Citations de Clarissa Pinkola Estés (768)
La Femme Sauvage est une combinaison de sens commun et de sens de l'âme. La femme médiale, son double, est aussi capable des deux.
Nous mourons d'envie d'avoir une nouvelle vie. Nous brûlons de retrouver la mer. Nous vivons jusqu'au mois suivant, jusqu'à la fin du semestre, nous avons hâte que l'hiver soit fini pour revivre de nouveau, dans l'attente d'une date future où nous serons libres de faire des choses extraordinaires. Nous sommes sûres de mourir si nous ne faisons pas telle ou telle chose. Il y a là quelque chose comme du deuil. Il y a une angoisse, une désespérance, une nostalgie, de longs séjours auprès de la fenêtre. Et ce n'est pas un malaise temporaire. Cela dure et cela croît avec le temps. Pourtant, les femmes continuent leur routine quotidienne, l'air coupable. "C'est le "mais" dans leur phase qui trahit le fait qu'elles sont restes trop longtemps.La femme qui a subi une initiation incomplète et se trouve dans cette déprime pense à tort qu'elle sera mieux jugée sur le plan spirituel en restant qu'en partant.
Voici l'ultime instruction à nous toutes. C'est un vers de poème de Charles Simic et je connais plusieurs femmes écrivains qui l'ont placé au-dessus de leur bureau - l'une le porte même plié dans sa chaussure : "Celui qui ne sait pas hurler, jamais ne trouvera sa bande."
On ne peut dire du corps qu'il est censé être comme ci ou comme ça. Ce qui compte, c'est de savoir si ce corps éprouve du bonheur, de la joie, du plaisir, s'il est bien en contact direct avec le coeur, avec l'âme, avec le sauvage. S'il bouge et dans à sa façon. C'est cela et rien d'autre.
... comprendre que le corps n'est pas un poids qu'il nous faut traîner toute la vie, nu une bête de trait qui nous traîne à vie, mais une série de portes, de rêves, de poèmes grâce auxquels nous pourrons apprendre et connaître une infinité de choses. Dans la psyché sauvage, le corps est considéré comme un être propre, qui nous aime et nous fait confiance, à qui parfois nous servons de mère et qui parfois est une mère pour nous.
Dans le livre qu'il a écrit sur son père, par exemple. Martin Freud rapporte que la famille toute entière détestait et ridiculisait les gens corpulents. Les motivations de Freud sortent du cadre de cet ouvrage ; on ne peut toutefois pas s'empêcher de penser qu'une telle attitude pouvait difficilement contribuer à un point de vue équilibré sur le corps féminin.
Le corps se souvient, les os, les articulations, se souviennent et même le petit doigt. La mémoire habite les images et les sentiments au sein des cellules elles-mêmes. Comme une éponge saturée d'eau, partout où l'on presse, essore, ou même effleure simplement la chair, un souvenir peut en jaillir.
... la Femme Sauvage nous cherche aussi. Nous sommes ses petits.
Après avoir frôlé la mort, le petit canard ignore ce qu'il va advenir de lui et c'est là le moment le plus important de l'histoire : le printemps arrive, une vie nouvelle s'éveille, l'existence peut prendre un autre tour. Il faut tenir bon, envers et contre tout, pour votre vie créatrice et pour votre vraie vie, car telle est la promesse de la nature sauvage : après l'hiver vient toujours le printemps.
Que dire toutefois de la femme qui a vraiment vécu une expérience destructrice avec sa mère dans son enfance ? Il est bien sûr impossible d'effacer cette période, de l'adoucir, mais on peut y remédier un peu, la reconstruire solidement. Beaucoup sont effrayées, moins d'ailleurs à l'idée de reconstruire la mère intérieure, que devant le risque que soit mort à l'époque quelque chose d'essentiel, d'impossible à faire revivre, de jamais nourri, car sur le plan psychique, leur propre mère était elle-même morte. A celles-ci, je dis : "Tranquillisez-vous, vous n'êtes pas mortes, vous n'êtes pas mortellement blessée."
L'addiction est une Baba Yaga dérangée qui avale tous crus les petits enfants égarés et les laisse devant la porte du bourreau.
Quand la société définit étroitement les normes du succès ou de la perfection dans tous les domaines - l'apparence, la taille, la force, la forme, l'économie, la virilité, la féminité, les bons enfants, la bonne conduite, les croyances religieuses - il se profit dans la psyché de tous ses membres une intériorisation de ces critères, par introjection. Aussi existe-t-il généralement deux volets à la question de la femme sauvage en exil un volet intérieur et personne, et un volet extérieur et culturel.
Dans leur fantasme, certains parents ont un enfant parfait, reflet de leur conception de l'existence. La petite fille, si elle se révèle sauvage, peut alors malheureusement être soumise aux tentatives répétées de chirurgie psychique de ses parents, car ils tentent de la refaire et par là même de modifier ce que son âme exige d'elle. Son âme a beau exiger de voir, son environnement culturel requiert l'aveuglement. Son âme a beau exiger de pouvoir dire sa vérité, on fait pression sur elle pour qu'elle garde le silence.Ni l'âme de la petite fille, ni a psyché ne peuvent s'en accommoder. Si l'on fait pression pour qu'elle soit "adéquate" - quelle que soit la définition que l'autorité donne à ce terme -, l'enfant peut être conduite à s'enfuir, ou à se réfugier dans le monde souterrain, ou bien encore à se lancer dans une errance, à la recherche d'une terre nourricière, d'un lieu de paix.
Faire l'amour, c'est mêler le souffle et la chair, l'esprit et la matière ; l'un et l'autre s'ajustent.
... si nous prenons la vie comme nous respirons, inspir puis expir, les choses ne peuvent aller de travers.
Ce qu'une femme attend avant tout d'un homme, probablement, c'est de le voir affronter sa propre blessure, car alors sa larme naît spontanément et il sait désormais avec certitude à quoi il doit être fidèle, vis-à-vis de lui-même comme vis-à-vis de l'extérieur. Il cesse de se languir du Soir profond. Il devient soin propre guérisseur, sans attendre dorénavant que la femme joue pour lui le rôle d'un analgésique.
Aimer, cela veut dire rester avec. Cela veut dire émerger d'un monde de fantasmes pour entrer dans un univers où un amour durable est possible, face contre face, os contre os, un amour tout de dévotion. Aimer, c'est rester lorsque votre corps vous crie "fuis".
Il y a chez chaque femme et chaque homme une partie d'eux-mêmes qui se refuse à admettre que, dans toute histoire d'amour, la Mort doit prendre sa part. Nous prétendons pouvoir aimer sans que meurent nos illusions sur l'amour, nous prétendons pouvoir aller de l'avant sans que meurent nos attentes superficielles, nous prétendons pouvoir progresser sans que meurent jamais nos élans et nos impulsions. Mais en amour, psychologiquement parlant, tout vient à être séparé. Tout. Le moi ne veut pas en entendre parler? Pourtant, c'est ainsi que cela doit être et la personne qui fait preuve d'une nature profonde, sauvage, est indéniablement attirée vers cette tâche.
Le blanc est la promesse que les choses pourront recommencer car il y aura suffisamment de sève nourricière, que le vide sera comblé.
Le terme sorcière (witch), tout comme le terme sauvage, a fini par avoir une connotation péjorative, mais autrefois on appelait ainsi les guérisseuses jeunes et vieilles, le terme witch étant dérivé du terme wit, qui signifie sage.