Le blues parle de la souffrance. Et les irlandais en connaissent un rayon là-dessus.
La mémoire est une drôle de chose, elle peut vous jouer des tours , on oublie, si facilement, et tellement de choses peuvent vous revenir à l'esprit bien vivantes, pétillantes.
Le blues parle de la souffrance. Et les Irlandais en connaissent un rayon là-dessus.
Certains soirs elle parvenait à transformer l'histoire en une quête de Tir na nOg avec John qui nageait de plus en plus profond dans le lac pour atteindre la terre qui garantissait de rester jeune à tout jamais.
Honnêtement, les chansons sont assez pourries. Mais c'est bien d'avoir un hobby. C'est mieux que vous deux. Qui passez votre temps à faire du shopping. Et qui dépensez l'argent que vous avez durement gagné.
ll s’apprête maintenant à le faire en public. Qu’est-ce que ça va donner ? Quelque chose de hurlant et d’exubérant comme Chester Burnett en personne, ou plutôt calme et serein comme The Hook, qui fait des riffs sur une vibration.
Ses mains tremblent. Le micro a l’air sévère et dangereux, une sculpture de Giacometti, maigre et sinitre, à moins que ce ne soit perdue et désolée. À quoi va ressembler la chanson ?
« Bien. Allons-y », dit Tom, enthousiaste, enivré.
Bernard est sur le point de découvrir comment, juste comment tout cela va se passer.
Il voit un lien entre la maladie de la pomme de terre en Irlande qui a donné lieu à l’atroce famine, la catastrophe des inondations du Mississippi et l’assaut insidieux du charançon des pommiers. Il a lu des trucs là-dessus. Toutes ces heures passées dans sa chambre lui ont rempli la tête de telles correspondances. Il entend la joie dans ces chansons, pas la morosité, il y voit une spiritualité qu’il ne trouve nulle part ailleurs, pas à l’église, pas dans les jacasseries des prêtres. Le blues contient tout à ses yeux.
Le tigre celtique est bien mort, sa carcasse en putréfaction enlisée dans les tourbières noires. A la place du tigre se trouve un chaton qui miaule, rachitique et nerveux, prêt à défequer.
Quelques gouttes commencent à tomber sur la vitre à présent, doucement d'abord, quelques gouttes de temps en temps, flic floc, puis plus intensément et assurément régulière et vigoureuse, une pluie résolue, que le vent ne tarde pas à accompagner, lentement au départ, un murmure pour commencer, pas plus fort que le doux hululement d'un bébé chouette, mais bientôt, c'est bel et bien une chouette.
C'est le gros intérêt de vivre seul : le bazar que tu mets, c'est ton bazar. Tu ramasses quand tu es fin prêt à le faire. Personne ne regarde par-dessus ton épaule l'air consterné, personne ne te secoue pour te dire de faire les choses, et plus vite que ça. ( p 73 )