Claude Collin

André, classe 41, cheminot:
Ce n'était pas un peuple, ni des gens que nous combattions mais un système. Aujourd'hui, je fraternise avec les Allemands, il m'arrive même d'en recevoir à la maison. Mais, en général, ils évitent de parler de cette époque et notamment de la Résistance. Pour eux, c'était du "terrorisme". Il faut se mettre à leur place. Ils se faisaient sauter sur le poil en plein bois par des gars armés de couteaux ou de matraques. Ce n'était pas la guerre comme ils l'entendaient, ce n'était pas une guerre "noble". Ils n'admettaient pas qu'on leur tire dans le dos, qu'on fasse sauter leurs trains. Je les comprends d'une certaine façon, mais nous aussi, nous avions nos raisons. Comment vouliez-vous qu'on fasse autrement ?

Jean, classe 42, cultivateur:
L'unité de service de la Luftwaffe a fini par partir. C'est alors que les autres ont débuté leurs exactions. Ils ont commencé par couper le téléphone, puis ont mis le feu à divers édifices. Ce n'était pas du tout l'opération classique de représailles après un attentat avec convocation du maire et rassemblement des hommes sur la place de la mairie. Non, c'était le déferlement de la haine et du fanatisme. Sentant la défaite venir, ils devenaient fous et faisaient n'importe quoi. Non, je ne pense pas que c'était une action de représaille. C'était de la barbarie à l'état pur.

Jean, classe 42, cultivateur:
Quelques jours plus tard, un autre Allemand est sorti du bois et s'est introduit dans le village. Il avait une arme sur lui, mais il ne s'est pas défendu. Il a été lapidé par les femmes, vous m'entendez, elles l'ont tué à coups de croc à pommes de terre et à coups de hache... C'était horrible, mais on n'y pouvait rien... Il aurait fallu que quelqu'un de sage, de raisonnable arrive.