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Citation de Henri-l-oiseleur


Le "Comandante"
... tandis que je lui expliquais de quoi il s'agissait, épiant à la dérobée (debout il me dépassait presque de la tête) à la lueur des rares réverbères et à demi caché par l'ombre de ce chapeau à bord roulé comme en portaient à l'époque les diplomates le visage entrevu dans la salle de restaurant et qui était quelque chose comme le contraire de ce à quoi je m'étais attendu, c'est-à-dire, avec des traits réguliers à peine empâtés par la cinquantaine, ses poches sous les yeux (ces yeux dont, par la suite, je devais connaître la permanente humidité, comme un larmoiement continu qui atténuait leur dureté de métal), sa couperose et ses bajoues naissantes, quelque chose qui faisait plutôt penser à celui d'un Irlandais que d'un Italien, composant, avec les vêtements de bonne coupe, le pantalon au pli impeccable, les souliers impeccablement cirés, les ongles manucurés et la chevalière d'or (là-dessus il ne pouvait y avoir aucun doute ; ce n'était pas du simili) un ensemble dont émanait une impression à la fois de faste, de violence et d'incurable désolation, comme on peut en voir à ces riches et oisifs voyageurs qui traînent dans les halls des hôtels de luxe, entourés de cette aura de respectabilité gourmée, neurasthénique et hautaine d'anciens élèves d'Eton ou de Cambridge conservant de leur éducation une raideur puritaine en même temps que cette bestialité qui trouve son échappatoire dans la boue des terrains de sport - ou plutôt de pugilats.
p. 46
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