Le Salon dans tes oreilles - S1E66 - Confidences, avec Claude Meunier
Confidences de l'acteur, dramaturge, humoriste et réalisateur québécois Claude Meunier, qui publie cet automne une suite au fameux Journal d'un Ti-Mé, paru il y a vingt ans déjà.
Avec:
Claude Meunier, Auteurrice
Elsa Pépin, Animateurrice
Livres:
Réflexions mentales : 2e journal d'un Ti-MéJournal d'un Ti-Mé
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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Silence. Bernard fait partir son sécateur et coupe le contact rapidement.
GEORGES
Ouan... ça doit faire un bout de temps qu'on s'est vu.
BERNARD
Mets-en... qu'est-ce t'as faitte de bon ?
GEORGES
J't'allé chez Canadian Tire.
BERNARD
T'es pas sérieux ?
GEORGES
J'te l'dis.
BERNARD
Eh ben !
GEORGES
T'aurais dû voir ça toi ! I' t'ont reçu un de ces clous à ciment, mon homme, ça fait peur...
BERNARD
Eh ben cout' donc !
GEORGES
Non mais, on fait ben des farces, mais j'te dis que l'ciment de plus en plus, hein.
BERNARD
Qu'est-ce tu veux, mon vieux, le ciment c't'une science comme un autre. À force de chercher i' peuvent pas faire autrement que d'trouver. C'est comme le cancer, c'est rendu qu'i' peuvent opérer des rats avec, pis ça va être notre tour ben vite.
GEORGES
Y'a pas d'erreur. (Temps.)
BERNARD
(Temps.) Bon !
Bernard regarde sa haie comme s'il avait le goût de continuer à la couper. Il remarque quelque chose d'anormal dans sa haie. Il plonge la main dedans et en ressort un frisbee. Il le montre à Georges.
BERNARD, se pompant graduellement
Eh soda ! As-tu vu ça ? Ça vaut la peine de s'forcer dans la vie, hein ?! Tu travailles comme un bulldozer pendant quinze ans dans ta haie, tu t'revires de bord deux minutes pis y a un maudit « marirouana » qui vient faire son voyage dedans. I' ferait-tu ça dans son salon, tu penses ?!
GEORGES, voulant appuyer Bernard
Me semble, oui !
BERNARD
Ce monde-là, ça mériterait d'être pendu par les intestins.
GEORGES
T'es trop bon Bernard m'as te l'dire moi, t'es trop bon !
Bernard prend son sécateur à main et coupe des têtes d’arbustes pour se défouler.
BERNARD
Si y'a pas moyen de couper sa haie sans avoir du fun, j'me demande ben ousse qu'i' est le plaisir dans' vie.
BERNARD - (à junior) Non. Ça, c'te haie-là, mon p'tit gars, c'est ma haie à moi. Je l'ai plantée avec mes mains à moi ; je l'ai mise au monde, je l'ai quasiment allaitée, comprends-tu? T'as-tu déjà allaité ça, une haie, toi?
Bernard est dans son parterre. Il coupe sa haie avec un sécateur électrique. Il essaie de la couper droite mais semble avoir de la difficulté.
BERNARD, se choquant
Woyons baptême ! (il donne une claque à sa haie). As-tu fini d'être croche toé ?
Il repart son sécateur mais celui-ci ne semble pas vouloir repartir. Il le secoue énergiquement.
BERNARD
Hey toé, s'il vous plaît là, niaise-moi pas ; j'en ai jeté d'autres avant toé.
Le sécateur fonctionne à nouveau. Bernard s'accroupit à nouveau pour tailler sa haie.
BERNARD, parlant à sa haie
Bouge pas là, bouge pas...
Georges arrive, un sac de Canadian Tire à la main.
GEORGES
Salut le grand !...
Bernard, sans arrêter son sécateur, salue Georges
BERNARD
Ah ben quen ! qu'est-ce tu fais ici ?
GEORGES
Pas grand-chose. (Temps.) T'es-tu après couper ta haie ?
Bernard arrête son sécateur.
BERNARD
Pas vraiment non. J'a taille un peu. A commençait à avoir l'air pouilleux. J'm'arrange pour qu'a l'aille l'air du monde c't'été, t'sais.
GEORGES
C'est de l'ouvrage pareil.
BERNARD
Est-tu fou toé ? J'fais ça pour me détendre. L'herbe ça m'relaxe.
GEORGES
Ouan, a fait sa haie !
BERNARD
Bah, t'sais, c't'une haie. Mais eh... j'm'en sert de plus en plus comme clôture.
GEORGES
J'te comprends ! (Temps.) Pis ?...
BERNARD
Ah eh...
GEORGES
Parle-moi d'ça ! La petite famille va bien ?
BERNARD
J'te remercie.. toi-même ?
GEORGES
Definitivement. (Temps.) Eh monsieur !
BERNARD
Ah ça (Temps.) Me semble t'as maigri, toé.
GEORGES
Es-tu fou ? J'ai engraissé de trois livres.
BERNARD
Me semblait aussi
Bernard. Hé! monsieur! As-tu vu ça moman? Ç'a l'air qu'y ont tué la "Marraine" de Miami.
Jeanine. La marraine de qui?
Bernard. La femme du "Parrain". C'est écoerant, a même reçu deux balles dans sa sacoche.
Jeanine. Pauvre elle. Y l'ont pas manquée...
Bernard. Ça, c't'à part des treize balles qui y ont tirées dans' tête... Sont pas chanceux en plus, c'est même pas elle qu'y visaient.
Jeanine. Êtait-tu jolie?
Bernard. Ben là, de même, c'est dur à voir. Ça fait jamais bien à personne treize balle dans' tête.
Jeanine. A va s'en rappeler, en tout cas...
"Poètes et boxeurs partagent depuis toujours le même sort éphémère, quand un seul coup sépare le travail quotidien sombre et épuisant, dans la salle de boxe ou dans l'atelier, de la gloire et de la lumière, de la reconnaissance par les pairs. un coup, un vers et tout peut basculer (...)
p.62
PROPOS D'OREILLERS
- Te rappelles-tu, Ti-Mé, la première fois qu'on... qu'on l'a fait ?
- Mets-en que je m'en souviens. Un gars oublies pas ça... Jamais sué de même de toute ma vie.
- Ben oui, mais t'étais ben trop excité aussi...
- Ben y a de quoi ! Excitant installer ses pneus d'hiver tout seul...
- Pas de ça que je te parle, innocent ! Je te parle de la première fois qu'on a fait le... l'acte... la chose, là, l'amour...
- Ah ça aussi je m'en souviens !!!... me semble en tout cas. T'es sûre que j'étais là ???
- Ben là, franchement !!! C'était qui d'abord le gars dans mon lit le soir de nos noces ?
- Oh boy ! Méchante bonne question... Je me rappelle le speech du curé, le toast au Baby Duc, la facture pour les smoked-meats, mais la nuit de noces... bizarre, j'ai comme un blanc... Souvent, les beaux souvenirs, j'aime mieux les oublier, sinon ma vie a l'air trop ordinaire après.
- Hé Seigneur... Des fois, je me demande comment on a fait pour faire quatre enfants...
- Quatre ? T'es sûre ?
- Coudonc, toi ! As-tu un flat dans la tête ???
- Pas de ma faute, Moman. En dehors de toi, y a rien qui existe...
- Justement ! Qui tu penses les a mis au monde, ces enfants-là ?
- Euh... Boulanger ! Le docteur Boulanger... Non... Bélanger ?... Béranger ? Voyons... Déranger ?
- C'est ça, oui : le docteur Dérangé !
- Me semblait aussi... Tu vois, je suis pas si pire... Voyons ! Où tu t'en vas, Maman ??
- Je m'en vas installer nos pneus d'été, fatigant !
- Ah ! Passerais-tu la balayeuse dans le muffler en même temps ?
Jack, lui était un bad nigger (...) "l'usage de bad par les Noirs américains pour marquer leur admiration vient de là , de ces grands Noirs qui refusaient le nouvel ordre blanc. pp.23,24
Caro - À deux jours, elle est entrée dans sa "phase du non" et ne l'a jamais quittée par la suite. Elle a bien traversé certaines phases du "peut-être" à l'occasion, mais ce n'étais que pour mieux rebondir dans la du "étouffe-toi" par la suite.
Ta mère, c’est une femme, dans un sens.
Bégayeurs et empêtrés, les boxeurs sont aussi de mauvais rêveurs.