Gabriel se dirige vers son bureau tout en vérifiant ses derniers e-mails quand il entend soudain un bruit de pas étouffé par la moquette. Il sursaute en découvrant une silhouette aux oreilles hypertrophiées. La silhouette se rapproche. Elle est humaine.
- Qu’est-ce que vous faites là ? s’exclame-t-il.
- Je suis le livreur.
- Je n’ai rien commandé.
- Ce n’est pas pour vous. Mme Kent, vous connaissez ?
Gabriel hausse les épaules. Kent, non, ça ne lui dit rien même si le patronyme lui donnerait presque envie de s’en griller une… s’il n’avait pas arrêté il y a deux ans.
- Non, désolé.
- Ce genre de galère n’arrive qu’à moi !
Le livreur fait une moue désespérée, espérant sûrement attirer sa pitié. Gabriel s’apprête à tourner les talons mais ne peut s’empêcher de lui demander :
- Quelque chose ne va pas ?
Grossière erreur. Il n’aurait jamais dû poser cette question.
- Vous comprenez, geint le livreur (son énorme casque lui donne des airs de Calimero), c’est la Saint-Valentin. Si je ne retrouve pas vite ma copine, elle va encore me faire une scène !
Gabriel fait une grimace compatissante même s’il s’en fout comme de l’an quarante. La Saint-Valentin… cela fait longtemps qu’il ne s’est pas senti aussi peu concerné par une fête.