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Tout ce désastre avait commencé au rayon homme de la boutique Abercrombie & Fitch.

— Sérieusement, Lou, t’es folle !

Tout ça parce que j’avais le nez enfoui dans un sweat de mec !

June m’a arraché le vêtement des mains et l’a jeté sur le présentoir en levant les yeux au ciel.

— Encore dans ton délire ? Ma belle, t’es vraiment un cas désespéré.

Merci, je le savais.

Mais que voulez-vous, c’est plus fort que moi. Quand je rentre dans un magasin de vêtements, je vois mes personnages se matérialiser sous mes yeux. À chaque fois. Quels pulls mettraient-ils ? Quels T-shirts mouleraient leur torse à la perfection ? Quelle couleur leur irait le mieux au teint ? Ça me rend toute chose, émue, presque bouleversée. Comme si leur choisir des vêtements rendait leur existence plus tangible. Comme s’ils pouvaient surgir des cabines d’essayage.

— Je t’ai pas demandé de chercher des fringues pour le bellâtre de ton roman ! Trouve une robe. Pour sortir. C’est pas compliqué !

Ma meilleure amie m’a décoché un regard désapprobateur avant de me tirer par le coude vers le rayon destiné aux filles. J’ai jeté un dernier coup d’œil ému au sweat à capuche. L’étoffe, en coton dévoré, gris délavé juste comme il faut, était exactement le genre de Jake, le héros de ma dernière romance. Parfaitement assortie à ses yeux bleus et son air rebelle.

À regret, j’ai suivi mon amie en soupirant.

June a attrapé une robe noire sur un cintre et me l’a collée d’office dans les bras.

— Ça, ce sera parfait. Et pas la peine de protester. J’en ai marre de te voir habillée comme une clodo quand on sort. Un de ces jours, un mec va te jeter

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Tout ce désastre avait commencé au rayon homme de la boutique Abercrombie & Fitch.

— Sérieusement, Lou, t’es folle !

Tout ça parce que j’avais le nez enfoui dans un sweat de mec !

June m’a arraché le vêtement des mains et l’a jeté sur le présentoir en levant les yeux au ciel.

— Encore dans ton délire ? Ma belle, t’es vraiment un cas désespéré.

Merci, je le savais.

Mais que voulez-vous, c’est plus fort que moi. Quand je rentre dans un magasin de vêtements, je vois mes personnages se matérialiser sous mes yeux. À chaque fois. Quels pulls mettraient-ils ? Quels T-shirts mouleraient leur torse à la perfection ? Quelle couleur leur irait le mieux au teint ? Ça me rend toute chose, émue, presque bouleversée. Comme si leur choisir des vêtements rendait leur existence plus tangible. Comme s’ils pouvaient surgir des cabines d’essayage.

— Je t’ai pas demandé de chercher des fringues pour le bellâtre de ton roman ! Trouve une robe. Pour sortir. C’est pas compliqué !

Ma meilleure amie m’a décoché un regard désapprobateur avant de me tirer par le coude vers le rayon destiné aux filles. J’ai jeté un dernier coup d’œil ému au sweat à capuche. L’étoffe, en coton dévoré, gris délavé juste comme il faut, était exactement le genre de Jake, le héros de ma dernière romance. Parfaitement assortie à ses yeux bleus et son air rebelle.

À regret, j’ai suivi mon amie en soupirant.

June a attrapé une robe noire sur un cintre et me l’a collée d’office dans les bras.

— Ça, ce sera parfait. Et pas la peine de protester. J’en ai marre de te voir habillée comme une clodo quand on sort. Un de ces jours, un mec va te jeter une pièce au lieu de te demander ton numéro.

June Costello dans toute sa splendeur. Et même si elle ne prend jamais de gants pour me dire les choses, je l’adore.

On pourrait croire qu’elle se fiche complètement de mon activité d’écrivain, mais c’est faux. C’est à elle que je fais lire mes premiers jets, parce qu’elle ne fait pas dans la dentelle. « Syntaxe pourrie », « Débile, ce passage ! », « Sérieux, t’as 12 ans ? Change-moi ça, c’est nul ». J’en suis à mon sixième roman, et pourtant, elle ne s’en lasse pas.

Bizarrement, la romance, ce n’est pas du tout son genre de prédilection. C’est peut-être justement pour ça que ses avis sont si tranchés et si efficaces. Mon éditrice dit souvent en plaisantant que June mériterait son nom comme coauteure sur la couverture de mes livres. Ça me fait moyennement rire, mais je ne dis trop rien. Tout ce que dit mon éditrice est un peu parole d’évangile.
J’ai acheté la robe noire, même si elle ne me plaisait pas trop. Avec toute cette dentelle, j’avais l’impression de ressembler à une paupiette enrubannée dans sa crépine. Drôlement excitant. Visiblement, June n’était pas du même avis.

— Tu es roulée comme une déesse, ma belle. Sauf qu’à force d’hiberner avec ton ordi, tu ne t’en rends même plus compte.

C’est vrai que ce n’est pas avec mon travail à mi-temps de community manager pour la start-up de Will que je vois du pays. Toute la journée sur Twitter, Facebook et Instagram à créer du lien. Du lien, du lien, du lien. Tout ce que je ne sais pas faire dans la vie réelle.

Sauf que ce boulot, c’est un compromis idéal pour moi. Déjà, je peux travailler chez moi la plupart du temps. Et surtout, il me laisse assez de latitude pour écrire.

— Allez, il faut qu’on se magne les fesses, y a deux canons qui nous attendent au Coffee Corner.

On est sorties du magasin, les bras chargés de sacs. En lorgnant sur la vitrine, j’ai ressenti un pincement au cœur en repensant à mon beau gosse de Jake

Will et Karim nous attendaient comme prévu au Coffee Corner, dans notre coin attitré, avachis dans le canapé en velours vert. Ils avaient l’air en plein débat. Ou alors ils se disputaient, ce qui leur arrivait aussi souvent que de respirer.

— Salut, mes princesses, a lancé Will avec un clin d’œil. Vous savez que vous êtes incroyablement bandantes, ce soir ?

— Et toi, tu sais que tu es incroyablement gay ? ai-je ri.

— C’est vrai. La plus grande déception de ta vie, d’ailleurs.

Les garçons ont éclaté de rire. Je me suis laissée choir sur le canapé à côté de mon meilleur ami, en levant les yeux au ciel. Will m’a fait une bise humide sur la joue.

— Embrasse ton boss avant que je te vire.

— Tu ne peux pas me virer. Qu’est-ce que tu ferais sans moi ?

— Personne n’est irremplaçable, bébé.

— Enfin, ça dépend qui ! a dit Karim avec un air malicieux.

Les garçons ont échangé un regard, l’air complice. Un énorme sourire leur dévorait le visage.

June a froncé les sourcils.

— J’ai loupé un truc ou quoi ?

— Allez vous chercher à boire. Après, on vous racontera tout, a dit Will.

Quand la barista m’a reconnue dans la queue, son visage s’est illuminé.

Lexi est une fan de la première heure. Une vraie mordue. Elle adore mes romans, au point qu’elle me fait un peu flipper, quelquefois. Elle est capable de m’envoyer cent messages par heure quand elle découvre le livre. Elle tient une page Instagram dédiée à mes personnages. Ça, passe encore.

Mais une fois, j’ai vraiment eu peur. Elle est arrivée chez moi en larmes, à une heure du matin, parce que les deux amoureux se séparaient à la fin du roman.

Si elle n’avait pas fait le meilleur café de toute la ville, je n’aurais jamais remis les pieds au Coffee Corner.

— Salut, Lou ! Comment ça va ? a-t-elle dit avec frénésie.
Sous-entendu : « Je me fiche un peu de comment tu vas, ce que je veux savoir c’est : est-ce que Jake finit par conclure avec Samantha ? Leur baiser de retrouvailles est-il plutôt tendre, ou plutôt passionné ? Et, question cruciale, quand est-ce qu’ils couchent enfin ensemble ?! »

La sortie de ce deuxième tome n’était programmée que dans un mois, mais Lexi piaffait déjà d’impatience, comme un pur-sang avant une course.

— Ça va, me suis-je contentée de répondre.

La déception s’est peinte sur ses traits. J’ai eu peur qu’elle ne veuille pas me servir mon grand latte vanille, alors j’ai glissé :

— Je te promets que tu ne vas pas être déçue, Lexi.

Son visage s’est illuminé tel un sapin de Noël, et j’ai souri timidement, attendrie. Voilà pourquoi j’adorais écrire. Voilà pourquoi j’étais folle de Jake et de ses fêlures cachées sous sa magnifique gueule d’ange. Parce qu’il rendait les lectrices heureuses.

— Tiens, je t’offre un scone. Cadeau !

Lexi m’a tendu ma commande avec un clin d’œil.

J’ai rejoint mes amis et je me suis attablée, satisfaite. Karim, Will et June m’ont dévisagée avec circonspection, silencieux. Bizarre.

— Qu’est-ce qui se passe ?

Ma meilleure amie a pris une profonde inspiration et a posé sa main sur la mienne. Immédiatement, je me suis affolée, parce que June n’est pas vraiment du genre solennel, d’habitude. Mon cœur s’est mis à tambouriner.

— Lou, les garçons et moi, on a quelque chose à te dire.

J’ai froncé les sourcils, perplexe.

— Vous attendez un bébé ? ai-je dit en espérant alléger l’atmosphère.

Les garçons ont lâché un petit rire. La façon dont June plantait ses pupilles dans les miennes ne me disait rien qui vaille.

— Va falloir que tu nous écoutes jusqu’au bout.

À nouveau, elle a inspiré longuement, et sa lèvre supérieure s’est retroussée en un sourire carnassier.
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-Bonne nuit, Elyas.

-Bonne nuit, mon élue.

J’ai raccroché, la mort dans l’âme. J’ai fermé les yeux en souriant. Elyas avait l’art de provoquer en moi tout un tas de sentiments. La reconnaissance, pour avoir pensé à mon rituel débile. La gentillesse, pour avoir proposé son aide pour résoudre le mystère de la mort de mon frère. L’agacement, pour mettre toujours le doigt sur mon embarras. L’admiration, pour avoir des avis très tranchés, même si nous ne les partagions pas toujours. Et surtout cette excitation généralisée qui s’emparait de moi à chaque fois que j’entendais sa petite inflexion de voix quand il m’appelait « Alix Fougeray ».
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Le calcul de toutes ces forces en présence me rappelait combien nous n'étions que des corps soumis à des interactions. Tout ce qu'on voulait y mettre derrière, les sentiments, les émotions c'était du pipeau. Ce qui avait fait couler mon frère, c'était cette stupide attraction terrestre, qui avait mis minable la poussée d'Archimède. Tout le chaos que cela avait engendré dans nos vies n'était rien dans l'ordre des choses et du cosmos. Les forces gravitationnelles se moquaient bien de savoir si j'allais élucider le mystère de la connerie accidentelle de Paul, si ma mère allait s'en remettre un jour, ou si j'allais revoir Elyas au lycée. La lune tournerait toujours autour de la Terre et la Terre autour du Soleil et nos petites vies merdiques n'avaient qu'à s'en contenter.
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Maman distillait savamment son avis sur tout, tout le temps, et à tout le monde. Et les gens s'y rangeaient très souvent. Nous les premiers. le gouffre qu'elle a laissé derrière elle n'est pas seulement psychologique, il se ressent dans chaque décision insignifiante que la vie met sur notre route. Quelle pizza à midi ? Quel film ce soir ? Quelle couleur de parure de lit ? Poulet au curry ou canard laqué ? Mer ou montagne ? Expo ou balade ? (p.9)
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« June :
Bon, allez, balance tout. C’est qui, ce mec ? Et je veux des détails !
Le teléphone n’arrêtait pas de vibrer. A nouveau, c’était Simon. Je ne savais plus où donner de la tête.
Simon :
Partenaire ? Tu es là ? Je te signale que tu n’as toujours pas répondu à ma question.
Qu’est-ce que j’allais pouvoir lui dire sans me griller ? Tandis que je cherchais une réponse sensée pour Simon, j’ai répondu à ma meilleure amie.
Moi :
25 ans, 1,85m, brun, à tomber, des tâches de rousseur sur les joues qui donnent envie qu’on les mange. Il s’appelle Simon.
Puis, j’ai contemplé, pensive, les murs de la chambre, que mamie et Garance avaient presque entièrement recouverts de couvertures de survies argentées.
Le téléphone a vibré une nouvelle fois.
June :
Bah, alors, accouche ! Il est comment, ce mec ?
J’ai froncé les sourcils.
Nouvelle vibration.
Et mon cœur s’est arrêté de battre.
Simon :
En fait, moi, c’est plutôt 1,87m. Et ravi de voir que tu aimes les tâches de rousseur.
Merde !
Oh mon dieu ! quelle horreur ! J’avais inversé les destinataires ! Enfer et damnation ! »
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Tous me renvoient l’image d’une fille qui m’était inconnue jusqu’à maintenant : une fille sympa, sociable et d’agréable compagnie. Quelqu’un qui mérite qu’on s’intéresse à elle. Quelqu’un qui sait s’amuser. Tous, sauf un. Enzo. Evidemment. Avec lui, tout est plus compliqué. Je n’arrive pas à déterminer s’il me déteste ou s’il me supporte, sans parler de bien m’aimer. Tout ce que je sais, c’est que lorsque je suis avec lui, un phénomène étrange se produit. C’est comme si je sortais de moi, mue par une force extérieure, pour aller lui parler. Tout mon être se tend vers lui. Je ne me reconnais pas. Lorsqu’il est là, ma timidité s’envole, parce que j’ai l’impression qu’Enzo m’a cernée. Je ne peux pas affirmée qu’il a compris, pour mes bras, mais j’en jurerais presque. Je crois que j’ai aussi très envie de pénétrer sa carapace, d’abattre les murs qu’il a dressées entre lui et le reste du monde.
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Enzo : Je ne mérite pas que tu t'intéresse à moi, Estelle. laisse tomber.
Moi : Je sais que tu te comportes comme ça pour me mettre à distance. Et non parce que tu es une mauvaise personne. (p.139)
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Je ne peux pas continuer de passer mes journées avec mes personnages de roman pour seule compagnie. Jake, aussi beau gosse, tête à claques et fêlé soit-il, n’est pas réel. Il existe, certes. Dans mon imagination (et Dieu sait ce que je lui fais dans ma tête) et dans celles de mes lectrices. Mais malgré tout l’effet qu’ont les mots, je ne sentirai jamais la douceur de sa forêt de cheveux noirs sous mes doigts. Ni l’effluve de son parfum marin me picoter les narines. Encore moins la fermeté de ses lèvres vermillon sur les miennes.
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La mer est une salope, a lâché Elyas. Elle te séduit, elle t'allume, elle te baise, avec son va-et-vient incessant, et puis elle te rejette et t'abandonne juste après. J'aime pas la mer.
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Je ne comprends pas pourquoi Enzo m'inspire une telle confiance, alors qu'il est si lunatique et changeant. Je ressens un besoin de le protéger et de l'aider, un besoin que je ne peux réprimer. Il exprime une telle souffrance, même sans parler. Celle-ci m'interpelle quelque part en moi, à un endroit où personne n'est jamais allé. Un recoin de mon âme où j'ai l'impression de n'avoir jamais été moi-même. (p.136)
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