On lit les livres de Sophie comme on se raconte à soi-même sa propre histoire, comme on avoue ses rêves sur le divan viennois.
J'en ai passé des heures à les leur raconter ces nouveaux contes de fées. Ça, c'était amusant. Beaucoup plus amusants à dire qu'à écrire. Pour les écrire je devais m'appliquer, faire des phrases. Dieu! que c'est charmant à raconter les contes.Plus c'est loin de la réalité, invraisemblable, drôle, fantastique, effrayant, plus on crie, plus on rit , plus on rêve. Mais quand on se met à les écrire, alors tout parait imbécile, niais, farfelu. J'aime les contes quand on est tous ensemble à les inventer ou à les raconter à se tromper ou à se souvenir. Comme si on avait les mêmes rêves, les mêmes peurs, la même mémoire.
Une chambre à soi. Du temps à soi. Un roman, ça s'écrit dans un coin de silence, avec le temps qui passe. Ca se fait un roman, ça ne se raconte pas.
N'écris que ce que tu as vu.
Sophie Rostopchine