une quinzaine d’années plus tôt, elle est venue s’installer dans la région avec Rodolphe, son mari. Il y a eu un drame et Rodolphe est parti. Sandra est restée. Sous la coupe de Samuel, pense-t-on. Une relation toxique comme il en existe mille autres, un homme dans la peau, qui vous traite mal. Sauf que ce n’est pas si simple, et il faudra l’intégralité des quelques trois cent pages pour comprendre les rapports entre ce trio maudit… Il y a des romans comme ça dont on n’attend a priori pas grand chose, tant les bases semblent passablement usées. Et puis il y a la magie d’une écriture qui en a sous le pied, et qui installe son propos en nous évoquant Laurent Chalumeau (sans le guignolesque) et malgré soi, on visualise le sud de la France, la chaleur et le soleil qui crame tout. Alors lorsqu’au détour d’une page on se rend compte qu’on est au Havre, c’est un coup au coeur. D’abord parce que j’adore Le Havre, et parce que la ville existe sous la plume de Claire Gallen d’une manière contournée, par ce qu’elle a à offrir et sans jamais nommer concrètement les choses ou les quartiers. Ensuite parce la noirceur du propos y gagne une humidité qui accentue le côté poisseux de cette intrigue retorse. On change notre façon d’appréhender les personnages plusieurs fois au cours des pages, pour s’apercevoir qu’on a finalement plongé tout debout, sans décrocher, de la première à la dernière ligne. Très réussi.


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Les riches heures

Tant que Gaëtan avait de l’argent, beaucoup d’argent, tout allait bien. Ce n’est plus le cas. Les belles heures de l’immobilier à vendre de l’air et des promesses sont choses du passé. Gaëtan est au chômage et son ex-patron risque la prison pour escroquerie.



Mais Anna veut partir en vacances. Elle y tient. Ils partiront donc. Grâce à des indemnités de licenciement que Gaëtan a réclamées pour satisfaire Anna. Anna, qui ne s’habitue pas à vivre sans le sou. Anna qui aime acheter et en mettre plein la vue. Anna qui est faite pour le luxe et tout ce qui est cher. Anna qu’il n’est pas sûr d’aimer encore. Anna qu’il sait déjà ailleurs, même s’ils sont toujours ensemble. Anna, à qui il tait l’accident dont il a été témoin alors qu’elle dormait. À qui il tait aussi le visage d’une gamine qui voulait qu’il s’arrête.



Il est trop tard pour tellement de choses et il est de plus impossible de retourner à la case départ. Comment s’en sortir? Comment sauver ce qui reste de son histoire avec Anna? C’est à un avenir quasi sans issue que se voit confronté Gaëtan, qui s’est laissé tenter par l’appât du gain facile, et embobiner par une femme qui aimait ce qu’il représentait.



Pris au piège par sa propre faute, Gaëtan ne cesse de penser à la gamine croisée sur la route. À son cri muet. Au fait qu’il ne s’est pas arrêté, alors qu’il aurait pu et dû apporter son aide. Et s’il ne peut réparer ni rembourser ceux qu’il a floués, ou s’excuser de leur avoir promis des châteaux en Espagne alors qu’il les trompait, il n’a qu’une idée en tête : se faire pardonner de celle qu’il a croisée et à qui il n’a pas porté secours, si elle est toujours vivante.



Et c’est parce qu’il n’a plus rien à perdre, qu’il a déjà tout perdu, même Anna qui devient au fil de leur séjour une étrangère, que Gaëtan cherche par tous les moyens à la retrouver. Pour se prouver qu’il n’est pas si mauvais que ça, peut-être.



Mais la lente descente aux enfers a commencé depuis longtemps. Dès qu’il a accepté de vendre n’importe quoi à des prix exorbitants parce que tout le monde voulait faire de l’argent rapidement. Dès qu’il a accepté qu’Anna dépense des sommes folles pour des objets inutiles qui allaient de pair avec leur standing. Elle ne fait que continuer.



Claire Gallen, avec ce premier roman psychologique sur fond de folie immobilière, dresse un portrait sans concession d’un milieu et de ceux qui y évoluent, et nous tient en haleine jusqu’à une chute finale et imprévue qui risque d’en étonner plus d’un.
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Rien à voir avec l'amour

Un trio : Sandra, Samuel et Rodolphe. Cela fait penser à un autre trio célèbre : Jules et Jim et Catherine, cette dernière était fantasque et exubérante, elle jouait la séduction dans l’amitié équivoque entre Jules et Jim. Elle finit par épouser Jules et se lasse, mais l’amitié des deux hommes a perduré jusqu’au drame final.

L’action se situe dans une agglomération de ville au bord de mer, dans des entrepôts désaffectés survit une boîte de nuit : Le Méphisto.

L’endroit est glauque et l’action se déroule sur quelques jours du 8 au 14 juillet, il fait chaud, la tension est palpable.

Samuel est le patron du Méphisto, il roule des mécaniques, exige et dispose de Sandra quand et comme il veut, non sans une certaine ignominie, lui faisant remarquer qu’elle n’est plus toute jeune et qu’elle survit grâce au boulot qu’il lui fournit, tenir le vestiaire de sa boite.

Samuel avait un ami Rodolphe, ce dernier était venu s’installé dans la région avec sa femme Sandra quinze ans plus tôt. Samuel avait débarqué chez eux, sans prévenir toujours à l’aise comme chez lui.

Le lecteur découvrira peu à peu ce passé, grâce aux flash-backs distillés par l’auteur goutte à goutte comme un robinet qui fuit et qui par cette canicule fait monter l’énervement.

Sandra, déjà à l’époque disait oui à tout, Rodolphe avait décidé pour eux de la rénovation luxueuse d’une maison loin de tout et qui l’obligeait à aller travailler à Paris et donc à s’absenter la semaine, pendant que Sandra, elle, abandonnant ses études de droit, restée à la maison à l’attendre.

C’est dans ce no man’s land que Samuel est arrivé. Elle lui a dit oui, comme une évidence, et toujours et encore elle lui dit oui. Elle vit dans l’ombre de cet homme, pourquoi ?

« Il y a l’attente, le désir, le choc des corps qui étouffe la douleur et noie le souvenir, la jouissance plus forte que la culpabilité, sa présence qui permet d’avancer, la béance, l’oubli, les mots en suspens et l’absence non dite, le silence, la rancœur, ce que je lui s=dois et ce qu’il rachète, l’enfermement dans notre folie. »

Mais Rodolphe resurgit, que veut-il ?

Claire Gallen, goutte à goutte, extrait, condense, laisse suinter son intrigue et nous emporte totalement.

Chaque personnage, chaque lieu sont incarnés, l’histoire nous étouffe comme cette chaleur du mois de juillet et nous étreint dans la noirceur de ce lieu glauque.

Sandra boira-t-elle le calice jusqu’à la lie ?

C’est à vous de le découvrir dans ce roman dont le savoir-faire vous laissera hébété. Un final à vous rendre fou…

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 06 mars 2018.

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Les riches heures

Gaëtan et Anna vivent dans un petit appartement à Cergy prêté par les parents d’Anna. Lui est au chômage et elle vient d’arrêter un boulot alimentaire. Anne insiste pour qu’ils partent en vacances dans le sud avec une location qui donne sur la mer. Trois semaines dans un meublé qui n’ a rien du grand luxe. A bord de la vieille Opel Astra, ils prennent la route pour trois semaines de vacances dans le Lavandou qui n’en auront que le nom.



Gaëtan était agent immobilier, il vendait avec Christophe des appartements à des gens aisé soucieux de placer leur argent et de payer moins d’impôts. Défiscalisation et bons placement juteux. L’argent coulait à flots pour eux deux. Christophe voyait grand, toujours plus grand, avide de ramasser plus de pognon. La demande augmentait et ils ont vendu des appartements bidons sans être inquiétés. Puis des lots entiers. L’immobilier n’avait plus le vent en poupe et Gaëtan avait senti le vent tourner mais Christophe voulait toujours encore plus. Ils se sont séparés fâchés. Puis un grain de sable a enrayé la machine : plainte des clients, enquête de la brigade financière et le scandale éclaté au grand jour. Gaëtan et Anna ont dû quitter leur grand appartement à Paris et tout le reste. Fini les rentrés d’argent facile. Des riches heures, la dégringolade a été brutale et sans appel.



la suite sur :

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Les riches heures

Gaëtan, commercial chez un promoteur immobilier a financièrement réussi en profitant des riches heures, en vendant très cher des appartements que les contribuables étaient près à acheter sans méfiance pour un potentiel avantage financier. Seulement lorsque l'argent devient trop facile, la tentation est grande d'aller trop loin et lorsque la crise financière arrive, Gaëtan et son patron Christophe se retrouvent en situation difficile.

Si Christophe risque la prison, Gaëtan est protégé mais se retrouve au chômage.

Difficile de vivre simplement lorsqu'on a mené une vie de luxe. Tout semble alors l’écœurer, que ce soit son ex-vie de parvenu, la classe de sa belle famille ou la simple vie de ses parents ou gens simples qu'il croise.

D'où vient ce dégoût qui va jusqu'à la violence? Est-ce le constat d'échec, la dure réalité de la vie médiocre, l'éloignement de sa compagne faussement résignée et habituée à l'argent ou la cruelle et sournoise perception de sa lâcheté et de son égoïsme ?

Sombrant dans les extrêmes, il ne lui reste qu'une seule chance de rédemption : trouver le pardon d'un être innocent.

Le style de l'auteur peut désarçonner au départ puisqu'elle utilise des dialogues indirects (J'ai dit, elle a dit). Toutefois, je comprends que c'est une réelle volonté comme pour mieux montrer le besoin de Gaëtan de se retrouver à l'extérieur pour avoir le recul nécessaire.

L' analyse du personnage et la montée progressive de son dégoût et de sa violence donnent de l'intensité au récit ce qui a facilement accroché mon intérêt de lecteur.

C'est un premier roman bien construit et moderne qui analyse les répercussions de la vie économique sur un être humain et une vie de couple, lorsque tout bascule d'une vie aisée au chômage, de l'insouciance à la culpabilité.

Et malgré la vision extérieure et la faible empathie du personnage, l 'auteur parvient habilement à nous faire aimer ou tout du moins comprendre cet homme déchu.
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Les riches heures

Un ouvrage plutôt pas mal qui s'apprivoise rapidement. Le personnage, bien que peu attirant, est néanmoins attachant de par son côté monsieur tout le monde, même si son refus de se poser des questions peut agacer.

On suit le fil de cette vie, autrefois flamboyante et désormais si "minable" (pour le héros) et cette quête absurde après l'accident vécu/imaginé par le narrateur. Le style de l'auteur, moins neutre qu'il n'y parait, facilite la lecture, et les non dits ouvrent la porte à l'imaginaire. Et le flamboiement du dénouement, bien qu'absurde, prend tout son sens.
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Les riches heures

Nous sommes dans un petit appartement qui n'a pas connu depuis des années des travaux de rafraîchissement. Il est habité par un couple de trentenaires, Anna et Gaëtan. Ils sont sur le point de partir en vacances au Lavandou pour trois semaines, dans une location tout aussi minable que leur logis de Cergy.

Ils chargent leurs affaires dans une vieille Opel Astra à bout de souffle et en route vers la grande bleue. Ce couple aux apparences très moyennes a connu des jours meilleurs, le bel appartement design dans un quartier chic parisien, l'Audi haut de gamme, le fric facile. Gaëtan vendait des appartements permettant de grosses réductions d'impôts à des notables soucieux de leurs intérêts. Hélas, la vente de studios sur plans, situés dans des zones plus proches du no man's land que du quartier résidentiel, a fait long feu. L'appât du gain l'a amené à l'arnaque puis à la faillite et peut être aux soucis judiciaires. Ces vacances dans cet appartement ridicule est vraiment leur dernier moment de soleil avant le retour à une sombre réalité. Ce qui devait être trois semaines de détente estivale va finalement se transformer en descente aux enfers...

Ce roman est un portrait sans fard de notre époque faite de vanité, de clinquant et de vitrine. Ces deux là s'y sont brûlés les ailes comme beaucoup et ont du mal à revenir à une réalité d'autant plus dure qu'elle les dégoûte.

Sujet intéressant donc, mais avis en demi-teinte tout de même. Cela se lit facilement. L'histoire est brossée de façon clinique sans aucun jugement. L'écriture épouse ce point de vue avec une banalité stylistique, vraisemblablement voulue, mais qui m'a un peu laissé sur ma faim. Les situations décrites avec fidélité et objectivité sont confondantes de réalisme mais manquent de chair.

La fin sur le blog
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