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Critiques de Clélia Renucci (169)
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La fabrique des souvenirs

Imaginez un monde où l’ennui et la curiosité seraient tels que nous en viendrions à acheter les souvenirs et la mémoire des autres. Vous rêvez d’un trek en montagne, achetez le souvenir d’un randonneur. Vous désirez rester sobre mais vous sentir ivre, achetez le souvenir d’un fêtard.



Quand Gabriel jeune trentenaire achète le souvenir d’un spectateur présent lors de la représentation de Phèdres à la Comédie française en 1942, il est ébloui par la nuque d’une jeune femme. Cette image va le hanter et l’amener dans une quête esseulée pour découvrir qui est cette femme.



Si cette quête m’a semblé peu crédible - tomber amoureux d’une femme d’un temps lointain, probablement morte ou très âgée aujourd’hui -, j’ai aimé l’ambiance très feutrée qui se dégage dans ce roman. On est immergé dans un autre monde, un monde où le théâtre, l’art, la musique, l’Histoire s’épousent avec émotion et charme. L’intrigue obsessionnelle pimente ce récit avec moult émotions pour nous parler d’amour. L’amour impossible, l’amour fou, l’amour de la musique, l’amour authentique.



J’aurai aimé que l’histoire explore davantage ce monde autour des souvenirs à acheter. Y retrouver plus de réflexions existentielles et éthiques, plus d’idées un peu folles. Il y avait matière à réflexion. L’intrigue prend à mon sens un peu trop de place par rapport à l’énormité de l’histoire de fond, trop discrète.



Ça n’en reste pas moins un moment de lecture plutôt agréable ne fut ce que pour cet univers feutré et intellectuel dans lequel je me suis pelotonnée avec grâce.

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Concours pour le Paradis

*** Rentrée littéraire 2018 ***



Dès les premières pages, on est happé dans la Venise de la Renaissance, Venise au sommet de sa gloire après sa victoire retentissante de Lépante face aux Turcs ottomans. 1577, le palais des Doges brûle. Un concours pictural est lancé pour peindre une toile monumentale dans la salle du Grand Conseil, le Paradis … seulement achevé en 1592 !



De la masse de documentations qu'elle a du avaler dans les archives de Venise pour débusquer les détails passionnants de ce rocambolesque concours pictural, Clélia Renucci n'en a extrait que la vie, la chair, les passions bouillent sous sa plume alerte.

Sous nos yeux, surgissent toute une farandole de personnages haut en couleurs, patriciens, doges, mécènes, courtisanes et bien sûr peintres prêts à tout pour remporter ce concours. Tout particulièrement, le Tintoret et Véronèse, tout deux au sommet de leur gloire et se vouant une haine tenace, chacun incarnant une façon de vivre leur métier d'artiste radicalement opposée : au Tintoret, austère, bougon, adsorbé par son travail au point de verser dans la paranoïa s'oppose un Véronèse, charmeur, mondain, jouisseur.



On prend énormément de plaisir à déambuler dans le roman-feuilleton de la genèse de cette toile qui court sur 25 ans. Et quelle ironie que peindre le Paradis révèle en fait toute les bassesses humaines :



- les rivalités politiques entre Rome et Venise, cette dernière cherchant à protéger son indépendance, ses valeurs, sa vision du monde et de la société alors que la Rome des papes du Concile de Trente pousse à la norme en envoyant l'Inquisition et ses jésuites traquer toutes les traces d'hérésie potentielle dans les oeuvres picturales vénitiennes.



- les rivalités entre patriciens, chacun mécène d'un peintre et voyant dans le triomphe de leur poulain le reflet de leur propre réussite, avec à la clef toutes les manoeuvres de l'ombre pour manipuler les décisions voire les faire changer.



- les rivalités entre peintre lorsque l'auteur nous dévoile de truculentes anecdotes de plagiat ou de harcèlement subtil pour obtenir une commande à la place de son concurrent.



- les rivalités au sein des familles, chaque peintre étant soit un patriarche à la tête d'un atelier familial mené de façon autoritaire ou un fils étouffant sous la coupe d'un père écrasant et rêvant d' une gloire toute individuelle.



Si j'ai grandement apprécié la vivacité et la verve de la première moitié du roman ( jusqu'à la mort de Véronèse ), j'ai trouvé la deuxième partie, plus dramatique, plus laborieuse. Au final, il m'a manqué un peu de folie pour décoiffer ce premier roman réussi mais très sage et lui donner un souffle romanesque plus puissant et inoubliable.
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Concours pour le Paradis

Renaissance. Venise.

Le palais des Doges a brûlé, le Paradis s'est consumé. On entre direct dans l'action et dans l'Histoire, les deux moteurs principaux de ce récit.



Un concours est lancé pour choisir le peintre qui le remplacera. Oui, car le Paradis, c'est une immense toile dont la conception et la réalisation sont le sujet central de ce roman qui se lit comme une enquête historique quasi policière, avec ses péripéties, trahisons et coups de théâtre.



Deux peintres, principalement, Tintoret et Véronèse, s'affrontent pour remporter le concours. Quand on découvre qu'au lieu de deux ans, ce concours va prendre vingt ans pour aboutir à un choix, on mesure l'enjeu que représentait cette toile. Enjeux artistiques, politiques mais aussi humains que Clélia Renucci a réussi habilement à mettre en évidence au fil de l'intrigue.



Il ne fait aucun doute que ce roman est très documenté, c'est son intérêt majeur, passionnant pour qui apprécie, comme moi, l'histoire de l'art. Il est aussi et avant tout, écrit de façon captivante et précise.



Un premier roman enlevé et fort intéressant que j'ai lu quasi d'une seule traite !

Je retiens ce nom : Clélia Renucci, une auteure à suivre assurément.
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Concours pour le Paradis

je ressors enchantée de ces quelques heures passées auprès de Véronèse , Tintoret, son fils Domenico, et tous ces Doges. Lecture plaisir mais aussi instructive. Si le "monde de la peinture" me passionne, j'y ai (re) découvert les jalousies entre maîtres mais aussi et surtout ici la méconnaissance, le jugement aléatoire voir l'incompétence des critiques d'art.

On assiste par ailleurs, à la création de la toile, l'immense toile 22X 7m qui doit remplacer celle qui a été détruite lors de l'incendie de 20/12/1577 à Venise . On assiste donc à sa mise en place et à toute sa création durant plus de 20 années.

Je me suis vraiment délectée. Je ne sais pas si ce livre va rencontrer du succès mais il le mérite et a grandement sa place dans cette rentrée littéraire.
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La fabrique des souvenirs

« Memory Project avait été conçu dans les années quatre-vingt-dix par Charles Aubert, un chercheur français en neurosciences, qui réussit l’exploit de décrypter, d’encoder et d’exporter sur un support électronique ce qu’un individu voit, entend, pense ou ressent, d’extraire de son cerveau ce qui était jusqu’alors instransmissible : ses souvenirs. »



‼️Génial ce concept, non ? Enregistrer nos souvenirs, les vendre et les partager au monde entier ! Nos chers réseaux sociaux rêveraient d’exploiter cette innovante technologie !



Mais … car oui il y a un mais … l’accès aux souvenirs d’autrui n’est pas sans risque : fouiller un passé qui ne vous appartient pas peut aussi vous mener sur des chemins sinueux inattendus … et Gabriel, jeune trentenaire rêveur et passionné, ne s’attendait pas en achetant aux enchères ce souvenir de 1942 : première représentation théâtrale, de Phèdre à la Comédie Française, à cet immense bouleversement dans sa vie …

Muni de son casque high-tech, ce n’est pas l’atmosphère étrange de cette représentation en pleine période de guerre qui le trouble … c’est cette nuque dénudée .. là quelques rangs devant … coup de foudre !



💬 L’invention d’un concept génial et un roman à sa hauteur !

Un très bel OLNI : roman contemporain (et non d’anticipation !) intégrant subtilement dans son histoire une nouvelle technologie.

Très créative et joueuse, Clélia Renucci s’amuse à casser les codes de la littérature blanche traditionnelle et invente une nouvelle histoire à notre société actuelle déjà ultra-connectée.

La plume moderne et cinématographique souffle toute sa force à ce roman très vivant ; la musique omniprésente donne le rythme et les multiples références autant musicales que culturelles passionneront les amateurs.

Enfin voilà, ma plume enthousiaste est élogieuse parce que, vraiment, il y a du génie dans cette histoire d’amour impossible (joli parallèle soit dit en passant à Phèdre !). Il y a aussi un remarquable tableau de notre société et de celle d’hier et en son centre, de notre mémoire individuelle … et collective …
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Concours pour le Paradis

« Concours pour le paradis » s’ouvre sur un enfer : l’incendie du Palais des Doges en 1577.

La reconstruction de ce lieu symbolique, où s’exercent tous les pouvoirs, ne saurait tarder et une toile immense représentant le Paradis devra orner la salle du conseil.

Pour décider de l’auteur de la toile un concours est ouvert, suscitant les ambitions de tous les peintres en vogue, de leurs mécènes et de leurs appuis.



Un voyage dans le temps, dans cette Venise complexe et bouillonnante, au sein des lieux de pouvoirs, des ateliers d’artistes, des alcôves des courtisanes. On y croise Véronèse et le Tintoret, on assiste aux succès des uns et aux déconvenues des autres.

Clelia Renucci parvient à merveille à restituer les ambiances et à brosser les personnalités dans ce livre à la fois érudit et distrayant…

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La fabrique des souvenirs

Gabriel achète régulièrement des souvenirs. Lors d’une vente aux enchères, il se procure le souvenir de la première de Phèdre datant du jeudi 12 novembre 1942. Il va pouvoir le voir grâce à son casque d’immersion A-Memory. Quand il le visionne, il tombe sous le charme d’une femme qu’il n’aperçoit que de dos, il a craqué en ne voyant que ses épaules, sa nuque et juste l’esquisse de son profil. Il veut absolument en savoir plus sur cette femme mais celle-ci est une vraie énigme.

Comme on sait qu’il n’y aura jamais de relation amoureuse avec cette mystérieuse femme à la fin du livre vu les dates, on veut savoir où l’auteur va nous amener. Malheureusement, aucune surprise sur cette fin. J’ai cependant trouvé que le livre avait un intérêt car il nous interroge cette vente de souvenir, sur la mémoire….

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Concours pour le Paradis

Ce livre je l'ai eu grâce à l'opération :



Les Matchs de la rentrée littéraire 2018 de Rakuten ou #mrl18



Mon avis en tableaux (à voir sur mon blog !), en liens et en mots :



Ce livre nous plonge dans la Venise du 16ème siècle.



Cette ville, je ne l'ai jamais visitée, alors c'est avec plaisir que je me suis laissée guider par Clélia Renucci.



Tout débute par un terrible incendie qui détruit le Palais des Doges et de ses nombreuses peintures.



Ce lieu est le lieu du pouvoir des Doges, les dirigeants de la République de Venise.



Ainsi le Doge de l'époque, Sébastiano Venier va vouloir redécorer la salle du Grand Conseil.



Un grand concours va être lancer pour mettre en rivalité les plus grands peintres de l'époque.



Ce concours sera aussi l'occasion pour les membres du pouvoir d'appuyer telle ou telle vision de la vie et de la mort.



Venise est en concurrence directe avec Rome, la religion chrétienne tient une place très importante.



Les relations entre le pouvoir, la chrétienté (et le pape) et les artistes seront au coeur de nombreuses discussions concernant la création de ce Paradis.



Les artistes personnages de ce roman sont tous des personnages ayant existé je vous les présente : Paolo Véronèse, Fransesco Bassano, Palma le Jeune, le Tintoret et trois de ses enfants.



En matière de peinture la mise en concurrence de tous ces artistes va attiser les jalousies et les coups bas.



Véronèse et un des personnages central de ce roman : Ambitieux, séducteur, talentueux et roublard !



Il va d'ailleurs s'emparer de façon fort "culottée" des idées du Tintoret pour gagner ce concours !



Ce livre est une très belle chronique de cette époque et nous rend à la perfection l'atmosphère qui devait régner à cette époque.



Cette course à la gloire, cette course au pouvoir. En ces temps là, les moyens de marquer son temps et son pouvoir s'inscrivaient dans la pierre, les peintures et les actes de guerre et les négociations de paix.



C'est Véronèse et Bassano qui vont gagner le concours et devoir réaliser ce " Paradis ".



Hélas cette association imposée de ce jeune peintre avec ce peintre renommé et au caractère bien trempé ne sera pas une réussite...



Véronèse reste le personnage central de ce livre. il a un talent immense et surtout l'art de mener "en gondole" tout le monde qui gravite autour de lui.



Hélas, comme pour tous, Véronèse va s'éteindre en avril 1588, épuisé en fêtes et amusements (Carnaval, théâtres, Commedia dell'arte, bals, chasses aux taureaux et autres réceptions).

Ses funérailles furent "somptueuses et mondaines à l'image de sa vie".



Suite à ce décès le Tintoret et son fils Domenico vont reprendre la réalisation du tableau du Paradis. Juste retour des choses...



Le roman nous offre alors une belle histoire de l'art en se faisant très technique. Clélia Rennuci nous apprend beaucoup sur la réalisation de cette fresque, la plus grande au Monde !



De la réalisation du support en bois à l'encollage de la toile et de la confection de la colle. du travail de séchage au transport de l'atelier à la salle d'exposition. de la réalisation des échafaudages !



Quant on voit un tableau j'ai tendance à oublier tout ce travail... Preuve que l'artiste sait nous emmener ailleurs grâce à son talent !



Dans ce livre on comprend très bien que tous les tableaux sont les oeuvres de toute une équipe. Les Garzonis s'occupaient de tout le travail de préparation des immenses peintures.



Le temps de réalisation était lui aussi très important !

Clélia Renucci a très bien su nous rendre compte de tout ça en mettant une once de romanesque et de fiction dans cette histoire.

Avec le Tintoret et son fils Domenico elle nous immisce dans les familles des peintres de l'époque ou les talents ne se transmettaient pas toujours. Mais où le sens familial était très important.

C'est d'ailleurs Domenico, le fils du Tintoret qui va reprendre le pinceau sous l’œil critique mais finalement bienveillant de celui-ci.



Jacopo Tintoret affecté par le tribunal de l'inquisition envoyé par Rome et par la perte de sa fille va alors se laisser mourir



Ce livre m'a beaucoup plu, dans ce qu'il m'a livré de l'histoire de l'art. Les portraits des artistes sont très réalistes et l'auteur a su magnifiquement nous faire suivre cette épopée. Celle d'une œuvre grandiose qui occupera bien des vies et continue à nous émerveiller !



Le peintre au centre de toute l'attention reste Véronèse, un personnage reflétant magnifiquement cette époque, un magnifique artiste !



D'ailleurs la double couverture du livre est un détail du très beau tableau de Véronèse.



Après cette plongée dans le monde artistique du 16ème siècle à Venise me reste à découvrir l’œuvre grandiose du Paradis comme quand à l'époque cette fresque fut découverte par les Vénitiens et leurs prestigieux invités.





N'hésitez pas, entrez au Paradis !



Et venez découvrir ce monde fascinant

de l'art à Venise au 16ème siècle.



N'hésitez pas à cliquer sur les liens qui sont visibles sur mon blog vous permettant de découvrir un peu plus

les peintres et les tableaux !






Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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La fabrique des souvenirs

Si ce roman promettait d'être ingénieux et original, bien vite il tombe dans la caricature, tant au niveau des personnages que de l'intrigue. Les héros sont beaux, jeunes, amoureux de chimères et se croiseront inévitablement, comme le lecteur s'en doute dès les premières lignes. Les noms de célébrités disparues et de marques boursouflent bien souvent des énoncés déjà lourds et laborieux... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/12/13/la-fabrique-des-souvenirs-clelia-renucci/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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La fabrique des souvenirs

Le premier roman de Clélia Renucci, absolument brillant, nous entrainait en pleine période de la Renaissance à Venise pour une bataille – aujourd’hui, on dirait un battle – entre les plus grands peintres italiens de l’époque. Imaginez donc à quel point la barre était haute lorsque j’ai entamé la lecture du nouveau roman de l’auteure.



Clélia Renucci embarque son lecteur dans une histoire un peu folle, celle d’un projet destiné à immortaliser et conserver les souvenirs. Ces souvenirs sont ensuite vendus au plus offrant. Pour ma part, je trouve une telle idée absolument angoissante. Et au rythme auquel notre monde avance, le pire, c’est que dans quelques années ce sera peut-être possible !



Ici, on plonge dans le monde des artistes et du théâtre – lors de la première représentation de Phèdre à la Comédie Française -… alors qu’à l’extérieur du théâtre, c’est la guerre avec tout son chapelet d’horreurs, de brutalités. Un cadre éminemment paradoxal, un cocon dans un monde de violence, qui génère une impression d’étrangeté, de parenthèse. Et si l’on se sent protégés, on sait que, dehors, le danger rôde.



C’est profondément romantique, c’est vibrant, ça sent la nostalgie. Cette belle balade dans les entrailles du théâtre qui confirme le talent de Clélia Renucci ! Elle maitrise à la perfection l’art de nous faire passer d’une époque à l’autre, de jongler avec les personnages sans jamais nous lâcher la main pour qu’on n’en perde pas une miette !



Alors, vous prenez une place au balcon ?
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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Concours pour le Paradis

Venise 1577, un incendie a détruit le palais des Doges et les fresques qui en ornaient les murs. En cette fin de XVIème siècle, un concours est donc lancé pour peindre une représentation du Paradis, attirant les plus grands, entre autres Paolo Caliari qui vient de Vérone et est plus connu sous son surnom - Véronèse et le Tintoret, connu pour sa politique de dumping pour s'attirer les commandes. Entre espionnage de Véronèse pour s'emparer des esquisses de son concurrent et pression des mécènes sur le Doge, l'ambiance est à couteaux tirés et c'est un choix surprenant qui émerge pour cette fresque : Véronèse associé à Federico Bassano remportent le fameux concours. La mort de Véronèse va redistribuer les cartes et c'est finalement le Tintoret et son fils qui vont mener le projet à bien.



Concours pour le Paradis est un roman historique court mais très instructif sur les tensions qui ont jalonné la vie de la Sérénissime au XVIème siècle. Entre querelles de pouvoirs des Doges ou celles opposant les artistes lors de lancement de concours pour orner Palais ou demeures privées, Clelia Renucci parvient à rendre vivant ce bouillonnement de vie et ces forces qui s'affrontent constamment. Elle évoque le débat des arts libéraux et des arts mécaniques qui empêche la reconnaissance des artistes qui restent considérés comme de simples artisans, les différentes manières de peindre entre l'École florentine qui privilégie la ligne et le dessin - avec Raphaël, de Vinci et l'École Vénitienne de la couleur avec Titien ou Tintoret, la formation des peintres encore chez un maître, la répartition des travaux entre les différents collaborateurs, le manque de liberté de l'iconographie et la tutelle religieuse pour respecter les textes pouvant mener, si le programme est trop licencieux, à des représailles de l'Inquisition.

Concours pour un paradis est un récit très vivant, qui plonge le lecteur dans la vie difficile d'un peintre au coeur de Venise pendant son siècle d'or.
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Le pavillon des oiseaux

J'ai découvert Clélia Renucci grâce à ce dernier roman historique, remarquablement bien écrit.



L'auteure a brossé un superbe portrait de femme, celui de la resplendissante et noble italienne Clélia Farnese.

Elle était la fille illégitime du cardinal Alexandre Farnèse, lui-même le petit-fils du pape Paul III.

Cette femme voluptueuse, d'une grande beauté et intelligence, a vécu à la deuxième moitié du 16e siècle.

Elle était mue par un grand désir de liberté et d'indépendance.

Elle fût une intrigante, une ambitieuse, qui se révoltera aussi contre son puissant père, surnommé de « Gran Cardinale ».



La noble dame vécu dans le faste, dans le luxe et le somptueux de Rome, où elle menait belle vie. Elle organisait d'énormes banquets et était invitée dans toutes les fêtes de la ville, chez les familles les plus nobles de l'époque. D'ailleurs, elle avait pour amant un Médicis, dont leur liaison était connue de tous, à la colère de son père et au mutisme de son faible époux.



Mais la splendeur de Clélia Farnese, celle qui éduquée aux finances, avait inventé « le monte familial », fût entachée par des intrigues et des alliances au sein même du Vatican.

Ce Vatican qui encore aujourd'hui fait fantasmer le monde entier. Mais qui en ces 15e et 16e siècle, était le siège d'énormes scandales, la source de trahisons, de nombreux complots et d'assassinats.



Clélia Farnese fût autant adulée qu'elle fût par d'autres, haïe.

Les rumeurs et les médisances allaient de bon train à une époque où il n'y avait ni les réseaux sociaux, ni les photographes paparazzi.

Il n'empêche que la vie de la noble dame fût souvent épiée, disséquée et commentée.

Elle fût pendant une longue partie de sa vie poursuivie par les « menanti » et leurs « avvisi », une sorte de correspondance manuscrites à caractère souvent diffamatoire. Leur but était de colporter des rumeurs, de fausses informations ou des petits secrets, et de les placarder sur les murs pour porter un discrédit à la personne incriminée.

*



Clélia Renucci a fait un excellent travail de recherches historiques. Je l'ai sentie passionnée par cette période de la Renaissance italienne, et surtout par cette femme « moderne » et avide d'émancipation, bien avant l'heure. Et c'est par un beau style narratif, que l'auteure a rendu un grand hommage à Clélia Farnese en parlant avec ferveur et fougue de sa « grandeur », me la rendant attachante et passionnante.



L'auteure s'est même beaucoup attardée sur la période faste et flamboyante de son héroïne, glissant rapidement et volontairement sur la fin de sa vie, moins intéressante et moins scintillante.



« le pavillon des oiseaux » est pour moi un très beau roman historique.





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Concours pour le Paradis

Pendant plus de deux cent pages l’auteure nous offre une visite picturale de Venise, une façon de découvrir ou redécouvrir l’histoire de cette cité si particulière. Si cette petite histoire devait durer deux ou trois ans maximum, c’est pendant vingt longues années que les peintres vont s’opposer, tenter de prendre l’ascendant sur les plus jeunes ou même ne pas hésiter à se voler leur esquisse ! Bref, une belle mise en lumière d’un moment de l’histoire que je ne connaissais que de loin !



Dès les premières pages, on est happé dans la Venise de la Renaissance. Cette petite République, si puissante depuis la bataille de Lépante, est admirée et tant convoitée par les puissances européennes. On sent que Clélia Renucci a passé des heures à éplucher minutieusement les archives pour nous livrer de si croustillants détails sur ce concours, sur les volontés de Rome concernant les fresques religieuses depuis le Concile de Trente. Elle a réalisé un brillant tour de force car elle nous plonge en totale immersion dans les querelles artistiques de l’époque ! Elle parvient à merveille à nous (dé)peindre les ambiances si particulières de la lagune, les personnalités complexes qui vont se côtoyer durant vingt ans pour remporter ce concours.



J’ai particulièrement aimé le fait que ce livre se lise comme une enquête historique ou bien comme un ouvrage scientifique sur la réalisation de cette immense toile ! L’écriture est fluide, captivante, mais il y a pour moi un tout petit bémol… Après la mort du grand Véronèse, je trouve que l’histoire perd un peu de sa fraicheur et souffre parfois de quelques longueurs.



Mais j’ai appris des tonnes de choses et pour un premier roman c’est très prometteur ! Une lecture que je vous conseille pour l’été, c’est frais, c’est facile et c’est très instructif !
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Concours pour le Paradis

Le 20 décembre 1577, le palais des Doges à Venise,est ravagé par un incendie,rien ne subsiste de la salle du grand conseil et l'immense fresque représentant le paradis est détruite. Peu après, le Doge : Sebastiano Venier réunit son conseil et lance l'idée d'un concours : il faut refaire la fresque le paradis ,mais en immense toile peinte à l'huile.

Mettant en compétition plusieurs grands peintres de l époque, une sélection sera faite et deux retiendront le choix du conseil et du Doge .

Cette magnifique fresque demandera 28 ans de travaux,car si au départ deux peintres avaient été désignés, la mort d'un des peintres va susciter beaucoup de remous. Intrigues,rebondissements, dėchirements, dans une Venise renaissante du 16ème siècle m'ont transportés et j'ai apprécié ce roman.Clelia Renucci s'est beaucoup documentée sur l'histoire de ce PARADIS, et réussit avec talent à nous embarquer dans cette Italie florissante, à RECOMMANDER. ⭐⭐⭐⭐
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La fabrique des souvenirs

Grâce au concept MemoryProject, créé dans les années 90, le moindre fait réel accède à l’immortalité : tout comme les photos ou les vidéos, les souvenirs peuvent être collectés, conservés et « consommés » par leurs acquéreurs. Mais à la différence des films, lors de leur visionnage tous les sens sont sollicités. Cette application révolutionnaire suscite évidemment un vif engouement.



Gabriel, programmateur à la radio, collectionne les souvenirs liés à la culture. Il acquiert aux enchères un souvenir sur la première de Phèdre à la Comédie Française en 1942, et tombe amoureux d’une spectatrice qu’il n’aperçoit que de dos. Après avoir découvert l’identité de cette mystérieuse inconnue prénommée Oriane, Gabriel se lance dans une quête éperdue des souvenirs qui pourront l’aider à connaître son histoire.



Les chapitres relatant l'enquête de Gabriel alternent avec ceux consacrés à Rose, danseuse à New York.



Ce récit insolite est une histoire d’amour impossible, puisque 70 années séparent Gabriel de la belle et envoûtante Oriane.

C’est aussi une réflexion plus profonde qu’il ne peut paraître, sur la mémoire et le caractère évanescent, intime et unique des souvenirs. Ainsi que sur le désir, notion équivoque entre manque et plénitude, bonheur et souffrance, souhait irrationnel impossible à satisfaire.



Si j’ai été emballée par l’originalité du propos et la précision de la plume de Clélia Renucci, par ailleurs très bien documentée sur le monde de la culture, passé et actuel, il me semble que j’aurais aimé davantage de suspense et de surprises. Cela n’engage bien sûr que moi, et si vous avez envie d’une histoire originale, je vous invite à embarquer aux côtés de Gabriel pour ce fabuleux voyage spatio-temporel.
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Concours pour le Paradis

Venise, 1577. Un grand incendie se propage au Palais des Doges. La salle du Grand Conseil est la plus touchée. Il s'y trouve plusieurs grandes œuvres de la Renaissance dont l'immense toile du Paradis qui est totalement brûlée. Des projets sont lancés pour la rénovation. Un concours est rapidement organisé afin de sélectionner le peintre chargé de recréer la magnifique œuvre qui ornait le palais. Véronèse, Tintoret et les plus grands maîtres vénitiens se trouvent en rivalité. Puis, les travaux commencent. Un conseil est créé pour départager les artistes et désigner celui qui conduira entièrement le projet. Véronèse est finalement sélectionné. Mais, un évènement malheureux stoppe son travail. Un deuxième concours est alors organisé.





"Tout était dévasté, consumé, calciné. C'est de cet enfer qu'allait renaître le Paradis."

Avec ce livre, Clélia Renucci nous emmène au cœur du Palais des Doges et de la cité vénitienne durant la Renaissance. On y rencontre Bassano, Palma le Jeune, Véronèse, Tintoret et les plus grands noms de l'époque.



L'autrice retrace les événements, nous parle de l'œuvre, des techniques du dessins, des couleurs, des matières, de la signification des personnages, de ce qu'elle représente et des exigences imposées notamment par le Pape.



Elle nous parle aussi des rivalités artistiques, de politique et de famille en présentant la vie intime et personnelle des peintres ainsi que leurs sources d'inspirations.



Bienvenue dans le monde de l'art de la Renaissance en Italie, du Palais des Doges jusque dans les plus petites ruelles de la cité. On traverse le ponts, on emprunte les bateaux, on découvre la vie des peintres durant presque trente ans.



Avec une plume très fluide, ce roman se lit facilement malgré la palette de personnages cités et les différents événements historiques de l'époque. C'est aussi le fruit d'un gros travail de recherches et d'études effectués par Clélia Renucci.



Un roman absolument passionnant !


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Le pavillon des oiseaux

Depuis son premier roman « Concours pour le paradis » que j’avais adoré, je suis de près Clélia Renucci. Après une petite incartade originale pour son deuxième, elle revient à ses premiers amours. Retour donc en Italie durant la Renaissance. Cette fois-ci, elle nous invite à Rome pour suivre le destin de Clélia Farnèse, une fille qui a vécu un destin mouvementé.



En effet, dès son plus jeune âge, elle se retrouve au centre d’un tumulte masculin. Son père, son mari, son amant et même son fils tentent de contrôler son quotidien. Forte de caractère, elle doit donc essayer d’imposer ses envies et ses idées aux hommes de sa vie. Les échanges entre ces personnages charismatiques est un rapport de force constant où chaque intervenant essaye d’avancer son pion.



L’écrivaine nous dévoile les mystères de cette autre Clélia qui a joué un rôle important à son époque et dont peu de gens connaissent l’existence. Elle en profite pour mettre en lumière l’omniprésence et l’importance de l’art dans cette période et le déclin vers lequel la Renaissance est en train de tendre. Clélia Farnèse et son entourage deviennent alors une parfaite image de leur époque, entre grandeur et décadence.



L’autrice s’est une nouvelle fois appuyée sur un énorme travail de documentation afin d’être le plus précise possible. Erudite et exigeante jusque dans sa plume, elle nous offre une immersion au cœur de cette société italienne, rythmée par les rivalités familiales, médiatiques et politiques. C’est toujours un plaisir de lire ces petites histoires dans la Grande, qui sont tout aussi romanesques et apportent une autre vision de ces moments du passé. Plongé dans cette Renaissance faite d’apparences, de complots et de trahisons, je me suis régalé à regarder tout ce petit monde déployer une mesquinerie sans limites afin de servir ses propres desseins. L’homme dans toute sa splendeur !
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La fabrique des souvenirs

MemoryProject est une banque de données de souvenirs, conçue « dans les années quatre-vingt-dix par Charles Aubert, un chercheur français en neurosciences ». (p. 18). Cette invention révolutionnaire extrait les souvenirs du cerveau d’une personne, désireuse de les vendre. Ils sont ensuite encodés et enregistrés sur un support électronique, toutes les sensations sont exportées. Grâce à un casque, dont la technologie s’est améliorée au fil des années, les acheteurs s’immergent dans le souvenir, ils ressentent « les odeurs, le toucher, le goût, en plus du son et de l’image » (p. 20).





Gabriel est programmateur à Radio Académie. Mnémophile (collectionneur de souvenirs), il dépense beaucoup d’argent dans les ventes aux enchères, dans lesquelles il découvre « des trésors, des raretés qui exhum(ent) de l’oubli des anecdotes négligées par l’Histoire » (p. 28). Sa dernière acquisition concerne une représentation de Phèdre, jouée par Marie Bell, en 1942. Au départ, il regrette que l’homme, qui a vendu son souvenir, ne soit pas attentif à la pièce : son regard se disperse dans la salle, dévoilant les Allemands en uniforme. Ensuite, l’attention de Gabriel est retenue par une épaule féminine et il est envoûté par la nuque à laquelle elle est rattachée. De souvenirs en souvenirs, il remonte le destin de la femme qui l’obsède et découvre son identité : il s’agit de Oriane Devancière, une violoncelliste talentueuse.





Alors que son amie Sara se procure des souvenirs pour réactiver la mémoire de son père, Gabriel, lui, oublie tout ce qui n’est pas Oriane. Sa quête tourne à l’obsession, bien que cet amour soit impossible : tous les deux ont le même âge, mais leurs vies s’inscrivent dans des époques séparées par plus de soixante-dix ans. Heureusement, il est très entouré : « Les vrais amis se contentent de vous serrer dans leurs bras pour étouffer votre douleur, de la capturer et de se la transmettre pour vous en libérer » (p. 254). Ses proches l’aident à rester ancré dans le présent, en l’appuyant dans ses recherches au sujet du passé.





Au début, l’attitude de Gabriel amuse, mais ce qui était un éblouissement se transforme en passion dangereuse. Le jeune trentenaire s’enferme dans un passé qu’il n’a pas connu, vit à travers les souvenirs et les perceptions d’un homme qui n’est plus et il est amoureux d’une femme qu’un autre lui raconte. Impuissants, nous assistons à son naufrage. Cette quête semble folle, pourtant, nous comprenons l’amoureux, car plus nous en apprenons au sujet d’Oriane et de l’homme qui a transmis son histoire, plus nous attachons à eux. Nous aussi, nous les aimons, nous pleurons et nous souhaitons tout savoir d’eux. Au fil des révélations, nous ressentons l’importance et la nécessité du devoir de mémoire. « C’est peut-être cela, le devoir de mémoire, alléger celle des vieillards, la transférer aux nouvelles générations, répartir le passé entre nous tous et éviter l’oubli. » (p. 264) Sombrer pour atteindre la lumière. En effet, le destin envoie, parfois, des clins d’œil surprenants. Et si certaines rencontres étaient écrites ?





La fabrique des souvenirs est un merveilleux roman sur l’amitié, l’amour et la mémoire. C’est un magnifique hommage à ceux qui ont été oubliés, alors qu’ils étaient des héros. Tous mes sens ont été éveillés. J’ai, par exemple, écouté des morceaux de violoncelle joués par Oriane. J’ai été bouleversée par cette femme et par son histoire.





Je remercie sincèrement Claire et Adèle des Éditions Albin Michel pour ce service presse.
Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Concours pour le Paradis

La fresque qui doit représenter le Paradis est l'objet de beaucoup de controverses : quelle doit être la part de divin, et quelle place y auront les hommes ? Il semble que l'auteur n'ait pas tranché. Tantôt la toile est au centre du récit, tantôt ce sont les peintres qui occupent le devant de la scène. Cette hésitation constitue la force et la fragilité de ce roman dont l'érudition enlève quelquefois aux personnages leur part d'humanité. À certains moments (pas souvent heureusement), j'ai eu l'impression que certaines informations (fruits d'une longue recherche) étaient plaquées un peu gratuitement. J'aurai préféré que l'auteur prenne complètement le parti de raconter les peintres. Il en résulte une écriture sage et académique qui, certes, ne conviendrait pas au Caravaggio. Et puis, plane sur ce livre l'ombre de Dominique Fernandez qui a consacré toute son oeuvre aux coulisses de l'histoire de l'art italienne. Non que Renucci fasse moins bien (ça repose de ne pas lire des histoires de cazzo toutes les trois pages!) mais j'ai ressenti parfois une impression de déjà-lu quelque part. La faute au brillant académicien. Il n'en demeure pas moins que ce roman donne envie d'aller redécouvrir l'oeuvre et de la scruter avec plus d'attention. Au fait, je cherche désespérément un roman consacré à la bataille que se livraientt Venise et Gênes à leur apogée. Si quelqu'un a des idées...
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Le pavillon des oiseaux

Rome dans les années 1580, les rivalités entre les Farnèse et les Médicis battent leur plein, Clélia Farnèse, maîtresse de Ferdinand de Médicis incarne la grandeur et la décadence de son époque. J’ai arrêté le lecture à peu près à la moité de l’ouvrage, ne parvenant pas à trouver le moindre intérêt, historique ou romanesque à cette histoire.
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