AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

2.82/5 (sur 19 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 3/06/1958
Biographie :

Clotilde Escalle a longtemps vécu au Maroc. A son arrivée en France, elle a travaillé dans l'équipe du Théâtre Laboratoire de Grotowski. Elle a déjà publié Un long baiser, chez Manya, Pulsion, chez Zulma, et Un cadeau de la mer, dans la Nouvelle Revue française.

Source : FNAC
Ajouter des informations
Bibliographie de Clotilde Escalle   (10)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Tous nos coups de c?ur littéraires : http://www.fnac.com/coup-de-coeur-litteraire/ct75299/w-4 Découvrez Mangés par la terre de Clotilde Escalle sur Fnac.com : http://livre.fnac.com/a10289464/Clotilde-Escalle-Manges-par-la-terre La chronique complète : http://www.fnac.com/Livres-et-Societe/Le-coup-de-coeur-litteraire-11/cp34963/w-4


Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Dans mon placard, il y a des foulards, des dessous de soie, des vêtements qui sentent la disparition, des petits bouquets de lavande, des jours effacés.
Commenter  J’apprécie          191
Le pire, c'est la désorientation. Il n'y a pas d'histoire possible, rien n'adviendra, nous le savons, nous tous qui vivons sous ce ciel poisseux aux belle éclaircies.
Commenter  J’apprécie          180
Premier tiroir, donc, à côté des dents, un petit chien en plâtre coloré, confectionné par mes soins en cours préparatoire, pour la fête des pères. Le pelage est devenu verdâtre avec le temps. Ce petit chien, finalement, c’est moi. Il témoigne du même dévouement aveugle. Dressé pour plaire, faire le beau.

http://wp.me/p5DYAB-1zC
Commenter  J’apprécie          170
Mes mots sont tordus. Depuis leurs convulsions, ils abattent toutes les sentinelles.
Commenter  J’apprécie          162
Que peut-on faire dans un patelin où la seule direction à prendre est celle de la salle polyvalente ?
Commenter  J’apprécie          151
Les trois imbéciles ont des fusils et regardent la télé, c'est dire combien ils peuvent être dangereux.
Commenter  J’apprécie          140
Sortie se promener.
Si elle le pouvait, elle emporterait toutes les toiles, trouverait un autre magasin abandonné, une vitrine plus propre, la vieille épicerie ferait l’affaire, sa devanture bleue, les stores crème, ça irait avec la signature du vieux Ladier. Elle se mettrait à son compte. On pourrait même dire que ce serait un genre de galerie, avec une entrée pour les visiteurs, les peintures en devanture et aux murs, elle au rez-de-chaussée, comme maintenant, à guetter le client. Un magasin plus propre et sans le vieux. Elle n’en peut plus de ses piétinements et de ses airs de pauvre chien qui ne sert à rien et qui mange par-dessus le marché, alors qu’il est inutile, son riz froid à pleines plâtrées – terminé le temps des gâteaux. Compte pas sur moi pour une tarte aux pommes ou un opéra. Elle les nomme – ce sont ses préférés – pour le voir saliver, lèvres luisantes, pointe de la langue, elle pourrait presque s’attendrir, à cause de son museau tout blanchi de vieux renard. Pas fière allure le cheminot peintre, dit-elle pour l’enfoncer davantage dans la boue du décor. Opéra et tarte aux pommes qu’on ne me vendrait pas de toute façon, console-toi comme ça, la boulangère ne voudrait pas que j’entre dans sa boutique et que j’aille jusqu’à la caisse – pour vivre chez nous, il doit falloir un masque à gaz. Elle l’a dit devant moi, la fausse blonde aux yeux bleus et aux trois brioches pour deux euros. Elle dit aussi que tu m’as amenée là, elle renseigne les curieux, un père et sa fille croyez-vous, oh que non, des amants. Enfin, chacun fait ce qu’il veut, du moment que ça reste chez soi.
« Ça », tu te rends compte, elle dit « ça » pour parler de nous.
Elle se cause. Ma belle jouvencelle aux dents en allées, une de partie comme ça, tombée de la gencive, puis un mois après, une autre. T’as peut-être envie de ressembler au vieux à force de vivre avec lui. Eh bien, qu’il dégage ! La moitié de la mâchoire soudain vide, la langue là-dessus, peau lisse et douce du nouveau-né, la langue faisant désespérément le tour du propriétaire. Les nerfs et la peur qui grandit face au miroir. T’as de beaux yeux encore et un beau bout de nez, un nez qui n’a presque pas bougé depuis l’enfance, une petite boule au bout, une drôle de petite boule, elle te vient du grand-père aux origines grecques, un maçon de rien du tout, et le père, employé à la cimenterie, puis peintre, surtout peintre d’église comme on lui aurait fait l’aumône, et toi, eh bien rien, à part la peinture du cheminot et tes séances de pose.
Commenter  J’apprécie          00
Le vieillard tente une nouvelle sortie. Il piétine, tremble, apeuré. Les chiens se sont calmés.
– Rentre ! On fait affaire !
Amants maudits. Enfin, quand le vieux pouvait encore. Elle ne le dit pas au couple, mais ils l’ont deviné. Il fallait avoir plein de pâquerettes dans la tête pour ne pas voir que ça finirait mal. Lui, l’artiste, ancien cheminot à la retraite, un pinceau à la main, à peinturlurer fleurs et chiens, copier les images des magazines, et sa donzelle qu’il tabassait. Avant de devenir maigre et vieux et tout rabougri.
Bien fait. Fallait pas jouer au joli cœur.
Parfois quand ça se castagne à l’étage, le vieux dévale les escaliers. La dernière fois, il a été bon pour l’hôpital. Elle ne le supporte plus. Crie qu’il ne peut plus rien, ni tenir un pinceau ni autre chose. Crie que ça la démange de le rouer encore plus de coups, derrière les rideaux en macramé anciennement blancs, tout aussi boueux que la pièce du rez-de-chaussée – faut oser imaginer l’étage.
Plus bon à rien, le vieux.
– Il va mieux, dit-elle, comme pour rassurer les visiteurs. Mais on se connaît pas ? On s’est pas déjà vus ?
– Si, répond Louise.
– C’est vous qui êtes déjà passés ? Vous vouliez acheter une peinture ? Je vous ai dit de revenir le lendemain, le temps que je les descende ? Et vous n’êtes pas venus ?
– Si, mais vous n’étiez pas là.
– Et là, c’est quoi qui vous intéresse ?
Toi, a envie de dire Louise. La manière que tu as de jaillir dans la vitrine en soulevant les rideaux, tel un diable de sa boîte, pour nous attraper au passage. Tes yeux de folle, cette douleur au fond. Le vieux que tu maltraites. Toute cette misère qui se réveille chaque jour et dans laquelle tu es bien obligée de vivre. Ce n’est pas de la curiosité, ni même une obscénité à me repaître de ton malheur. Non. C’est que j’ai l’impression d’avoir eu un temps ton regard. Il y a eu ça aussi chez ma mère. Toi ou moi, c’est pareil, sauf que pour moi ça s’est rééquilibré, et puis je n’ai pas perdu toutes mes dents ou presque.
Commenter  J’apprécie          00
Des passants sortis de la messe – oreilles propres, vêtements impeccables et résistants, la bonne qualité qui dure des décennies, toile et laine sans chichis mais confortables -, marchent d’un pas tranquille et les saluent, sourire chrétien aux lèvres. Ils passent lentement, en quête d’un deuil, avides de cette lèpre à laquelle ils sont étrangers, l’hypocrisie de la compassion sur leurs joues roses, la nacre des ongles amollie par l’eau bénite. Un hochement de tête, un bonjour timide, un écart. Derrière les sourires, ils toisent la femme dans sa robe de chambre crasseuse bleu ciel, ses pantoufles usées. Curiosité, mépris.
Elle ne les regarde même pas.
– Qu’est-ce que vous aimez ? Je descendrai les tableaux demain. Vous passez demain, et je vous en donnerai deux. À vingt ou trente euros pièce.
– C’est le monsieur qui peint ?
– Oui, c’est lui. Il partira bientôt. Mais il a beaucoup peint, on a de la réserve. Alors, qu’est-ce que vous voulez ?
Ses dents sont à présent découvertes. Des chicots, mais c’est surtout cette surélévation de la mâchoire inférieure, dans le fond, du côté gauche, qui étonne : une herse de dents cariées qui semblent vouloir sortir de là.
Les chiens cognent contre la vitre.
C’est dans l’une des rues principales de Pierzy, là où tout est à l’abandon ou presque, à part une demeure bourgeoise qui vient d’être restaurée et la boulangerie – trois baguettes pour le prix de deux depuis qu’une autre a ouvert à l’entrée du bourg sur la nationale. Un bourg sacrifié, c’est d’ailleurs affiché à l’entrée. Au lieu de l’habituel « BIENVENUE », « VOUS ENTREZ DANS UN BOURG SACRIFIÉ ». Le centre des impôts va bientôt être transféré, au moins trente emplois sauteront.
Commenter  J’apprécie          00
Elle marche, marche dans sa tête, contre les jours et les nuits. Soudain elle décide qu’elle n’aura plus peur d’être seule. La nuit, ce sera sûrement plus difficile. Boîte à images, tirées au petit bonheur la chance, du noir et blanc, une succession d’aïeux, des spectres pleins d’histoires effrayantes. La nuit est trop calme par ici, mais qu’on ne lui parle pas de la ville. Elle est faite pour les trous à corbeaux.
Je voudrais seulement qu’on me refasse la bouche, qu’on me redonne des dents, et des belles, des perles de dents accrochées à de la gencive saine.
– C’est invraisemblable comme la jeunesse se perd vite, dit le vieux sadique.
Il la fait pleurer en cachette sur son paradis perdu de petite fille, où il y aurait des arbres à dents – il suffirait de les cueillir -, des langues toutes propres, sans mots de vipère, des robes à taille de guêpe, le gazouillis des oiseaux, et une porte à ne pas ouvrir, derrière laquelle se tramerait l’innommable.
Surtout ne pas y penser.
Elle marche, marche, en faisant des détours.
Le bois et la terre. Les corbeaux, encore.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Clotilde Escalle (26)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz spécial Tintin ! (niveau assez difficile)

Dans quel journal Tintin travaille-t-il ?

Le Monde des Bulles
Le Petit Vingtième
L'illustré
Le journal de Tintin

10 questions
2101 lecteurs ont répondu
Thèmes : tintin , bande dessinéeCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..