Citations de Claude Marthaler (162)
La vie ne trouve-t-elle pas précisément son accomplissement dans la simplicité, la gratuité et la lenteur, dans ce qui ne compte pas?
Voyager, c'est aussi visiter les amis qu'on ne savait pas avoir.
Durant tous mes voyages, les gens ont été mon carburant. L'amour qu'ils m'ont donné est le plus beau cadeau que j'aie reçu dans ma vie.
A l'autre bout de la planète, parfois sans y croire, les hommes rêvent aussi d'un autre monde, un ailleurs sans guerre, avec des magasins achalandés, des routes et des véhicules motorisés...
Voyager à vélo permet de percevoir intimement les terres traversées, d'absorber les petits riens et d'accueillir des confidences sans contrainte ni effraction. De ressentir à pleins poumons les soubresauts du monde, son temps fragile, pour tenter de comprendre la réalité avec instinct et sans complaisance. Je ne connais pas plus honnête qu'une bicyclette pour découvrir un territoire, sillonner cette île entre les lignes de ses paumes ouvertes. Cœur, tête, chance, vie, destin, tout est inscrit dans ses contours et son relief. Luttant contre le vent de face, Cuba se déploie, insaisissable et morcelée. A chaque coup de pédale monte de la terre le chant de mes roues. Je crayonne l'asphalte, remonte le cours de l'histoire, réinvente le monde.
J'étais venu pour m'épurer, me frotter aux formes simples, me couler dans la matrice originelle de la terre.
En Orient, on dit que la première gorgée de thé suscite la joie, la deuxième le bonheur, la troisième la sérénité, la quatrième la folie, la cinquième l'extase.
Extrait par 198 :
« Je salue la résilience des Cubains qui ont l’attachante capacité de s’endurcir sans jamais se départir de tendresse et d’humour. »
"Le charbon est acheminé en cargo vers la Chine qui nous vend ensuite des produits issus de sa sidérurgie. Pas moyen de la concurrencer , hélas ! Avec le bas coût de leur main-d'œuvre et l absence de syndicat chez eux." Revoilà la sinistre emprise du colosse chinois, si menaçant que même si il venait à s'essouffler, son affaiblissement entrainerait l'ensemble de l'économie planétaire.
Aller vers l'inconnu pour revenir vers le connu. Plus heureux qu'un homme qui part? Un homme qui revient.
Avec une superficie de 10950 kilomètres carrés, le parc national Wakhan recouvre l'entièreté du district au nom éponyme. Il est 25% plus grand que le Yellowstone! Il abriterait également cent cinquante à deux cents Panthera uncia, léopards des neiges. Cet incroyable animal, si secret, prince de la verticalité, dont l'impressionnante queue (la moitié de son corps de 1.80 mètre consiste en une grosse tige d'équilibrage) lui permet un bond de plus de 9 mètres! Sa peau est d'un blanc fumé avec des rosettes de cendre. Ses yeux, tranchés par des pupilles félines verticales, ont la couleur du givre.
Avant le voyage, tout est important, mais on n'est jamais prêt qu'une fois parti.
La difficulté m'écime, comme pour m'accorder plus de vigueur et affiner ma perception.
La ligne de crête de l'Hindou Kouch, à laquelle s'accrochent quelques sentes, reçoit déjà les premières lueurs du jour. Le ciel s'est pourtant gonflé de nuages. Quelques îles improbables et bancs de sable flottent sur le Panj. Une violente tempête de sable a traversé la nuit et recouvert le paysage d'une fine couche ocre.
Je tente de me fondre à l'immensité pour créer le cosmos à partir du chaos.
Le col est au cycliste ce que le sommet est à l'alpiniste, mais pour l'un, la descente sera légèreté, tandis que pour l'autre, elle pourra se révéler danger...
Je m'engouffre dans une série de canyons bordés de roches bistre où le végétal le dispute au minéral. Des genévriers alligators, mais aussi des arbres gigantesques et inconnus dont le ramage semble soutenir la voûte céleste avec grâce.
Qu'il pleuve et le paysage de sapins se noircit; qu'un jet de lumière arrose un pan de forêt et le paysage tout entier resplendit.
En l'absence d'un apprentissage aisé de la langue, qui plus est tonale, j'ai toujours considéré la Chine comme le pays le plus incompréhensible à un Occidental. Me condamnant perpétuellement à un statut de voyageur étranger, elle me renvoie plus qu'ailleurs le sentiment d'une oisiveté coupable, d'une déréalisation et d'une solitude profonde.
Derrière moi, le brouillard noie un océan de montagnes, le Paw-i-Mur, "les jambes du soleil" en ancien persan.