Minuit approchait, c'était l'heure du cancan. La foule reflua au centre de la salle. A l'appel des cuivres, un tourbillon de gambilleuses escortées de leurs cavaliers bondit sur le plancher qui se mit à trembler tandis que se déchaînait une folie de jupons et de bas noirs. Quatre meneuses - la Goulue, Nini Patte-en-l'air, Grille d'Egout et Rayon d'Or - se désarticulaient en une succession de figures compliquées - port d'arme, guitare, salut militaire, croisement, jambe derrière la tête. Fifi Bas-Rhin soulevait l'avalanche crémeuse de ses jupons pour dévoiler ses mollets galbés en un déhanchement frénétique. Elle s'élança et retomba dans un grand écart, déployant sur cinq mètres sa jupe de satin noir.
"... Vous n'êtes pas sans savoir que depuis le 28 avril on a instauré une taxe sur les vélocipèdes.
Il lut :
- Dix francs par appareil, plus cinq centimes par franc, la cotisation y compris ces cinq centimes est augmentée de trois centimes par franc pour frais de perception. [...] Qu'en pense le sportsman que vous êtes ?
- Qu'on devrait instituer un impôt sur les pieds. A raison d'un sou par orteil, calculez le pactole qui inonderait le ministère des Finances."
Près du char du cinéma caracolait sur son pur-sang l'actrice Musidora, de son vrai nom Jeanne Roques, héroïne de films de vampires d'avant-guerre, Judex, Les Vampires, réalisés par Louis Feuillade. Les cheveux longs, gantée jusqu'aux coudes, celle qui venait d'être élue reine dus septième art portait un justaucorps à col de dentelle. Ses bottes cuissardes révélaient la nudité de sa peau claire, qui contrastait avec le pelage sombre de sa jument.
Le cancan, centré sur la robe et les jupons soulevés à deux mains, et le chahut, qui met en valeur les jambes gainées de noir et révèle souvent les cuisses, sont un appel aux mâles, voyeurs passifs venus admirer les dessous dont ils rêvaient.
"Vous voyez Joseph, la lecture mène à la liberté."
LE FIGARO, 13 MAI 1889 (page 4)
MORT SINGULIERE D'UN CHIFFONNIER
"Un biffin de la rue de la Parcheminerie est décédé d'une piqûre d'abeille. L'accident s'est produit hier matin à la gare des Batignolles lors de l'arrivée à Paris de la troupe de Buffalo Bill. Les personnes présentes sur les lieux ont vainement tenté de ranimer la victime. L'enquête a révélé qu'il s'agirait de Jean Méring, quarante-deux ans, ancien communard déporté en Nouvelle-Calédonie, revenu à Paris après l'amnistie de 1880."
S'il est un lieu où le tout-puissant veille sur nous, c'est bien un cimetière !
LE FIGARO, 13 MAI 1889 (page4)
"Un biffin de la rue de la Parcheminerie est décédé d'une piqûre d'abeille. L'accident s'est produit hier matin à la gare des Batignolles lors de l'arrivée à Paris de la troupe de Buffalo Bill. Les personnes présentes sur les lieux ont vainement tenté de ranimer la victime. L'enquête a révélé qu'il s'agirait de Jean Méring, quarante-deux ans, ancien communard déporté en Nouvelle-Calédonie, revenu à Paris après l'amnistie de 1880."
Les papiers! La plus grande invention humaine depuis la roue! C'est curieux, on vient au monde, on respire, on rêve, on aime, mais si l'on est dépourvu de papiers on est incomplet, puisque sur cette terre l'homme se compose de trois parties : le corps, l'âme et le passeport!
La vengeance, c’est pire qu’une brûlure qu’on ne peut soulager. Andrésy m’a quitté, hagard, avec dans les yeux une expression pareille à celle d’un animal qu’on mène à l’abattoir.