— Où m’as-tu emmenée, nocturnin ?
Au lieu de lui répondre, il pénétra dans l’édifice.
N’entre pas, lui chuchota sa petite voix intérieure qui ressemblait étrangement à celle de Kilin.
Elle l’ignora.
Et le regretta aussitôt le pas de la porte franchit.
Un unique mot lui vint à l’esprit pour décrire les lieux : décadence. Cet endroit était la quintessence même de la débauche. Shara ne pouvait pas poser ses yeux sur un seul recoin ou objet qui n’étaient pas dédiés au plaisir dans le sens le plus charnel qui fût.
Murphy franchit les voiles d’un pas précipité, non sans jeter un regard prudent par-dessus son épaule. Destinée était à ses trousses et elle était furieuse. La pauvre ne s’était pas encore remise de leur dernière rencontre. Ce n’était pourtant pas sa faute si elle avait laissé traîner son précieux fil par terre et qu’il s’y était empêtré.
D’ailleurs, en parlant d’obstacle imprévisible, le dieu du chaos faillit trébucher sur une masse molle indéterminée, abandonnée au milieu de la ruelle où il avait trouvé refuge.
L’étrange machin qui ressemblait à un tas de chiffons informe émit une protestation bruyante.
Stupéfait, Murphy se pencha.
Du bout des doigts, il écarta les pans de tissus et découvrit deux grands yeux verts qui le fixaient avec réprobation.
— Que fais-tu là petit être ? s’enquit la divinité d’un ton curieux.
Sharanna…
Il goûtait les syllabes, les faisant rouler sur sa langue avec un certain plaisir. Une larme de vivacité dans un océan terni par la médiocrité.
Quelle mauvaise plaisanterie les lucioles étaient-elles en train de leur jouer ? Cette gamine ne pouvait pas être sa promise, la précieuse princesse de sang de la cour de lumière. Si ?
Sharanna… la sauvageonne semblait aussi horrifiée que lui par sa découverte.
Parfait.
Un sourire carnassier fleurit sur ses lèvres cruelles.
Oh, oui, songea Gehëan. Il attendait leur face-à-face avec impatience.
Deux tabous fondamentaux ont été inscrits dans le marbre de tous les temples et de tous les autels consacrés.
Le premier interdit tout ingérence directe entre les déités et leurs protégés afin de préserver le libre arbitre des êtres vivants.
Le second, le plus important encore, stipule que nulle créature ne devrait posséder le pouvoir d'interférer avec la vie et la mort.
Deux tabous fondamentaux ont été inscrits dans le marbre de tous les temples et de tous les autels consacrés.
Le premier interdit tout ingérence directe entre les deites et leurs protégés afin de préserver le libre arbitre des êtres vivants.
Le second, le plus important encore, stipule que nulle créature ne devrait posséder le pouvoir d'interférer avec la vie et la mort.
Derrière les voiles, Destinée tisse sa toile.
Elle manipule les fils avec dextérité.
Le regard porté vers l'avenir, elle planifie et anticipe.
Le temps et les êtres sont insignifiants, seul compte le résultat.
Patiemment, la Primordiale s'attelle à sa tâche.
« Jamais le seigneur de guerre n’avait connu de peur si intense, ni d’angoisse si profonde, qu’à l’instant où son adorable luciole s’était évaporée sous ses yeux. »
— Je n’envisageais pas de te tuer, seulement te mutiler durablement, s’exclama Sharanna avec une férocité mordante.
"Le sang est la clé, il ouvre la voie"