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3.17/5 (sur 305 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 28/04/1991
Biographie :

Clément Bénech découvre la littérature avec Patrick Modiano et Oscar Wilde, ce qui est un cocktail singulier.
Il est licencié en lettres modernes, et tient un blog d'écriture, Humoétique.
Il est aussi chroniqueur régulier sur Vents contraires, la revue collaborative du Théâtre du Rond-Point.
Auteur de trois romans : L’Été slovène (2013), Lève-toi et charme (2015), et Un amour d’espion (2017) et d’un essai, Une essentielle fragilité (2019), il collabore également à plusieurs journaux.
En 2022 paraît son dernier roman "Un vrai dépaysement" qui parle d'éducation.

blog:
http://humoetique.over-blog.com/

Source : lacauselitteraire.fr
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Bibliographie de Clément Bénech   (8)Voir plus



Entretien avec Clément Bénech à propos de son livre Lève toi et charme



Votre roman se déroule à Berlin, vous en dessinez les contours précis. Pourquoi avez-vous choisi de parler de cette ville ? En quoi vous a-t-elle particulièrement marquée ?

J’ai choisi de parler de Berlin parce que j’ai eu l’idée d’une scène qui se passerait à Berlin, à partir d’une anecdote que l’on m’a racontée. Mais, dans le fond, je ne pense pas vraiment que l’on puisse parler des villes et mon roman vise justement à dégriser cette idée qui me semble propre aux guides touristiques selon laquelle les villes auraient une âme, une essence parfaitement délimitée. J’aime bien quand Roland Barthes dans L`Empire des signes dit « ce pays que j’appelle Japon ».



Le personnage principal éprouve des difficultés à travailler dans son environnement parisien et c’est la raison de son départ pour Berlin. Pensez-vous que cette décision était la bonne le concernant ? Le voyage était-il nécessaire à son bonheur ?

Oh, non, c’est une très mauvaise décision, car c’est un arpenteur. Et il voit surtout dans ce nouveau territoire quelque chose à conquérir (pas de façon martiale, cela va sans dire). Seulement il est confronté à l’impossibilité d’être ailleurs, réellement ailleurs, parce que c’est un concept purement relatif et qu’il est épris d’absolu.



Le voyage/changement d’environnement fait-il naître l’envie d’écrire pour vous ?

C’est surtout le retour qui me semble fécond. Ce que la mémoire embaume. Mais le changement d’environnement me paraît impossible, du moins en Europe. C’est une des mille choses qui me paraissent impossibles (que le monde est hostile). Mes deux romans tournent beaucoup autour de l’impossibilité de l’exotisme.



Vous avez pris le parti d’insérer des images et de retranscrire des conversations électroniques. Pour quelles raisons ?

Je suis préoccupé par la question philosophique du propre. Et je crois que chaque idée prend une forme propre, en matière esthétique, même si par habitude, un artiste se met à concevoir chaque idée en fonction du médium qu’il utilise. Je ne suis pas sûr que ce soit une excellente habitude. En même temps, une forme d’homogénéité est bénéfique à l’immersion romanesque. Je tiens un blog qui tourne beaucoup autour de ces questions. Mais le texte et l’image, ainsi que la possibilité d’une cohabitation, occupent mes pensées depuis plus de deux ans. Disons que pour moi il y a dans l’image quelque chose d’irremplaçable et d’indivisible, comme pour le texte, et je cherche ardemment cet irréductible. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles j’ai inséré des images, je ne peux pas parler de tout, mais cela inclut aussi l’idée d’accréditation de mon récit, qui m’importe.



Votre personnage est un doux rêveur, est-ce votre cas ?

Ma foi, on ne peut rien vous cacher. Rêveur pratique, toutefois, qui cherche à organiser sa vie de manière pragmatique pour y loger autant que rêve se peut.



Lève-toi et charme pousse à réfléchir sur le numérique et les relations humaines. Quel message souhaitez-vous faire passer à ce sujet ?

Au premier degré déjà, le fait qu’à mon avis les auteurs d’aujourd’hui seraient bien inspirés de prendre la chose à bras-le-corps, car le cinéma ne les a pas attendus. Après, voilà la conclusion du narrateur : les nouvelles technologies rapprochent ce qui est proche et éloignent ce qui est lointain. On trouve ceci dans le dernier livre de Régis Debray : « le médium n’est pas le message, mais il y contribue fortement, comme l’argent au bonheur. » Nous sommes joués par les machines, mais je ne pense pas que ce soit forcément mauvais. Comme toute chose qui semble exister en soi et de manière incontestable, les nouvelles technologies sont fort ambivalentes, comme la pluie qui nous gonfle mais également nous nourrit.



Le personnage de votre roman considère les gens comme insensibles. D’où lui vient ce sentiment ? Est-ce une conséquence de la prégnance des réseaux sociaux aujourd’hui ?

Je ne suis pas sûr de voir à quel passage du livre vous faites référence, mais en tout cas il ne me semble pas que cette insensibilité soit née des réseaux sociaux. Il me semble plutôt que le narrateur (et plus tard le père de Dora dans le livre) sont convaincus que la communication est impossible entre les êtres, que l’essentiel ne pourra jamais être dit. Quand le narrateur veut raconter à Dora un souvenir d’enfance, il a soudain la gorge sèche. Si tant de choses sont indicibles, c’est parce qu’on ne peut transmettre que ce qui est narratif. Or, c’est bien peu. Préoccupation d’écrivain aussi : la corporation a bien du mal à admettre qu’il y ait quoi que ce soit d’indicible, déni compréhensible. Mais quand on voudrait aller à la chose même, à cause de la successivité du langage, on est tenu de tourner autour, de condescendre au langage, à son code. Ainsi parfois nous manquons la cible.



En quoi les nouvelles technologies révolutionnent-elles les rapports humains selon vous ?

Vaste question sur laquelle je me garderai bien de fournir une réponse définitive. Mais la modernité me semble globalement bonne à prendre, et j’essaie de l’accepter quand je le peux. En l’occurrence, j’ai pris le parti de foncer dedans parce qu’un romancier ne saurait être trop moral, éthique et esthétique étant sœurs ennemies. La modernité demande à ce qu’on lui rentre dans le lard, et sa couenne est vaste. Pour ma part, je connais certains de mes tout meilleurs amis grâce à Internet et aux réseaux sociaux, qui ont cette capacité de centraliser les préoccupations, les intérêts. Internet me fascine pour ceci : si vous voulez une vidéo d’un panda en slip qui fait du skateboard, vous l’aurez. Néanmoins, et c’est ce que j’essaie de montrer dans mon livre par le prisme d’une relation à distance, l’illusion de la présence est peut-être pire que l’absence.



Clément Bénech et ses lectures



Quel livre vous a donné envie d`écrire ?

Dans le café de la jeunesse perdue, de Patrick Modiano.



Quel est l`auteur qui vous aurait pu vous donner envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Donna Tartt. Mais je prends plutôt ses livres (et surtout le premier) comme des défis. Même si atteindre ces sommets ne sera pas de la tarte (on peut plaisanter).



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Le Portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

La Salle de Bain, de Jean-Philippe Toussaint.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Gargantua, de François Rabelais (vous connaissez l’auteur mais je suis procédurier).



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

A la recherche du temps perdu, tome 1 : Du Côté de chez Swan..., de Proust (on peut plaisanter). Non, pour être franc, je pense plutôt à L`affaire des vivants, de Christian Chavassieux (Phébus), splendide roman faussement balzacien.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Madame Bovary (s’ensuit un tombereau d’injures sur mon compte Twitter @ClementBenech).



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Oui, j’en ai quelques-unes. En voici une, tenez : « Si j’ai pu m’éloigner de Dieu, c’est donc bien qu’il y a des brèches dans son omniprésence. » C’est Eric Chevillard qui le dit, sur son blog l’Autofictif que je lis quotidiennement depuis cinq ans.



Et en ce moment que lisez-vous ?

Surtout des choses pour mon mémoire universitaire. Mais j’ai lu l’excellent premier roman de Bertrand belin, Requin, il y a quelques semaines, et c’est un coup de maître. Formidable chant du cygne d’un homme qui se noie dans un contre-réservoir, avouez que c’est pas commun. Sa musique résonne encore dans ma crypte interne.




Entretien réalisé par Marie-Delphine

Découvrez Lève toi et charme de Clément Bénech aux éditions Flammarion :



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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
- Détrompez-vous, dit-il aussitôt. En fait, nous avons un thème pour notre année.
- Ah oui ? repartit mademoiselle Combes d'un ton sarcastique. Laissez-moi deviner : le skateboard dans l'oeuvre de Ronsard ? Le triathlon chez Madame de Sévigné ? Les vies parallèles de l'abbé Prévost et de Michael Jordan ?
(page 111)
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"Devant l’église Saint-Siméon, qui avait radicalement changé de culte puisqu’elle accueillait maintenant un cinéma,..." 31
" - Enfin, Romain… Pourquoi défends-tu cette mascarade ? Reconnais que c’est gavé con.. Tes élèves se bastonnent, ils appellent ça un «conflit sociocognitif» ! Sérieux ? Et un chahut au moment de s’asseoir, ça devient un «groupe en motricité»… "34
" - Autres mœurs, autres latitudes, autre pédagogie… En fait, tu es un altérophile !
- Oh, le barbarisme ! Fit Romain. Oh, la chimère gréco-latine ! "35
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[ «  Oh, ça, c’est encore Romain, avec ses idées ! » Eh oui, c’est bizarre, une idée, ça ne se touche pas… Ça ne se mesure pas… Ça ne se vend pas au kilo…..On ne peut pas lui donner un coup de truelle pour la remettre droit… Passe encore, passe encore… ]
- Je crois que nous ne parlons plus la même langue… C’est vous qui m’avez appris à parler, et pourtant nous ne parlons plus la même langue, je m’en rends compte en ce moment même… Vous savez, aujourd’hui, nous sommes le 21 juin, c’est la Fête de la musique, et j’aurais aimé aller écouter un concert au VOID, place de la Victoire, mais non…
- Tu aurais raté l’inauguration du pont de ton frère ! S’exclama madame d’Astéries, indignée.
- Peut-être, pourquoi pas ? Cela m’aurait fait une journée entière sans parler de pont, de pont du soir au matin… Passe encore que je sois le vilain petit canard de la famille, le seul à ne pas manier les nobles matériaux, seulement les très douteuses idées… «  Oh, ça, c’est encore Romain, avec ses idées ! » Eh oui, c’est bizarre, une idée, ça ne se touche pas… Ça ne se mesure pas… Ça ne se vend pas au kilo…..On ne peut pas lui donner un coup de truelle pour la remettre droit… Passe encore, passe encore… Les blagues continuelles sur Romain le blondinet, le fils du facteur, passe encore… ...
- Passe encore, répéta Romain. Mais les mondanités, c’est au-dessus de mes forces ! Évidemment, vous, vous êtes si à l’aise là-dedans… Bordeaux et bien sûr tout le ban et l’arrière-ban, le Tout-Bordeaux. Bordeaux à droite, Bordeaux à gauche, Bordeaux en haut, Bordeaux en bas, que des Bordelais de la bordelaiserie… 25
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Tes élèves se bastonnent, , ils appellent ça " un conflit sociocognitif"! Sérieux?
Et un chahut au moment de s'asseoir, ça devient "un groupe en motricité"...
-Pfff.
Henri, de l'avis de Romain, était excessif dans sa condamnation de l'Institut.
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« De même que l’on ne trouve à redire que des mauvais livres (où l’on se fait une joie de prendre en note les incorrections, celles qui suscitent notre mauvaise ironie) tandis que les excellents sont si dépourvus de faille qu’on ne peut y introduire aucun pied-de-biche pour découvrir leurs rouages, de même l’amour commence pour moi à décliner lorsqu’on est capable de dire exactement ce qui nous plaît chez l’autre. Dès lors, l’autre est seulement une liste avec des cases cochées. » (p. 56)
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Il fallait donc bousculer les choses, penser non aligné. Mais à la fin du cours, on prenait à nouveau deux minutes, pour les (= tables/chaises) remettre en ordre et camoufler le forfait.
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Ce fut un joyeux charivari; le wagon entier qu'ils occupaient fut transformé en soirée pyjama. Mademoiselle Combes, dans une montée d'espoir qui flirtait avec la foi chrétienne, passa distribuer les des polycopiés sur la Roumanie.
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« Nous étions venus en Slovénie pour changer d’air, mais il semblait qu’il se viciait à notre approche et nous suivait comme une nuée de moucherons. » (p. 110)
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« Donc toi, quand tu fais mariner un peu un mec sur Tinder, il quitte sa copine pour toi. / Pas toujours. / Tu me rassures. » (p. 57)
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- Martine... Vous êtes en train de me dire que vous ne pouvez pas, manuellement, de votre propre chef, intervenir pour corriger l'erreur commise pas un algorithme? Par un robot imbécile?
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