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3.33/5 (sur 3 notes)

Biographie :

Née en 1987.

A soutenu une thèse de doctorat en sociologie , en 2017, à la Sorbonne- Cité.
Chargée de Recherche au CNRS

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Bibliographie de Clémence Léobal   (2)Voir plus

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Introduction

Je suis partie vivre en Guyane en 2009.Saint- Laurent-du- Maroni, petite ville implantée au bord du fleuve Maroni, frontière entre la Guyane et le Suriname(...)
Comment comprendre les transformations de cette ville, la genèse de ses formes et de ses couleurs? Qui la bâtit , avec quels matériaux et selon quelles logiques? Comment sont organisés les espaces urbains ? De quelles façons s'y expriment les membres d'une société amazonienne et fluviale, transfrontalière entre la Guyane et le Suriname ? Quelles sont les marques de l'administration française sur ce territoire ? ( p.8)
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Une ethnographe " bakaa" dans la ville

Dans ce dialogue, le fait d'être "bakaa" n'est pas seulement associé à la couleur de la peau.La clarté de ma peau est évidente pour l'enfant, mais elle est jugée comme incompatible avec la possibilité de parler " la langue" ( qu'il ne nomme pas, mais qu'il parle) et avec la situation d'intimité familiale et de subordination que dénote mon geste de vente.
Cette catégorisation entremêle des hiérarchies de sexe, de race, de classe et d'origine sociale. " Bakaa" fait référence à des attributs de la classe dominante de nationalité française : ma langue, ma culture européenne, mon diplôme, et aussi au privilège que confère ma nationalité ( qu'elle soit française ou d'un autre pays européen).Ces constructions locales de la blancheur renvoient à une position majoritaire qui ne se réduit pas à la couleur de la peau, mais aussi à d'autres caractéristiques associées à une position de domination.Par opposition, les classes populaires sont constituées de personnes des quartiers périphériques, vivant essentiellement d'indemnités sociales et d'emplois informels, transfrontaliers, agricoles, aux appartenances et nationalités diverses, ayant en commun d'être racialisées comme non- blanches.
( p.30)
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S'approprier les logements sociaux

Les efforts de décoration reflètent
l' investissement dans une maison qui a été désirée, mais sont aussi l'affirmation d'une " bonne vie", au vu et au su du voisinage.Comme les habitant.e.s des pavillons français dans les années 1960, l'embellissement de la maison vise à réaliser une utopie dont ils et elles n'attendent " rien de moins que le bonheur " ( Haumont et al.,1966)

(p.144)
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Une ethnographe " Bakaa" dans la ville

Je suis partie en Guyane en 2009 pour rejoindre mon compagnon qui y faisait son internat de médecine. Paradoxe des postcolonies françaises, à mon arrivée, grâce à l'emploi de ma langue maternelle et à l'existence du cadre administratif français, je n'ai pas éprouvé de sentiment d'étrangeté totale, malgré les
8 000 kilomètres de distance et l'environnement amazonien que je découvrais.La solidarité prévaut dans la communauté des expatrié.e.s européen.ne.s et de nombreux emplois, bien rémunérés , sont accessibles à ses membres.J'appartenais à une catégorie bien identifiée de la population dominante, les " métros", migrant.e.s temporaires de la France hexagonale, souvent jeunes, venu.e.s travailler dans différents secteurs de la fonction publique.
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Habiter le Maroni

Ce quotidien est également le lieu d'identifications transnationales, comme l'exprime un jeune homme, Clyde Alwanahi:

Je suis étranger. Mais j'ai grandi dans ce pays.Je suis Saint-Laurentais, je suis Guyanais.Je suis à la fois Surinamais et Français. Quand je suis au Surinam, je suis chez moi, ici, je suis chez moi. Je fais la part des deux pays parce que j'ai la culture des deux pays en moi.( 25 juillet 2014, entretien en français)

Pourtant, le Maroni n'a pas toujours été un espace frontalier.Il l'est devenu.

( p.43)
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En exergue, citation de Franz Fanon, "Peaux noires, masques blancs"


Le colonisé se sera d'autant plus échappé de sa brousse qu'il aura fait siennes les valeurs culturelles de la métropole. Il sera d'autant plus blanc qu'il aura rejeté sa noirceur, sa brousse.
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(...)Ainsi les couleurs et les formes de la ville matérialisent des relations sociales marquées par un processus de racialisation qui intègre les frontières de classe et de nationalité. Au yeux des habitants.e.s bushinengue.e.s, la polarité entre les valeurs du "bushikonde" et celles du pays "bakaa" est idéelle et s'actualise lors des interactions en ville entre ces différentes personnes. Ces interactions ont pour résultat la création de formes urbaines diverses et colorées. (conclusion)
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S'approprier les logements sociaux

Julia associait à la vue en " batiman" de nombreuses valeurs positives comme la liberté, la tranquillité, la propreté, l'esthétisme de ces logements " en dur".
L'accès au " batiman" représentait une ascension sociale, symbolisée par les formes architecturales et l'accès au confort.Julia réussissait ainsi à se repositionner vis à vis de sa famille proche et de son mari.(...)
" Ici, c'est l'Europe ", me disait-elle avec fierté. Le "batiman" est un logement neuf, haut de trois étages. (...)
Les habitant.e.s sont donc fier.e.s d'habiter cette résidence, symbole d'urbanité, appelée " project" en néerlandais, ou encore " Petit Paris ".
( p.145)
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les modes d'habiter sont notamment liés aux modes d'organisation de la parenté
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Les églises évangéliques sont également des lieux de sociabilité entre demandeuses. Les pasteurs, lors des sermons, entretiennent chez leurs fidèles l'idée que la prière peut les aider à accéder à un logement social.Un pasteur racontait comment l'intervention divine aurait permis un changement radical dans l'attitude d'un fonctionnaire de la sous-préfecture.
Ces églises jouent ainsi un rôle capital dans la motivation de celles qui cherchent un logement.
(p.126)
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