Claude Dufresne

C'est très pien, mes enfants... Mais ce n'est bas ça du dout ! Recommençons !

Le lendemain matin, le comique Léonce, qui avait joué si souvent dans les opérettes de Jacques, vient prendre de ses nouvelles chez le portier.
- M. Offenbach est mort cette nuit, tout doucement, sans s'en apercevoir, lui dit l'homme.
- Ah, dit Léonce, il sera bien étonné quand il s'en apercevra.

L'expression "tous pourris" pour désigner les parlementaires connaîtra un vif succès chez les Français moyens; mêlant dans un même opprobre les honnêtes hommes aux aventuriers sans scrupules, ils feront le procès du régime et, à travers lui, de la démocratie.

La lucidité... rien de plus menaçant pour un couple; elle déchire le voile de l'illusion, dissipe les mirages de la volupté et débouche sur ce qu'il y a de pire : la réalité...

Extrait :

Elle observe avec ironie les drames de la jalousieque vivent certains de ses amis. Il y a longtemps qu'elle s'est mise à l'abri de ce genre d'accident. Elle n'hésite pas à livrer en public sont point de vue sur la question :
"Il ne faut jamais faire l'aveu tardif des fautes qu'on a commises. L'aveu tardif empoisonne l'existence la vie durant. Il faut dire la vérité au commencement ou bien la taire définitivement."
"Et si l'on est pris sur le fait ? " questionne un de ses interlocuteurs, auquel elle adresse cette recommandation : "Même pris sur le fait ! La jalousie rend les hommes stupides et les femmes cruelles. Si vous êtes jaloux, faites comme si vous ne l'étiez pas et si vous ne l'êtes pas, feignez de l'être un peu."

Lorsqu'elle entre dans la salle de rédaction de la Revue des Deux Mondes, le cigare aux lèvres, le haut-de-forme planté sur la tête, la taille serrée dans sa redingote bleue, ceux qui la contemplent dans cette tenue dissimulent avec peine un sourire entendu. Pour la plupart de ses confères, comme de ses relations, si elle a choisi de s'habiller en homme, c'est afin de susciter la curiosité autour d'elle. N'est-ce pas là le meilleur moyen de se faire connaître? Quand la baronne Aurore Dudevant, née Dupin de Francueil, signe ses ouvrages du pseudonyme masculin George Sand, elle sème derrière elle un parfum de scandale, elle bouscule le conformisme bourgeois de son époque et éveille la curiosité.

Contemplons la galerie de ses ancêtres ! On y rencontre des rois, des filles galantes, des aristocrates, des comédiennes, des militaires, des bourgeois qui s'aiment, se quittent, se combattent, se confondent dans un enchevêtrement de péripéties continues. Le plus étonnant, c'est qu'au sein de ce microcosme, on découvre une certaine unité : les enfants mâles reçoivent le prénom de Maurice et les filles celui d'Aurore.

Extrait :

Mademoiselle de Scudéry, avec le sens de l'observation qui a fait le succès de ses livres, insiste sur ce pouvoir que Ninon possède de charmer tous ceux qu'elle rencontre : "Pour l'esprit, elle en a d'une certaine manière dont il y a peu de personnes qui en soient capables car elle l'a enjoué, divertissant et commode pour toutes sortes de gens, principalement pour des gens du monde. Elle parle volontiers, elle rit aisément, elle se fait un grand plaisir d'une bagatelle, elle aime à faire une innocente guerre à ses amis...Elle est enfin si aimable qu'elle est aimée des plus honnêtes gens de la Cour, de l'un ou l'autre sexe, mais de gens qui ne lui ressemblent ni en condition, ni en honneur, ni en esprit, ni en intérêt."

Ce vernis, précisement, elle a su l'acquérir et, en attendant d'y être parvenue, elle a sur éviter les gaffes et garder le silence lorsque s'engageait devant elle une discussion dont son manque de connaissance lui interdisait l'accès.

Ce qui est vrai, c'est qu'il a l'imagination tellement bridée, que je crois qu'il n'en reviendra pas sitôt.
Lettres (1646-1696), 8 avril 1671