Les sagas ne parlent pas d'un usage que nous a révélé l'archéologie : dès le IIIe siècle de notre ère, au Danemark, dans l'île de Gotland (Suède) et en Allemagne du Sud des pièces de monnaie sont déposées dans la bouche des morts. À Hassleben (Thuringe) par exemple, un squelette avait dans la bouche un aureus de Gallien (253-268). On a cru tout d'abord qu'il s'agissait d'un emprunt à la Rome antique ; la pièce aurait servi à payer Charon, le nocher des enfers. L'hypothèse s'est révélée erronée et le droit germanique ancien apporte la réponse : il s'agit de la représentation symbolique de la part du mort. Le trépassé a le droit de conserver un tiers de ses richesses, ce qui, à l'origine, doit lui permettre de mener une vie décente outre-tombe. Le sens s'en perd au Moyen Âge où les lois font de nombreuses allusions à cette part, mais le souvenir s'en est bien conservé dans les traditions populaires.
Ici, on dit : "Il faut mettre de l'argent dans la bouche des morts afin qu'ils ne reviennent pas s'ils ont caché un trésor" ; et là on affirme : "Celui qui enterre son argent devra revenir tant qu'on ne l'aura pas trouvé." Tout un ensemble de contes et de légendes s'est développé à partir de ces notions, et plus d'une fois les spectres revêtent la fonction de gardien des trésors enfouis. (...) P45.
L'histoire du loup-garou relève du mythe si nous définissons le terme comme "discours", selon son acceptation grecque. Mais que nous dit le mythe, que nous rapporte-t-il ? Il exprime la crainte que la composante animale propre à chaque homme l'emporte sur son humanité et transforme ainsi une créature en ennemie de la société.
(Introduction, Procès, p.30)
[à propos des poltergeists] Pour Luther, il s'agit là d'une illusion diabolique que l'on peut dissiper par la prière !
Si nous considérons les apparitions des défunts, nous constatons qu'il en existe plusieurs catégories. Ceux qui sont visibles et ectoplasmiques - les fantômes - ; ceux qui rien ne distingue vraiment des vivants - les revenants proprement dit - ; ceux qu'on ne voit pas mais entend - une certaine catégorie de poltergeists. Les premiers se manifestent surtout en rêve ou, s'ils hantent un lieu, n'ont cure des gens qui y vivent et vaquent à leurs occupations, toujours les mêmes. Les seconds forment une famille très diversifiée et dont on peut avancer une typologie en s'appuyant sur les mode d'action.
Ajoutons un détail qui a fait coulé beaucoup d'encre du XVIIIe siècle et que les rapports officiels évoquent à demi mot pour des raisons qui se comprennent : s'il s'agit du corps d'un homme vampire, son pénis est en érection, un détail que les romanciers n'ont jamais osé reprendre pour des raisons de bienséance.
Voilà avec précision, chose par chose, ce que je témoigne avec toute certitude. A d'autres peut-être plus tard à expliquer la clef du mystère ?
Encore moins familière au grand public que la mythologie celtique qui bénéficie depuis de longues années d'un intérêt enviable, la mythologie germanique reste, en France, un domaine peu connu que l'on juge essentiellement à travers la Tétralogie wagnérienne, ce qui lui a fait plus de mal que de bien.
En outre, récupérée par les pan-germanisme et l'idéologie nazie, elle a mauvaise réputation, soupçonnée qu'elle est de véhiculer des idées pernicieuses. Heureusement, il n'en est rien, et le mésusage qui en a été fait reposait sur une interprétation fallacieuse de ses données, sur le mythe moderne du Germain blond et aryen.
Pour dénaturer les croyances dont il vient d'être question, l’Église possédait en quelque sorte une matrice dans la tradition elle-même. Le processus de diabolisation ne surgit pas ex nihilo mais est facilité par des croyances qui existent déjà bien avant le christianisme. Il existe une autre troupe dangereuse et noctambule, celle des démons qui, à la tombée de la nuit au chant du coq, ont toute liberté de se livrer à leurs activités.
Lorsqu'un homme laisse à sa mort un excellent souvenir, lorsque sa vie fut bénéfique à la communauté, il jouit, peu de temps après sa disparition, d'un statue particulier : les païens en font un dieu ou un génie, les chrétiens, un saint, la réaction est la même !
Il faut donc vivre sa vie jusqu'au bout, accomplir sa destinée, respecter le temps alloué par les dieux, sinon l'au-délà nous refuse, et il n'y a pas de "trépas", au sens étymologique du terme, c'est-à-dire de passage de l'autre côté.