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Critiques de Colm Toibin (328)
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Le magicien

Colb Toibin nous dépeint avec délicatesse et introspection une des figures les plus éminentes et complexes de la littérature européenne de la première moitié du XXieme siècle, Thomas Mann , prix Nobel de littérature 1929.

Cadet d'un riche négociant en grains de Lübeck , son père le considère comme son successeur à la tête de la compagnie, mais la mort prématuré de ce dernier chamboule tous les projets et les destins tout tracés. Alors que lui déjà de son vivant , incité par ses premières prouesses de poète inspiré de son éveil à son homosexualité, ne pensait que Littérature. Il profitera de l'exemple de son frère aîné Heinrich , écrivain soutenu matériellement par leur mère pour avoir à son tour le consentement maternel et le soutien matériel pour s'y consacrer très jeune. Toibin le suit de l'enfance au marriage, de son succès précoce avec le Nobel en 29 à son exil suisse et américain de l'Allemagne nazie. Une vie complexe vu que malgré son choix sexuel bien défini , il se mariera avec une femme avant gardiste dont il aura six enfants dont « trois homosexuels – ou deux homosexuels et une bisexuelle. Plus deux filles qui aiment les vieux. Plus Monika …Et Michael …Le seul qui soit normal », une famille dysfonctionnelle , aux membres célèbres, vaniteux, narcissiques, incestueux….



Toibin à travers la vie des Mann nous brosse un tableau magistral des grands changements et tumultes de l'histoire de l'Europe de la première moitié du XXieme siècle. de la montée du nazisme suite à la défaite de l'Allemagne de la première guerre mondiale ( le parti d'Hitler aux élections de décembre 1924 remportera que 3% du vote national), à leur arrivée au pouvoir que Mann était loin d'imaginer, et finalement la guerre, des moments de grandes turbulences où nous suivrons la famille en fuite n'arrivant pas à accepter les grandeurs d'un temps passé à jamais révolues.

Côté vie privée, Toibin nous rend avec brio la complexité du personnage de Thomas Mann. D'une part fortement attiré par les hommes dont il fera d'ailleurs très tôt l'expérience et le reflètera souvent dans son oeuvre, qu'ironiquement le public l'interprètera d'une manière plus inoffensive pour l'époque, de l'autre une femme exceptionnelle, très intelligente ( sa réaction à la lecture de la Montagne magique est étonnante ), sa muse , à laquelle il sera fortement lié, et six enfants qui lui assureront l'honorable statut de père de famille. Ses journaux intimes enfermés dans un coffre fort à Munich dans son bureau , alors qu'il est déjà exilé en Suisse, deviendront un de ses plus gros soucis, vu que s'ils arrivaient à être publié révéleraient clairement qui il était et quel était l'objet de ses pensées secrètes…..surtout que ces pensées secrètes se portaient sur des garçons assez jeunes….Mann avait choisit le grand compromis. Avec son respect de l'ordre qu'il observait dans ses réflexions et sa façon d'accueillir la vie en général, «  il aurait pu être un homme d'affaire », or il rêvait de trouver « une voix, où un contexte , qui soit au-delà de lui, enraciné dans ce qui brillait, scintillait, pouvait être vu, mais qui planait au-dessus du monde des faits, en un lieu où esprit et matière se confondaient, se séparaient, se confondaient encore. » Mais sa prudence et son souci de contrôle ne lui permettront que dans de rares occasions d'ouvrir la porte à l'obscurité qui était là , hors de sa propre sphère de compréhension. Or sa production littéraire et ses sources d'inspiration sont étroitement liée à cette vie privée qu'il agrémente de son imagination féconde et de sa production d'illusion, l'essentiel du travail de l'écrivain. Et c'est là qu'entre en scène la magie , cette magie que Mann ressentira dès l'écriture de son premier roman à grand succès, Les Buddenbrook « L'oeuvre avait beau être basée sur la vie des Mann à Lübeck, Thomas savait bien qu'elle avait aussi une source extérieure à lui, sur laquelle il n'exerçait aucun contrôle. Cela relevait un peu du tour de magie, et il savait que cela ne se reproduirait pas si facilement. »

Le Magicien c'est aussi le surnom que lui donnaient ses deux aînés Klaus et Erika, et par la suite tout ses enfants, parce que tout simplement il leur faisait des petites tours de magie quand ils étaient petits !



Un livre fascinant qui sort d'une biographie classique, que Toibin termine avec une histoire magnifique et où l'on croise de nombreuses célébrités de la littérature et la musique du XXieme siècle dont Gustav Mahler, Alma Mahler, W.H. Auden, Arnold Schönberg, Bertholt Brecht….Intéressant aussi dans le sens qu'on se rend compte une fois encore que l'Allemagne qui a connu la dictature la plus impitoyable de l'Histoire mondiale est aujourd'hui un des rares pays au monde où la démocratie fonctionne au mieux qu'elle peut fonctionner, et les États Unis soit disant une grande démocratie est un des pays au fascisme le plus redoutable qu'il exerce prioritairement à travers le CIA et le FBI , deux organisations qui contrôlent le pays et tout les pays qui les intéressent.

Je pense que relire Mann après ce livre sera une nouvelle expérience , ce que j'essaierais de faire avec les Buddenbrook et pourquoi pas entamer le docteur Faustus qui m'a toujours fait peur avec ses 600 pages.



« L'esprit de l'écrivain était protéiforme, son imagination ouverte au changement . L'humour et l'ironie étaient pour lui des outils essentiels. »



«  Sa vie illustra son oeuvre. »

François Mairiac



Un grand grand merci aux éditions Grasset et NetGalleyFrance pour l'envoi de ce très très beau livre !

#LeMagicien #NetGalleyFrance



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Le magicien

Passionnant même si parfois, sur les six cents pages, je me suis essoufflée un peu. La tribu Mann, les parents et grands-parents entraînent une abondance de portraits sans lesquels, il serait difficile de cerner le contexte familial avec discernement comme il eut été difficile de ne pas évoquer les Roosevelt, Alma Malher et Christopher Isherwood.



L'écriture de Colm Toibin, traduit de l'irlandais par Anna Gibson, est agréable, fluide, visuelle, sans artifice. Elle permet d'entrer facilement dans l'intimité de la famille Mann et d'aborder avec une acuité accrue, la complexité de ce génie littéraire, nobélisé en 1929, Thomas Mann, celui que ses enfants appelaient « le Magicien ».



Malgré les excellents billets qui ont déjà été rédigés sur cette biographie romancée de Colm Toibin, il m'a semblé utile d'apporter ma modeste contribution afin d'inciter les indécis à se plonger dans ce roman qui bénéficie d'une recherche approfondie mais surtout, qui ouvre des portes sur la création littéraire, ses motivations et l'ambivalence d'un des plus grands auteurs allemands du vingtième siècle.



Colm Toibin se glisse, s'immisce, dans la tête de Thomas Mann qu'il accompagne depuis sa naissance, à Lubeck en 1875, jusqu'à son décès à Zurich, en 1955, en passant par Sanary-sur-mer dans le Var et les Etats-Unis, l'auteur chemine à ses côtés. La famille, l'époque, les évènements, tout est passé à la lumière d'un travail de documentation rigoureux et, il me semble, aussi d'une certaine proximité avec son modèle.



Connaissant certains ouvrages de Thomas Mann, ayant lu les mémoires de son fils Klaus, il m'est apparu intéressant, à la fois, de découvrir l'origine de certains ouvrages du Magicien comme de procéder à une approche plus large des ressentis de chacun en comparant avec les mémoires de Klaus.



A travers l'histoire de la famille Mann, c'est une vision en accéléré du vingtième siècle qui nous est proposée et qui tout comme « Mémoires d'un européen de Zweig » et les mémoires d'Ernst Toller sur la République des conseils de Bavière, nous permet de mesurer avec force, la fureur qui a traversé l'Europe tout au long de ce 20ème siècle sans oublier ces années d'entre deux-guerres où, même dans les milieux réputés « intellectuels », régnait une certaine incrédulité devant les élucubrations d'Hitler.



Cette biographie romancée s'alimente des tourments du 20ème siècle, des drames auxquels la famille Mann a été confrontée. Rien ne sera épargné à Thomas Mann. de la judéité de son épouse, Katia, dont cette dernière ne faisait pas cas jusqu'à ce que les nazis le lui rappellent, de la vie tumultueuse et des prises de positions de ses enfants terribles qu'étaient Erika et Klaus, des épreuves douloureuses d'Heinrich, des deuils, des déménagements successifs, sans compter la période du maccarthysme qui est l'épisode qui m'a le plus interpelé, le mauvais sort s'est vraiment acharné sur cette famille malgré un Prix Nobel, un auteur acclamé dans le monde entier, un couple très uni – ce que leurs enfants leur reprocheront d'ailleurs et un univers d'une grande culture tant littéraire que musicale.



De cette lecture, le lecteur peut méditer sur la versatilité du destin tout comme sur l'opportunisme de certains pays d'accueil. Ce livre est riche d'enseignements. Il démontre aussi qu'il fut très difficile à Heinrich et Klaus d'être le frère et le fils de cette célébrité écrasante et étouffante qu'était le Magicien.





Colm Toibin décrit avec délicatesse l'homosexualité refoulée de notre Prix Nobel. L'auteur, lui-même homosexuel, sait décrire avec beaucoup de doigté, les pensées de Thomas Mann à la vue d'un beau garçon,- il y a de très beaux passages sensuels - comme toute biographie romancée, il joue à l'équilibriste entre le chercheur érudit et le romancier.



Au fur et à mesure des évènements, l'auteur dépeint l'évolution des opinions politiques de Thomas Mann. Enfermé tous les matins dans la tour d'ivoire de l'écrivain – son bureau – il vit au rythme de sa création littéraire. On ressent parfois à quel point Thomas Mann est désorienté par rapport à la réalité qui lui échappe. Mais sa personnalité littéraire, spirituelle, évolue, elle touchera à la perfection tant ses oeuvres sont profondes et multiples, toujours à chercher le juste milieu entre l'humanisme et la politique. Ses récits resteront un témoignage des plus éloquents de cette période du 20ème siècle. Je suis ressortie enchantée de cette lecture. Après une telle lecture, je ne lirai plus Thomas Mann avec le même regard, c'est, à mes yeux, tout l'intérêt de ce roman. Je vais, de ce pas, ressortir les Buddenbrook de ma bibliothèque !

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Le magicien

Je m'abstiendrais de résumer les 600 pages de ce roman biographique ou biographie romancée sur la vie et la personnalité de Thomas Mann. D'abord parce que le résultat ne pourrait être que médiocre, ensuite parce que tout l'intérêt du livre de Toibin est justement de prendre son temps pour mettre en scène le caractère éminemment complexe, contradictoire et paradoxal de Thomas Mann. Un homme effleuré par ses démons, ceux de son homosexualité, qui ont nourri son oeuvre mais ne l'ont pas empêché d'opter pour le calme de la vie conjugale (avec une femme intelligente, alliée et complice indéfectible de son mari), et les positions mesurées dans sa vie publique. Une attitude que certains ont pu trouver pusillanime quand il s'agissait de prendre clairement parti en politique (notamment au début contre les nazis), mais qui semble-t-il correspondait à son peu d'appétence pour la chose publique. En fait un homme multiple, qui soutenait ses enfants à sa façon, tolérante et un peu distante, même si ceux-ci multipliaient les engagements et les excès, « qui aimait la musique de chambre, la poésie lyrique, le calme domestique » mais également « un homme qui ignorait la prudence, dont l'imagination était aussi radicale et flamboyante que l'était sa voracité sexuelle, (...) qui cherchait à créer un art austère, un art qui méprisait les traditions, un art aussi dangereux que le monde en train d'advenir. »

Une lecture que je conseille vivement (merci Idil 😊).



Challenge MULTI-DEFIS 2023

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Le magicien





Plus de quinze ans après Le maître* - ouvrage accueilli avec succès et malheureusement épuisé, Colm Tóibín se réadonne à l'exercice périlleux du roman biographique, s'intéressant cette fois-ci à l'une des figures majeures de la littérature allemande  : Thomas Mann (1875-1955). 



Si je ne peux émettre d'avis sur le précédent, Le magicien lui, m'apparaît comme une merveilleuse réussite. Par un jeu d'ombre et de lumière, en touches délicates, l'écrivain irlandais révèle les multiples facettes de son "personnage" tant dans la sphère privée que publique. S'appuyant sur un solide travail de recherche mais aussi de mise en perspective, il livre un écrit incroyablement riche, fouillé et sensible. 



Portrait introspectif d'un homme éminemment complexe, fenêtre ouverte sur le clan Mann et ses pierres d'achoppement, c'est également une plongée saisissante dans le fracas de l'Histoire de la première moitié du XXème Siècle.



*



Le récit débute en 1881, année de la disparition du sénateur Mann - Thomas a alors seize ans - et s'achève en 1950 lorsque ce dernier retourne à Lübeck, berceau de son enfance, après un exil aux États-Unis. Entre les deux périodes, six cents pages condensant l'essentiel d'une vie voire de plusieurs vies - du déterminant à l'anecdotique, de l'apparent au dissimulé.



Fils cadet d'un riche négociant céréalier, il semble prédestiné à prendre un jour la tête de l'entreprise familiale mais le testament paternel en prévoit  contre toute attente la dissolution. S'il feintait de s'intéresser jusqu'ici aux affaires, nourrissant davantage une passion pour la poésie, la nouvelle n'en demeure pas moins un "choc" face à la perte de ce qu'il pensait "lui revenir de droit". Un désaveu source de rancœur et d'incompréhension.



"Thomas  éprouvait une tristesse lancinante à la pensée que tout le labeur des Mann (...) allait à présent être anéanti. L'ère de la famille était révolue."



Lycéen aux résultats médiocres, il suivra sa mère partie s'installer à Munich, où un poste dans le secteur des assurances lui est réservé. Poste qu'il occupera pendant une courte durée, car c'est là au cœur de la capitale bavaroise, haut lieu intellectuel et artistique, que s'affirmera son ambition littéraire. À l'instar de son frère aîné Heinrich,  il désire ardemment vouer son existence à l'écriture.



*



Au fil des pages, le lecteur assiste avec engouement à la naissance de l'écrivain et au processus de création - des premières publications à la rencontre du succès. À travers son œuvre, Thomas M. dévoile de façon déguisée une partie de lui-même et de son histoire, s'inspire de ce qu'il observe et capte autour de lui, en témoignent les précieux éclairages apportés sur ses romans (genèse, contexte, accueil,...).



Ainsi concernant Les Buddenbrook (paru en 1901), pourra-t-on lire par exemple : " Il vit dans son entièreté le roman auquel il songeait depuis un certain temps. Il allait se réinventer (...) dans le rôle d'un enfant unique et il transformerait sa mère en une riche héritière allemande, délicate et musicienne. Il ferait de sa tante Élisabeth une héroïne fantasque. Le héros ne serait pas une personne. Ce serait la firme familiale (...). L'atmosphère d'assurance mercantile de Lübeck en  formerait l'arrière-plan, mais la firme serait condamnée,  et le fils unique de la famille serait condamné lui aussi. (...) Il entrerait dans l'esprit de son père,  de sa mère, de sa grand-mère et de sa tante. Il les verrait tous et il tiendrait la chronique du déclin de leurs fortunes."



Partageant ses pensées les plus intimes et ses échappées imaginaires, le lecteur découvre également le rapport qu'il entretient avec son homosexualité, perceptible depuis l'adolescence. Éclatant en de rares et fugaces occasions, ce désir refoulé s'exprimera par l'écriture -  sans doute une forme d'exutoire.



"Ses rêveries sexuelles s'étaient glissées dans ses nouvelles et romans, mais à l'abri de la fiction on avait tout loisir de les interpréter comme des jeux littéraires."



*



De son union avec Katia Pringsheim - d'origine juive, verront le jour six enfants. Le couple se montre complice, soudé. L'épouse n'ignore d'ailleurs rien des penchants de son mari; entre eux deux, existe un "accord tacite" visant à préserver l'harmonie du foyer. Ensemble,  ils traverseront  tragédies intimes et grands bouleversements mondiaux.



Les guerres de 14/18 et 39/45 mettront un frein temporaire à l'ascension de Thomas M. qui malgré tout continue d'écrire et remporte le prix Nobel en 1929. Sa famille se voit écartelée par des divergences d'opinions politiques. Lui qui se pose en soutien à la cause allemande lors du premier conflit, s'engagera dans la lutte contre l'idéologie nazie quelques années plus tard et sera contraint d'emprunter le chemin douloureux de l'exil - direction Suisse, France , États-Unis.



" Le prix le marquait encore un peu plus aux yeux des nazis. La forme de culture qu'il représentait depuis la fin de la guerre - bourgeoise, cosmopolite, équilibrée,  dépassionnée - était précisément celle qu'ils cherchaient le plus farouchement à détruire. Le ton qu'il privilégiait dans sa prose - pesant, cérémonieux, civilisé- était l'exact opposé du leur. "



"Ce que mes compatriotes infligent à ce l'humanité est si atroce, si inoubliable, que je ne peux concevoir comment ils pourront vivre à l'avenir parmi les peuples frères de la planète comme parmi des égaux."



*



600 pages captivantes, enrichissantes et éclairantes qui me laissent avec quelques interrogations : Où commence la pensée de Colm Tóibín et où s'arrête celle de son "sujet" ? Où se situe la frontière entre imagination et réalité? Aussi, trouverai-je pertinent de parcourir en parallèle le Journal tenu par Thomas Mann jusqu'au soir de sa vie et dont Colm Tóibín du reste s'est inspiré.



Quoiqu'il en soit, elles sont invitation à découvrir (mon cas) ou redécouvrir la production littéraire de cet illustre et énigmatique écrivain - personnalité marquante du Siècle dernier - mais également celle de ses proches qui comme lui, prennent vie sous nos yeux  dans leurs travers et leurs éclats, loin de toute idolâtrie. Une lecture vers laquelle je retournerai c'est certain, et qui en appelle de nombreuses autres pour mon plus grand plaisir.



***



" Sa vie illustra son œuvre." (François Mauriac)

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Brooklyn

« Brooklyn » nous invite dans les pas d’Eilis jeune femme irlandaise qui doit quitter son village natal, mais surtout sa mère et sa sœur Rose, pour aller travailler dans un grand magasin de l’autre côté de l’Atlantique. Alors que la jeune femme trouve ces marques, un drame la ramène à Enniscorthy. L’heure des choix à sonner.

Portrait très touchant d’une jeune femme qui se construit affectivement et socialement, le roman de Colm Toibin est un petit bijou de justesse et de raffinement.. Le personnage d’ Eilis tout en nuance, mais assumant pleinement ces envies et ces choix, est attachant. Les descriptions des lieux, les conditions météorologiques, les manières de vivre sont elle aussi très bien décrites.

« Brooklyn » s’avère un roman que l’on quitte à regret, prêt à refaire un bout de chemin avec cet auteur.



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Le magicien

"Le roman est un mensonge qui dit toujours la vérité" dixit Jean Cocteau



Voilà une citation qui va comme un gant au nouveau roman de Colm Tóibín, "Le magicien", basé sur la vie de Thomas Mann.



Autant arracher le sparadrap d'un seul coup... À mon grand regret je ne ressors pas très enthousiasmée par cette lecture... C'est un bon livre, qui se lit vite et est accessible à un très large public... mais ce n'est qu'un résumé succinct de la vie de Thomas Mann et Colm Tóibín se contente de survoler les événements importants du 20ème siècle !



Il est vrai que je juge peut-être "Le magicien" par rapport à ma précédente lecture ("La découverte du ciel" d'Harry Mulish) qui était exigeante... comme le sont les romans de Thomas Mann ! Et j'aurais voulu trouver beaucoup plus de complexité dans "Le magicien".



Tant pis ! Je vais enchaîner avec quelques autres titres de cette rentrée littéraire et après je relirai avec plaisir quelques romans de Thomas Mann...



"Le magicien" de Colm Tóibín

Traduit par Anna Gibson

Éditions Bernard Grasset
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Le magicien

On suit la vie de Thomas Mann durant tout ce formidable récit qui s’ouvre en 1891 dans l’austère maison familiale où le patriarche le sénateur règne en maître tant sur son épouse d’origine brésilienne que sur ses enfants.



Il est prévu que Thomas reprenne l’affaire familiale à laquelle il a fait semblant de s’intéresser durant son enfance, alors qu’Heinrich veut devenir écrivain. Quand le pater familias décède, ils s’aperçoivent qu’il a déshérité tout le monde, mis l’entreprise en vente… Adieu la vie bourgeoise aisée. Le tout sous l’œil acerbe de la tante Elisabeth, la sœur du patriarche.



Vus les résultats scolaires de Thomas la famille le fait embaucher dans une compagnie d’assurance mais il préfère écrire des poèmes. Ce que sa mère a permis à Heinrich (une rente mensuelle et le financement de la publication de son premier livre) elle le lui refuse et se réfugie au piano avec Chopin dès qu’il tente d’aborder le problème.



Il finira par obtenir gain de cause, mais cette famille rigide et bourgeoise où il ne sent pas aimé, critiqué par les uns et les autres, dans cette ville bourgeoise de Lübeck, il va finir par lui régler son compte avec « Les Buddenbrock » mais il ne parlera de son projet à personne. Il veut bien montrer ses nouvelles à Heinrich mais c’est tout.



Direction Munich donc, où il fera la connaissance de Katia Pringsheim et son frère Klaus, des jumeaux au caractère fort et provocateur. Il finira par épouser Katia et fonder une famille avec elle, l’attirance pour les corps masculins, l’homosexualité latente, il réussit à les enfouir le plus profondément possible.



On va suivre toute la famille, Thomas, Katia et leur progéniture durant les grandes épreuves de la première guerre mondiale, la ferveur patriotique de l’époque, puis le désastre de la défaite, la révolution de Munich, la montée du nazisme, la nuit de cristal, la nécessité de l’exil car la famille Mann n’est pas bien vue par les nazis, prix Nobel ou non, car les prises de position de Klaus et Erika pro communistes ne peuvent qu’attirer le courroux hitlérien.



Il ne pouvait imaginer, comme beaucoup de ses compatriotes à l’époque, que ceux qu’il considérait comme des « voyous en uniforme » pourraient un jour tenir l’Allemagne sous leurs bottes.



L’idée d’un avenir des nazis dans la politique allemande, sous quelque forme que ce soit, ne valait même pas qu’on s’y attarde. Les nazis avaient surgi de nulle part et ils ne tarderaient pas à disparaître…



Ce sera donc l’exil forcé, la Suisse, les USA, où il sera bien accueilli au départ, dans la mesure il ne s’exprime pas sur la nécessité d’entre en guerre, on l’adule, mais il reste un Allemand et les migrants venus d’Allemagne commencent à lasser le brave peuple (cela n’a guère changé) …



Colm Tóibín nous permet de revisiter toute l’histoire de l’Allemagne, la fragilité de l’Unité Allemande, les guerres, la guerre froide qui se met en place mais aussi la culture de ce pays, les particularités de la société protestante marchande austère car Thomas est né en 1875 alors manifester ses fragilités, son homosexualité, sa bisexualité du moins, était impensable. Quand on apprécie une œuvre, il arrive que découvrir la personnalité de son auteur puisse entraîner des désillusions mais j’ai apprécié l’homme que j’ai rencontré avec ses forces et ses faiblesses, même si parfois il m’a quelque peu agacée parfois. Il n’est pas nécessaire d’aimer les livres de Thomas Mann pour apprécier ce pavé de 608 pages car on fait un beau voyage.



J’aime beaucoup Thomas Mann que j’ai découvert avec « Mort à Venise » (lu au moins deux fois) « Tristan » et surtout un immense coup de cœur il y a quelques années pour « La montagne magique » que je voudrais relire dans sa nouvelle traduction. Il faudrait maintenant que je sorte « Les Buddenbrock » de ma liseuse spéciale « classiques ». Cette lecture était donc une évidence pour moi.



Comme Colm Tóibín le précise, dès le départ, il s’agit d’un roman, inspiré du journal de Thomas Mann mais également d’une bibliographie intéressante dont seulement quelques ouvrages ont été traduits en français.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions qui m’ont permis de découvrir ce roman (qui sera je l’espère salué par la critique comme par les lecteurs) et la plume de son auteur dont j’aimerais bien découvrir « Le Maître » consacré à Henry James.



#LeMagicien #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Brooklyn

Dans les années 50, la jeune Ellis Lacey doit quitter son Irlande natale ,atteinte par la pauvreté, pour rejoindre les Etats-Unis.

Elle est protégée par un prêtre de sa paroisse, professant à New-York et est hébergée dans une pension pour jeunes filles tenue par une dame très austère et sévère.

Sa soeur, Rose, lui procure du travail dans une grande surface. Elle s'adapte , adopte des manières , des vêtements à la mode américaine, semble se libérer et suit des cours de comptabilité dans sa ville d'adoption mais toutes ces demoiselles venues d'Irlande ont bien le mal du pays.

Elle fait la connaissance de Toni, un maçon italien qui rêve de l'épouser, de construire des maisons.

Un gros ennui la rappellera en Irlande...

Tout le roman est pétri de sentiments et des bons, ça change un peu.

De plus, le livre est bien écrit, très bien traduit.

C'est très intéressant pour nous lecteurs de voir défiler le quartier de Brooklyn des années 50, rempli de rêves, d'initiatives.

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette belle histoire.

Je l'ai lu et ensuite vu au cinéma. Ce qui ne m'arrive pas souvent.
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Nora Webster

[ Extrait d'un dialogue entre moi et moi ...]

- "Deux étoiles ou trois ?

Allez , trois pour le style . Oui mais tu peux pas mettre trois , vu que tu as lu certains passages en diagonale et que tu t'es beaucoup ennuyée ...

Ok, tu mets deux étoiles mais tu as conscience que faire ça à Colm Toibin, ça te fend le coeur .

Allez, j'assume ..".

A la suite du décès de son mari , d'une longue maladie et après de longues souffrances, Nora Webster devient veuve ( désormais seule en charge de 4 enfants : une étudiante , une adolescente pensionnaire et deux garçons qui vivent avec elle ).

Si au début Nora se fait du souci pour ses finances, la vente d'une maison de vacances , la hausse de sa pension de veuve , ajoutées à la prise en charge d'une partie des frais des études par son beau-frère Jim et sa soeur , vont contribuer à la rassurer .

On est en Irlande, à la fin des années 60 et Nora va devoir apprendre à vivre toute seule, sans mari pour la guider, lui dire quoi penser . Des petits pas pour la lectrice d'aujourd'hui mais de grandes décisions pour l'époque . Abandonner ses cheveux gris et se faire faire une teinture (quitte à choquer les voisins )...Retourner travailler après 20 ans d'arrêt, se syndiquer, intégrer un club de musique, se mettre au chant , acheter une chaine hi-fi ... Autant de petites victoires pour Nora .

Mais des victoires un peu ennuyeuses pour la lectrice d'aujourd'hui ...On suit sur des pages et des pages, Nora qui hésite, s'interroge , prend une décision . Nora qui ne se laisse pas étouffer par le "quand dira t'on", Nora qui se rebelle par petites touches ..

Nora découvre la musique , écoute du Bach , puis Chopin ou Mozart . Cela ravira certainement les amateurs de musique classique , moi j'avoue que bof, bof ...

Si je ne me suis pas passionnée pour les aventures de Nora, cela tient aussi à son caractère . Je l'ai trouvé antipathique . D'ailleurs l'auteur lui fait dire : " Ce que les gens aimait chez moi, c'était mon mari ". Nora est un peu associable . Du temps de son mari , elle n'avait pas d'effort de conversation à faire, on ne demandait pas à une épouse, un avis ...

Dans Brooklyn, l'héroïne "subissait " son départ pour New-York , mais elle vivait des événements extraordinaires dans une ville bouillonnante . Nora Webster , elle, est légèrement indocile dans une petite ville pleine de carcans et c'est moins emballant ...

Pour créer ce personnage , l'auteur s' est inspiré de sa mère.

Il a mis plus d'une décennie pour "accoucher" de ce roman et ça me désole de ne pas avoir accroché plus que ça ...



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Nora Webster

Nora Webster vient de perdre son mari Maurice après deux ans de maladie. Maurice était un professeur de collège très apprécié et un mari agréable.

Elle vit dans la république sud de l'Irlande non loin de Dublin, à la fin des années soixante. On y sent la tension entre le nord et le sud.

Nora a deux grandes filles qui étudient et deux garçons plus jeunes.

Elle doit se séparer de la maison de vacances située le long de la mer.

Elle retrouve du travail chez son ancien employeur dans sa ville. Malheureusement, elle subit le harcèlement moral de la responsable de bureau avec qui elle n'avait pas été très tendre dans sa jeunesse.

Nora ne se laisse pas abattre, elle sait se faire respecter.

Elle se reconstruira une personnalité : elle sera sensible aux combats syndicaux, dans un autre domaine, à la musique.

On ne peut pas dire qu'il se passe grand chose dans ce livre.

Les ambiances sont agréables à lire mais les personnages ne vibrent pas, je ne m'y suis pas attachée.

Pour moi, le livre est un peu trop long. Il manque de piment.
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Le magicien

Le Magicien. C’est ainsi que ses six enfants appelaient Thomas Mann, tout simplement parce qu’il leur faisait des tours de prestidigitation quand ils étaient petits. Colm Toibin, un romancier et essayiste irlandais renommé dans le monde littéraire anglophone, reprend ce surnom dans sa biographie du grand écrivain allemand, prix Nobel de littérature. Sur plus de six cents pages, l’ouvrage retrace le parcours de Thomas Mann, depuis l’année 1891 — il a alors seize ans — jusqu’à sa mort en 1955.



Je n’avais pas lu de biographie depuis longtemps et celle-ci tranche avec l’image de rigueur factuelle, d’authenticité des témoignages et d’analyses approfondies que j’en avais gardée. Le Magicien se lit comme un roman, un récit fictif fluide, calqué sur la vie de son personnage principal. Cela ne l’empêche pas d’être très documenté, prenant notamment ses sources dans le journal intime de Thomas Mann.



Le Magicien n’est pas pour autant une lecture légère. D’un point de vue littéraire, il m’a permis de recontextualiser les romans de Thomas Mann lus il y a une trentaine d’années, me donnant l’envie de les rouvrir : Les Buddenbrook, publié en 1901, évoque les affaires de sa famille, à Lübeck ; La Montagne magique s’inspire d’un épisode vécu, quand son épouse soignait sans fin un début de tuberculose à Davos ; Le docteur Faustus est aussi difficile à lire que la musique dodécaphonique l’est à écouter. A l’époque, j’avais été hermétique à La mort à Venise, écrite en 1911 sous l’emprise de fantasmes homosexuels ; c’est pourtant son œuvre la plus connue, une notoriété due peut-être aussi au film qu’en a tiré Visconti et à sa musique de Mahler.



Immense écrivain, Thomas Mann n’eut rien d’un marginal ni d’un artiste maudit. Né dans une famille de négociants fortunés, il fut publié très jeune. A vingt-six ans, le succès des Buddenbrook lui valut aisance financière et notoriété. Son épouse était issue d’une famille juive de Munich à la fois estimée, cultivée et richissime, avant d’être pourchassée et dépossédée de ses biens par les nazis. Katia Mann gérera les finances du couple pendant toute leur vie, y compris lors de leur exil américain à partir de 1933. Auréolé du prix Nobel en 1929, Thomas Mann aura été traduit en de multiples langues et ses livres se sont abondamment vendus. Il a aussi donné des conférences très bien rémunérées.



Le livre donne un éclairage historique passionnant. Thomas Mann aura assisté, de près ou de loin, aux événements marquants de son pays d’origine pendant toute la première moitié du XXe siècle. L’Empire de Guillaume II, la Première Guerre mondiale, l’Allemagne erratique puis hitlérienne des années vingt et trente, la Seconde Guerre mondiale, pour finir par la création de deux Etats, l’un lié aux pays occidentaux, l’autre au bloc de l’Est sous domination soviétique. Nationaliste dans sa jeunesse, Thomas Mann aura su évoluer dans ses convictions. Il s’est très tôt déclaré opposé au nazisme et à Hitler, au point de devoir s’exiler et d’être déchu de sa nationalité. Aux Etats-Unis, pendant la guerre, il était fréquemment consulté par l’administration Roosevelt.



Fascinant de constater l’aura de respectabilité dont jouissait cet homme, reconnu comme une conscience morale élevée ! Dans ses dernières années, il avait même été pressenti pour être président de la République fédérale d’Allemagne. Il se gardait bien toutefois de se mettre en danger, de trop s’exposer à la critique, n’affichant haut et fort ses positions que lorsqu’il était certain qu’elles seraient comprises. Il aura soigneusement occulté une homosexualité plus ou moins latente, révélée par son journal intime et sur laquelle Colm Toibin s’étend complaisamment.



Au fond, Thomas Mann est toujours resté un grand bourgeois conservateur, soucieux de son confort matériel, attaché à ses prérogatives d’homme illustre et respectable, y compris en famille. Thomas et Katia ont entretenu des relations ambiguës avec leurs six enfants, dont trois ont assumé leur homosexualité, mené des vies d’artiste et affiché des engagements politiques progressistes, qui vaudront à leur père les premières tracasseries de ce qu’on appellera le maccarthysme. Bien que naturalisé américain, Thomas Mann choisira de quitter les Etats-Unis et de finir ses jours à Zurich.



Un destin personnel magique ! Mais faut-il pour autant qualifier cet homme de magicien ?…


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Brooklyn

Les gens qui me connaissent savent que j'apprécie beaucoup la littérature irlandaise. Et là, une fois de plus, je viens de de tomber sous le charme d'un nouvel auteur : Colm Toibin.

J'avais quelques-uns de ses livres dans ma PAL et le plus difficile a été de choisir par lequel j'allais commencer ma découverte de cet auteur.

Finalement, un peu par hasard (c'est d'ailleurs peut-être même le livre qui m'a choisie), c'est avec Brooklyn que j'ai entamé ma découverte de l'oeuvre de Colm Toibin.

Et, je dois dire que je ressors ravie de cette première lecture, et je peux affirmer que je viens de rajouter un nouvel auteur irlandais dans la liste des auteurs dont j'ai bien l'intention de découvrir entièrement leur bibliographie.

Nous sommes en Irlande dans les années cinquante, et la vie n'est pas toujours facile pour les gens comme Eilis Lacey. Elle peine à trouver un travail, et finalement, comme ses frères qui sont partis en Angleterre à la recherche d'une vie meilleure, la jeune fille va partir à New-York tenter sa chance.

Apres des débuts difficiles, car s'adapter à un nouveau pays, sans famille, ni amis n'est évident pour personne et encore moins pour Eilis, elle va commencer avoir ses repères et même entamer des études. Une fois qu'elle rencontre Tony, un jeune italien, son destin semble tracé. Mais l'Irlande va se rappeler à elle et elle va devoir faire des choix.

Je suis tombée rapidement sous le charme de l'écriture de Colm Toibin, qui arrive très simplement à restituer une ambiance toute en subtilité, et dresse des portraits nuancés et si réels…Une écriture qui marque, car cette histoire s'est insinuée avec force en moi et je n'avais qu'une hâte, continuer ma lecture pour connaitre le destin de Eilis.



Ce n'est qu'à l'issue de la lecture de ce très beau livre que j'ai découvert qu'un film du même nom en a été tiré. Je reconnais avoir regardé quelques extraits et il faut dire que les personnages principaux ressemblent assez à l'idée que je m'en faisais.







Challenge ABC 2021/2022

Challenge A travers l'Histoire 2022

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Brooklyn

Enfin un vrai auteur qui raconte une histoire comme on raconte une histoire à un enfant , pour le distraire certes ,mais aussi le faire rêver et réfléchir .



1950, Irlande .

Eilis malgré ses diplômes ne trouve pas de boulot , et comme ses trois frères avant elle, (partis en Angleterre pour la promesse d'une vie meilleure et d'un salaire régulier ) , Eilis s'apprête à partir pour New-York . Oh, l'idée ne vient pas d'elle , Eilis morte de trouille, ne demande qu'à rester , mais , c'est ce que sa soeur ainée préconise, et en Irlande , dans ces années-là, on se plie devant les décisions d'une soeur ainée . Ainsi, c'est Rose qui restera auprès de leur mère veuve et qui veillera sur elle . Mais c'est Rose la plus forte , Eilis en est persuadée .

Sauf qu'arrivée à New-York , Eilis fera preuve d'une grande capacité à s'adapter , aidée par le père Flood, qui lui a trouvé gite et emploi , elle entamera des études couronnées de succès et rencontrera un bel Italien.

Jusqu'à ce qu'un événement la rappelle en Irlande et remette en question ce joli équilibre .



C'est une époque où tout restait à faire, ou la vie tendait ses bras à tous ceux qui fonçaient et étaient travailleurs . Une époque où la liberté des femmes frémissait .

Eilis , personnage magnifique coincée entre deux choix possibles , deux destins .

Colm Toibin évoque avec subtilité , par petites touches : l'importance des racines , le déchirement , l'inconnu, la liberté , la lâcheté , l'amour, l'opiniâtreté, le courage, la solitude , le travail, la force, l'entraide, les mesquineries , les liens , la mort .

J'ai dévoré cette histoire dont je n'ai entendue parler qu'à la sortie du film , film que je vais m'empresser de voir , d'autant qu'Eilis est jouée par Saoirse Ronan , vue dans "Les Ames vagabondes " , super bouquin lui aussi ...
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Le Testament de Marie

Ils sont là pour écrire la légende, façonner le mythe à partir duquel ils pourront bâtir un monde nouveau. Ils sont là pour l’écouter, recueillir son témoignage, elle qui fût la mère du christ, qui lui a donné la vie et l’a vu s’éloigner, s’enorgueillir du pouvoir de fascination et d’attraction qu’il exerçait sur les gens, pour finalement assister à ses derniers instants sur la croix… Mais ses réponses à leurs questions ne leur conviennent pas… Pas assez éblouissantes, pas suffisamment extraordinaires pour enjoliver la réalité. Cependant, Marie refuse de mentir, d’apporter des détails qui n’existent pas, elle ne veut pas que son fils devienne une icône au profit de quelques opportunistes, c’est pourquoi, sentant venir la fin, elle nous livre son propre témoignage de la vie de son fils, mort sur la croix au nom de tous les chrétiens…





Voici un sujet traité de manière pour le moins originale et audacieuse! Certes, la vie de Jésus n’est pas un point de départ vraiment novateur, en revanche le fait de la découvrir à travers les yeux de sa mère redonne un nouvel intérêt à l’histoire. Loin d’être une femme fanatique et aveuglée par les miracles provoqués par son fils, Colm Toibin dépeint une Marie cartésienne, refusant de céder à la facilité d’une croyance totale, fondée sur des tours de passe-passe. Il décrit une mère inquiète face aux excentricités de son fils et à son insouciance, une femme consciente du danger qu’il y a à se mettre en scène et à offenser les puissants, une mère qui sent venir le danger à grands pas mais s’avère impuissante à protéger son fils…



Ce qui subjugue d’abord, c’est l’écriture de Colm Toibin, à la fois puissante et envoûtante. La voix de Marie est parfaitement incarnée et trouve écho chez le lecteur, emporté dans ce long monologue par sa force et son lyrisme. Dans un cri déchirant et douloureux, une mère livre ses derniers souvenirs de son fils et nous bouleverse par la justesse et l’intensité de son témoignage. Un roman court mais terriblement intense et un auteur à découvrir !



Challenge Variétés: Un livre d'un auteur que vous n'avez jamais lu
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Brooklyn

L'histoire d'une femme qui n'est pas maître de son destin. Sa vie est décidée par sa mère, sa soeur avec qui elle vit et un prêtre. De son petit village natal en Irlande qu'Eilis n'a jamais quitté, elle doit partir pour Brooklyn où un travail l'attend. Seule Rose sa soeur restera avec sa mère dans la maison familiale. le père est décédé quelques années auparavant, ses frères sont partis travailler en Angleterre. Rose a un travail et peut subvenir aux besoins de leur mère. Allez zou Eilis, pars et ne te retourne pas !



La traversée en dernière classe sur le bateau est un véritable cauchemar, l'installation chez sa logeuse et ses co-locataires difficiles, et son travail de vendeuse qui ne correspond pas à ses études de comptabilité d'un ennui et d'une fatigue extrêmes. Eilis doit sourire toute la journée si elle ne veut pas avoir un responsable sur le dos. C'est sans compter sur le mal du pays qui arrive avec deux lettres de sa famille, sans prévenir, et la submerge.



Le prêtre, ce sauveur, revient vers elle, l'inscrit à l'université pour des cours du soir, prévient la logeuse. Bref, Eilis reprend goût à la vie. Elle s'habitue, se fait une petite vie sympathique et rencontre Tony, un bel italien. Bon, Il lui met un peu la pression le Tony. Il rêve de l'épouser, la présente à ses parents et frères, lui promet une maison.



Puis, parce que le malheur n'est jamais loin, Eilis reçoit une mauvaise nouvelle de sa famille, prend un congé auprès de son employeur et repart au pays. Tony a peur de ne pas revoir sa belle.



Et il a raison, car revenue dans la maison familiale, la mère n'écoute pas Eilis lui dire qu'elle doit repartir vers sa vie. Eilis prolonge son séjour, le trouve agréable, renoue avec ses amis et se retrouve dans une situation inconfortable. Là, il va falloir faire des choix et Eilis n'a pas l'habitude d'en faire. Une intervention inattendue d'une personne du village va lui permettre de se libérer du carcan familial.



J'ai trouvé cette histoire belle mais d'une violence inouïe et je ne suis pas certaine d'une évolution dans la situation et les obligations familiales des femmes.



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Le magicien

Le «magicien» du titre correspond au surnom donné au plus grand romancier allemand du XXe siècle par ses enfants, en souvenir des tours de passe-passe avec lesquels il les avait charmés durant leur enfance.

Le double sens de ce mot pourrait, par ailleurs, illustrer parfaitement les grandes difficultés auxquelles peuvent être confrontés ceux qui, entreprenant de brosser un portrait de Thomas Mann, seraient tentés d'apparier l'image de l'écrivain consacré, auteur d'une oeuvre littéraire à l'envergure monumentale dans la lignée du grand roman germanique inaugurée par Goethe, en principe pas tout à fait accessible à un large public mais engrangeant malgré cela et assez rapidement, une adhésion très importante et une reconnaissance mondiale, avec celle d'un homme au tempérament réservé, hésitant, énigmatique, fort ambigu, tant sur le plan privé et de sa personnalité secrète, que sur celui de ses prises de position publiques (dont la plus célèbre fut sans doute «l'ambiguïté politique» maintenue jusqu'en 1936/1937 envers le régime nazi). Équation donc délicate pour ses biographes, d'où appert régulièrement un portait où l'on décèle à tour de rôle, voire quelquefois superposés, les deux sens indiqués par le mot « magicien» : celui de «mage», thaumaturge aux pouvoirs extraordinaires de création et transformation, ou bien celui de «prestidigitateur», escamoteur et illusionniste se donnant en spectacle et cherchant à charmer son public par des ruses subtiles...

Parmi ces derniers, très nombreux (à commencer par l'entourage proche et la famille Mann elle-même, dont pratiquement tous les membres auront publié au moins un ouvrage de souvenirs personnels liés au romancier, père ou mari), l'écrivaine et journaliste allemande Inge Jens, qui avait participé à l'organisation de l'édition définitive du Journal de l'écrivain pour la période 1940-1955, aura réussi à résumer de manière assez saisissante l'épaisseur du «mystère Thomas Mann» et l'équilibre fragile que l'homme avait réussi à tenir entre pôles profondément antagonistes, lorsque, dans un passage inspiré de sa biographie de Thomas Mann, Jens écrit qu'«il connaissait l'homophilie et la bonne réputation bourgeoise, le besoin de représenter et la nostalgie d'un appui sentimental, l'égocentrisme et l'engagement politique, le narcissisme et le besoin de se justifier, l'amour-propre du marginal conscient de sa marginalité et la conscience du bourgeois protestant qui sait qu'en fin de compte il ne peut subsister que par la «grâce»».

Le défi et l'enjeu étaient donc de taille pour Colm Toibin lorsque l'écrivain irlandais, auteur d'un premier essai très réussi en la matière (quoique relativement moins ambitieux, car couvrant juste quelques années de la vie d'Henry James, à qui l'auteur avait consacré une première «biographie romancée»), décide de se lancer à son tour à l'assaut de la montagne Thomas Mann! Comment aborder le mystère d'une personnalité aussi complexe et contradictoire? Un homme à l'identité clivée, mari fidèle et père de famille, écrivain adulé d'un côté, exilé intérieur de l'autre, refugié dans une solitude inexpugnable, dans un espace mental préservé des turbulences de la réalité courante lui permettant de conforter sa vie psychique et son imaginaire personnels dans une vision du monde idéalisée, de les métamorphoser en une oeuvre littéraire sublime, intellectuellement très dense et à portée universelle, et en même temps de s'abandonner à des fantasmes personnels dictés par un narcissisme exigeant, ou à des fantaisies homophiles aussi exaltantes que, à première vue en tout cas, pathétiquement puériles… Un homme dont la vie familiale et publique vient toutefois menacer régulièrement d'ébranler cet équilibre fragile, marquée par divers scandales provoqués par ses enfants, par des conflits et des ruptures difficiles avec ses proches, par des deuils douloureux, par la tragédie du nazisme et la guerre, ou encore par de longues années d'exil, mais qui ne le conduiront néanmoins jamais à se laisser complètement assiéger par une forme quelconque d'instabilité émotionnelle ni de désespoir. À la fois inamovible tel un roc, fragile et malléable, amène mais non dépourvu d'une certaine froideur, conservateur et transgressif, timoré et rebelle… Comment, enfin, apporter du nouveau à l'immense édifice déjà en place, érigé par de dizaines de milliers de pages écrites à son propos, aucune ne pouvant d'ailleurs s'arroger à ce jour le privilège d'en avoir complètement percé le mystère?

L'on ne peut en tout cas qu'être admiratif face à l'entreprise audacieuse et au résultat final obtenu par Toibin : plus de 600 pages, densément documentées, écrites d'une plume assurée, sans fioritures, documentaire et incisive autant qu'évocatrice et expressive, couvrant l'ensemble de la vie de l'écrivain - depuis son l'enfance et adolescence dans l'austère Lübeck, et la découverte entre autres de son attirance équivoque pour les garçons, suivie de sa jeunesse et années de formation à Munich, la rencontre de la fidèle Katia, compagne d'une vie, mère de ses six enfants et figure tutélaire indispensable à l'accomplissement de son destin exceptionnel d'écrivain, la genèse de sa vocation littéraire ainsi que les liens existants entre certains épisodes de sa vie et l'élaboration de ses plus grands romans, la montée du nazisme, le départ d'Allemagne, les années d'exil, la parenthèse américaine, le retour, enfin, en Europe, puis l'installation définitive des Mann en Suisse, à partir des années 50.

Le Magicien se situe à mi-chemin entre le roman et la biographie. Si dans cette recherche d'hybridation, la résultante, sans l'ombre d'un doute, s'avère calibrée et convaincante dans l'ensemble, j'ai eu néanmoins le sentiment que le style biographique, chronologique et linéaire, appuyé sur une narration à la troisième personne, le souci d'être informatif et factuel primeraient le plus souvent, au détriment de cette épaisseur et de cette tessiture propres au «fictif», au «romancé», capables elles de susciter, au-delà de la curiosité de lecteur, une empathie spontanée et l'impression de toucher, par-delà des mots qui racontent une histoire, à quelque chose d'essentiel et en même temps immatériel, ce que l'écrivaine Olga Tokarczuk identifie par ailleurs comme étant la capacité de la littérature à créer «la perfection des formes imprécises». Il m'aura ainsi personnellement manqué dans cette lecture une approche un peu plus spéculative, davantage «osée», moins raisonnable et moins objective, quitte à être moins limpide et moins respectueuse des sources documentaires, et grâce à laquelle il serait éventuellement possible de faire mieux ressortir toutes les tractations intimes qu'on suppose indispensables à maintenir en parfait équilibre des composantes aussi contradictoires et paradoxales que celles réunies dans la personnalité de Thomas Mann et ayant souvent fait s'arracher les cheveux ses biographes. Pour dire les choses autrement, même si la démarche consistant à «romancer» la vie de Thomas Mann était souvent ébauchée ici, et dans certains cas aboutie (lors notamment de quelques passages saisissants -pas assez nombreux, donc, par rapport à mes attentes... - où Toibin se sert plus librement de dispositifs tels le flash-back ou la voix intérieure sans philtre interprétatif de la part du narrateur, faisant naitre alors cette fameuse « perfection imprécise »...), celle-ci me semble beaucoup moins présente que l'autre démarche, «biographique». J'aurais préféré dans l'idéal, s'agissant particulièrement du «mystère Thomas Mann», un vrai « roman biographique », pourquoi pas essentiellement à la première personne de narration, plutôt qu'une «biographie romancée» où, pour ma part et pour ce qui est du «mystère Thomas Mann», je suis resté sur ma faim...

Ainsi, par exemple, le traitement, à mon avis relativement superficiel, en tout cas sans surprise, accordé à la composante homophile de la personnalité de l'écrivain, alors même que cette dernière semblerait avoir été importante dans les motivations initiales à écrire son roman. Toibin, qui affirmait pourtant dans une interview que toute oeuvre de biographie comporte une « dimension auto-fictionnelle» et qui, en principe, aurait été bien placé, du fait y compris de son identité propre homosexuelle, pour pouvoir explorer de l'intérieur et finement cet aspect particulier, m'aura, j'avoue, largement déçu. Toujours d'après lui, l'homosexualité de Thomas Mann correspondrait à «un véritable continent englouti» ; tout ceci paraît, hélas, ne pas avoir été à même de le conduire à s'y plonger plus en profondeur, l'auteur s'étant visiblement astreint à l'épisodique, à l'anecdotique, aux simples atermoiements ou à la peur de Thomas Mann d'être démasqué publiquement. Et d'ailleurs, me suis-demandé, s'agirait-il véritablement «d'un continent englouti»? Ne pourrait-on y voir aussi une sorte «d'ilot émergé», sacré et bien délimité, tel ce rocher qu'aurait fait surgir de l'océan Poséidon afin que Léto puisse accoucher d'Apollon en toute sécurité, dans un lieu inconnu de tous, y compris des autres dieux eux-mêmes ? Et puis, les «penchants» de Thomas Mann n'étaient-ils, après tout, ni totalement étrangers à son entourage proche (sa femme était au courant, ainsi que ses enfants, dont trois étaient d'ailleurs ouvertement homosexuels ou bisexuels – Klaus, Erika et Golo Mann), ni absents, bien au contraire, des pages de son Journal, dont Thomas Mann devait bien se douter, n'est-ce pas, qu'elles seraient tôt au tard publiées… Toibin avait eu au départ tous les éléments requis pour laisser libre cours à son imagination et à son talent de romancier, et pour essayer de bâtir à partir des nombreuses pistes semées par Mann lui-même une version plus littéraire, «parfaite dans ses formes imprécises», de la composante homophile de la personnalité de l'écrivain. CT appuie en fin de compte trop, comme l'on déjà fait par le passé nombre de ses biographes, sur l'aspect irrésolu et infantile de l'homosexualité de Mann. Ainsi, lorsqu'il s'attarde un peu plus, sur un ton plutôt dérisoire et risible, sur la dernière amourette platonique de l'écrivain vieillissant, le garçon d'hôtel Franz, on ne retrouve aucune trace particulière de ces passages pourtant très surprenants, potentiellement riches de sens divers, qu'on peut lire dans le Journal de Thomas Mann, le 7 et le 8 juillet 1950, à propos de cette attirance crépusculaire ( «le plaisir que me procure la vue d'un beau caniche n'est guère différent» ; «ai réfléchi à mes sentiments pour le petit, qui tiennent vraiment de l'amour pour la Créature (?)», « ils ne vont pas loin dans le désir » ; «son charme est fait en partie de l'idée que des milliers de gens jouiraient d'une brève conversation avec lui comme d'un bonheur et d'une distinction», «qui a pensé les choses plus profondes aime ce qu'il y a de plus vivant»...)

Malgré quelques réserves donc, 4 étoiles (tout de même) pour le grand talent immersif de conteur de Toibin. "Le Magicien" reste une lecture stimulante, à la fois intelligemment agencée et condensée, très agréable et fort instructive.

Quant au «mystère Thomas Mann», il parait loin d'avoir fini de faire couler de l'encre. La Montagne, «magique» ou pas, insiste visiblement à se dérober aux intrépides qui s'élancent à la poursuite de ses sommets ultimes ou de ses anfractuosités encore inexplorées!

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Brooklyn

Jeune irlandaise tiraillée entre deux pays, deux vies

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L'entrée dans l'automne, les premier frimas apparaissent , on sort le plaid, le thé brûlant et....un livre doudou posé sur les genoux.

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Une histoire délicate et vibrante qui , étonnamment, m'a touché plus que je ne l'aurais imaginé au départ.

Le destin d'une jeune irlandaise dans les années 50, qui hésite sur un choix de vie déterminant. Devra-t-elle s'émanciper ou au contraire renoncer à cet American Dream qui lui tend les bras ?

Un portrait de femme magnifique et solaire coincée entre deux époques. L'Irlande, avec ses racines familiales versus le Nouveau-Monde ce grand inconnu et la liberté d'entreprendre.

L'auteur évoque des thèmes très intéressants : la condition d'immigré, le mal du pays, les projets de vie, les conventions morales de cette époque où le féminisme commence à frémir.

*

Un rythme un peu lent du début avec des descriptions et détails trop appuyés. La suite se lit tout seul et je me suis surprise à tourner les pages avec avidité pour suivre Eilis dans sa vie mouvementée.

On tombe forcément sous le charme de cette héroine lumineuse, pragmatique mais sensible et laborieuse.

Une histoire simple mais plantée dans des décors si réalistes , des personnages secondaires consistants et crédibles.

Quant au choix qu'Eilis fait à la fin, je n'adhère pas du tout.



*

Mais je n'ai pas boudé mon plaisir , c'est une petite bulle d'air dans la grisaille automnale.

Je vais maintenant visionner le film éponyme, il est fidèle paraît-il.
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Nora Webster

Ce livre conte la renaissance de Nora, une Irlandaise , la quarantaine, qui éléve seule ses quatre enfants, dont deux filles adultes, dans les années 60 , après le choc du décès de Maurice , son mari, un professeur réputé .

Au fil des pages nous partageons les réactions des "Gens"de la petite ville d'Enniscorthy, au sud- est de l'Irlande, les douleurs de Nora, son opiniâtreté, son indocilité à se conforter au "modéle " de ces années- là, face aux conflits religieux en filigrane, aux regards critiques de son entourage...

La percée du syndicalisme ouvrier auquel elle tente de participer, les non - dits criants, les carcans et les cancans divers et variés , la puissance de la paroisse, l'hypocrisie ambiante manifeste ne vont pas l'empêcher de s'émanciper en prenant des cours de chant, en écoutant Victoria de Los Angeles chantant du Schubert et du Fauré.....en réaffrontant le monde du travail.......son rapport à la politique aussi paraît intéressant ........

Une mutation lente et douloureuse , toute en retenue et en finesse à l'aide d'une prose fluide, poétique et délicate mais je me suis ennuyée ........ à cause des digressions et de quelques longueurs .........



La rencontre de cette femme ne m'a pas laissée indifférente, le livre est animé d'une grande sensibilité avec des personnages authentiques, une "petite musique "du "quotidien" même s'ils peuvent paraître ordinaires.......

Une émancipation face au regard des autres , le portrait sensible, subtil , pugnace d'une femme qui se met enfin à devenir elle même en dépassant toutes les chapelles en cours, en affrontant le travail et la solitude........

Une superbe image de femme balançant sans cesse entre errance, modernité, vérité, pudeur et liberté enfin acquise dans une petite ville corsetée par les commérages et les idées reçues!.......

Un roman trop long même si je ne veux pas critiquer la littérature Irlandaise que j'aime beaucoup!







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Le magicien

C'est à une croisière au long cours dans la biographie de Thomas Mann que nous convie Colm Toibin dans ce nouveau livre. C'est bien un roman : l'auteur se permet de laisser un peu de place à des scènes plausibles mais peut-être tirées de son imagination, notamment pour ce qui concerne la vie intime de l’écrivain, qui était bisexuel. Mais il reste le plus souvent au plus près de ce que l'on sait de cette existence, marquée par de grands romans, un prix Nobel de littérature et surtout l'exil.



De ces existences en vérité. Car tout l'entourage de l'auteur est aussi présent que lui, de ses années d'enfance à la fin de sa vie. Ce roman étincelant et profond demande beaucoup d'empathie avec son sujet. Il avance à son rythme toujours modéré, de deuils (celui du père Sénateur en premier) en naissances (Thomas et Katia Mann ont mis au monde six enfants, qui n'auront pas une vie facile en dépit du soutien quasiment sans faille de leurs parents). Cette famille a eu certainement ses moments de bonheur ; je ne la qualifierai pourtant pas d'heureuse. Une famille, en apparence aussi libre et chaotique, cachait beaucoup de non-dits et de souffrances personnelles.



En déroulant le fil de la vie Thomas Mann, l'auteur prend aussi tout son temps pour relever la part biographique de ses plus grands romans, ce qui est très éclairant. Il m'a donné envie de découvrir « Les Buddenbrook » et ses nouvelles. Et de relire « La Montagne Magique » et « Le Docteur Faustus ». Sans oublier « Le Tournant » de Klaus Mann...



Cette biographie romancée me semble exemplaire, tout comme celle, également signée Colm Toibin, sur Henry James, « Le maître ». Du bon et bel ouvrage en tout cas, qui m'a passionné au point de le lire très vite.



#LeMagicien #NetGalleyFrance

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Nora Webster

Nora Webster est une mère de famille. Elle a quatre enfants et un mari qui la comblent de bonheur. Mais Maurice tombe malade et meurt, la laissant seule. Elle doit alors affronter le monde, la société, la vie au bureau, ses sœurs et ses enfants qu'elle apprivoise doucement. Nora Webster est une femme solide, qui va se découvrir en affrontant le regard des autres et en acceptant de clamer haut et fort ses propres opinions...

Colm Toibin nous offre dans ce dernier roman un beau portrait de femme. Nora Webster est une femme qui porte de lourdes charges sur ses épaules, et qui sans attirer la pitié nous laisse entrevoir ses difficultés. Un roman bien écrit, avec quelques longueurs parfois mais qui se lit avec plaisir dans l'ensemble. Il nous donne l'occasion de rencontrer une femme qui ne laisse pas indifférent...
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