Claude Donnay

Certaines personnes ont ce don de rendre crédible la moindre de leurs paroles. Sa voix grave, à l'accent chantant, ferait des merveilles à la radio... Cette femme aurait pu entrer en politique, ou prêcher une croisade, ou vendre des casseroles sur un marché...

Parfois la vie se refuse au bonheur simple. On se cherche des raisons pour s'éteindre, pour entrer dans une sorte de léthargie morose, on se déconstruit jour après jour, brique après brique, et finalement on s'écroule dans les bras d'un Jasper quelconque, juste par fatigue ou pour se donner encore l'illusion d'un départ...

Il écoute la voix des arbres quand le vent les traverse, douce mélopée, qui tient éveillé longtemps après le chant des cigales, les soirs d'été, dans son lit sous la fenêtre ouverte.

Alex - ou plutôt Pénélope - dit qu'un écrivain, c'est un humain qui ne peut survivre sans l'acte d'écrire, cette quête pour se dire et tenter de dire le monde... Je ne ressens rien de tel, juste un plaisir intense à me glisser dans la peau de mes personnages, comme on enfile un scaphandre pour évoluer dans le monde marin - un autre monde où on peut s'oublier...

Tout s'arrête sans avoir vraiment commencé. Leur histoire peut-elle porter la dénomination''histoire d'amour''? Il l'a cru au retour d'Auvergne, comme on croit au renouveau quand le printemps embourgeonne les arbres. Ou plutôt non, il ne l'a pas cru, il a voulu le croire, voulu un avenir main dans la main, en refusant de voir les écorchures de la réalité. Au fond de lui, il n'a jamais été sûr de l'amour d'Amelle. Était-il seulement sûr du sien ?

J’entends : trahison, grâce, complices, trahison, parler avant qu’il soit trop tard. J’entends la voix de l’Hermeton sur les galets au sortir de l’hiver. J’entends la voix de maman, qui accompagne le linge sur le fil entre la branche du vieux charme et le piquet de pin gris. J’entends et je regarde le bois brillant du bureau, le rectangle vert, l’encrier et le téléphone accroupi comme un gros chien placide. Et je m’attache aux mains croisées sur le rectangle vert, aux deux bagues en or avec des lettres entremêlées. Je regarde les doigts et je pense aux moineaux qui se battaient dans l’aubépine, leurs cris de colère et de joie. Je ne sais pas pourquoi je suis là. Je le dis. Je ne parlerai pas.

« Aujourd’hui le crépuscule a des teintes dorées. L’automne accroche aux arbres une lumière qui serre le cœur. Cela me rappelle les fins d’après-midi au bord de l’Hermeton, quand mes frères et moi rentrions de l’école. Parfois, notre mère cuisait des crêpes au saindoux. Les derniers rayons couraient sur les dalles noires du couloir, on entendait le poêle ronronner dans la cuisine. Je repousse ces doux souvenirs. »

La beauté d'une femme ne disparaît jamais, elle prend d'autres couleurs avec les années, comme si elle irradiait une lumière patinée par le temps, par les caresses des mains de la vie.

J'ignorais que l'amour est un mirage tant qu'il n'a pas subi l'épreuve du feu, l'épreuve du temps, son usure plus corrosive qu'un bain d'acide.

Les ombres ne nous quittent jamais, Anna, elles marchent à nos côtés et parfois se dressent devant nous avec leurs bouches muettes comme pour pour nous dissuader d’avancer.

Je le laisse parler, j’ai appris cela d’Ilya, toujours laisser parler l’autre, l’écouter, que sa parole puisse émerger, se déployer et trouver l’harmonie nécessaire pour toucher à l’essentiel, aux mots qui pèsent leur poids de vie. Ne pas couper le fil, sinon la parole rentrera dans sa coquille comme un escargot effarouché.

Pas facile de se découvrit gay, même dans une grande ville. Cette impression que tous les regards se croisent sur toi, l'ovni, l'extra-terrestre, le mutant... Lucia le savait. Depuis Bastian, elle avait commencé à se détendre. il émanait des deux garçons une énergie qui les rendait beaux et rendait beau tout ce qu'ils approchaient.

Elle pense qu'un bateau est une main qui flotte au bout d'un bras de mer. Elle pense que le sable garde l'image des corps et peut-être aussi des âmes.

Amelle aime le soleil quand il passe sa langue tiède sur sa peau, le soleil du matin, celui qui émerge de ses draps, impatient d'étreindre un corps, un arbre ou le bras clair d'une rivière.

Les promesses sont des abeilles qui s'envolent butiner les fleurs du Bon Dieu et les promesses de William jack ne rentrent jamais à la ruche. Elles butinent, butinent jusqu'à oublier même pourquoi elles butinent.

Faudrait peut-être, qui sait, peut-être
que la rumeur monte des braises
que la flamme coure
qu’on entende dire que le monde brûle
que les mots brûlent et
qu’il est grand temps de vivre
(…)

Très bon livre ... je l'ai apprécié de A à Z . Même mon mari qui n'apprécie pas de lire , l'a dévoré. Vivement lire le prochain.

Ce monde ne lui convenait pas et il sentait le besoin de le réinventer.

Vivre sans rien apporter à personne, c'est vivre au ralenti, le pied sur la pédale de frein, ce n'est pas vivre mais survivre.

J'aime l'odeur des livres qui ont été lus, c'est comme une sueur qui parfume les pages...