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Citations de Claude Arnaud (139)


Nous ne sommes pas si nombreux à lire, la nuit venue : les maisons surchargées de passé nous renseignent bien mieux que beaucoup de chroniques écrites. Les plus curieux s'improvisent historiens ou généalogistes, collecteurs de contes ou de chants, moins souvent romanciers. Quel compositeur pourrait rivaliser avec les notes cristallines de le Restonica, les stridences sérielles des cigales ou les plaintes déchirantes des pains battus par le punente ? Ces rumeurs aurorales valent toutes les mélodies du monde, et la musique naît du désir de choses qui n'existent pas, disait Fauré. Aucun aquarelliste ne saurait s'émouvoir autant que les pins Laricio qui poussent à l'horizontale pour résister aux bourrasques, sur le col de Bavella. Aucun burin ne pourrait faire surgir des formes aussi expressives que l'évêque et le couple d'amoureux des Calanche, ou cette tête de chien sur le point d'aboyer, qu'une main géante semble avoir sculptés dans la roche. Cette profusion "culturelle" épargne à la Corse l'ennui qui menace parfois la province : on ne se lasse jamais d'observer ce sommet du Land art que le soleil ne cesse de redessiner en l'éclairant autrement - un readymade si changeant que chacun pourrait s'en croire l'un des coauteurs cachés ; l'œil cosigne à chaque seconde ce chef-d'œuvre qui n'aura demandé d'effort à personne. La nature est parfois plate, parfois talentueuse : elle a presque constamment du génie ici.
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Je vais pouvoir récréer notre fratrie non dans la mort, comme j'y avais pensé avant de découvrir Haïti, mais dans un livre. Pierre et Philippe méritent une sépulture plus belle que les gourbis qu'ils habitaient de leur vivant, plus accueillante que le marbre de l'hôpital d'où le premier s'est jeté, que la mer qui a englouti le second.
Euphorisé par mon retour à la vie , je remonte le cours de la leur dans la leur dans l'espoir de comprendre ce qui a cloché. Je libère leurs cadavres du sable dont je les avais recouverts, pour contrer les effets radioactifs de leur décès. (p. 145)
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La voix du narrateur de Swann, confirme Morand, était exactement celle de Proust. Lucien Daudet parle de son côté d'une "voix accessible, pas du tout "transposée" pour la littérature, voix qu'on pourrait interrompre pour lui demander le temps qu'il fait, à quoi le narrateur répondrait des choses magnifiques sur la température, qu'il incorporerait au fur et à mesure à sa pâte, sûr de la bonne fermentation."

Posthume, p. 198 (première note de bas de page)
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"Trouves-tu que je sois le même depuis cinq ans ? lui avait demandé Antoine Bibesco en le revoyant, à la fin de la guerre.
- Tu es moins.
- Moins quoi ?
- Moins, c'est tout."
Mille fois blessé dans ses attentes affectives, Proust est devenu le tueur le plus raffiné de la capitale.

Mortel, p. 159
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Pourquoi sa cathédrale de lumière vaut-elle à Proust toutes sortes de pèlerinages tandis que les pauvres Cocteaux continuent de courir de livre en film et de chapelle en ballet derrière la reconnaissance ? Ses hors-bord, ses avisos et ses vedettes ne forment-ils pas une flottille aussi imposante que la nef surchargée de Proust ?

Posthume, p. 208 - 209
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Les habitants maudits du Zucarello avaient vu leur village envahi par une nuée de fourmis rouges si féroces qu'ils avaient dû abandonner leurs maisons et leurs bergeries pour fuir vers Santa-Lucia -di Mercurio, Tralonca, Soveria et Corte, même, où ils refirent souche sous le nom générique de Zucarelli. Je suis, nous sommes les descendants de cette malédiction invérifiable, qui confère un halo de légende à ce bourg oublié, à jamais victime de l'occhio jeté par un prêtre agonisant.
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Le christianisme a toujours peiné à imposer à l'île sa conduite d'humilité et de pardon, en dix-sept siècles d'évangélisation.. Persiste çà et là ce code implicite de l'honneur qui demande réparation en cas d'offense - un héritage antique partouut ailleurs oublié, hormis dans quelques réduits méditerranéens. La vengeance continue d'y rivaliser avec la justice et la loi du Talion avec celle de l'Évangile, tout comme le "pour un œil les deux yeux" avec la mièvrerie du "tendre la joue gauche" : Perdona è di cristianu dimentica è d'un cuglione, dit le proverbe (Pardonner est d'un chrétien, oublier est d'un couillon).
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À force de mettre sa lorgnette au point, la Nouvelle Revue Française ne regarde jamais le spectacle. (p. 135)
Jean Cocteau
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Les mères abusives s'arrangent pour entraver à jamais leur garçon : Marcel Proust fut un fils abusif qui empêcha sa mère de cesser de le couver. Ce n'est pas elle qui le fit à son insu homosexuel, comme on l'imagine parfois ; c'est lui qui la modela à l'image de ces mères, dont elle n'était pas, qui trouvent profit à voir leur fils non marié.

L'éternel nourrisson, p. 16
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Combien y-a-t-il des gens-vraiment- vivants ? (...)

La fermeté de ses vues, la rigueur de ses arguments, me persuade qu'il avait conscience d'exister avant même l'apparition des autres dans sa vie. (p. 22-23)
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Il y a des écrivains que tout concerne et qui rêvent d’attraper l’essence du monde. Il en est d’autres qui n’ont qu’un objet, sous les masques de la fiction ou du document.
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Cocteau s'était cru le seul écrivain pouvoir comprendre sur le champ Picasso. Il découvre avec dépit que ce dernier a besoin de faire admirer son travail par des zélateurs renouvelés, en l'occurrence ses pires ennemis.
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L'aîné exploita tous les Marcel faillis ou déçus qu'il avait été, afin de nourrir les gisants de sa cathédrale, le cadet mit toute son énergie à fabriquer des petits Cocteaux, pour mieux les abandonner à leurs publics.

La seconde vie, p. 250 - 251
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Je rêve d'une source radieuse de vie et je retrouve un miroir fêlé renvoyant mes rayons.
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La Corse est un lieu très chargé, très puissant. Elle a une très forte personnalité et ma famille jouait et joue encore, mais de façon moindre, un rôle politique important.
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Cocteau était devenu l'homme qu'on aime haïr, la victime qui rend fort, le bouc émissaire apte, plus encore que Jacob ou Cendrars, eux aussi haïs après avoir été honorés, à resserrer les rangs. "Il n'y a pas d'école littéraire, dira-t-il un jour, il n'y a que des hôpitaux" ; c'est dire combien les blessures qu'il reçut laissèrent des traces.
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Si j’aime le premier, c’est qu’il me fait une place dans on œuvre, m’encourage à remplir les pointillés qu’il y a laissé. Si je redoute le second, c’est que son intelligence envahissante et sa sensibilité tentaculaire m’obligent à penser comme lui, le ramène à l’état de simple lecteur, me colonise de façon inquiétante.
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Comment regretter qu'il n'ait pas tenu alors un journal ? Au centre de tous les courants, porté par toutes les tendances, Cocteau n'en aurait pas eu le temps, lui qui va plus vite que son ombre.
"Il ne pouvait manquer le train puisqu'il courait devant la locomotive, dira Morand, avant d'ajouter : A la pointe de tout, du piquant des métaphores au bec de la plume, grâce à ses formules-flèches il s'installait dans l'aigu ; son menton interrogeant, son regard en tournevis, les doigts en vrille, il vivait "au bout de lui-même". Se reposer eut été s'émousser."
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En demandant à ses proches de se sacrifier à son œuvre, Picasso ne fait que leur appliquer ke traitement qu'il s'inflige.
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Van Gogh fut le martyr de la peinture moderne, Picasso en edt le César Borgia.
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