AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Clément Bouhélier (126)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Passé déterré

Le village de Vernay a été marqué par une tragédie : un chauffeur de car saoul, un accident, et ce sont 9 personnes dont 7enfants qui en paient le prix. Autant de familles endeuillées et autant de tristesse qui accable cette commune. Une tristesse que chaque famille supporte comme elle peut un peu chacune dans son coin jusqu’à ce qu’un meurtre se produise. A partir de ce moment il se passe de drôles de choses, des choses pas tout à fait normales qui semblent avoir un lien avec l’accident, et c’est tout le village qui est impacté et qui retient son souffle.



Si l’idée de départ est bonne la mise en œuvre traîne un peu des pieds. En effet quand un récit prend racine dans le passé il faut prendre le temps d’installer le passé et de planter l’histoire dans des fondations solides, ce qui ici n’est pas le cas. Les évènements du passé qui revêtent une importance dans le présent sont flous de même que les protagonistes. Au lieu de faire des allers-retours entre passé et présents ou de faire appel à des flashback on a quelques souvenirs éparses et pas très convaincants et des coupures de journaux. De ce fait le lien entre les évènements du passé et ceux du présent n’est pas très crédible. Personnellement je n’est pas été convaincue.



Le reste n’est pas très solide non plus, il y a beaucoup d’invraisemblances, que je ne peux pas exposer sans dévoiler l’intrigue, mais qui m’ont beaucoup dérangées. Le maire était enfant en 1945 en 2015 il devrait avoir entre 75 et 80 ans mais il est plutôt décrit comme un homme dans la soixantaine et il n’est pas encore en retraite. Un des personnages est un ancien pompier et à un moment il est indiqué qu’il a un réflexe d’ancien militaire : faudrait savoir. De plus il dit « c’est comme ça qu’on faisait quand j’étais encore au SDIS » euh.. le SDIS ce sont les bureaux administratifs et le centre d’appel pas les pompiers de terrain. Et ces coquilles, invraisemblances, incohérences, saupoudrent tout le livre ce qui fini par agacer.



Le livre est censé faire peur mais je ne me suis pas prise au jeu. Il m’a manqué de la tension, de l’angoisse. Il faut dire que ne m’étant pas attaché aux personnages peu m’importe qu’ils se fassent trucider alors si en plus l’auteur ne fait pas monter la pression ça ne fonctionne pas. Ce n’est pas que le soufflé est retombé c’est qu’il n’est jamais monté !



Parfois on cède aussi à la facilité. Certains personnages disparaissent des radars alors que je m’attendais à les revoir. J’ai eu le sentiment que l’auteur ne savait plus trop quoi en faire et que donc il arrêtait tout simplement d’en parler. La fin est un peu facile et m’a complètement déçue. J’aurais pu me raccrocher à la plume elle est agréable mais ça n’a pas suffit.



Une histoire un peu fade et un scénario à trous qui m’a laissée avec plein de questions et peu de réponses.

Commenter  J’apprécie          4327
Olangar - Histoires au crépuscule: Histoires ..

Nous avions dit au revoir, définitivement, à Olangar l’année dernière. Olangar, vaste cité au centre de toutes les convoitises. Qui, au cours des romans de la série a subi des assauts et des destructions. Olangar dont on pensait ne plus avoir de nouvelles. D’où la merveilleuse surprise de cette rentrée littéraire. Clément Bouhélier, comme il l’explique dans sa postface, n’a pu s’empêcher d’y revenir. Et franchement, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre !



J’ai beaucoup aimé Olangar et la série que Clément Bouhélier lui a consacrée : Bans et barricades 1 et 2, Olangar. Une cité en flammes et Olangar. Le combat des ombres. Je m’étais attaché aux personnages qui peuplaient ces terres parfois rudes. D’où une certaine tristesse à l’annonce de la fin de ces aventures. Mais c’est le jeu. Et il vaut mieux quitter à temps un monde que le prolonger en cycle sans fin qui lasse tout le monde. Malgré tout, la lecture de ce court texte m’a fait un immense plaisir. Avec cette douce impression de retrouver de vieux amis. Tendresse et tristesse mêlées.



Olangar. Histoires au crépuscule est construit autour de trois nouvelles, reliées entre elles par un récit. Evyna, Silja et Torgend sont sur la route. Dans la neige et le froid. Et les haltes ne sont pas très bavardes. Torgend, on le sait, n’a pas l’habitude de se répandre en confidences. Mais Evyna est d’ordinaire plus enjouée. Or, là, elle est fermée comme une huître et ses compagnons s’inquiètent pour elle. Ils décident de la mettre à l’aise afin de lui permettre de s’épandre, de se libérer de ce qui occupe son esprit. Silja va donc raconter un souvenir personnel.



C’est la première nouvelle : « Le secret de Kornal ». Où l’on en apprend un peu plus sur le karn. Et ses conséquences sur les elfes qui l’entendent. Afrun est une jeune elfe qui y est très sensible. Et cela va la mener dans des tourments et des doutes très forts. Trahisons, tromperies, déceptions. Clément Bouhélier nous promène dans les bas-fonds de la ville, parmi les bandes de ceux qui s’organisent en dehors de la loi. Et qui respectent un code de l’honneur sans faille : on le bafoue, on en paye le prix aussitôt. Définitivement.



Le récit de Silja fonctionne. Evyna s’ouvre progressivement et entame son propre récit : « Un grand feu de joie ». Il se déroule quand les orcs ont débarqué sur les terres des humains et que la guerre s’est intensifiée. Evyna était très jeune alors et c’est son père qui dirigeait son domaine. Devant l’arrivée des ennemis à la peau verte, il décide de fuir et de mettre la population en sécurité dans une zone éloignée. Mais certains veulent résister, croyant pouvoir lutter contre les guerriers ennemis. Et Malek, lui, refuse de laisser sa bibliothèque, constituée avec tant de peine, brûler : « Abandonner la bibliothèque. Le scrimvero. Toute sa vie… Il préférait ne pas y songer. » Vont-ils écouter la voix de la raison ?



Enfin, dernier récit, celui qu’attendaient Torgend et Silja, celui qui obstruait l’esprit d’Evyna : « Les loups d’Enguerrand ». Où l’on voit les différences notables s’installer entre elle et son frère, Andréan. Ce dernier était censé et voulait succéder à son père. Mais rapidement, on comprend que cela ne sera pas possible. Il n’est tout simplement pas à la hauteur. C’est Evyna qui gère la situation de crise, quand le ravitaillement manque et que les convois sont attaqués.



Et le récit qui lie ces trois textes n’est pas juste une ficelle. Elle nous révèle aussi beaucoup. Sur Torgend cette fois-ci. Lui ne parle pas, mais ses souvenirs remontent.



Outre le fait que j’ai apprécié le fait de retrouver ces personnages, je sais gré à Clément Bouhélier de ne pas avoir juste fait jouer la corde de la nostalgie. Car ces textes apportent quelque chose sur le passé de ceux que nous avons côtoyés si longtemps. Ils répondent à certaines questions, comblent certaines lacunes, développent certains points juste entraperçus dans les romans. Et c’est ce qui rend cette lecture quasi indispensable pour qui a aimé se promener dans les rues d’Olangar. Et ce qui fait qu’à mon avis, même si la lecture en est possible sans avoir lu les romans, et en sera même sans doute très agréable, on perd beaucoup. Le relief.



Je le répète, grande et belle surprise que la parution de ce petit ouvrage. Une plongée dans un monde aimé, avec des personnages devenus proches. Des histoires qui serrent au plus près les tourments de Torgend, Evyna et Silja. Une occasion de vivre encore avec eux quelques moments. Une dernière fois…
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          292
Olangar, tome 1-1 : Bans et Barricades

Clément Bouhélier est un auteur habitué des éditions Critic, puisqu'on lui doit déjà trois romans parus dans cette maison d'édition : un thriller fantastique (« Passé déterré ») et un post-apo en deux volumes (« Chaos »). On le retrouve cette année avec « Bans et barricades », un nouveau diptyque dont les tomes sont sortis (chose assez rare) presque simultanément. Vendue comme une série de fantasy « palpitante et engagée », le roman m'avait tapé dans l’œil dès sa parution, mais il aura fallu la chronique enthousiaste d'un troll des cavernes pour me pousser à le lire plus tôt que prévu. Et j'ai bien fait, car le roman mérite toutes les louanges qu'on a pu lui faire. L'action se situe essentiellement dans la cité d'Olangar, une ville engagée sur le chemin de l'industrialisation et encore marquée à la fois par la révolution politique qui a mis fin un siècle plus tôt à la monarchie absolue, mais aussi par l'éprouvante guerre menée contre les Peaux-vertes (comprenez les orques) quelques années auparavant. On y fait la connaissance de trois personnages qui vont occuper le devant de la scène pendant la majeure partie du récit. Le premier est un vétéran elfe, ancien héros de guerre renié par son peuple et dont les cauchemars demeurent hantés par le souvenir de sa mutilation ainsi que de la boucherie de la bataille d'Oqananga. La seconde est une jeune fille de noble qui cherche à percer le mystère entourant la mort de son frère et s'adresse, pour se faire, à un ancien ami de son père : notre fameux elfe en disgrâce. Le dernier, enfin, est un syndicaliste nain et l'un des principaux leaders de la Confrérie qui cherche à protéger les ouvriers de la misère et des mauvais traitements de leurs employeurs (quitte parfois à faire passer le message par un ou deux meurtres de contremaîtres...). Ajoutez à cela une mafia puissante ayant parvenue à se placer auprès des plus grandes instances du pouvoir, une élection opposant les deux candidats des partis traditionnels, talonnés pour la première fois par un petit nouveau en politique, sans oublier des grands patrons peu scrupuleux, et des soldats sur les dents. Bref, Olangar a tout de la cocotte-minute qui ne demande qu'à exploser.



Parmi les nombreux aspects positifs qu'on peut trouver au roman, le décor de la ville d'Olangar est sans aucun doute le premier qui vient à l'esprit. Et pour cause, quelle cité ! L'auteur opte en effet pour une fantasy se déroulant non pas dans un cadre médiéval mais presque contemporain, et la chose est loin d'être courante. On retrouve ainsi toutes les caractéristiques de la ville industrielle : des usines et des chantiers à n'en plus finir, une urbanisation qui ne cesse de s'étendre, sans oublier la pollution et la misère sociale d'une grande partie de la population. Une vraie capitale, donc, avec ses grosses entreprises, ses « quartiers populaires », ses lignes de chemin de fer, ses poteaux télégraphiques, et bien sûr la masse grouillante qui y habite. Clément Bouhélier opte à ce sujet sur une fantasy plus classique, puisqu'on retrouve les races propres au genre depuis Tolkien, à savoir des nains, des elfes et des orques. Si chaque « race » a ses particularités, toutes cohabitent néanmoins en plus ou moins bonne entente dans l'incroyable capharnaüm qu'est la cité d'Olangar. Les elfes se font toutefois assez rares (ils préfèrent la nature à la ville), de même que les orques qui subissent depuis la fin de la guerre le sort des vaincus et ne montrent plus guère leur trogne dans la capitale (sinon pour servir de spectacle macabre à la foule avide de sang). Les nains, en revanche, représentent une communauté bien plus importante, au point de s'être organisés en une Confrérie qui sert d'intermédiaire entre leurs congénères (des ouvriers, pour la grosse majorité) et les hommes. On a donc affaire à une cité pleine de vie mais à l'équilibre précaire, et dont l'auteur entend nous faire côtoyer autant (sinon plus) les bas-quartiers que les belles demeurent. Car c'est que, depuis la Révolution, le rapport de force entre le peuple et ses dirigeants s'est un peu modifié : cela fait maintenant un siècle qu'Olangar est devenue une monarchie constitutionnelle démocratique, avec des élections organisées à intervalles réguliers pour élire le nouveau Chancelier (le roi est toujours présent mais n'a plus guère qu'un pouvoir vaguement symbolique). Deux partis s'opposent et alternent ainsi depuis des années au poste tant convoité : les unionistes et les régionalistes. Mais si la forme a changé, le fond, lui, reste le même : les clivages sociaux sont toujours aussi présents, et la manière de gouverner n'a pas tellement changé.



C'est à ce niveau que le roman de Clément Bouhélier fait preuve du plus d'inventivité et de la plus grande originalité : le récit nous parle de politique, certes, mais dans laquelle la masse informe qu'on nomme souvent de manière un peu dédaigneuse « le peuple » ne se contente pas de jouer le rôle de spectateurs. Or il faut admettre que, si la chose est peut-être un peu plus fréquente en SF, elle l'est moins en fantasy, un genre pour lequel les auteurs semblent plutôt favoriser des systèmes politiques disons plus « archaïques » (empire, monarchie, oligarchie...). Bref, si intrigues politiques il y a bien, elles sont plus généralement explorées du point de vue de ceux qui sont en haut de l'échelle sociale : rois et reines, princes et princesses, chefs de guerre... (c'est un peu l'histoire vue par Stéphane Bern : on ne se concentre que sur les « Grands » car c'est par eux et par eux seuls que l'histoire est censée arrivée). L'auteur prend ici le contre-pied de tout cela, et c'est d'autant plus rafraîchissant que cela permet d'aborder des thèmes de société ô combien d'actualité : la communication envers le peuple (multiplications d'effets d'annonce, importance du symbole en politique...), l'accroissement des financements privés et leurs conséquences, les coulisses d'une campagne électorale, les enjeux d'une grève générale... Quelques clins d’œil sont un peu plus appuyés (le terme « sans-dents » revient à plusieurs reprises, de même que l'on devine sans mal derrière la figure du candidat à l'ascension fulgurante celle de notre royal président), mais n'allez toutefois pas croire qu'il s'agirait là d'un simple pamphlet politique visant à faire la propagande de telle idéologie. Oui cela parle d'injustice sociale, oui on y est témoin des rapports de force (déséquilibrés, est-il utile de le préciser ?) entre les grands patrons et les syndicats d'ouvriers, oui le roman vante les mérites de la convergences des luttes, mais l'auteur ne commet jamais l'erreur de tomber dans le manichéisme. Les ouvriers sont loin d'être des anges, et certains grands patrons ne sont pas les gros méchants qu'ils semblent être : il y a des ordures et des opportunistes des deux côtés. Il n'empêche que l'injustice est bien là, de même que la violence (qui n'est pas uniquement physique ou matérielle, chose qu'on a souvent tendance à oublier de nos jours lorsqu'on commente l'actualité). La lutte qui oppose les grands armateurs de la capitale à leurs employés fait d'ailleurs autant penser aux événements qui peuvent avoir lieu aujourd'hui qu'aux grands conflits sociaux qui ont agité tout le XIXe siècle, et on se prend parfois à penser à d'autres auteurs ayant abordé le sujet, Zola en tête.



L'impact de toutes ces réflexions auraient néanmoins pu être atténué par une intrigue bâclée ou des personnages médiocres. Fort heureusement il n'en est rien. Le récit est bien construit et repose sur deux fils rouges dont on devine qu'ils sont liés sans pouvoir encore bien en saisir toutes les implications ou les enjeux. On suit donc d'un côté l'enquête menée par l'elfe et la jeune noble de province qui soupçonne qu'il y a plus à découvrir sur la mort de son frère que ce que l'armée lui en a dit, et de l'autre celle menée par un syndicaliste nain qui met le nez dans un certain nombre de magouilles en lien avec les chantiers navals sur lesquels une partie de ses congénères travaillent. Le récit est bien rythmé, et alterne efficacement grosses scènes d'action (l'attaque du train est exceptionnelle !) et moments plus calmes visant à laisser le lecteur respirer et permettre à chacune des forces en présence d'avancer ses pions. Quoique soignée, la plume de l'auteur vise avant tout la fluidité, ce qui permet une immersion rapide dans le récit qui comprend également tout un tas de dialogues et répliques bien sentis. Mention spécial d'ailleurs pour le discours de Baldek qui électrise autant la foule de nains venues l'écouter que le lecteur qui se retrouve à deux doigts de poser son livre pour rejoindre le premier cortège venu. Les personnages sont eux aussi à la hauteur du décor, même s'ils ne représentent clairement pas l'élément le plus important du récit. J'ai pour ma part beaucoup aimé le personnage de Baldek, de même que les membres qui gravitent dans son entourage. Torgend, l'elfe usé par la guerre, est lui aussi très bien campé et ne tarde pas à s’attirer la sympathie du lecteur. Le mystère qui plane autour du passé du personnage n'y est d'ailleurs pas étranger, et il me tarde de savoir ce que l'auteur va nous révéler à ce sujet dans le second volume. Je serais un peu plus nuancée sur le personnage d'Evyna qui, bien que forçant le respect par son courage et sa détermination, n'en possède pas moins une sensibilité peut-être un peu trop exacerbée. Le roman possède également tout un cortège de personnages secondaires qui évoluent en lisière de l'intrigue mais à propos desquels il me tarde là encore d'en apprendre plus, qu'il s'agisse des trois candidats à la chancellerie, du chef de la pègre Mandrac, ou encore de la grande héroïne de la guerre contre les orques, celle que tous nomment la Femme Diable.



Clément Bouhélier signe avec le premier tome de ce diptyque un roman et un univers très prometteurs, qui abordent pour une fois la politique du point de vue de monsieur et madame tout le monde, et non plus seulement des grands de ce monde. Cela permet évidemment à l'auteur d'aborder des thématiques actuelles qui, parce que replacées dans un tout autre contexte, peuvent nous apparaître sous un tout autre jour. Après tout la fantasy, c'est fait pour ça aussi. Une belle découverte, que je m'en vais évidemment poursuivre avec le second volet.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
Commenter  J’apprécie          291
Olangar, tome 2 : Une cité en flammes

Olangar semblait en paix. Plus juste après les révoltes de la classe ouvrière guidée par les nains. Plus sûre après la disparition du danger venu de l’intérieur. Chacun était retourné à sa vie. Mais une menace sournoise et terrible pèse à nouveau sur Olangar. Et cette fois-ci, pas sûr qu’elle s’en sorte intacte !



Evyna, Torgend, Baldek : des noms qui résonnent dans l’esprit de qui a lu et aimé Bans et barricades (c’est mon cas). Nous les avons laissés meurtris et séparés. D’où la joie de les redécouvrir dans ce nouveau récit de la saga d’Olangar. Tous ? Non. L’un d’entre eux déserte ces pages. Baldek laisse la place à Kalin et Nockis, deux autres nains qui ont participé activement aux révoltes passées. Mais qui se sont encroûtés dans leur nouvelle vie. Nockis, resté au contact des ouvriers, trouve que Kalin s’est embourgeoisé et se perd dans des intrigues de palais. Cependant, ils vont rapidement devoir faire taire leurs différents : une menace pèse sur la ville. Les ZEF, ces zones franches économiques où les propriétaires peuvent faire ce qu’ils veulent, sans aucun contrôle, ont ouvert la porte à des excès. Et l’une d’entre elles, celle de Lorkhil, attise toutes les inquiétudes. Ajoutons à cela la poussée des elfes qui, suite à des morts suspectes, s’unissent derrière un leader avide de revanche contre les humains. Et des orcs qui sont embauchés pour une mystérieuse mission. Cela fait trop et Evyna, devenue dirigeante de son royaume, ne peut rester les bras croisées. D’autant qu’un attentat touche son territoire d’atroce façon.





Pour tout dire, quand j’aborde une suite, je suis partagé entre enthousiasme et crainte : enthousiasme de retrouver des personnages que j’ai appréciés et un monde qui m’a accueilli ; crainte de ne découvrir qu’une pâle copie décevante du volume précédent. Mais ici, dès les premières pages (et cela s’est confirmé tout au long de ma lecture), toute crainte a disparu au profit d’une joie pleine de reconnaissance envers Clément Bouhélier pour la qualité de ses intrigues. Une fois encore, il parvient à tresser de nombreuses histoires, mettant en scène des personnages déjà vus dans Bans et barricades, mais aussi de petits nouveaux. Et tout cela avec une rigueur extraordinaire. Ce qui fait que peu à peu, on comprend les liens qui unissent tous ces fils. Et on découvre avec stupéfaction la vue d’ensemble qui a été dessinée par petites touches, au fur et à mesure de l’avancée du récit. C’est vraiment de la belle ouvrage ! À la fin d’Une Cité en flammes, on ne se dit pas : « Pourquoi tout cela ? », ni « Tout ça pour ça ! ». On sort bouche bée et essoufflé par la série d’aventures parfois ébouriffantes, parfois épiques dans lesquelles se trouvent embarqués les personnages principaux.



Car une des forces de cet auteur, c’est sa capacité à alterner des moments intimes avec des portes ouvertes sur l’âme de ses personnage, sur leurs doutes, leurs envies, et des moments d’une force digne de grands films hollywoodiens, avec mouvements de troupes et explosions grandioses. Et tout cela avec le même succès, la même réussite. Et cette alternance permet au livre (assez long en nombre de pages) d’être un redoutable page turner dans lequel je ne me suis pas ennuyé une minute. Elle permet également de découvrir plus encore les héros dont nous suivons les aventures, de les rendre plus denses et plus proches de nous. Tout en nous abreuvant de scènes de combats rudement bien menées, car on s’y retrouve et on comprend qui fait quoi, ce qui n’est pas toujours évident pour moi qui ai parfois du mal à me représenter spatialement ces moments plus complexes. Clément Bouhélier gère le spectaculaire comme le normal avec le même talent, la même maitrise.



Vous l’aurez compris, je ressors plein d’enthousiasme de ma lecture d’Une cité en flammes. Ce roman fait partie de ces récits qui vous prennent aux tripes dès les premières pages et ne vous lâchent qu’une fois la dernière ligne lue. Heureusement, il me reste un dernier tome à découvrir, Le Combat des ombres (paru voilà quelques semaines). Sans quoi, j’aurais éprouvé de la tristesse à laisser partir définitivement Evyna, Keiv, Torgend, Ergan… et Baldek.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          242
Olangar, tome 3 : Le combat des ombres

Olangar est une prisonnière martyrisée. Lec Rossio, avide de vengeance, mène d’une de main de fer la répression contre ceux qui se sont opposés aux duchés. En particulier les nains, qu’il déteste par dessus tout. Un seul but : construire les nombreux navires promis aux duchés pour qu’ils puissent aller s’emparer des richesses dans les îles. Mais les habitants ne se laissent pas tous faire. Des résistances se mettent en place et un plan de sauvetage est à l’œuvre. Mais a-t-il de réelles chances d’aboutir ?



Et j’en suis bien triste. Pour tout vous dire, j’ai traîné avant d’entamer la lecture de ce dernier tome d’une série qui m’a envoûté tout du long. J’ai été impressionné par Bans et barricades. J’ai été heureusement surpris par la suite, Une cité en flammes,exercice toujours un peu casse-gueule car souvent les suites déçoivent, mais remarquablement négocié par Clément Bouhélier. Et Le Combat des ombres ne dépare pas dans ce tableau. Quel final, mes aïeux ! La trilogie s’achève, certes, mais avec panache. Toutes les lignes entamées par les personnages trouvent une fin, plus ou moins heureuse (mais l’auteur ne nous a pas habitués à la clémence avec ses héros). Nous pouvons les laisser partir dans leur coin, sans nous.



Mais foin des lamentations ! Olangar est donc une cité meurtrie, placée sous la coupe d’un Lec Rossio revanchard et cruel, maladroit et très mauvais administrateur. De toutes façons, pour lui comme pour Jush Thagon, l’envoyé des duchés, la ville n’est qu’un moyen d’obtenir les navires nécessaires à leur mission d’enrichissement. On ne pense pas à la suite. On ne se demande pas si Olangar a un avenir. Mais pas mal de monde n’est pas de cet avis, à l’intérieur comme à l’extérieur de la cité. Nombreux sont ceux qui veulent tenter de libérer cette cité, malgré les difficultés énormes qu’une telle opération présente. Et l’on retrouve à la manœuvre tous nos personnages préférés (enfin, ceux qui ont survécu aux épisodes précédents) : Evyna d’Enguerrand, encore plus déterminée, prête à mourir pour une idée ; Torgend Aersellson, l’elfe, et Ergan, l’orc, son ami, prêt à risquer leur vie pour aider ; Baldek, le nain, qui se fait vieux et a du mal à anticiper le combat et les nouvelles alliances. Et d’autres encore, rencontrés de-ci de-là.



Car une fois encore, ce qui m’a le plus intéressé, c’est le devenir de chacun de ces personnages. Cela fait un certain nombre de pages que je les suis. Et ils me sont devenus proches. Je pressens le grommellement de l’un, la colère de l’autre. Je redoute la témérité de l’une, l’esprit de sacrifice de l’autre. Et comme c’est le dernier tome, j’ai profité au maximum des derniers instants passés avec eux. Mais Clément Bouhélier, je l’ai écrit plus haut, n’est pas tendre avec eux. Ils vont souffrir jusqu’au bout, payer le prix de leurs choix, douter de leurs projets, obligés parfois de mentir ou, pire, de trahir un proche. La raison d’état est-elle supérieure à l’amitié ? Peut-on sacrifier la vie de plusieurs personnes, dont des amis au nom d’une cause. Comme les précédents volumes, Le combat des ombres n’édulcore par les thématiques sombres, les choix cornéliens. On n’est décidément pas chez les Bisounours. Toute décision a une conséquence. Dans un monde en transition, s’investir équivaut à risquer sa vie et mettre en danger celle des autres. Et Clément Bouhélier sait nous faire ressentir au plus près les dilemmes de ses personnages. Pourtant ils sont nombreux et variés, leurs motivations sont éloignées les unes des autres, mais on les suit et les comprend. À défaut de tous les apprécier.



S’occuper de la psychologie des personnages, c’est bien, mais ça ne nourrit pas son homme. Enfin, quelque chose comme ça. Tout ça pour dire que Clément Bouhélier, on l’avait compris dans les précédents volumes, maitrise les scènes d’action avec brio et, pour le final, il n’hésite pas à multiplier les assauts. Car l’intrigue n’est, une fois de plus, pas basique. On assiste à des retournements de situation, des trahisons, des échecs. La panoplie complète du parfait suspens. Jusqu’au bout, je me suis demandé qui survivrait. Et dans quel état se retrouverait Olangar. Car elle souffre, la ville. Je ne sais pas ce qu’en aurait dit de Gaulle, mais il aurait pu faire preuve de lyrisme tant les coups ont plu sur elle de l’extérieur comme de l’intérieur. Comme, en plus, les factions sont nombreuses et que les alliances changent au gré du vent, les occasions de s’occire et de tout faire exploser sont légion. Mention spéciale au tueur au masque de chairs. Lugubre à souhait.



Merci, donc, à Clément Bouhélier pour ces livres. Merci pour avoir donné vie de façon si intense et si crédible à un monde et une ville peuplés de nains et d’humains, d’elfes et d’orcs. Merci de leur avoir donné une conscience politique réaliste, suffisamment proche de la nôtre pour que l’on puisse s’y croire. Merci pour ces moments passés hors du temps, avec des êtres que j’aurais voulu côtoyer, soutenir, aider. Simplement merci.


Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          222
Olangar, tome 1-1 : Bans et Barricades

Olangar, ville gigantesque au ciel encombré de la pollution secrétée par les usines. Olangar, ville dont la géographie témoignage des injustices : les pauvres en bas, dans les immondices ; les riches en haut, là où l’atmosphère est plus dégagée. Olangar, une ville où les rapports de force sont la norme, avec ses règlements de compte, ses luttes de pouvoir. Et au milieu de tout cela, une jeune femme venue d’une région éloignée, qui cherche à comprendre et venger la mort de son frère. Comme un coup de pied dans la fourmilière…



Alors que les éditions Critic viennent de publier le quatrième et dernier tome de cette saga consacrée à la ville d’Olangar, je me suis dit qu’il était temps de découvrir cette cité dont j’avais entendu dire tant de bien (enfin, des romans, parce que la ville elle-même n’est pas à proprement parler attirante). Et je ne regrette absolument pas le voyage. Quelle maitrise de la part de l’auteur, Clément Bouhélier ! L’histoire est prenante du début à la fin, avec un suspens haletant, une richesse de l’intrigue enthousiasmante et des personnages d’une grande justesse.



Le récit commence par un prologue poignant et plein de force : un elfe, que l’on devine au bout du rouleau, miné par son passé, revit, lors d’une bagarre qu’il a lui-même initié, la bataille qui a déclenché sa chute : Oqananga. La lutte des hommes, des elfes et des nains contre la horde des orcs. Un combat sanglant, sans merci, sans pitié. Qui a laissé des traces atroces dans l’esprit de ceux qui ont survécu. Dont Torgend Aersellson, détruit par ce qu’il y a vécu. Mais il finit par trouver son salut ou, du moins, un répit, grâce à la jeune femme arrivée de sa province, Evyna d’Enguerrand. Son père connaissait Torgend et elle réclame son aide pour découvrir la vérité sur la mort de son frère. Ce dernier, soldat sur le mur qui protège encore la civilisation de la violence des orcs, aurait été tué lors d’une incursion ennemie. Mais certains indices ne collent pas. Evyna mène donc son enquête.



Mais elle ne connaît pas Olangar et ses us et coutumes. Or, comme je le disais dans l’introduction, tout y est rangé à sa place. Et malheur à celle ou celui qui risque de bousculer cet ordre. Et, bien entendu, Evyna va, sans réellement le vouloir, déclencher une suite d’évènements aux conséquences gigantesques et dévastatrices. Et nous voilà témoins des luttes secrètes pour le pouvoir. Il faut dire, d’abord, que les élections sont proches : la Révolution est passée par là et le peuple choisit à présent son dirigeant, après avoir fait chuter son roi. Le traditionnel affrontement entre les deux partis habituellement au pouvoir est mis à mal par l’irruption d’un troisième candidat, plein de fougue et de démagogie. On sent bien qu’un changement est en cours. Les forces occultes sont mises à contribution. Dont le terrible et sans pitié Mandrac, chef d’une pègre toute puissante et tentaculaire. Et là, tous les coups, violents et cruels de préférence, sont permis.



Face à lui et à ses commanditaires (dont on ignore le nom encore à la fin de ce tome), Evyna et Torgend ne font pas le poids. Heureusement qu’ils obtiennent l’aide de plusieurs atouts, dont Baldek, un des chefs des nains. Les nains, justement, parlons-en. Ils forment un groupe d’ouvriers, dans les chantiers navals, dans les mines, exploités par les patrons. Germinal (ou la Londres du XIXe siècle) version fantasy. C’est là une bonne idée de l’auteur : mêler des préoccupations réalistes et modernes (à un siècle ou deux près) à des histoires situées dans un monde imaginaire. Cet ancrage dans le réel renforce la présence du récit, nous le rend plus proche. Il est terriblement facile de ressentir les difficultés de ces opprimés, de s’indigner du sort qui leur est réservé. Ou de prendre le parti des oppresseurs (mais l’auteur ne va clairement pas dans cette direction). C’est la lutte finale… on se calme...



Présentés séparément, tous ces éléments peuvent paraître intéressants, mais sans plus. Ce qui en fait un roman passionnant et difficile à lâcher avant la fin, c’est le talent de l’auteur qui sait doser ses ingrédients et rendre le mélange addictif. Des personnages tout de suite attirants, avec leurs faiblesses mais aussi leurs forces. Et leur part de mystère, qui se dévoilera progressivement. Le mystère, justement, dont on aimerait connaître le cœur (ce ne sera que très partiellement le cas à la fin de ce tome : il faut attendre le deuxième volume, que je suis en train de dévorer à son tour). Et l’ambiance générale de la ville et du reste du pays, très juste, très « vraie » : on croirait une vraie société, avec ses tensions et ses habitudes, ses routines et ses travers.



C’est toujours une joie de découvrir une série qui vous tient en haleine. Et ce d’autant plus qu’elle est entièrement publiée (donc pas de mauvaise surprise de non traduction de la fin, pour les livres venus d’ailleurs, ou d’interruption pour cause de « non-rencontre avec son public »). Je sais que je connaitrai la fin (et si la saga continue à me plaire autant, cela ne devrait pas tarder), ce qui est un soulagement. Car Olangar séduit par les troubles qui la rongent, les êtres qui se battent pour sa conquête, les aventures qu’elle accueille. Je suis sous le charme.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          214
Passé déterré

J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman d’horreur qui réunit tous les éléments de base pour accrocher le lecteur : une introduction sanglante où un carnage a lieu histoire d’annoncer la couleur, un début lent qui permet de découvrir chaque personnage et l’état d’esprit de chacun suite au drame, des petits éléments qui surprennent, des morts qui tombent au compte goutte, un côté thriller qui prend le pas dès la moitié du livre passée et un final haletant. Alors non, on ne sort pas du scénario classique, mais qu’est-ce que c’était bien quand même ! Ce genre d’ouvrage où le rythme monte crescendo me plaît énormément. L’auteur a pour influence Stephen King et cela se sent ! On est exactement dans une ambiance comme le maître de l’horreur sait le faire ! Avec ce procédé scénaristique, on s’immerge progressivement dans le récit et, au fur et à mesure de têtes qui tombent, le stress nous gagne et on cherche vraiment à comprendre ce qu’il se passe et comment arrêter ce chaos. Le fait que tout se passe dans la petite bourgade, dans un huis-clos mystérieux, renforce le sentiment de terreur. Quelque chose en a après les habitants et ne compte pas interrompre son avancée funeste…



Au départ, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec « Les Enfants de Peakwood » de Rod Marty où il est également question d’un accident de bus, de deuil général et d’éléments surnaturels… Heureusement, les deux histoires se développent différemment. La plume de Clément Bouhélier est fluide, intéressante et facile à lire. Il dose aussi bien les émotions de ses protagonistes que les scènes d’action ou celles d’horreur à coups d’hémoglobine. Afin de donner une meilleure vision d’ensemble et de développer une poignée d’individus, l’auteur utilise la narration alternée. On papillonne alors chez la majorité des personnages : les principaux (Estelle, une professeure de français, et Alexandre, un ex-pompier), des importants (Noël, le frère du chauffeur de bus qui a provoqué un accident scolaire mortel, le petit Timothée, Carine, l’une des mères ayant perdu son enfant), les forces de l’ordre, mais également les forces maléfiques qui se terrent et qui sont prêtes à passer à l’action) et les futures victimes que l’on découvre juste avant de périr. J’avais peur d’être perdue par la grande quantité de citoyens à prendre en compte néanmoins, on finit rapidement par cerner ceux qui feront bouger le scénario et ceux qui serviront de gueuleton aux êtres qui sèment la Mort. De ce fait, je n’ai pas été perdue. Cela dit, ce n’est pas pour autant que j’ai ressenti un attachement pour les personnages principaux. Je ne nie pas que je les ai appréciés et que je me suis demandé s’ils allaient survivre, mais on ne peut pas parler d’attachement.



En plus de l’action et de la tension qui montent en flèche ainsi que de l’ambiance angoissante bien maîtrisée, j’ai également apprécié la façon dont l’auteur a abordé les thématiques du deuil. Les retombées du drame sur la populace, les réactions à chaud lorsque l’on apprend la mort d’un proche, les rancœurs que l’on tente d’effacer avec le temps, les non-dits, les couples qui se séparent ou, au contraire, se soudent encore plus, le village entier en deuil qui se replie sur lui-même, etc. Chacun réagit différemment au traumatisme. Ainsi, Clément Bouhélier présente plusieurs cas de figure qu’il va traiter judicieusement et sans rentrer dans le pathos. L’Amour infaillible d’un parent, que ce soit une mère ou un père, est bien développé. Enfin, l’idée de l’origine du phénomène avec cette étrange femme au crâne rasé, le passé du village et la façon dont le carnage est apparu m’ont beaucoup plu. D’ailleurs, hormis le fait que la construction scénaristique soit classique et l’affrontement final qui ne m’a pas surprise (je m’attendais à ce qu’Il intervienne…), je ne trouve rien à redire sur ce ouvrage !



C’est une bonne lecture pour ceux et celles qui cherchent de quoi frémir pendant le mois d’octobre ! Pour les habitués du genre, vous avez là une histoire classique mais aussi prenante qu’haletante ! Pour ma part, je me suis vu vérifier une ou deux fois si j’avais bien fermé mes volets… (comprendront ceux qui ont lu le roman…). « Passé déterré » est donc un bon livre dans le genre. Il m’a donné envie de me pencher sur la duologie « Chaos » écrite par l’auteur où il est question de zombies. Or, je voulais d’abord découvrir la plume de Clément Bouhélier dans un one-shot. C’est à présent chose faite et j’y ai adhéré ! Prochainement, je ferai donc une halte dans un Paris infesté de revenants putréfiés…
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          210
Olangar, tome 1-1 : Bans et Barricades

je ne vais pas écrire une grosse tartine, nous sommes dans un monde peuplé par les créatures de fantasy classique, Elfes, Nains, Trolls et humains.

Il n'y a parcontre pas de magie, l'originalité de cette univers vient du fait que nous sommes plonger en plaine révolution industrielle.



Le train existe ainsi que les armes a feux, les gens travaillent dans des usines, il y a des organismes qui font office de syndicat.



Nous suivons une demoiselle qui enquête sur la mort de sont frère militaire et qui demande l'aide d'un Elfe connaissance de son père pour faire tout la lumière sur cette histoire.

En parallèle nous suivons également la lutte des Nains ouvriers pour améliorer leur quotidien de travailleurs.....



Le récit a un côté social surprenant est très agréable, le rythme est enlevé, ont s'ennuie pas un instant, les péripéties s'enchaînent....

Ont est dans un livre adulte, avec une bonne dose de violence, les protagonistes hésite pas à découper et à faire recours aux flingues si besoin.....



Franchement j'ai passé un très bon moment de lecture, les pages ont defilées a toutes vitesse.





Petit bémol peut-être, les opinions politiques de l'auteur sont bien visibles est si la lutte des classes et autres joyeuseté de gauche vous dérange peut-être que les thèmes du livre et le traitement de l'histoire peut déranger.....



Après je pense réellement que cette série mérite d'être découverte, que l'écriture est de qualité et le récit est vraiment bien prenant et l'immersion en terre d'Olangar en vaut le détour....
Commenter  J’apprécie          200
Chaos, tome 1 : Ceux qui n'oublient pas

Après avoir apprécié « Passé déterré », j’ai eu envie de découvrir cette duologie dont j’avais entendu parler de façon mitigée… Cependant, certains lecteurs ayant prononcé le mot « zombie », j’avais vraiment hâte de replonger dans un récit avec nos chers mangeurs de cerveaux ! Or, si tous les codes Z sont réunis, je ne peux pas parler de morts-vivants pour autant. Certes, on s’en rapproche cependant, il n’est jamais question de monstres avides de chair humaine qui chassent en masse pour traquer des proies à se mettre sous la dent. Ici, on est sur l’idée d’un puissant virus impossible à déterminer, mais qui contamine autrui de façon volatile. Il suffit que vous soyez dans la même pièce que quelqu’un pour être touché ! C’est terrifiant, car cela se répand vraiment facilement… Durant ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer ce qu’il me serait arrivé face à ce fléau… (Côtoyant tous les jours du public, je ferais sans doute partie des premières victimes ! Snif…) J’ai beaucoup aimé tout le développement du virus : les symptômes, la lente mais fatale dégénérescence des premières personnes atteintes, les réactions des proches, puis celle des scientifiques, de l’armée, des politiques et enfin de la foule. On est sur la montée en puissance d’un mal implacable ressemblant à un Alzheimer général qui finit par rendre les victimes comme des coquilles vides, incapables de rien et n’ayant plus aucun besoin. C’est exactement ce que je recherchais en plongeant dans cette aventure, car j’aime énormément les textes où il est question de virus et de survie. « Ceux qui n’oublient pas » a très bien su retracer l’ambiance des romans de zombies avec la phase de propagation, les débordements/les émeutes/les réactions des autorités, la pression, puis la survie. Tout ce que j’apprécie !



Malheureusement, ce premier tome souffre d’un défaut majeur qui a rendu ma lecture fastidieuse : son rythme. En effet, l’auteur semble aimer prendre son temps pour planter le décor, présenter et développer ses nombreux personnages principaux et faire ainsi monter la sauce lentement mais sûrement. De coutume, les montées en puissance comme le font Stephen King et d’autres auteurs me conviennent… Néanmoins, le scénario tarde trop à décoller. Longtemps, on ne sait pas où Clément Bouhélier veut aller. On doit attendre 200 pages avant d’avoir des réactions de la part des hauts placés et il faudra attendre une cinquantaine de pages avant la fin pour que l’action pointe réellement le bout de son nez ! Certes, l’épilogue est hyper intéressant et promet du bon pour la suite toutefois, la mise en place a été trop longue. Je me suis parfois ennuyée… Pourtant, le virus en lui-même m’a énormément plu et j’ai apprécié cette multitude de points de vue que propose l’auteur. La narration va vraiment papillonner chez tout le monde, s’arrêtant notamment sur Chloé (une femme courageuse dont le métier est original), Arthur (un trentenaire travaillant pour un politique auquel j’ai peu accroché), Mathieu (le premier touché par le virus), Philibert (son meilleur ami), Claudy (un banquier retraité qui a du tempérament), la mystérieuse femme qui a provoqué l’épidémie et bien d’autres que je vous laisse découvrir. Je n’ai pas su m’attacher à eux toutefois, certains comme Chloé et Phil’ me sont très sympathiques. J’ai aimé voir tout le monde faire face au fléau à sa manière, survivre et évoluer.



Cet ouvrage apocalyptique a beaucoup d’atouts, en particulier l’originalité de son virus… Hélas, les longueurs et certaines répétitions (dues à ces narrations multiples qui sont une force et une faiblesse) ont trop pesé dans la balance. Je pense que je continuerai quand même la saga cependant, je n’en fais pas une priorité dans l’immédiat. Ce qui est sûr, c’est que si Clément Bouhélier ressort un one-shot, je le lirai plus volontiers, car le premier livre que j’ai lu de lui me convenait totalement, notamment pour les ambiances qu’il arrive toujours à créer !
Lien : https://lespagesquitournent...
Commenter  J’apprécie          200
Olangar, tome 1-1 : Bans et Barricades

Si vous êtes allergique à la lutte des classes ce bouquin n est pas pour vous , il va vous agacer .Ce monde à la société seconde moitié du XIX° siècle ressemble à s y méprendre au notre à cette époque ,Injustice , exploitation de la classe ouvrière par la noblesse et les patrons tout est réuni pour faire exploser la poudrière sociale et l auteur s 'y emploi avec brio .Un récit d 'aventures haletant aux rebondissements multiples mêlant la Grande Histoire ( d'Olangar ) et la quête de vérité d une jeune aristocrate sur la mort de son frère imbriquées dans cette Révolution ( 1830 ou 1848 à votre choix ) Les personnages sont bien campés sans naïveté , ni trop de manichéisme Le style de l auteur est flamboyant , les , nombreuses scènes d 'actions crédibles Je ne peux que conseiller la lecture de ce livre extra .Mais et oui vous me connaissez il y a un petit os dans le potage ce n est PAS de la fantasy y inclure des Nains , Elfes et autres Orcs aisément remplaçables par n importe quel type d 'humain ne crée pas un monde magique, d ailleurs il n y en a pas une once . S'il existe un nom pour ce genre littéraire je l ignore , mais encore une fois fantasy non ! Mais ceci dit cela ne retire rien ( à mon avis ) au scénario particulièrement jouïssif
Commenter  J’apprécie          190
Olangar, tome 3 : Le combat des ombres

Mais quel putain de final !!!



Et voilà, ce qui devait arriver arriva, voici le dernier tome de la trilogie d'Olangar débuté en 2018. Ce quatrième roman (oui, c'est une trilogie !) vient clore en beauté cette fantasy engagée, sans fées et dragons, mais avec de la sueur, du sang et des conspirations. J'avais adoré le premier, aimé le second et c'est un peu fébrile que je me suis jeté sur ce final.



La ville d'Olangar n'est plus que l'ombre d'elle-même, tombée dans les mains des fascistes, une purge sanglante s'organise via une milice bas du front. Les héros d'hier deviennent des parias. Dans l'ombre cependant, des scènes macabres se jouent dont sont victimes des miliciens.



On retrouve avec plaisir les personnages qui nous ont accompagnés durant plus de 1000 pages. Les années ont passé, ont laissé de vilaines cicatrices dans leurs corps et c'est fatigués qu'ils vont tenter une nouvelle fois de sauver cette ville honnie et adorée à la fois. Avec cette conclusion, je ne m'attendais à rien de précis, juste que l'auteur clôt son oeuvre comme il l'a commencé. Clément Bouhélier se demande en fin d'ouvrage "si ce roman est à la hauteur" du reste, et pour moi, c'est mille fois oui. Une fin idéale. Les protagonistes n'ont pas dormi beaucoup parfois, et c'est la mésaventure qui m'est arrivée : j'ai englouti ce pavé (et dessous, il n'y avait pas de sable, mais la liberté !).



Ma seule crainte était que Clément en fasse trop, la fasse blockbuster avec effets pyrotechniques à foison, m'obligeant à mettre mes lunettes de soleil. Que nenni, il prend le temps de poser l'intrigue, de mettre en place les alliances improbables, les coups de théâtre, dans l'ombre. Mais même ce calme apparent est rempli de tension. Il jongle avec deux époques, nous laissant entrevoir les histoires derrière le récit. Et côté action, l'auteur arrive à nous faire visualiser toute la complexité.

Un sans faute.



Olangar m'a fait renouer avec la fantasy et même en mettant des nains, des orcs et des elfes, l'auteur n'a fait que s'éloigner des lieux communs du genre pour nous offrir une fantasy actuelle et moderne.
Commenter  J’apprécie          191
Olangar, tome 1-2 : Bans et Barricades

Il n’aura fallu attendre qu’un mois entre la parution du premier tome de « Bans et Barricades » et celle du second volet du diptyque de Clément Bouhélier. Inutile donc de s’armer de patience avant de connaître le fin mot de l’histoire et de retrouver les trois personnages phares de cet univers : le nain Baldek, leader de la grève générale lancée par les travailleurs des docks qui paralyse depuis maintenant plusieurs semaines la cité d’Olangar ; la jeune Evyna, noble venue du sud bien décidée à percer le mystère de la mort de son frère ; et enfin l’elfe Torgend, ancien héros de guerre renié par son peuple qui s’est engagé à soutenir la jeune fille dans sa quête de vengeance. Si on retrouve effectivement ici les principaux éléments qui faisaient le charme du premier tome, ce second volet se situe malgré tout un peu en dessous du précédent. La principale raison tient, à mon sens, du fait que Baldek et son combat pour plus de justice sociale et pour percer à jour les manigances de certains grands patrons (aidés en secret par la pègre et plusieurs membres du gouvernement) sont désormais relégués à l’arrière-plan. Contrairement au tome précédent, ce sont en effet Evyna et Torgend qui occupent le devant de la scène et, il faut bien l’avouer, leurs aventures sont bien moins palpitantes que celles de leurs alliés ouvriers. Pourtant le récit ne manque pas d’action ! Entre les courses poursuites, les attaques surprises et les combats acharnés, ce second volume ne connaît que peu de temps-morts. Le problème, c’est qu’on attache bien moins d’importance aux personnages de l’elfe et de la jeune fille qu’à ceux de Baldek et sa troupe. D’abord parce que leurs intentions sont, dans l’ensemble, plus nobles et moins égoïstes que celles du duo, et puis surtout parce qu’il était plus aisé de s’identifier à ces travailleurs harassés luttant pour offrir à leurs familles de meilleures conditions de vie qu’à cette toute jeune fille aveuglée par sa vengeance ou à cet elfe ayant une fâcheuse tendance à s’apitoyer un peu trop souvent sur son sort.



Les nains et leur combat ne sont d’ailleurs pas les seuls à être moins présents dans ce second tome, puisque c’est aussi le cas de la cité d’Olangar que l’auteur exploite ici beaucoup moins au profit d’autres lieux de son univers. C’est le cas notamment de Frontenac, une ville située à l’ouest de la capitale et qui s’est spécialisée depuis des années dans la production de fer. Là aussi, l’industrialisation a profondément transformé le paysage et les conditions de vie des habitants qui sont encore plus précaires qu’à Olangar. Le problème, c’est que même si le décor et les nouvelles problématiques qu’il pose sont intéressants, on se prend rapidement à regretter l’agitation et l’ambiance explosive de la capitale. Les passages les plus captivants de ce second tome restent ainsi à mon sens ceux traitant de la grève en cours ainsi que des manigances mises en place par les partisans des deux camps afin de faire élire leur candidat au poste de chancelier. Sans être intéressantes, les pérégrinations de Torgend et Evyna ne sont pas pour autant franchement trépidantes, même si elles nous permettent de découvrir le fin mot des machinations mises en branle dans le premier tome. Elles ont également l’avantage de nous faire découvrir sous un autre aspect une race dont il a jusqu’à présent été beaucoup question, sans qu’aucun de ses représentants soient pour autant jamais mis en avant : les orques. Les scènes de combat sont quant à elles toujours aussi maîtrisées, ni trop descriptives ni trop brouillonnes, et renforcent l’aspect cinématographique des scènes d’action. On peut également saluer le traitement toujours aussi fin et nuancé des problématiques sociales proposé par l’auteur, que ce soit en ce qui concerne le clivage entre les classes populaires et les grandes fortunes, mais aussi l’intérêt de la lutte collective et le rôle des syndicats. On remarque aussi dans ce second tome la présence d’une petite note écologique qui permet de mettre en avant une autre facette de l’industrialisation intensive menée à Olangar et dans les territoires alentours.



Avec ce premier diptyque consacré à la cité d’Olangar, Clément Bouhélier donne naissance à un univers et des personnages qui sortent de l’ordinaire et qui lui permettent de traiter des problématiques sociales et politiques très actuelles. J’attends avec impatience de nouvelles enquêtes et aventures dans ce même univers qui possède décidément un énorme potentiel.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
Commenter  J’apprécie          191
Olangar, tome 3 : Le combat des ombres

Après Bans et barricades et Une cité en flammes, Clément Bouhélier clôt sa trilogie Olangar avec Le Combat des ombres, chez Critic à l’automne 2021.



Baroud d’honneur

Après l’attaque surprise des Duchés, par mer et par terre à la fois, la cité d’Olangar est prise par des hommes en armes menés par l’ancien ambassadeur Jush Thagon, qui emmène avec lui les nationalistes du parti du Groendal. Une partie de la population fuit vers l’ouest mais avec le péril elfe en tête, une autre vers le sud et les provinces alliées dans l’espoir d’une vie meilleure, sans la guerre. Devant cette débâcle, l’ancien chancelier en fuite, d’Alverny, a l’immense tâche de réunir les ennemis d’hier en des alliés potables (provinces riches du Sud, elfes de l’Ouest, voire mercenaires orcs). À l’aide d’alliés finalement nombreux mais divisés, tant hors que dans Olangar, il cherche à reprendre la ville. L’enjeu principal reste les navires construits dans le port d’Olangar, mais pour transporter les troupes, celles des nouveaux suzerains venus des duchés, vers les îles Baraën, lieu outre-mer offrant de grandes possibilités de colonisation et donc de profits afférents. Dans cette alliance bigarrée, les nains de l’ancienne Confrérie ne sont pas aimés, ne sont pas moins divisés, mais vivent au plus près la répression entamée par les nouveaux chefs d’Olangar. Tous ces destins comptent se jouer à la fois au grand jour dans des combats qui s’annoncent inévitables et dans les bas-fonds là où se trament encore des coups bas plus ou moins improvisés. Alors Olangar pillée, Olangar assiégée, mais Olangar libérée ? Réponse à la toute fin.



Résistance et occupation

De fait, Clément Bouhélier ne se cache pas de s’inspirer du contexte industrialo-politique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Plus exactement ici, l’auteur aborde d’abord la collaboration de certaines classes sociales bien cernées et de certains officiers d’Olangar avec les Duchés extérieurs, puis la construction d’une « résistance » très diverse et parfois contradictoire (c’est tout le sel de ces alliances parfois contre-nature), en espérant un dénouement heureux. Outre le parallèle intéressant, cela place surtout ses personnages devant des choix cornéliens : au nom de quoi Torgend prendrait-il le risque de perdre la vie pour une cité qui l’a toujours rejeté ? que peut bien faire Baldek maintenant qu’il est revenu dans sa cité occupée mais sans son amour et sans sa Confrérie ? jusqu’où Evyna va-t-elle pousser son engagement en faveur du bien-être des classes populaires ? Arrivé dans un tel troisième tome, la lutte de classes parfaitement campée dès le premier opus cède plus souvent la place à des enjeux plus complexes encore, plus impérieux parfois. Ce choix révèle d’ailleurs une difficulté supplémentaire pour l’auteur, puisqu’il est nécessaire de faire comprendre l’installation de cette occupation étrangère et d’une éventuelle résistance organisée, et cela prend du temps ! Le premier tiers du roman est ainsi consacrée à une longue mise en place qui prend le risque de gérer le temps long (avec des descriptions de phénomènes stratégiques prenant place sur plusieurs mois), et puis arrivé à ce premier tiers, on enchaîne avec une enquête sur un personnage aussi étrange qu’efficace, un tueur en série qui compte faire payer au centuple la répression par le nouveau pouvoir en écorchant le visage de miliciens. Or, plusieurs personnages le recherchent, soit pour le faire taire, soit pour obtenir des informations ; on entre alors dans une phase très intéressante d’allers-retours entre action et mises en place de plans où Clément Bouhélier joue sur la chronologie des faits pour essayer de nous dissimuler les tenants et aboutissants du « grand plan qui doit sauver Olangar » (alternance un peu comme dans Le Château des millions d’années, en reculant de quelques jours ou juste de quelques minutes, c’est selon). Évidemment, si tout se passait comme prévu, ce ne serait pas drôle !



Clore en beauté

Pour terminer sa saga d’Olangar, Clément Bouhélier convoque un casting cinq étoiles, un casting absolument complet, puisque le vieux de la vieille Baldek rejoue un rôle de premier plan, le duo Torgend-Egan est bien là aussi même si son rôle est moindre, les dirigeants comme d’Alverny, Thagon, Rossio et d’autres se déchirent encore. Les personnages féminins ne sont pas négligés, ce sont même les meilleurs : Evyna d’Enguerrand, bien sûr, est finalement le grand personnage de la trilogie avec la meilleure progression et le lecteur en viendrait à réfuter ce qu’il a pu dire sur elle dans le premier tome où ses réactions de jeune aristocrate pouvait lasser très vite ; ici, elle embrasse pleinement son rôle majeur d’organisatrice hors pair du début à la fin. À ses côtés, elle finit par trouver une autre personnage-clé, dont je ne dévoilerai pas le nom ici, mais dont l’histoire et le mode opératoire sont très bien narrés. Au fur et à mesure que les derniers paragraphes, on ressent très bien le plaisir non dissimulé de l’auteur de clôturer de façon claire et bien ficelée le destin de personnages côtoyés durant plus de 2 000 pages.



Le Combat des ombres clôt très bien cette trilogie d’Olangar, l’auteur nous faisant bien ressentir la nostalgie qui porte ces derniers chapitres. Adieu Baldek, Evyna et les autres, et bon vent !

Commenter  J’apprécie          181
Olangar, tome 1-2 : Bans et Barricades

Pendant que Baldek poursuit ses manœuvres pour obtenir de meilleures conditions de vie pour les ouvriers (les nains, essentiellement), Evyna et Torgend se dirigent vers la cité du fer, Frontenac, afin de comprendre réellement ce qui est arrivé au frère de la jeune femme en rencontrant un de ses anciens compagnons. Mais leurs ennemis ne vont pas les laisser en paix.



Le roman est long, puisqu’il est composé de deux tomes denses (je sais, je sais, on a vu pire, mais on atteint presque les 900 pages, ce qui n’est pas mal). Mais, à aucun moment, on ne le ressent. Et ce n’est pas uniquement dû au fait qu’il est coupé en deux livres : d’ailleurs, cette coupure pourrait être une gêne, car il n’est pas toujours facile de démarrer un ouvrage. Ici, le problème ne se pose pas : avec talent, l’auteur sait nous mener du début à la fin de l’intrigue sans fausse note, avec de multiples fausses pistes ou mystères dont on attend avec impatience la résolution. Et tout cela, sans facilités ou autres trucs qui remplissent des pages de façon artificielle. Les évènements ont de bonnes raisons d’être : on les trouve dans les motivations des personnages.



Comme je l’avais écrit dans la chronique traitant de la première partie de ce roman, les personnages ont une épaisseur certaine, une densité qui nous pousse à les croire vivants et à ne pas se poser de questions quant à la puissance de leurs choix. Ils ont des sentiments, ils ont des faiblesses, ils ont des peurs. Ils paraissent tellement humains qu’il est facile d’entrer dans leur peau, de vivre avec eux. Et donc, il est naturel de suivre leurs périples, y compris dans des endroits aussi dangereux que Fronterac ou que le désert. Ce deuxième volume, au lieu de montrer un essoufflement possible, renouvelle certaines quêtes et voit des changements logiques dans les rapports entre les différents protagonistes. Celle ou celui qui flanchait a repris du poil de la bête au détriment d’un autre, affaibli par une épreuve morale ou physique particulièrement dure.



Et toutes ces actions se déroulent dans un décor digne des meilleures parties de jeu de rôle : tout y semble pensé pour tenir son rôle de façon logique et naturelle. Depuis le début, Clément Bouhélier tient son sujet, ses intrigues, son monde. C’est cette maitrise qui m’a agréablement impressionné, car on sent qu’il ne va aps se laisser aller à des digressions gratuites et sans réel intérêt. Les pistes proposées serviront, les personnages auront un rôle, les lieux décrits tiendront leur place. Et, comme déjà dit également, Bans et barricades n’est pas qu’un simple roman d’aventures. Il propose aussi une vision du monde, des rapports entre les différents groupes, les différentes classes sociales, les races. Il s’interroge sur les choix que des individus peuvent être amenés à faire devant des circonstances spéciales : mettre sa propre vie en danger ; mettre en danger celle d’autres personnes, qui n’ont pas forcément pu donner leur avis, voire qui sont complètement étrangères au problème ; décider, seul, d’orientations qui impliqueront des centaines, voire des milliers d’individus. Des questionnements profonds, traités avec une certaine finesse.



La découverte de Bans et barricades a été pour moi une très agréable surprise tant Clément Bouhélier a su m’intégrer, instantanément et pour toute la durée de l’histoire, dans son univers. J’ai immédiatement pris fait et cause pour ses personnages et ai attendu avec inquiétude la résolution des diverses péripéties. Sans hésitation, je vais m’attaquer au volume suivant de cette saga : Une cité en flammes.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          180
Olangar - Histoires au crépuscule: Histoires ..

L’univers d’Olangar de Clément Bouhélier a donné lieu à 3 romans de fort bonne qualité. Il mélange des éléments de fantasy traditionnelle, d’industrialisation, de révolution dans un monde où vivent des humains, des nains, des elfes, des orcs. La trilogie est terminée, mais l’auteur a eu envie de revenir à ce monde par le biais de nouvelles avec ce livre Olangar histoires au crépuscule. Pour les familiers des romans, on retrouve des personnages connus pour trois histoires courtes qui permettent de retourner à Olangar à différentes époques. Pour les autres, ce recueil pourra constituer une très bonne porte d’entrée vers l’univers.

Suite sur le blog
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
Commenter  J’apprécie          170
Olangar, tome 2 : Une cité en flammes

Deux ans après Bans et barricades, Clément Bouhélier nous emmène à nouveau en Olangar avec Une Cité en flammes, dans ce royaume où son éditeur Critic nous promet de la fantasy entre J.R.R. Tolkien et Karl Marx !



Le retour des problèmes

Dans le royaume industriel d’Olangar, le prologue d’Une Cité en flammes sonne comme une veillée d’armes ; l’auteur fait le point sur la situation qui a évolué depuis cinq ans en nous rappelant les fondamentaux (les ouvriers nains, dont les syndicalistes composent la Confrérie, tiennent les activités portuaires d’Olangar ; le chancelier actuel, mis au pouvoir par une alliance bancale, se veut régionaliste mais négocient avec les duchés voisins de nouveaux avantages pour la bourgeoisie en place, les nobles du Sud tiennent leurs prés carrés, les elfes qui se tenaient tranquille s’éveillent doucement devant l’ingérence des humains et les orcs se sont fait oublier) et en nous dévoilant les nouveaux enjeux politiques du royaume d’Olangar : la destruction de l’environnement pourrait détruire les anciennes alliances entre elfes et humains, le terrorisme fait son apparition par le biais d’attentats non revendiqués et de nouvelles contrées attisent des velléités colonialistes. De nombreux personnages de Bans et barricades avaient encore des intrigues endiablées à vivre. Ainsi, Torgend, l’elfe exilé, poursuit une piste étrange qui voit des orcs s’enrôler comme mercenaires pour retourner en Olangar. De plus, les syndicalistes nains sont tiraillés entre la défense directe de leurs intérêts et le soutien qu’ils sont censés apporter au chancelier du moment, or celui-ci a une grave affaire à régler dans les confins de Frontenac, la région industrielle aux portes des terres elfes. Enfin, Evyna a repris le territoire patrimonial et dirige d’une main maternaliste la province d’Enguerrand, la plus importante des provinces du Sud ; toutefois, elle doit jongler entre les négociations au Parlement et la gestion d’attaques d’illuminés contre ses sujets.



Croisement d’intrigues

Comme dans Bans et barricades, l’intrigue d’Une Cité en flammes est multiple. Il y a, à mon sens, trois arcs principaux, à nouveau autour des trois piliers de l’univers : les nains, les elfes, les humains. Tout le sel revient à déceler ce qu’elles ont en commun… Il faut par exemple attendre la page 212 pour que deux enquêtes commencent à se croiser, par un mot détourné mais qui fait faire « tilt ». Le lecteur ne peut alors que guetter le confluence avec la troisième. Au bout du compte, on peut parfois se dire que tout cela est cousu de fil blanc, mais pour autant, le suspense tient vraiment bon et le final surprend. La toute fin promet un autre voyage en perspective pour résister à l’oppression, en espérant que les faits ne reprendront pas juste après les derniers mots d’Une Cité en flammes, car le saut de cinq ans entre Bans et barricades et Une Cité en flammes a permis de très bonnes choses tout au long du roman (évolution des personnages, ressentiment entre eux parfois, affadissement de certaines relations, déplacement des tensions à l’échelle du royaume, etc.). En tout cas, nous sommes bien moins dans une ambiance « populaire » ; comme ces trois narrations ne se passent ni dans les rues d’Olangar, ni dans les usines de Frontenac, ni dans les grandes plaines où pourraient arriver de vastes batailles, il y a beaucoup moins matière à déceler des situations de rapports de force entre classes. Pour autant, maintenant le cadre mis en place avec Bans et barricades, l’auteur affine les habitudes de ses lecteurs.



Montée en puissance

Dans Une Cité en flammes, on retrouve, il est vrai, de nombreux personnages et des intrigues proches de ce que Bans et barricades nous a fait découvrir, mais le lecteur ayant pratiqué les deux dans l’ordre peut ressentir une certaine montée en gamme, une montée en puissance avec celui-ci. La première véritable scène fait largement écho à la première d’Olangar – Bans et barricades : un elfe se tient en embuscade pour déjouer une scène qui peut sembler anodine ; le décor est posé : on est prêt à repartir au combat ! Et de l’action, il y en a… Torgend et les syndicalistes nains sont bien de la partie, ainsi que quelques antagonistes déjà rencontrés, tous sont remontés de voir le fragile statuquo du moment être ébranlé par des pollutions intempestives, des attentats sans revendication et des remous géopolitiques. De son côté, Evyna d’Enguerrand, la noble des régions du Sud, passe du statut de personnage « qui découvre les inégalités sociales » à celui de personnage « qui se lasse de ne pas avoir de remerciements du peuple qu’elle pense tant aider » ; toutefois, son évolution est bien meilleure, plus « active » dans ce roman. Tous les nouveaux personnages sont particulièrement bien campés, notamment l’elfe Eirukkus et le mercenaire Keiv, dont les histoires sont très fouillées. D’ailleurs, du côté du style, les descriptions sont désormais toutes utiles. La galerie de personnages augmente légèrement et le passage de l’un à l’autre est très fluide. L’auteur incorpore des enjeux politiques plus forts (moins à base de mouvements sociaux, certes) tout en multipliant l’extension culturelle de son univers (quelques aspects religieux, la place des femmes dans certaines contrées, la place intéressante des transports, et toujours le racisme vis-à-vis d’autres personnes humanoïdes), en se faisant parfois bien plaisir dans des petits chapitres uniquement consacrés à la description de tel aspect de la société orque ou de tel autre de la religion d’Olangar.



Une Cité en flammes nous emmène à nouveau et avec beaucoup de plaisir dans l’univers d’Olangar ; que vous découvriez ou non l’auteur ou cet univers par ce roman, le voyage vaut largement son pesant de mildur !

Commenter  J’apprécie          160
Passé déterré

Je tiens à remercier Babelio et sa dernière Masse critique pour l'envoi de ce livre qui m'a sortie de ma zone habituelle.



N'étant pas de nature très courageuse et ayant l'imagination galopante, j'ai tendance à éviter les films et les livres abordant un thème de l'horreur.



J'étais donc un peu anxieuse, allais-je parvenir à lire cette histoire sans faire de cauchemars ?



Un accident de car meurtrier, des familles détruites, un deuil difficile à faire et ce malgré le temps qui passe.

Six années après les faits, des faits sanglants se produisent soudainement dans cette petite localité en apparence paisible.

Mais faut-il se fier aux apparences ?



Les parents des enfants défunts, le responsable de l'accident, le maire du village, vont être confrontés à des "choses" bizarres et inquiétantes, surgies d'un monde inconnu.



Le fantastique s'impose peu à peu, sans trop faire peur, ses racines plongent dans un passé lointain, qui est bien expliqué.



L'ambiance est un peu effrayante mais pas trop, il y a une logique aux faits, les personnages ne sont pas trop nombreux.



Un bon roman à lire sans trembler.















Commenter  J’apprécie          150
Olangar, tome 3 : Le combat des ombres

Troisième tome de la série « Olangar », le combat des ombres met fin à une trilogie qui aura fait souffler un petit vent frais sur la fantasy française depuis la parution de « Bans et barricades » en 2018. Car bien que mettant en scène des races traditionnellement utilisées par le genre (on retrouve le trio gagnant elfe/nain/troll, auquel s’ajoute comme toujours les humains), l’œuvre de Clément Bouhélier se démarque par de nombreux autres aspects, parmi lesquels sa dimension éminemment politique. Le pitch a lui seul permet d’ailleurs de s’en rendre compte. [J’en profite pour inciter celles et ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de lire les deux précédents volumes à sauter la lecture de ce paragraphe, voire même de cette chronique, afin d’éviter tout risque de SPOILERS.] Le roman met ainsi en scène une cité, Olangar, abritant humains et nains et dans laquelle une forte contestation sociale se fait entendre depuis longtemps, les classes populaires dénonçant l’autoritarisme du pouvoir et sa corruption, mais aussi la dégradation de leurs conditions de vie et de travail. Cette contestation va cependant être reléguée au second plan ici puisque, suite aux événements dramatiques ayant servi de clôture à « Une cité en flamme », la cité est désormais occupée par des forces étrangères. Au terme d’habiles manœuvres politiques et économiques, les duchés sont ainsi parvenus à s’emparer d’Olangar qu’ils tiennent grâce à l’alliance contractée avec un parti qu’on qualifierait aujourd’hui d’extrême-droite et qui exècre tout particulièrement les Nains, qui composent l’essentiel de la classe ouvrière. C’est dans ce contexte pour le moins sombre que l’on retrouve nos protagonistes des précédents tomes. La noble Evyna d’Enguerrand a, en ce qui la concerne, rejoint ses terres du sud où, en compagnie du chancelier désormais en fuite Ransard d’Alverny, elle tente de mettre au point un plan désespéré pour sauver la cité du joug des duchés. Torgend, l’elfe en exil, est quant à lui toujours à ses côtés et continue d’être rattrapé par des fantômes de son passé. Quant aux Nains, notamment Baldek et Nockis, ils sont toujours à Olangar où ils organisent patiemment et prudemment la résistance.



Sans surprise, on retrouve dans ce troisième opus tout ce qui faisait déjà le charme des précédents, à commencer par une intrigue solidement ficelée et remarquablement rythmée. On ne s’ennuie pas une seconde, les péripéties s’enchaînant à une allure soutenue, tandis que divers rebondissements et autres retournements de situation viennent régulièrement rebattre une partie des cartes. Afin de renforcer le dynamisme du texte et de renforcer le suspens de certains événements, l’auteur a recours à plusieurs reprises au même procédé qui consiste à effectuer de petits retours en arrière temporels de quelques semaines ou quelques mois, ce qui lui permet de surprendre davantage le lecteur. Certains revirement restent néanmoins prévisibles, peut-être un peu plus que dans les autres tomes, sans que cela ne vienne toutefois gâcher le plaisir de lecture. La violence qui imprègne l’atmosphère de la cité et qui résulte autant de la présence de forces armées étrangères que du climat de suspicion et de terreur que font planer les milices n’est évidemment pas sans rappeler le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Ces références à notre histoire récente ne sont, à ma connaissance, pas si fréquentes en fantasy, genre d’ordinaire plus prompt à privilégier des périodes lointaines, à commencer par le très populaire Moyen Age. Le contraste né entre, d’un côté, une ambiance inspirée par l’occupation française des années 1940 et, de l’autre, des personnages d’une fantasy plutôt traditionnelle à la Tolkien, fait encore une fois mouche. De part les thèmes mis en avant et le vocabulaire employé, Clément Bouhélier convoque tout un imaginaire historique qui parlera aux lecteurs et invite ces derniers à se questionner sur certains des aspects les plus sombres de la période, avec le recul que permet le genre de l’imaginaire. L’ouvrage aborde ainsi aussi bien les plans élaborés depuis l’étranger afin de libérer la ville occupée que les difficultés rencontrées sur place par les opposants pour monter un réseau de résistance efficace, ou encore la violence exercée par les milices envers celles et ceux qu’elles estiment inférieurs ou dangereux.



Si l’ambiance et certaines thématiques abordées sont clairement d’inspiration historique, l’auteur n’oublie cependant pas que sa série possède, aussi, une dimension d’aventure, aussi s’est-il assuré de ponctuer son récit des mêmes belles scènes de combat, de poursuite ou d’infiltration que celles auxquelles il nous avait habitué dans les deux précédents volumes. Une intrigue secondaire amenée à prendre de plus en plus d’importance au fil des pages donne même au roman un petit côté thriller, avec l’ombre de cet écorcheur qui rôde et dont la menace rajoute encore à l’atmosphère oppressante de la capitale. Les personnages demeurent pour leur part fidèles à eux-mêmes et, après tant de pages passées en leur compagnie, s’est avec un léger pincement au cœur que l’on se résous à les quitter. Evyna est sans doute la protagoniste qui m’avait le moins emballée jusqu’ici mais l’auteur lui donne dans ce final un rôle déterminant dont elle s’acquitte avec une certaine classe. Torgend est en revanche plus en retrait, même s’il dispose lui aussi de belles scènes qui mettent un terme de façon satisfaisante à son histoire. Les nains se retrouvent quant à eux une fois encore en première ligne, et on éprouve toujours autant d’affection et d’admiration devant leur détermination et la solidarité qui les unit. On assiste aussi avec une certaine curiosité mêlée de méfiance à l’alliance parfois surprenante de ces militants avec des représentants de l’ordre qu’ils combattaient il y a peu, ce qui donne lieu à des rencontres pleines de tension et des échanges assez savoureux. Pas question pour autant pour l’auteur de tomber dans le manichéisme : tous ses personnages sont dotés d’une personnalité nuancée et possèdent des failles et des contradictions avec lesquelles ils doivent composer, qu’il s’agisse des protagonistes que l’on affectionne ou de ceux qui nous rebutent le plus.



« Le combat des ombres » apporte une conclusion efficace à la trilogie « Olangar » qui mettait en scène les aventures d’humains, d’elfes et de nains dans une cité industrialisée traversée par une crise sociale et politique d’ampleur. Ici comme dans les deux tomes précédents, le contraste entre des inspirations issus d’une fantasy assez classique et des questionnements politiques très actuels fonctionne à merveille et donne à la série une fraîcheur agréable. A noter qu’un nouvel ouvrage mettant à nouveau en scène la ville (« Des nouvelles d’Olangar ») a été annoncé et devrait paraître en septembre.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          140
Passé déterré

De Clément Bouhélier, j’ai d’abord découvert la série « Olangar », des romans de fantasy mettant en scène une cité peuplée d’humains, d’elfes, de nains et d’orcs, dans laquelle la guerre des classes fait rage et qui aborde un grand nombre de sujets contemporains tels que la pollution industrielle, la sécession des « premiers de cordée » ou encore le racisme. Compte tenu de la qualité de la série (dont le deuxième opus, « Une cité en flamme » est paru il y a peu), j’ai eu envie de me plonger dans la bibliographie de l’auteur et d’aller fouiller un peu dans ses anciens textes, parmi lesquels figure ce « Passé déterré ». Le roman prend place dans un petit village du Doubs, Vernay, qui va se retrouver endeuillé par un tragique accident de bus. On dénombre plusieurs morts, dont sept enfants qui revenaient d’une sortie scolaire lorsque le chauffeur (alcoolisé) a percuté une autre voiture à quelques kilomètres à peine du bourg. Six ans après le drame, la plupart des familles ne se sont pas remis de la disparition de leurs proches : certaines ont implosé, d’autres sont parties, et une poignée seulement est parvenue à tourner la page et à continuer à vivre sur place. Estelle fait partie de ces parents endeuillés, et la jeune femme peine toujours à combler le manque laissé par la disparition de son fils unique, surtout depuis sa séparation avec son mari. Comme tous les ans, et en dépit de son profond malaise, elle se résous malgré tout à participer à la cérémonie d’hommage organisée par le maire et réunissant toutes les familles victimes de l’accident. Seulement cette année, les choses ne vont pas se passer comme prévues car une série de meurtres particulièrement sanglants vient bouleverser la tranquillité du petit village de Vernay. Or la première victime n’est autre que l’ancien chauffeur de bus, celui-là même responsable de l’accident et de la mort des enfants. Coïncidence alors qu’il s’agit de la date « anniversaire » du drame ? L’œuvre d’un parent avide de vengeance ? D’une bête ? Ou le passé qui refait soudain surface ? Car ce n’est apparemment pas la première fois que de tels événements surviennent dans la région, et, si l’histoire se répète bel et bien, la mort du chauffeur n’est que le début…



Si ce thriller fantastique n’a pas grand-chose à voir avec la cité d’Olangar, les deux ouvrages partagent néanmoins la même efficacité et le même sens du rythme qui rendent la lecture particulièrement addictive. Difficile en effet de lâcher le roman qui se révèle être un véritable page-turner parfaitement à même de vous faire passer une nuit blanche (et je parle d’expérience !) tant le récit se fait prenant. On s’attache dès le début à ces parents meurtris qui tentent tant bien que mal de tourner la page sans tout à fait y parvenir, hantés par le souvenir de leur enfant. Et puis, peu à peu, le récit glisse vers le fantastique, et l’horreur se fait d’autant mieux ressentir que le décor dans lequel elle se déploie paraît tout à fait banal et commun. Quoi de moins effrayant en effet qu’un petit village ou tout le monde se connaît depuis des années et où il ne se passe jamais grand-chose ? C’est le sentiment de familiarité que fait d’abord naître le cadre qui permet à l’angoisse de monter aussi haut et aussi vite, et ce avant même que les meurtres ne se déclenchent. Inexplicablement, on sent bien dès le départ qu’il y a quelque chose de pourri dans ce village : trop de douleur, de tristesse et de rancœur accumulés. Le fait qu’on devine très rapidement qui se cache derrière ces morts violentes n’enlève paradoxalement rien au suspens qui se situe plutôt du côté de la réaction des protagonistes face à la menace. Sauront-il réaliser ce qui se joue en ce moment dans le village ? Et si oui, parviendront-ils à temps à mettre fin au drame ? L’auteur maintient une tension permanente tout au long du roman qui s’apparente à une véritable plongée en apnée : on ne reprend son souffle qu’une fois la toute dernière page tournée, totalement chamboulé par cette histoire, certes classique sur la forme, mais incroyablement intense sur le fonds. Clément Bouhélier aborde en effet plusieurs sujets graves, et ce avec sensibilité, qu’il s’agisse de la perte d’un enfant, de l’importance du pardon ou encore des ravages de la culpabilité ou de la lâcheté.



L’intérêt sans cesse renouvelé que l’on éprouve pour le récit vient aussi du choix de l’auteur de révéler par petites touches le passé du village, qui n’est évidemment pas étranger au drame qui se joue aujourd’hui. Les souvenirs que l’un des personnages garde de l’occupation allemande et des événements traumatisants qui ont suivis la libération permettent notamment de prendre du recul sur le récit et intriguent au moins autant que l’enquête menée au présent. Si le côté « thriller fantastique » est indéniablement réussi, le roman séduit aussi (et peut-être surtout) par la profonde empathie qu’il parvient à faire naître entre les lecteurs et les personnages. Difficile en tant que parent, de ne pas se sentir concerné par le calvaire vécu par les protagonistes, et impossible de rester insensible à la souffrance que la disparition d’un enfant ne manque pas de provoquer. La disparité des réactions des victimes n’en rend le récit que plus réaliste, et les personnages plus humains : certains se perdent dans leur chagrin, d’autres parviennent à surmonter leur deuil, d’autres encore cèdent aux sirènes de la vengeance. Les autres personnages sont également très émouvants, y compris les plus controversés comme le chauffeur de bus responsable de l’accident dont on comprend sans mal la détresse. Les tentatives de l’auteur de donner vie à toute une galerie de personnages secondaires, présents parfois seulement le temps d’une ou deux petites scènes, permettent quant à elles de donner plus de consistance à cette communauté villageoise. Personne ou presque ne sera épargné, et c’est cette crainte qui plane sur chaque personnage, associée à l’attachement que l’on ressent pour le plus insignifiant d’entre eux, qui rend le roman aussi prenant et glaçant.



Si vous cherchez un thriller fantastique haletant, émouvant et impossible à lâcher, « Passé déterré » est incontestablement fait pour vous. Clément Bouhélier mêle habilement action et émotion et nous offre une histoire bien ficelée, naviguant entre passé et présent, ainsi que de belles réflexions sur le deuil ou le pardon. A lire !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          140
Chaos, tome 1 : Ceux qui n'oublient pas

En Résumé : J’ai passé un très agréable moment de lecture avec ce premier tome d’un diptyque qui se révèle très divertissant. L’histoire n’a rien de Zombies, mais nous plonge plus dans l’attaque d’un virus dont seul quelques personnes sont immunisés pour des raisons obscures. L’auteur nous propose une plongée efficace et angoissante face à cette crise qui va faire monter un peu plus au fil des pages la peur et l’angoisse dans la population, poussant ainsi les uns et les autres à faire des choix parfois surprenants. L’auteur nous offre ainsi un travail dense, détaillé et soigné sur « l’explosion » de notre société. Les personnages ne manquent pas d’intérêt se révélant travaillés dans leurs histoires comme dans leurs évolutions, devant au fil du récit attachant même si je regrette peut-être certains aspects mal amenés. Autre point intéressant le fil rouge, à la fois mystérieux et intrigant, dont l’auteur dévoile les informations au compte goutte pour mieux nous appâter avec cet aspect fantastique que je vous laisse découvrir et qui donne envie d’en apprendre plus. Alors après tout n’est pas parfait, l’auteur offre une multitude de point de vue qui certes permet de développer le récit mais fait aussi qu’il donne l’impression de se disperser, voir de se répéter, créant ainsi des longueurs. Certains simplicités se font aussi ressentir ici ou là, mais de ce point de vue rien de bien bloquant. La plume de l’auteur se révèle détaillée, simple, efficace et entraînante et je lirai la suite de ce Chaos avec plaisir.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Clément Bouhélier (215)Voir plus

Quiz Voir plus

Auteurs classiques de la SF pour les pas si nuls

Qui a écrit la série des robots ?

Jules Verne
Isaac Asimov
Karel Capek
Arthur C Clarke

10 questions
1707 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fiction , sfffCréer un quiz sur cet auteur

{* *}