Clare Morrall

- Personne ne le dit. Ils semblent n'avoir aucune certitude.
Je commence à frisonner. James s'arrête, ôte sa veste et la met autour de moi. Il ne sera pas trop mouillé. A présent, ce n'est qu'une bruine qui tombe. j'enfile les manches, qui sont trop courtes et exhalent ce mélange caractéristique de déodorant, d'ordinateur, de parquet, de propreté. J'ai beau me draper étroitement dedans, je tremble encore.
"En fait, dit James, on ne peut pas totalement le lui approcher, si ? Qui pourrait vivre avec ton père sans devenir fou ?"
Je le soupçonne d'être secrètement ravi que l'univers de mon père se soit écroulé. Voilà ce qui arrive quand on ignore quelqu'un en permanence. Cela le prive de toute objectivité.

J’ai cessé de dériver dans le sillage épineux de quelqu’un. Je n’ai pas complètement abandonné mon pays étranger, moi qui étais à l’écart du monde comme une cousine lointaine, mais je peux passer la frontière à mon gré, sachant où je suis et comment me comporter.