CHANSON DE L’OISELEUR
Sauvage oiseleur, chante et ris,
tu bois le sang du paradis.
Tes faucons chassent la perdrix,
le geai, la grive et le courlis —
Cruel oiseleur, chante et ris,
de chair d’anges tu les nourris,
Subtil oiseleur, chante et ris,
comme le voleur tu m’as surpris ;
sombre oiseleur, va-t’en d’ici
tu veux le cœur et l’âme aussi.
Va-t’en d’ici, sombre oiseleur,
avec tes faucons de malheur.
Ils ont saigné grèbe et courlis,
surpris les merles sur les nids :
ils m’ont ravi mon clair souci
saigné le cœur et l’âme aussi.
Va-t’en d’ici, bel oiseleur,
je reste seul dans ma douleur.
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