La vie de No impact man : les défis
Il est plus facile de s'acheter un iPhone ou une télé à écran plat, de se payer un voyage aux Bermudes ou une quelconque distraction, que de s'interroger sur le sens de la vie. Il est plus facile de partir du principe que le but de notre existence consiste à avoir un bon job et un bon salaire, une bonne boîte pour vivre et une bonne boîte pour se déplacer et d'espérer que ces boîtes nous protégeront de tout. Y compris de ce genre de questionnement. Comment dois-je vivre ? Pourquoi suis-je là ?

A propos des raisons qui nous poussent à consommer :
Une pub Pepsi. Un mec qui dort. Son réveil sonne. Il appuie sur la touche de répétition de l'alarme. Il resonne. Encore. Encore. Encore. Finalement, il se lève et file au boulot, les cheveux en bataille. Il arrive en retard à une réunion, on le prie de prendre la porte. Retour au type dans son lit. Le réveil sonne. Il boit une canette de Pepsi, se lève d'un bond, enfile un superbe costume dans lequel il ressemble au plus séduisant des James bond, arrive frais et dispo à sa réunion, où il prend la parole et où tout le monde l'applaudit.
Ce qu'il y a d'intéressant dans cette pub, c'est qu'au premier abord, on pense que le message est celui-ci : buvez du Pepsi et vous réussirez. Or la récompense, ce n'est pas la réussite, mais les applaudissements. buvez du Pepsi, nous dit-on, alors vous réussirez et vus serez aimé.
Annie Leonars relève ce point dans sa vidéo en ligne The story of Stuff. Toutes les pubs disent la même chose : vous êtes un gros naze, mais si vous achetez ceci ou cela, vous deviendrez quelqu'un de bien et tout le monde vous appréciera. Ce que les pubs taisent, en revanche, c'est que si nous avons tant besoin d'amour, c'est parce que nous nous tuons à la tâche pour nous payer les trucs dont elles vantent les mérites. Totalement absorbés dans notre travail, nous laissons l'amour nous filer sous le nez.
C'est qu'au lieu de rester assis dans un fauteuil à refaire le monde en palabrant, nous ferions mieux d'essayer concrètement de le sauver. Si nous faisons tous des efforts, chacun à notre niveau, même si certaines de nos initiatives ne servent à rien, peut-être que sur le lot, il y en aura quelques-uns, ou quelques milliers, qui porteront leurs fruits.
C'est quoi le plus difficile? me demande-t-on sans arrêt. Ne pas produire de déchets? Rouler à vélo ou en trotinette? Vivre sans frigo? En vérité, rien de tout cela. Le plus dur, c'est de modifier ses habitudes.
Et comme je ne trouvais pas de vinaigre local en vrac, j'ai appris à en faire. Voici la recette :
Hachez grossièrement vos restes de fruits : trognons de pommes, fruits rouges trop mûrs,etc. (Personnellement, je n'ai pas utilisé de fruits rouges parce que ce n'était pas la saison.) Délayer le quart d'une tasse de miel (normalement du sucre) dans un litre d'eau. ajoutez les fruits hachés et couvrez d'un linge propre. Laissez macérer deux ou trois semaines en remuant de temps à autre.
Un assaisonnement idéal pour -vous l'aurez deviné- la salade de chou.
Mais peut-être suis-je un membre de l'équipage de l'immense bateau qu'est notre société, et peut-être ai-je approuvé certaines décisions qui ont fait faire fausse route à notre navire et causeront peut-être son naufrage.
Pour chaque tâche que je dois accomplir, il existe dans le commerce un ustensile jetable me permettant de me débarrasser de cette corvée au plus vite. Mon existence toute entière semble régie par une machine à fric conçue pour me faire acheter toujours plus de choses destinées à expédier ma vie. Je suis un serpent qui se mord la queue. On dirait que j'essaye d'en finir au plus vite.
Le plus dur, je crois, c'est d'être si souvent confronté à moi-même. A mon jugement. Mes faiblesses. Ma tendance obsessionnelle.

Selon William Mc Donough et Michael Braungart, les auteurs de Craddle to Craddle, les Indiens Menominee pratiquent le commerce du bois depuis plusieurs générations. en 1870, les Menominee ont évalué à 3 millions de stères le bois sur pied de leur 118000 hectares de forêts. Depuis cette date, ils ont débité presque deux fois ce volume : 5,3 millions de stères.
S'ils avaient employé la méthode de "coupe rase" de certains gros exploitant forestiers, qui consiste à abattre la totalité des arbres d'une parcelle, les Menominee n'auraient plus aujourd'hui un seul arbre sur pied, et je ne parle même pas des dégâts qu'ils auraient infligés à la faune et à la flore sylvestres. Or ils possèdent actuellement 4 millions de stères de bois sur pied, davantage qu'en 1870, ainsi qu'un écosystème riche et varié. Parce qu'ils ne coupent que les arbres faibles, ne touchent pas aux arbres-mères et préservent la canopée, qui est l'habitat des animaux arboricoles.
En réalité, ce qu'il faut mettre dans la balance, ce sont d'un côté nos habitudes et nos pratiques d'hier, périmées pour l'espèce humaine, et de l'autre des habitudes et des pratiques nouvelles, adaptées au contexte actuel.