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Citations de Claire Ubac (44)


Les artistes ne sont jamais en vacances. Ils ont toujours l'œil ouvert, à l'affût de ce qui est beau, étrange ou intéressant sur leur chemin.
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Son cœur a elle aussi doit être comprimé dans une mini enveloppe.
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J'imagine mon cher ami dans le noir, désespéré.
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Il faut une femme et un homme avec leurs sexes différents, une zézette et un zizi. Ils se serrent l'un contre l'autre tout nus et des fois après il y a un bébé, et d'autres fois, non.
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Laisse tomber ces punaises courtes sur pattes. Le temps qu'elles progressent pour te mordre, tu seras un génie consacré, Lily.
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Tout cela, bien sûr, je l’ai imaginé à partir de ce que maman m’a raconté. Comment une fille de dix ans pourrait-elle se souvenir de ce qu’elle était à quelques semaines ? Pourtant, il me suffit de fermer les yeux pour redevenir un tout petit bébé. Alors je sens autour de moi le rempart protecteur de mon père. Une odeur d’épices monte de sa poitrine broussailleuse. Des bras forts et tendres entourent mon corps. Une voix grave résonne, un souffle réchauffe mon oreille. Cette sensation est si forte que rien ni personne ne pourra jamais me l’enlever.
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Grand-père veille sur mon sommeil. Ma mère se rend au puits du village, ses deux jarres empilées sur la tête. À son retour, elle prend le temps de tracer à la poudre de riz, sur le sol de la cour, un dessin géométrique. Ainsi, les démons se tiendront loin du seuil.

Elle me dépose, nourrie et lavée, sur les genoux de grand-père, qui a droit à l’un de mes tout premiers sourires. Il embrasse mes menottes :

– J’avais toujours rêvé d’une petite déesse comme toi, moi qui n’ai eu que des fils !

Ma mère emporte la vaisselle dehors, la nettoie avec la cendre mêlée de sable de la rivière, pour ne pas gaspiller son eau. Elle jette des regards furtifs vers l’entrée de la cour.
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– La galette de riz n’est pas encore prête ? À quoi est-ce que tu sers, femme de Meyyan ?

– J’y vais, sœur aînée.

Mais l’autre continue :

– Femme de Meyyan et qui sait, femme de personne. S’il n’a pas de travail, il n’ose pas revenir ici. Et s’il en a un, il s’est sûrement trouvé une petite femme en ville.

Ma mère s’accroupit et mesure la farine dans l’écuelle d’argile. Sa main tremble, oui, mais de fatigue. Les calomnies à propos de mon père ne l’atteignent pas. Un sourire involontaire se dessine même sur ses lèvres. Que sa belle-sœur est stupide de penser la convaincre ainsi de supprimer son bébé !
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La « chose sans nom » que je suis survit ainsi pendant cinq semaines. C’est le père qui doit murmurer son nom à l’oreille de son enfant. Et Meyyan ne revient toujours pas de la ville, où il cherche du travail.

Ce matin-là, comme chaque matin, les jérémiades de mon cousin Selvin sortent ma mère du doux rêve où elle et mon père étaient réunis. Le fils de la maison a beau avoir cinq ans passés, il pleurniche toujours en se réveillant, au lieu de gazouiller. Il attend qu’on le nourrisse, comme ces oisillons devenus gros et gras qui ne se décident pas à voler de leurs propres ailes. Tante cobra l’élève ainsi. Elle ne le laisse pas faire un pas tout seul. Elle le bourre de gâteaux dès qu’il pousse un grognement.

Ma mère se lève malgré sa fatigue. Une fois debout, elle est prise de vertige. Elle doit rester immobile le temps que le sol cesse de tanguer sous ses pieds. Ses nuits sont courtes. Elle ne dort que d’un œil ; dès que je remue, elle me donne le sein. Ainsi je n’ai pas le temps de pleurer et d’attirer sur nous la colère de tante cobra.

Ma mère roule la natte qui lui sert de lit. Après une rapide toilette, elle prend une bouse pétrie et séchée sur la pile de celles que nous récupérons de nos buffles. Elle allume le feu, pose sur le fourneau la bouilloire de fer-blanc.

Elle tend un biberon rempli de lait à Selvin, qui l’attrape avidement. Assurée de quelques minutes de répit, Dayita se dirige vers le coin de la puja.

Là, dans une niche creusée dans le mur de terre, se tiennent les dieux de l’autel familial. Durga, la déesse du Foyer, Shiva, que ma tante invoque le plus volontiers, Ganapati, l’enfant dieu à tête d’éléphant…

La préférée de ma mère est Sarasvati, la déesse des Arts. Ma mère dépose à ses pieds la plus jolie des fleurs cueillies au jardin.

À l’école de chant, autrefois, elle la priait avec ses amies. Ces dernières lui ont offert sa statuette quand ma mère est partie vivre dans la famille de Meyyan.

– Ainsi, chaque fois que tu feras la puja, tu penseras à nous !

« Oh oui, je pense à vous, mes chères amies, songe ma mère en s’inclinant devant la déesse, les mains jointes sur le front. Mais aujourd’hui, vous me paraissez si loin ! Est-ce que je vous reverrai un jour ?… »

Les larmes lui montent aux yeux. Quelle mine feraient ses amies en la voyant, elle autrefois si gracieuse et coquette, le corps décharné dans ce sari défraîchi, la peau terne, les cheveux rêches!
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Grand-père n’a pas soufflé mot ; mais il prélève à chaque repas la moitié de son propre riz, façonné en boulettes. Il cache celles-ci dans un pli de son lunghi, son pagne de coton, et il les glisse en douce à ma mère.
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Je ne suis pas le premier bébé fille menacé de mort au village de Yamapuram. D’autres mères avant Dayita ont eu à subir des pressions de la famille pour faire disparaître leur enfant. Bien sûr, personne ne parle de meurtre, ici.

Non, il s’agit seulement de mères maladroites et d’accidents. C’est souvent la même histoire quand une fille naît, ici au village, surtout dans une famille sans garçons. D’abord des pleurs, des gémissements, toute une mise en scène du malheur. Ensuite, la grand-mère, la tante, la sœur, la voisine, ou les quatre à la fois, viennent chuchoter à l’oreille de la mère en larmes. Celle-ci a beau résister, on lui fait honte, on lui dit de se taire et d’obéir, elle, une bonne à rien qui déshonore la famille.

Quelques jours plus tard, c’est l’accident. La mère met du jus de tabac dans le biberon au lieu de lait, ou bien elle laisse le bébé au soleil. Toujours la mère. Quand c’est la mère la responsable, qui parle de meurtre ? Ce n’est même pas un péché, dit-on. Ainsi, plus de fille, plus de honte. La mère n’a qu’à espérer une prochaine grossesse, où un bébé mâle, enfin, lui rendra sa dignité.

Voilà pourquoi, tant que je n’ai pas encore de nom, aucune voisine ne parierait une poignée de lentilles sur mon avenir. Encore quelques jours avant que je m’étouffe dans mon châle de coton. À moins que je tombe du dos de Dayita par un malheureux hasard.

Mais ma mère ne laisse aucune place au hasard. Elle emporte son petit fardeau partout, pour couper du bois, pour se laver au bassin des femmes, et même pour faire ses besoins, tellement elle a peur qu’il m’arrive malheur si elle me quitte des yeux. Heureusement, elle a un allié dans la famille : mon grand-père, le père de Meyyan. Il est doux et bon. Il prend soin de moi, du moins dès que ma tante est hors de la maison. Quand elle est là, il n’ose pas. Il a peur d’elle. Il voudrait protester quand ma tante prive ma mère de nourriture afin de tarir son lait. Mais il sait trop bien ce qu’elle lui répondrait :

– Dites donc, père, vous êtes bien content qu’on vous nourrisse, vous aussi, alors mêlez-vous de vos affaires. Par Shiva ! Avec tout l’argent qu’on dépense pour vous autres, les bouches à nourrir, mon cher mari pourrait se payer une moto. Il n’aurait plus à marcher une heure avant d’atteindre l’arrêt de bus qui mène en ville. Nous pourrions offrir à Selvin le vélo dont il rêve.
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– Avoir une fille, quelle misère ! Qui voudrait engraisser une volaille et, quand elle est à point, la donner au voisin qui vous la mange sous le nez ?

Les voisines renchérissent :

– Une fille est une charge, une fille coûte cher en dot au moment de son mariage. Et encore, bien heureux si on trouve à la marier !

– Enfin, du moins, soupirent-elles à ma tante, vous-même avez reçu la bénédiction d’une descendance mâle…
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Ainsi dressée et frémissante, elle a tout du cobra qui attaque. Dayita, ma mère, ne bouge pas plus qu’une proie hypnotisée. Vingt fois par jour, l’épouse du frère aîné la pousse ainsi à se débarrasser de moi, sa fille. Vingt fois par jour, elle distille son venin.

Ma mère se garde bien de répliquer. Elle reste immobile. Mais elle n’est hypnotisée qu’en apparence. Elle me lave. Elle me nourrit. Plus encore. Dès que la maîtresse de la maison est hors de vue, ma mère masse mon petit corps à l’huile de coco sur ses jambes allongées. Elle me chante des berceuses de sa voix d’or. La méchanceté, si haineuse soit-elle, n’a pas le pouvoir de tuer.

Crache, crache ton venin, tante cobra. Répète tes médisances à qui veut les entendre, à propos de Dayita, ma mère :

– Voyez-vous ça, cette fille du Nord à la peau claire, trop jolie et trop éduquée pour nous. Ah mais, quant à sa dot, nous n’en avons pas vu la couleur ! Si vous voulez mon avis, sa famille a dû être bien contente de trouver un idiot comme Meyyan pour l’en débarrasser.

Ma tante ne décolère pas. Elle n’aurait jamais cru que le jeune frère de son mari puisse trouver une femme. En tant que fils cadet, sans situation, aucune famille de notre village ne lui aurait accordé sa fille.
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C'est un des premiers jours de ma vie; je n'ai pas encore de nom. Ma mère me donne le sein dans la cour, à l'ombre du manguier. Ses bras se crispent autour de moi. Ma tante vient de sortir de la maison; elle fouille la cour des yeux, les paupières plissées sous le soleil cru du printemps.
Ma mère implore en pensée la déesse du Foyer: "Durga, ne la laisse pas s'approcher !"
Mais la grande femme sèche se dirige déjà vers nous. Sans se donner la peine de s'accroupir, elle crie à sa belle-soeur :
- Femme de Meyyan !
Ces mots sonnent avec dédain. Ma tante, exprès, n'appelle jamais ma mère "petite soeur", comme c'est l'usage.
- Femme de Meyyan, qu'est-ce que tu es en train de faire ?
Elle siffle entre ses dents :
- Tu sais pourtant qu'il faut la laisser mourir de faim, cette merde que tu as pondue !
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Je remplis un gobelet pour maman. Depuis quelques jours, je me sers d'une cuillère pour l'abreuver. Elle ne peut pas soulever la tête pour boire, encore moins s'appuyer sur un coude. Un sifflement sort de sa poitrine. C'est là que le mal est installé. Un génie mauvais aspire sa vie jour après jour. Grand-père a dit à oncle Thamayan : "Tu devrais l'emmener au village voisin, au centre de santé." Mais tanta cobra en a décidé autrement : "Qui dit consultation dit médicaments. On ne va pas dépenser de l'argent pour cette bouche à nourrir laissée par Meyyan !"
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Ce soir le bal allait commencer. Yark était plus que jamais sûre de gagner. Surtout avec l'ignoble décoiffure que Coco était en train de finir.
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Quand je suis partis sur mon cheval j'entendit un bruit.
Je suis aller là-bas et mon cheval m'a désarçonné.
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petites je vais dire au membre du jury que tu a 11 ans et tu sera recaler en tant que raté et incompétante.
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Mais alors... Si Marisa est Liliana, Marisa est vraiment ma mère! La tête me tourne. Je me cramponne à Karima et au grand-père. Je fais un grand sourire au public. Ce n'est pas le moment de tomber dans les pommes...
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quant à Mybel, elle est verte. Les élèves ont boudé son travail, tout comme le prof. Je n'ai pas eu besoin de me venger. La vie s'en est chargée pour moi !
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