Mi-gelé dans son mauvais abri, Griboux ne pouvait se rappeler sans une grande émotion les repas pantagruéliques de sa jeunesse vagabonde : ce qu'il avait englouti de ragoûts de poulardes braisées, des huards poêlés, des moineaux cloutés, de hiboux pochés, des pigeonneaux en estouffade, des dindonneaux en chausson, des canetons aux navets, des oies en pantoufle, des pintades à la bohémienne, des alouettes en salmis, des grives à la bonne femme, des perdreaux en crapaudine, des grenouilles à la commère, des selles de chevreuil et des côtelettes de renne souvent agrémentées de toute la carcasse.
Un vieux hibou haut perché, aveugle durant le jour comme tous les hiboux, devinait le passage de maître Griboux, car la branche qu'encerclaient ses griffes vibrait doucement alors sous les rires étouffés de l'écureuil.
Il faisait vraiment pitié, le pauvre Griboux, avec ses yeux hébétés qui demandaient comme une aumône pourquoi on lui avait joué un si vilain tour.