Le samedi 15 septembre durant le Salon Fnac Livres, le nom du lauréat du concours d'écriture « À la découverte des talents de demain » a été dévoilé !
Coline Gatel succède donc à Cedric Lalaury avec son polar historique "Les Suppliciées du Rhône". Nous avons eu la grande joie de célébrer son prix lors d'une chaleureuse soirée à la librairie La Belle Hortense en compagnie de nos partenaires Kobo Writing Life et le Point.
Le roman de la lauréate sera publié chez Préludes en février 2019 mais vous pouvez dès à présent le découvrir en numérique sur la plateforme Kobo via ce lien : https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/les-suppliciees-du-rhone
À vos liseuses !
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Elle était charmante cette Madeleine, bourgeoise jusqu'aux tréfonds de son âme. Inquiète comme un moineau. Apeurée comme une souris. Le parfait résultat d'une caste féminicide qui transformait ses femmes en des objets falots à poser, à sa guise, au bout d'une table, près d'une fenêtre ou devant un piano. Fières d'une progéniture qu'elles ne voyaient jamais, mais pour laquelle on les honorait comme service rendu à la riche société lyonnaise.
Irina, tout en se redressant, ne put s'abstenir de sourire. Ses sœurs l'avaient appelée Hermoni, car elle n'avait pas les caractéristiques requises pour s'accoupler avec le diable. Mi-homme, car sans les attributs visibles des femmes ; mi-femme car sans les attributs visibles des hommes. Elle était devenue Hermoni. Âme sans sexe. Sorte de divinité protectrice. Ange déchu voué à la sorcellerie.
Nous avons tous le pouvoir de devenir infâmes ou augustes quel que soit notre départ dans la vie.
" Le silence demandé se fit et Lacassagne , satisfait, pu enchaîner avec la sentence favorite qu'il distillait à chaque début de cours : " ayez toujours à l'esprit , chers futurs collègues, qu'une autopsie mal faite ne se recommence pas"
_ De mieux en mieux ! Une femme à bicyclette ! Et pourquoi pas au volant d'une de ces nouvelles machines de mort qui avancent seules sans chevaux. Rien que le nom du moteur... à explosion... veut bien dire ce qu'il veut dire. Boum !
— Je connais l’héroïne.
— Vous l’avez testée?
— Oui.
— Elle est préconisée contre la tuberculose et l’asthme. Elle serait même, en pilules, recommandée pour le sommeil des enfants.
Félicien avait frémi.
— Elle deviendra un fléau au même titre que tous ces produits que l’on dit miraculeux et qui se transformeront en autant de calamités. Vous pouvez me croire. Le manque est la chose la plus terrible que l’on puisse connaître. Et l’accoutumance, la pire servitude à laquelle on peut s’assujettir.
N’oubliez toutefois jamais, messieurs, que vous n’êtes pas Dieu, aussi souvenez-vous que votre responsabilité dans une enquête est pleine et entière. Grâce à vous, le meurtrier pourra être arrêté… mais, par votre faute, l’erreur judiciaire pourra être commise !
Maître Paulet, un des instituteurs des garçons, de l'autre côté de la cour , qui avait des vues sur elle, lui affirmait d'un air sévère, qu'il ne fallait pas faciliter l'éducation des élèves. Leur donner des codes pour comprendre n'était que les transformer en indigents incapables de se débrouiller dans la vie. Des êtres fats et libidineux se complaisant dans les jours chômés plutôt que dans l'action laborieuse. Le travail dans la douleur. Il n'avait que ce mot à la bouche. Aidé de sa précieuse férule, il voulait faire de ces têtes vides de parfait ouvriers aptes à soutenir une économie en pleine mutation. Leur ouvrir l'esprit, mais point trop n'en faut !
( 1898)
p 163
Il y avait toujours quelque chose de déplaisant dans l’idée que l’on pouvait sélectionner les gens selon leur sexe, mais aussi selon leur couleur, leur aspect, leurs mœurs ou leur religion. Ne vouloir trouver des qualités qu’à ceux qui vous ressemblaient s’apparentait bigrement à de l’eugénisme.
Félicien Perrier marchait d'un bon pas. Il aimait les rues de Lyon la nuit, quand le puritanisme exacerbé de la ville se désagrégeait comme un voile, laissant deviner le vice et la corruption là où tout n'était qu'affabilité et bienséance quelques heures auparavant. Un autre visage de la cité apparaissait alors, plus glauque, plus extasié, visage qu'il ne craignait pas de caresser du bout des doigts afin d'en apprécier tous les artifices.