
[ les sciences expérimentales et la théologie ]
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On ne peut pas non plus prétendre expliquer la genèse des nouveautés dans l'histoire de l'Univers et de la Nature en faisant appel au néant, en prétendant que la nouveauté d'être sort ou surgit du néant absolu. Cela est impensable car le néant est stérile, il ne produit rien du tout, car il n'est rien.
Il faut donc bien reconnaître, objectivement, et que cela plaise ou non, que l'Univers dans son histoire est un système qui reçoit de l'information, et de l'information nouvelle, constamment. Il est donc bien comparable à une symphonie en train d'être composée, depuis quelque dix-huit milliards d'années, symphonie dont nous n'avons aucune raison de penser qu'elle soit achevée, symphonie composée ou constituée non pas de compositions musicales mais de compositions physiques, chimiques, biochimiques, biologiques, finalement composée s'êtres qui sont ses substances, des psychismes et bientôt des personnes.
Nous avons donc vu que l'astrophysique en tant que telle ne se prononce ni par oui ni par non sur la question de savoir si l'Univers est créé ou s'il est incréé, s'il est l'Être absolu et suffisant ou s'il ne l'est pas, parce que ce n'est pas son domaine, ce n'est pas son objet.
En tant que telle elle ne peut donc pas entrer en conflit avec le monothéisme hébreu, juif et chrétien, qui affirme lui, que l'Univers n'est pas l'Être absolu mais qu'il est dépendant, c'est à dire créé.
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[ l'histoire de l'univers et le sens de la création ]
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Par conséquent, pour savoir ce qu'il en est de l'avenir de la création et à plus forte raison de la finalité ultime de la création, il faut s'adresser au Créateur unique et incréé. Lui seul sait ce qu'il a l'intention de faire, ce qu'il veut faire, lui seul connaît son propre dessein.
Sur ce point, le grand docteur dominicain Thomas d'Aquin et le grand docteur franciscain Jean Duns Scot sont d'accord. La théologie qui est fondée sur la révélation nous fait connaître l'avenir et la finalité de la création que l'analyse philosophique ne pouvait découvrir.
Le prophète Amos, VIII° siècle avant notre ère, dit précisément ceci :
" Le Seigneur YHWH ne fait rien sans avoir communiqué ou révélé son secret dessein à ses serviteurs les prophètes " ( Amos 3, 7 ).
Le prophétisme hébreu, c'est la communication à l'humanité de la connaissance, de la science, de l'intelligence du secret dessein de Dieu en ce qui concerne la création et l'Homme qui vient d'apparaître.
Il n'est pas question d'admettre ou de recevoir les yeux fermés, par un acte de foi, comme on dit aujourd'hui en France, le fait de la révélation. Il faut au contraire s'enquérir avec soin, faire une analyse critique, pour examiner s'il est bien vrai que dans cette zone germinale de l'histoire de l'humanité, Dieu le créateur incréé a communiqué ses secrets desseins.
Ce n'est pas moi qui le dis. C'est le pape IX dans une lettre encyclique qui date du 9 novembre 1846 :
" La raison humaine, afin que dans une affaire d'une telle importance elle ne soit pas trompée et afin qu'elle ne soit pas errante, - il importe qu'elle fasse une enquête soigneuse pour établir le fait de la révélation divine, divinae revelationis factum, afin qu'il soit certain à ses yeux - à elle, la raison humaine, - que c'est bien Dieu qui a parlé "
Et le grand cardinal Deschamps, en 1869, un an avant le premier concile du Vatican dont il a été l'un des rédacteurs, le cardinal Dechamps développait la même thèse :
" C'est la raison ( . . . ) qui appelle la révélation, et c'est à la raison que la révélation s'adresse. C'est à la raison que Dieu parle, c'est à la raison qu'il demande la foi, et il ne la lui demande qu'après lui avoir fait voir que c'est bien lui qui parle. La raison qui demande le témoignage de Dieu sur les réalités de la vie future, n'adhère donc à ce témoignage avec la certitude surnaturelle de la foi, qu'après avoir vu de ses propres yeux, c'est à dire vérifié par sa propre lumière et avec la certitude naturelle qui lui est propre, le fait divin de la révélation. "
L'avenir de la création et à plus forte raison la finalité de la création sera connue si et dans la mesure où Dieu, le créateur incréé et unique, voudra bien nous en dire quelque chose. Il faut donc établir le fait de la révélation pour savoir s'il est vrai que le créateur incréé, à l'intérieur de cette zone de l'histoire humaine qui est le peuple hébreu, a communiqué le secret de ses desseins.
L’annonce prophétique de la passion inévitable promise au Christ se trouvait donc dans l’existence même des prophètes, avant d’être exprimée par leur bouche.
C’est l’existence des nabis qui est prophétique, ce qu’exprime leur parole.
« Dieu avait annoncé par la bouche de tous ses prophètes que son Christ devait souffrir. » (Act.3, 18 ; cf. 17, 3 ; 26, 23 ; Luc 24, 46)
Il faut prendre garde soigneusement que, dans la Bible, "la chair" ne signifie pas une partie du "composé humain", comme dans l'anthropologie dualiste, où l'on distingue le corps et l'âme. La notion biblique de chair n'équivaut pas à la notion occidentale de "corps". La chair, dans la pensée biblique, c'est l'humanité, l'homme tout entier, le règne animal ou le monde humain vivants, animés, conscients.
p. 55
L’entrée dans l’économie de la vie, est une question d’être. Il ne suffit donc pas d’invoquer le rabbi, ni même d’enseigner sa doctrine. Il faut être ontologiquement transformé, en sa pensée, son être et son agir. (page 190)
« Je vous rappelle, frères, l’Heureuse Nouvelle que je vous ai annoncée, que vous avez reçue, en laquelle vous êtes fermement fondés, par laquelle vous êtes sauvés, si vous tenez, sinon vous auriez cru en vain.
Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’ai moi-même reçu, que le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures.
Il est apparu à Céphas, ensuite aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants aujourd’hui, et quelques-uns sont morts. Ensuite il est apparu à Jacques, ensuite à tous les Apôtres. En tout dernier lieu, comme à l’avorton, il m’est aussi apparu à moi. » (I Cor. 15.)
(page 32)

Viennent vers lui les Sadducéens, eux qui disent qu'il n'y a pas de résurrection. Et ils l'interrogent en disant : Rabbi, Moïse a écrit pour nous que, si le frère de quelqu'un meurt, et laisse une femme sans enfant, que le frère de celui qui est mort prenne la femme et qu'il suscite une descendance à son frère. Il y avait sept frères. Le premier prit une femme, et il mourut et il ne laissa pas de descendance. Le second la prit, et il mourut, sans laisser de descendance. Et le troisième de même. Et les sept ne laissèrent pas de descendance. Finalement, la femme aussi mourut. A la résurrection, de qui parmi eux sera-t-elle la femme? Car les sept l'ont eue pour femme.
" Ieschoua leur dit : N'est-ce pas à cause de cela, que vous vous trompez, parce que vous ne connaissez pas les Écritures ni la puissance de Dieu? Car lorsqu'ils ressuscitent d'entre les morts, ils n'épousent pas et elles ne sont pas épousées, mais ils sont comme les anges dans les cieux.
" Au sujet des morts, qu'ils se lèvent (qu'ils ressuscitent), n'avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, à l'endroit du buisson, comment Dieu lui a parlé, en disant : Moi, le Dieu d'Abraham et le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob ? Il n'est pas Dieu des morts mais des vivants. Vous vous trompez beaucoup. "
Ce texte contient deux enseignements. D'abord le rabbi Ieschoua enseigne qu'à la résurrection il n'y aura plus de procréation. Nous entrons dans une économie nouvelle, et Ieschoua écarte des représentations calquées sur l'existence présente. Le problème soulevé par les Sadducéens, pour ridiculiser la doctrine pharisienne de la résurrection, ne se pose donc pas. — D'autre part, Ieschoua rappelle que le Dieu d'Israël est le Dieu des vivants, et non des morts, ce qui signifie qu'Abraham, Isaac, Jacob, et plus généralement tous les justes, sont actuellement vivants. Dieu ne traîne pas derrière lui, si l'on ose dire, un peuple de morts, de gens qui ont vécu mais n'existent plus sinon dans le souvenir de leur descendance. Il est le Dieu d'hommes qu'il a créés, vivifiés, sanctifiés, et qui sont actuellement et pour toujours vivants.
Non seulement l’existence pure et simple de l’univers fait problème, mais aussi le fait qu’il soit structuré de telle et telle manière. La structure de l’univers, la structure de la matière, l’organisation de la matière vivante, l’évolution de l’univers et de la matière dans tel et tel sens, tout cela fait question pour l’intelligence humaine. Il ne suffit pas de décrire la structure de l’univers, la structure de la matière, la structure du vivant, l’évolution de la matière et de la vie. Cela est nécessaire, premier, mais non suffisant. Il faut encore rendre compte du fait qu’il y ait organisation, évolution, etc. Toute existence fait question. (page 49)
"C'est une nécessité qui m'est imposée : Malheur à moi si je n'annonce pas l'Heureuse Nouvelle". (I Cor. 9)
(page 36)
Paul a rencontré sur la route de Damas le Christ ressuscité.
Il nous le dit lui-même : c’est du Christ glorieux qu’il a tout appris.
Cette Rencontre est le moment décisif dans la vie de Paul.
(page 41)
Les maîtres de l’Idéalisme, au XIXe siècle et au début du XXe siècle, avaient bien vu cela. On n’étudie plus guère, on n’étudie plus du tout l’Idéalisme, dans les Universités de Franc. On se contente, à la suite de Lénine, de quelques insultes ou de quelques ricanements. Or la grande tradition idéaliste a été représentée par des esprits éminents, auprès desquels quelques-uns des philosophes qui font aujourd’hui la pluie et le beau temps, font figure d’australopithèques à petit cerveau.
(page 123)