Claire Girard

Je ne me donne pas souvent le temps de lire des nouvelles. J'ai beaucoup de mal à abandonner les personnages d'une histoire les ayant accompagnés dans leurs aventures pendant 400, 800 ou plus de 1000 pages. Alors comment supporter de les laisser s'échapper à peine après avoir fait leur connaissance le temps de quelques pages ? Et pourtant, l'art de la nouvelle n'est pas si facile. Si la construction ne nécessite pas autant de mise en scène au long cours pour maintenir le fil conducteur tout au long des pages et retenir l'attention du lecteur, il faut que l'auteur reste concis et cohérent dans son récit court avec une chute percutante. L'espace-temps de lecture étant réduit, il n'a pas le droit à l'erreur sous peine de voir son ouvrage délaissé.



Alors pourquoi aujourd'hui ai-je décidé de vous parler de Elles, en nouvelles ? Je ne vous raconterai pas comment ce recueil a atterri entre mes mains mais il ne pouvait en être autrement. J'ai découvert Claire Girard sur scène avec plaisir, bien avant de savoir que l'écriture était sa véritable passion.



Épousant une myriade de nuances, sa plume sait habiller le texte d'une multitude d'émotions. Chacune des dix nouvelles, dont un court roman, a son propre univers. L'ambiance des histoires qui se côtoient ne se ressemble jamais. Tour à tour, angoissante, amusante, intrigante, une pointe de perversité par ci, un soupçon d'anticipation par là, des chutes surprenantes, sans oublier l'amour, les rencontres sont diverses et variées à souhait.



Comme le titre du recueil l'indique, il s'agit d'histoires de femmes mais ce serait une erreur de penser qu'il s'adresse uniquement à la gente féminine. Chaque lecteur peut se sentir proche de Rafaèle, Mia, Elsa, Marion et de toutes les autres en fonction de leur ressenti, de leur expérience de la vie, de leurs rêves ou de leurs cauchemars.



Tout en gardant à l'esprit l'expression bien connue du XVIII° siècle de Philippe Néricault "La critique est aisée mais l'art est difficile" et en tant que lectrice compulsive, j'ai ressenti quelques maladresses comme des tics de langage récurrents dans les dialogues, des descriptions un peu longues dans le mini roman mais cela ne m'a pas empêchée de pleinement apprécier cet excellent moment de lecture toujours dans un style incroyablement clair et généreux pour un premier livre.



Faisant fi de l'angoisse de la page blanche tant redoutée par les écrivains, très égoïstement, je suis presque déçue de ne pas avoir pu continuer mon voyage avec d'autres personnages confiant leurs pensées les plus intimes, avouables ou non! Sans aucune hésitation, je prends immédiatement ma réservation pour embarquer à bord de la deuxième aventure littéraire de Claire Girard.