Harold and Maude Trailer (1971)
Le rire...Les larmes...Deux traits typiquement humains. Et voyez-vous, Harold, le plus important dans la vie c'est de ne pas craindre de se montrer humain.
- [...] J'estime cependant que la plupart des malheurs de l'humanité vient de ce que les gens qui savent pourtant qu'ils sont uniques, comme cette fleur-là - et elle montra la marguerite qu'elle tenait à la main - s'obstinent à se laisser traiter comme un numéro parmi la masse.
Le rire..., les larmes....Deux traits typiquement humains. Et voyez-vous, Harold, le plus important dans la vie, c'est de ne pas craindre de se montrer humain.
- [...] Et voyez-vous, Harold, le plus important dans la vie c'est de ne pas craindre de se montrer humain.
Harold, prenant le tuyau, aspira, puis dit en souriant : "je vais bientôt avoir tous les vices"
- Vice ? Vertu ? Mieux vaut ne pas être trop vertueux, Harold. On se prive de tant de choses ! Il faut viser plus haut que la simple moralité. Comme le dit Confucius, "Ne vous contentez pas d'être bons. Sachez provoquer les bonnes choses de la vie".
- Confucius a vraiment dit ça ?
- Ma foi... dit Maude en souriant. C'était paraît-il un sage. Il a donc dû prononcer de telles paroles.
- Vous êtes bien l'être le plus sage que je connaisse, dit Harold en la fixant du regard.
- Moi ? s'écria Maude. Quand je regarde autour de moi, je me rends compte que je ne sais rien.
Oui, je pleure. Je pleure en pensant à vous. Je pleure en regardant cette photo. Je pleure devant un très beau spectacle... Un coucher de soleil, une mouette en plein vol. Je pleure quand un homme torture son semblable... quand il se repent et implore son pardon... quand ce pardon lui est refusé... quand il lui est accordé. Le rire... Les larmes... Deux traits typiquement humains. Et voyez-vous, Harold, le plus important dans la vie c'est de ne pas craindre de se montrer humain.
Le général de brigade Victor E. Ball avait été en réalité, en 1945, pendant une courte période, aide de camp du général MacArthur. Mais en toute équité envers ce grand capitaine, on ne pouvait dire qu'il ait été son bras droit, d'abord parce que son avis n'était jamais sollicité, et ensuite parce qu'il n'avait plus de bras droit, l'ayant perdu à Fort Jackson, en Caroline du Sud, au cours de grandes manoeuvres.

_ Voyez-vous, dit-il, la plupart des gens ne sont pas comme vous. Renfermés en eux-mêmes, ils vivent, solitaires, dans leur forteresse. Tout comme moi, d'ailleurs.
_ Chacun vit dans sa propre forteresse, répondit Maude. Mais rient ne nous empêche d'abaisser le pont-levis et de frayer avec nos semblables.
_ Vous reconnaissez cependant, dit Harold en lui souriant, que nous vivons seuls et que nous mourrons seuls, chacun dans notre propre cellule.
_ C'est vrai jusqu'à un certain point, dit Maude laissant errer son regard sur la forêt. C'est pourquoi nous devons nous ingénier à remplir notre vie de choses agréables... lire de bons livres ; rêver auprès d'un feu de bois ; évoquer d'heureux souvenirs. Par ailleurs rien ne nous empêche de sauter le mur de temps en temps et de dormir à la belle étoile.
_ Tout cela exige du courage.
_ Pourquoi ?
_ Vous n'avez donc jamais peur ?
_ Peur de quoi ? Je ne redoute pas ce que je connais et j'aspire à connaître ce que j'ignore. De plus j'ai des masses d'amis.
_ Quels amis ?
_ L'humanité toute entière.
_ Cela fait en effet beaucoup d'amis, dit Harold en souriant. Mais qui vous dit qu'ils vous portent tous de l'amitié ?
_ Pour moi nous sommes tous pareils. Le tout est de se comprendre. J'ai entendu une fois raconter, en Orient, l'histoire de deux architectes qui se rendirent auprès du Bouddha. Ils manquaient d'argent pour achever leurs travaux et ils espéraient que le Bouddha leur viendrait en aide. 'Je vais voir ce que je peux faire', leur déclara-t-il et il partit inspecter leurs travaux. Le premier architecte construisait un pont et le Bouddha en fut fort impressionné. 'C'est là un pont magnifique', et il se mit en prières. Soudain un grand bœuf blanc surgit, portant sur son dos assez d'or pour achever les travaux. 'Prends cet or, dit le Bouddha et construis encore beaucoup d'autres ponts.' Sur quoi, le premier architecte partit le cœur en fête. Le deuxième architecte élevait une muraille et quand le Bouddha la vit, il en fut également impressionné. 'C'est là une très belle muraille', dit-il gravement, et il se mit en prières. Soudain le bœuf sacré surgit, se dirigea vers le deuxième architecte et se coucha sur lui, l'écrasant de tout son poids.
Harold fut à ce point secoué de rire qu'il dut se retenir au tronc du pin pour ne pas tomber.
_ Maude ! s'écria-t-il. Cette histoire, vous venez de l'inventer.
_ Ma foi, je l'avoue, fit Maude joignant son rire au sien. Mais elle est pleine d'enseignement. Le monde a assez de murailles. Ce dont les hommes ont besoin, c'est de sortir de leurs forteresses et de jeter des ponts entre eux.
-Comme le dit Confucius : "Ne vous contentez pas d'être bons. Sachez jouir des bonnes choses de la vie".
-Confucius a vraiment dit ça?
-Ma foi...fit Maude en souriant. C'était, parait-il un sage. Il a donc dû prononcer de telles paroles.
Harold Chasen grimpa sur la chaise et se passa le noeud coulant autour du cou. Il tira dessus, le vérifia. Oui, il tiendrait. Il inspecta du regard la pièce intime et chaude. L'électrophone diffusait en douceur du Chopin. L'enveloppe était posée bien en vue sur le bureau. Tout était prêt. Il attendit. Une voiture s'engagea dans l'allée. Elle s'arrêta et il entendit sa mère en descendre. L'ombre d'un sourire aux lèvres, il renversa la chaise du pied et se trouva brusquement suspendu dans le vide. Au bout d'un instant il cessa d'agiter les jambes et son corps se mit à se balancer au bout de la corde.