Sait-on toujours à quoi l'on consent lorsqu'on dit « oui » ? Sait-on toujours de quoi on a honte lorsqu'on se sent recouvert par cet affect ? Clotilde Leguil dans son dernier essai « Céder n'est pas consentir » (PUF, 2021) interroge cette frontière subtile entre le consentement toujours risqué et le traumatisme psychique et sexuel qui suppose une effraction.
La honte est un affect qui avec le dégoût peut submerger celui qui s'est laissé faire sans pouvoir répondre. Frédéric Gros dans « La honte est un sentiment révolutionnaire » (Albin Michel, 2021) considère même que « la honte est un affect majeur de notre temps » et qu'il appartient à celui qui l'éprouve de transfigurer sa honte.
Cette rencontre permettra d'éclairer ce paradoxe qui renvoie à la fois au plus intime en chacun et aux enjeux politiques les plus actuels.
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Comment ne pas voir que pour qu'il y ait du "Je", il faut aussi qu'il y ait un régime politique qui puisse laisser une place vide, un lieu où le pouvoir s'abstient, ne pénètre pas, et laisse chacun exister avec ses doutes, ses questions, son non-savoir, son désir et son histoire? (...) Le "Je" n'est donc pas indestructible. Il est même souvent menacé et l'identité totalitaire est ce qui vient à la place du "Je" lorsque l'espace pour le faire exister disparaît.
La politique à l'âge des statistiques et aujourd'hui des algorithmes propose aux citoyens un savoir préfabriqué sur leur être. Cette somme de données personnelles sur l'être ressemble à une accumulation de savoir sur soi , mais paradoxalement l'accumulation de ces données renvoie en même temps à un refus de savoir ce qui relève du sujet en chacun. Le Big Data annule le cogito.
L'uniformisation engendre un monde d'où les couleurs de la subjectivité ont disparu. Car où que l'on se rende, sur la planète que nous habitons, nous pourrons nous y retrouver en rencontrant les mêmes paysages, les mêmes productions industrielles, les mêmes constructions, les mêmes hôtels, les mêmes plats, et voire la même langue.
"Ce qui traumatise ne se laisse pas dire." Cela ne se dit pas, non pas simplement parce que la décence ou la pudeur exigeraient de ne pas en parler, mais parce que l'effet du trauma percute le corps de telle façon que le langage est comme court-circuité.
"Consentir" peut conduire à "céder", sans même s'apercevoir que la frontière a été franchie.
C'est comme ça. Psychanalyser, tout comme éduquer ou gouverner, conduisent à faire l'expérience d'une tâche de l'ordre de l'impossible
L'analysant, en même temps qu'il parle de son symptôme, voit s'éveiller en lui un sentiment d'amour à l'égard de celui qui l'écoute.
Il n'y a pas de psychanalyse de couple, mais seulement de la psychanalyse pour chacun, dans sa solitude, arraché à son partenaire dans la vie pour aller à la rencontre d'un nouveau partenaire, l'inconscient.
"Il s'agit de substituer à l'existence une essence qui la prédéterminerait et incarnerait un Souverain Bien. A terme, le but est de faire disparaître le sujet, car là où il y a du sujet, il y a aussi une parole qui déjoue toute tentative de contrôle. Là où il y a sujet, il y a aussi la possibilité d'une mise en question, d'un doute, d'une angoisse. Là où il y a du sujet, il y a aussi un rapport au langage qui transcende celui qui parle et qui le conduit à faire l'expérience d'un désir qui l'interroge."
Ce qui s'est globalisé, ce ne sont pas seulement les échanges économiques, les rapports sociaux et les relations politiques, mais finalement l'intimité de chacun.