L'idée de conte, de fable, s'accommode particulièrement bien de la notion d'univers clos: pour préserver le style ou le charme de l'univers clos, il importe de renoncer aux extérieurs réels, au vrai ciel, au soleil, à tous les éléments naturels et éternels qui sonneraient alors comme des couacs dans l'orchestre, comme des incongruités documentaires et anti-fiction. Par contre, tous les éléments de décor qui théâtralisent notre vie quotidienne: portes, fenêtres, plafonds, et surtout les encadrements de portes et de fenêtres sont les bienvenus car ils viennent renforcer visuellement le "il était une fois..."
Lorsqu'Orson Welles adapte un matériel littéraire déjà existant, il s'efforce de donner davantage de noblesse aux personnages; il se refuse manifestement à montrer des comportements mesquins sur l'écran, sans doute parce qu'il déteste la mesquinerie plus que n'importe quoi au monde; ce trait peut constituer également un des nombreux aspects de l'énorme influence shakespearienne sur sa façon de voir et de faire voir.
Je me suis toujours senti isolé. Je crois que tout bon artiste se sent isolé. Et il me faut penser que je suis un bon artiste car autrement je ne pourrais pas travailler. Et je vous demande pardon de prendre la liberté de croire ceci: si quelqu'un veut diriger un film, il doit penser qu'il est bon. Un bon artiste doit être isolé. Si l'on n'est pas isolé, c'est que quelque chose ne marche pas.