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Citations de Claire Malroux (10)


Il arrive, plus souvent qu'on ne le pense, que des poètes d'égale stature aient en même temps ou à quelques années d'intervalle un même sujet de préoccupation et emploient des métaphores voisines pour le cerner. Leur dialogue, fût-il chronologiquement inversé, jette une vive lumière sur leurs ressemblances mais aussi leur spécificité.

Arthur Rimbaud ( mai 1872 )
" Elle est retrouvée. / Quoi ? - L'Eternité. / C'est la mer allée / Avec le soleil. "

Emily ( seconde moitié de 1863 )
" Comme si la Mer s'écartait / Pour révéler une Mer nouvelle - [...] et qu'Elles / Ne fussent que prémisses -
De cycles de Mers - / De Rivages ignorées - / Elles-mêmes Orées de Mers futures - / Telle est - l'Eternité - "

Ce duo par métaphore interposée, ces voix entrecroisées, expriment quelque chose de plus que chacune d'elles prise à part, quelque chose d'assez semblable malgré l'apparente différence.
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Qui mieux qu'un poète connaît la valeur du silence d'où les paroles naissent et où elles retournent, où les paroles se fondent comme dans le blanc toutes les couleurs ?
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INVISIBLE PROTÉE


Extrait 2

Le temps au miroir du marais s’arrête,
sourd aux bruits d’alarme, râles de l’herbe tranchée
par les vaches en exil entre les bras d’eau,
plongeons de rats musqués, lourds envols de grues,
grincement sur le sentier de monstres mécaniques
montrant les dents au promeneur échappé du piège
des ronces, orties, chardons, bouses d’autres saisons

Quadrilatères de l’angoisse, humides mouchoirs
dans l’immense main bleue, ras de terre
ramenant de tous côtés de l’horizon à la terre
Seul le tintinnabulement d’une haie de saules
brise par intervalles l’enchantement immobile
un son d’aucun monde comme l’envers du vent
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Emily a écrit 1789 poèmes en trente ans d'activité, dont la moitié environ en moins de dix ans.
Elle a rassemblé plus de 800 de ces poèmes dans 40 Cahiers en six ans, de 1858 à 1865, avec une interruption d'un an en 1860. La production atteint un point culminant en 1863 : près d'un poème par jour, composé ou transcrit dans les Cahiers. [...]
Emily n'a rien publié de son vivant.
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Deuil d'un amour
en mémoire d'Emily Dickinson


Haillon de vent, l'ombre à la fenêtre :
Une vie d'un bloc retournée à l'oubli
Avec elle un pan d'une autre, car rien
Plus incoerciblement ne lie
Que ce qui fit une fois se croiser des chemins
À jamais divergents
De ces chemins seule la croix subsiste
Le silex presque abstrait de la croix
We met as sparks, diverging flints

Epuisée comme un soleil la douleur
S'éparpille en nuageuses vergetures
Cendres sur la voûte où la mémoire
Traque des conjonctions d'astres
Et doute à présent au bord du gouffre
Le témoin disparu, de la vérité de cette croix
Le livre est désécrit, plus blanc que la nuit
Miettes, rien que miettes d'écriture
Crumbs for birds, ces lendemains affamés
Piaillant à qui mieux mieux
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"Chaque être spirituel se construit une demeure, au-delà de sa demeure, un monde, et au-delà de son monde, un ciel"
R.W. Emerson
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INVISIBLE PROTÉE


Extrait 1

Jour après jour le jour s’absente, nous laisse
dans une double nuit
d’où nous pourrions ne jamais revenir
ni savoir si nous serons où nous étions, sans le fanal
qui dans l’espace envahi d’épisodes clandestins
nous guide, et tels qu’en nous-mêmes nous réveille

C’est que malgré les fleurs et les couronnes
que sur son lit nous empilons
le temps est à notre image, quelque chose de nu, sans gloire,
traversant notre sommeil en fleuve aveugle
vers nulle mer, comme nous-mêmes, étourdiment,
dévalons la pente de la vie …
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Rendez-vous en juin
pour Marilyn Hacker


L’arc des roses autour du gazon, leurs joues pâles
Laissant à peine sourdre l’angoisse du sang
Et derrière l’arc des roses l’arc des bancs, loges
D’où contempler leur candeur offerte au soleil
Glissant sur elles comme sur une page
Où bientôt les mots ne compteront plus
Le soleil grille les mots superflus
Qui le tiennent à distance, il brûle
En bon jardinier ce qu’il a fait s’épanouir
Ainsi tu fus en juin ma première morte
Le suc de ton cerveau emporté par l’abeille
Vers les rayons d’une ruche étoilée
Mon premier vrai poème peut-être
La chair tiédit les bancs mais nul vide
Ne flotte après le départ du couple enlacé
Les enfants jouent à prendre la petite maison
Rouge en haut de l’escalier jaune vif
Pendus à la rampe comme des vieillards
Une fille en brodequins croque une pomme
De son bourdonnement le trafic rassure
Y aura-t-il toujours des hommes pour embrasser
L’espace de leurs bras même bruyants ?
Et de l’herbe, des roses pâles pour apaiser
Leur fuite en tumulte dans le néant ?
Y aura-t-il toujours une figure penchée
Pour déchiffrer l’écriture du mystère
Bienveillant d’un matin d’été ?
Quelqu’un quelque chose pour lui donner
Ailleurs un nouveau rendez-vous ?
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Les feuilles au bout des doigts tombent. Le livre est leur cercueil ou leur semence.
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le geste d’une silhouette sans visage en haut d’un escalier, à l’instant de pénétrer dans l’oubli
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