"L'histoire vraie d'un catastrophe minière en Belgique, une fresque judiciaire, l'immigration en question... Un portrait réaliste par un auteur qu'il faut absolument découvrir si vous ne le connaissez pas !" - Gérard Collard.
Devant Dieu et les hommes - Paul COLIZE - HC Éditions.
Le 8 août 1956 restera dans nos mémoires comme un jour qui a marqué l'histoire de notre pays d'une de ses pages les plus tragiques. Lorsqu'elle déjeune avec le grand patron du Soir, Katarzyna ne s'attend pas à être envoyée sur le procès de Marcinelle. En 1958, être une femme journaliste est déjà peu habituel, mais couvrir l'affaire dont tout le monde parle est absolument extraordinaire. Deux ans auparavant, l'explosion au fond de la mine de Bois du Cazier a fait plus de 250 morts...
https://lagriffenoire.com/devant-dieu-et-les-hommes.html
Recevez votre ACTUALITÉ littéraire (façon La Griffe Noire) en vous abonnant à notre newsletter hebdomadaire :
https://www.lactudulivre.fr/newsletter/
+ Lire la suite
Le repas à peine terminé, sa mère l'avait renvoyé dans sa chambre.
- Ne t'inquiète pas, Duso. Nous avons quelques préoccupations, mais tout va s'arranger. Dors bien.
Il se retourna une nouvelle fois dans son lit.
Il aurait voulu que cette journée n'ait jamais existé, que les menaces qu'il avait entendues ne soient que l'arrière-goût d'un mauvais rêve.
La guerre. Des armes. Des munitions. Eux. Nous.
Cela n'avait aucun sens.
De nombreux Serbes vivaient à Yukovar. Des centaines d'autres traversaient le Danube chaque matin pour travailler à l'usine.
Les Serbes et les Croates parlaient la même langue, habitaient les mêmes quartiers, riaient des mêmes blagues, jouaient, buvaient, mangeaient, dansaient ensemble. Le seule chose qui les différenciait était leur écriture.
Cyrillique pour eux, latine pour nous.
Personne ne penserait à se battre pour une question d'écriture.
Hormis quelques-uns, ses camarades lui avaient tourné le dos. Magnanime, il n'avait pas cherché à les retenir. Certains changent de cap pour garder leurs amis, certains changent d'amis pour garder leur cap.
(page 58)
Comme beaucoup d'homme, il confond sensibilité et faiblesse.
Selon Baudelaire, les hommes qui passent pour de vrais durs sont plus sensibles que ceux dont on vante la sensibilité expansive. Ils se font durs parce que leur sensibilité les fait souffrir.
A l'égal des réseaux sociaux, du Concours Eurovision de la chanson ou de la trottinette électrique, Pauline Derval considérait que la Saint-Valentin faisait partie des inventions humaines les plus abêtissantes.
Elle ne pouvait déterminer ce qui était le plus sordide, du mâle pataud qui poireautait chez le fleuriste, de la femme qui s'achetait des dessous affriolants ou des couples moribonds qui échangeaient des regards transparents dans les restaurants.
(page 253)
En Belgique, se faire la belle n’est pas un délit, c’est même considéré comme un droit. Un évadé ne peut être poursuivi que pour les délits qu’il commet lors de sa fuite, destruction, violences, prise d’otages. S’il est vêtu de son uniforme de détenu lors de sa fuite, il peut être poursuivi pour vol.
Le mariage est la principale cause de divorce.
Sans le premier, le second n’aurait jamais vu le jour. L’affaire se limiterait à une séparation assortie de quelques larmes ou de vagues reproches. La vie reprendrait ensuite son cours et chacun poursuivrait son chemin la tête haute.
Un coup de gueule fielleux ou un suicide avorté viendrait de temps à autre troubler l’ordre des choses, mais ce ne seraient que des cas isolés.
Il n’y aurait pas ces discussions orageuses, ces règlements de comptes miteux, ces débats houleux, ces polémiques sordides, ces déballages impitoyables et ces vaines tentatives de réconciliation. Il n’y aurait ni palabres interminables, ni négociations nauséeuses pour la garde du chien ou la répartition de la vaisselle.
De ces trois jours de jazz, je ne garde que l'image de quelques artistes qui ont traversé le hall, certains en titubant dangereusement. Les stars de cette première édition étaient Keith Jarrett, Jack DeJohnette et Cecil McBee, des noms qui ne me disaient rien.
Peut-être sont-ils venus me réclamer leur clé et sans doute ont-ils été vexés par mon indifférence à leur égard. Entre le jazz et le rock, les cloisons étaient étanches.
- Mademoiselle Blackwell a été découverte ce matin, dans son appartement, sans vie.
(…)
- Morte ?
- Morte.
- Elle a fait un malaise ?
- Deux balles dans la tête.
- Elle s'est suicidée ?
Witmeur intervint.
- Il a dit deux balles dans la tête.
La situation me rappelle une vieille blague juive. Salomon ne parvient pas à dormir. Inquiète, sa femme l'interroge. Il lui avoue avoir emprunté de l'argent à Isaac, son voisin, mais il ne voit pas comment il va pouvoir le rembourser.
Sa femme se lève, ouvre la fenêtre et appelle Isaac en criant. Celui-ci, à moitié endormi, ouvre la fenêtre à son tour.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Il paraît que Salomon te doit de l'argent ?
- Oui.
- Eh bien, il ne pourra pas te rembourser.
Là-dessus, elle referme la fenêtre et s'adresse à Salomon.
- Voilà, maintenant, c'est lui qui ne dort plus.
J'estime que la grandeur de l'homme, ce qui le différencie de l'animal, se mesure à sa capacité à oublier et pardonner.